Chapitre 13 : Le protocole

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Nous nous sommes quittés le 9 juin 2020, lorsque Jules et moi avions enfin la réponse attendue depuis des mois : « ça y est on va commencer la stimulation ».

Que s’est-il passé depuis pour nous ? Quand avons-nous réellement commencé ? Comment s’est déroulé notre protocole ?

Je vais continuer notre histoire en mode journal de bord, car en réalité, je l’écris en temps réel. Je ne peux pas la publier, car je sais déjà que notre parcours peut avoir des rebondissements que nous allons gérer devoir tant bien que mal.

Difficile de gérer ses émotions en plus de la compassion et du soutien de ses proches. Votre soutien, mes chers proches que j’aime tant, est certes une bonne intention qui réconforte, mais c’est aussi un poids supplémentaire sur nos épaules.

Vous l’avez lu, vous l’avez vu ou vécu, la PMA c’est H 24. Nos seuls moments de « breaks » aussi mitigés soient-ils, c’est lorsque nous sommes en compagnie de personnes qui nous traitent normalement.

Quoi de mieux que de traiter quelqu’un normalement que lorsque l’on ignore tout de ce qu’il vit ?

Certains vont trouver ça bizarre mais moi je trouve qu’il n’y a rien de plus sincère que l’innocence.

Je vous ai donc laissés le 9 juin 2020. Quel jour sommes-nous aujourd’hui ?

Eh bien nous sommes le 11 juin 2020, il est 1 h 10 du matin et je n’arrive pas à dormir. Je suis en Bretagne, chez mes parents, depuis hier. Dans quelques heures, je vais recevoir un appel du centre et je saurais enfin quand : quand est-ce que l’on commence réellement ?

Revenons quelques heures en arrière.

- Donc là on va voir ensemble pour les traitements, commença l’infirmière.

- Alors on va commencer ? ai-je demandé stressée.

- Bah euh… oui, il n’y’avait rien d’autre à faire avant ?

- Non, non j’ai fait l’hystérosonographie et voilà…

- Bah écoutez je n’ai rien d’autre dans votre dossier donc oui on se voit pour débuter la stimulation.

- C’est vrai ? ai-je demandé pleine d’espoir et de surprise.

- Oui, répondit-elle avec le sourire.

- Ah ! Enfin !

- Alors, sourit-elle, quand étaient vos dernières règles ?

- Les prochaines sont le 20 juin.

- Vous êtes à quel jour de votre cycle aujourd’hui ?

- J 20, ai-je répondu après avoir consulté mon application.

L’infirmière a commencé à compter les jours dans sa tête et m’explique que soit on le fait sur le cycle en cour, soit après le transfert ne sera possible qu’en septembre car les dates de mon cycle sur lesquelles le transfert peut être fait, tomberont début août. Le problème c’est que début août, le centre ferme pour désinfection.

En gros, elle nous explique que le staff médical se réunit jeudi 11 juin et que pour débuter mon protocole, je dois faire une prise de sang à J23 : soit vendredi 12 juin.

Elle nous avoue que c’est juste… mais jouable et me prépare donc toutes les ordonnances dont je pourrais potentiellement avoir besoin ce week-end.

Alors le protocole qu’est-ce que c’est ?

C’est un peu, comme dit ma mère, « le menu ». C’est tout ce que je dois faire, quand, comment et avec quoi.

Voici ce qu’il va se passer, si tout à l’heure on me donne le top départ pour mon cycle en cour :

Étape 1 : Prise de sang à J23 = vendredi matin.

Si la prise de sang est bonne, on passe à l’étape 2.

Étape 2 : Prise du Provames jusqu’à mes prochaines règles. À J1, je rappelle le centre pour planifier une échographie et prise de sang.

Le Provames c’est quoi ? C’est de l’œstrogène, une hormone fabriquée par la femme au cours du cycle pour préparer l’endomètre à l’implantation de l’embryon.

Étape 3 : Stimulation hormonale. J’appelle donc le centre au premier jour de mes règles (le 20 juin).

J’aurais une prise de sang et une échographie pelvienne afin de voir si l’endomètre a bien répondu au Provames. Si tout est OK, on commence la stimulation.

Pour la stimulation, j’aurais donc une injection de Gonal en 200 ui pendant minimum 3 soirs jusqu’à maximum 10 soirs.

Dans mon centre, cela dure en moyenne 5 soirs (= S5 pour soir n° 5).

Un contrôle est pratiqué à S6, S8 et S10 par échographie et prise de sang, pour surveiller les hyperstimulations notamment, mais aussi savoir si les follicules répondent positivement.

Au cours de ces contrôles, on peut diminuer la dose de Gonal, l’augmenter, ou la maintenir si elle convient.

En parallèle, j’aurais aussi, à partir de S3, du Fyremadel afin de bloquer mon ovulation.

Bah oui c’est bien beau de booster mes ovaires pour avoir beaucoup d’ovules mais le but c’est de choisir à quel moment on va aller les chercher. Le but est aussi de les amener au maximum de leur maturation et donc pour cela, je ne dois pas ovuler.

Étape 4 : Tout le monde est prêt, les follicules sont bien matures : on peut ponctionner.

Mauvaise nouvelle pour moi, à ce jour, les anesthésies générales ne sont pas autorisées pour la PMA (cause Covid, en temps normal c’était prévu en AG).

Soit j’attends et cela me décale, soit je prends sur moi. J’ai décidé que je n’étais plus à ça prêt, que je voulais cet enfant et que l’attente me rendait complètement folle. Après tout, on est des warriors non ? Et plein de femmes le font en anesthésie locale et ça se passe bien.

Pour effectuer la ponction, il faut que j’ovule.

Or le Fyremadel bloque mon ovulation. Je dois donc injecter une dose d’Ovitrelle pour déclencher ladite ovulation.
Cette injection est très importante et doit se faire à heure précise, puisque 36 h plus tard on procèdera à la ponction.

La ponction :

L’examen nous en avons déjà parlé à plusieurs reprises, je pense, avec les témoignages et dans le chapitre 8 : Les protocoles.

Ce coup-ci j’aimerais vous raconter le déroulement, enfin la théorie parce qu’à l’heure où j’écris je ne l’ai pas encore vécue.

Arriver à 7 h le matin aux admissions après avoir pris 4 cachets, dont 2 pour se détendre avant l’anesthésie locale (je devrais être très détendue là lol).

Ensuite, Jules va faire son prélèvement et moi je suis installée en salle de repos. Je dois injecter en intra-vaginal un anesthésiant cutané sous forme de gel. On me pose une perfusion pour délivrer des antalgiques et 20 min avant la ponction, on me descend au bloc opératoire.

Arriver au bloc, on me fait une anesthésie locale, par voie vaginale pour piquer au plus près des ovaires. Ensuite, on ponctionne à l’aide d’une aiguille échoguidée en traversant la paroi vaginale puis l’ovaire.

On m’aide à me rhabiller et on me remonte en salle de repos. Environ 1 h à 2 h après, j’ai le droit de manger. Vers 12 h l’équipe médicale vient nous voir pour nous annoncer le bilan : combien de follicules ont été prélevés, combien ont pu être fécondés, etc.

Étape 5 :

Si les embryons se développent et s’il y en a des viables, on me les implante environ 5 jours après.

Pourquoi 5 jours ? Parce qu’à partir du 5e jour, se produit ce que l’on appelle « La sélection naturelle ».

C’est-à-dire, par exemple, que sur 10 follicules prélevés à peu près 6-7 vont être fécondables. Certains vont mourir au cours des 3 premiers jours mais la majorité meurt après le 3e jour. Sur le 5e jour, il peut donc en rester 4, 3, 2, 1 ou même 0.

Si une implantation a lieu, j’ai ensuite une prise de sang 11 jours plus tard pour savoir s’il y a grossesse ou non.

Ensuite, j’aurais des prises de sang régulières pour vérifier que la grossesse évolue normalement. Dans le meilleur des cas, l’embryon est bien en place et Jules et moi allons enfin devenir parents.

Dans les mauvais cas, l’embryon peut remonter dans les trompes (= grossesse extra-utérine) ou il peut se décrocher (= fausse couche).

Voilà en version simplifiée.

Si ce n’est pas jeudi 11 juin, le protocole jusqu’à l’étape 4 se fera sur le cycle suivant (J1 = 20 juin donc J23 prise de sang = 12 juillet) et l’étape 5 sur celui d’après.

Il y a aussi un risque, même si je commence jeudi, que je ne sois implantée qu’en septembre, pour deux raisons.

La première, c’est l’hyperstimulation.

Mon utérus et mes ovaires ainsi que mon abdomen peuvent se remplir d’eau et donc y implanter un embryon serait un échec assuré. J’aurais donc, potentiellement, un traitement afin de mettre mes ovaires et mon utérus au repos pour pouvoir implanter dans de bonnes conditions.

La seconde, l’endométriose.

La stimulation hormonale peut exacerber le développement de l’endométriose et donc, au même titre qu’une hyperstimulation, il ne serait pas judicieux de faire une implantation.

Donc après 45 minutes à enregistrer ces infos, à manipuler les stylos d’injections et à essayer d’assimiler que nous allions enfin commencer prochainement, nous avons vu le biologiste.

Le rôle du biologiste est de nous expliquer tout le déroulement au laboratoire et aussi de nous détailler les pourcentages de chance, de risque, etc.

Au cours de notre entretien avec lui, nous avons tout de même appris qu’il fallait que Jules refasse une paillette rapidement. En effet, sa production de spermatozoïdes étant faible, cette donnée peut varier très rapidement. En gros, il se peut que dans 6 mois, 1 an, 5 ans… Jules n’est plus suffisamment de zozo pour qu’une FIV soit réalisable.

Comme nous a dit le biologiste, faire ces congélations nous garantit la tranquillité et un stress en moins.

Cet après-midi donc, notre destin va se jouer. J’aimerais être une petite souris et pouvoir être dans la salle de réunion avec les médecins.

Avec Jules, on a une sacrée chance, notre centre est vraiment au top. On a bien senti que l’infirmière, autant que le biologiste que nous avons vu après, avait vraiment l’envie que cela débute rapidement pour nous. On continue de croiser les doigts, pour que notre rêve se rapproche de nous.

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