Chapitre 10 : Histoire de Fivette

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Yil

Aujourd’hui, je vous présente Yil qui s’est décidé à m’envoyer son témoignage suite à mes encouragements répétés. J’ai profité d’un élan de joie sur le forum pour relancer mes Fivettes sur leur témoignage. Et c’est là que Yil s’est décidé.

Son témoignage est beau et dur à la fois. Préparez-vous car, tout comme Audrey, nous allons aborder des sujets nouveaux dans ce chapitre.

Yil a rejoint notre groupe le 17 décembre 2019. Nous nous sommes croisées plus tard car à cette période j’étais tellement focus sur mes examens que je n’écrivais plus sur le forum.

Yil à 28 ans, son conjoint 29 ans et cela fait 6 ans qu’ils se sont lancés dans l’aventure de devenir parents.

Après plusieurs examens, le verdict tombe pour eux : Infertilité inexpliquée. Le premier message de Yil se terminait avec cette phrase qui prend tout son sens aujourd’hui.

« Pour la première fois en 6 ans, je me joins aux sœurs PMETTES afin de me sentir moins seule car le temps qui passe est de plus en plus dur. »

Cette femme a vraiment une force incroyable. Elle a bravé la PMA, comme de nombreuses femmes me direz-vous, mais elle a, en plus de ce parcours, affronté la perte d’un être cher en février 2020. Elle a pensé à laisser tomber mais elle s’est relevée et a réveillé cette guerrière en elle.

Je vous laisse découvrir l’histoire de Yil, qui m’a beaucoup touchée.

« Si on m’avait dit un jour : “Vous serez, toi et l’homme de ta vie, en Infertilité inexpliquée et seule la PMA pourra vous aider”, j’aurais répondu : “Reprend du début et parle une langue que je connais o__O”.

Car oui, avant de devenir moi aussi une Fivettes, je ne connaissais rien de ce monde-là.

Un monde où des couples s’aiment autant qu’ils souffrent. Avec pour certains, des problématiques visibles pour procréer et d’autres, pour qui on ne trouve pas ce qui empêche la nature d’agir.

Nous on fait partit de ceux-là.

On s’est marié à 20 ans et pour nous c’était clair : Le bébé pas toute de suite. On se laisse 1 an ou 2 ans tranquille, on voit si financièrement on s’en sort et si nous sommes prêts tout simplement.

Et au bout de quelques mois ; gros retard de règles.

On panique un peu car le projet bébé n’était pas du tout au planning. Je fais une prise de sang et dans la journée le résultat tombe : Négatif.

On s’est finalement rendu compte que nous n’étions pas soulagés, mais bel et bien déçu.

Au final, au fond de notre cœur, bah on était prêt !

On a toujours fait le choix de se protéger par préservatif. Nous avions peur que, le jour où nous voudrions mettre un bébé en route, la pilule (étant chimique) puisse peut-être bloquer, détraquer ou que sais-je encore... Je ne voulais pas de ça.

6 mois plus tard, nous devions changer d’appartement et on s’est dit : “une fois installé, on ne se protège plus. Bébé viendra, quand il viendra. Pas de prise de tête, on a le temps !”

Aaah ce fameux temps... Celui qui est devenu mon poison maintenant.

Un an, deux ans, trois ans : toujours rien.

On commence à se poser des questions : “bah on ne sait pas faire ou quoi ?? ^^”

Et 1 an après, mes règles ont 12 jours de retard.

Je me dis que, de toute façon, elles vont arriver une fois que j’ouvrirais la boîte du test de grossesse. Et là, surprise, je m’écroule en larmes. Le test est POSITIF.

Ça y est, c’était mon tour ! J’allais enfin avoir ma propre famille à moi.

Et puis quand le soleil brille dans tes yeux, l’automne frappe à ta porte...

Une semaine après, je faisais une fausse couche dans ma douche. Une douleur qui m’a mise K.O., que jamais je n’avais ressentie…

Ce même soir, je découvre dans mes sous-vêtements, l’une des pertes les plus douloureuses d’une vie... Ma chair, ce futur bébé qui devait rester au chaud et grandir encore.

Je m’écroule. Je panique.

« Qu’est-ce je dois en faire ? Ce n’est pas un bébé mais ce n’est pas non plus un vulgaire mouchoir usagé que l’on peut jeter. »

Pour moi c’était déjà beaucoup. Lorsque l’on vit cette situation, on perd la notion de la réalité.

J’ai eu du mal à m’en remettre et puis un jour je me suis dit qu’après tout, si ça avait marché 1 fois, ça allait forcément remarcher :-).

Les semaines, mois, années passèrent. Toujours rien.

Une gynéco me dit de faire une batterie d’analyses. Après tout, il y a peut-être un problème.

Prises de sang et examens sont réalisés ; R.A.S. Idem pour Monsieur.

On me sort la carte du : “Tu y penses trop.”, “Tu as sûrement un blocage psychologique.”, “Mais tu es quelqu’un de trop stressé.”

Bref en gros, je suis une sous-merde qui me plaint trop alors que je devrais tomber enceinte comme les mouches.

Bah oui ! Parce que du coup, grâce à tous ces débiles, bah on perd confiance en soi !

Et puis un jour tu observes “le monde” et tu vois qu’il n’y a, ni femme, ni mère parfaite. Ça tombe bien, je suis loin de l’être ! Alors j’ai toutes mes chances.

Je décide en juin 2019 avec mon “Compagnon d’amour et de galère”, de me lancer dans une aventure PMA. Apparemment là-bas on nous aide à faire des bébés et on est pleins, pleins !

Le jour du 1er rendez-vous, je me dis : “mais qu’est-ce que tu fous là ?! T’as fait quoi pour mériter ça ?”.

Croyez-moi, même actuellement je le vis comme ça.

Comme une punition. Comme quelque chose de pas logique. Si je n’ai pas de problème et lui non plus, alors pourquoi ça ne marche pas ? Pourquoi d’autres qui ne veulent pas d’enfant, qui leur font du mal en ont, elles ?

Bref, j’ai un poignard planté dans le cœur depuis cette inscription en PMA. Ça saigne, dès que je vois les ordonnances, les piqûres dans mon frigo, dès que j’entends que “machine à mit le 3e en route. Que bidule a arrêté sa pilule et 1 mois plus tard : Surpriiizeeeeeee”

Et puis, vient le moment où tu tentes une 1re technique ; l’IAC. Cette méthode donnera 3 essais infructueux...

Tu te bats. Tu souffres. T’as une montée d’espoir à la prise de sang pour voir si ça a marché et là, c’est comme si on te poussait du haut d’une montagne : tu as fait tout ça pour rien.

Tu t’écroules et puis, après voir exploser de tristesse, tu repars et tu réessaies.

Parce que même si ce bébé n’est pas là, bah tu l’aimes déjà. Il te manque et tu as besoin de lui. C’est viscéral.

Je suis une Mère sans Enfant.

À force d’être mal, tu n’en peux plus et tu cherches du réconfort, pour ne pas t’écrouler définitivement.

Je tombe par hasard sur un forum. Ce fameux forum, où je vais rencontrer des femmes bien plus battantes que moi. Des femmes avec des histoires si dures parfois. D’autres avec des parcours similaires au mien mais qu’importe.

Notre point commun : cette force pour ne rien lâcher et effacer enfin cette souffrance de ne pas réussir à être Mère.

Et si elles savaient toutes à quel point elles m’ont aidée... Et à quel point elles m’aident encore maintenant pour la suite.

Je vais commencer ma 1re FIV prochainement. Et je les remercie de me soutenir autant.

Bise à toutes les Guerrières. On y arrivera. On le mérite tellement. »

Lorsque Yil m’a envoyé son histoire, elle a fini son mail par cette phrase :

« J’ai pas mal pleuré pendant l’écriture et après. Comme si, le fait de ce lire, on voit davantage finalement, ce qu’il en est et la souffrance qu’on a pu ressentir. »

Merci à toi Yil. On se soutient toutes les unes les autres. Tu m’as aidée, par certains de tes messages, à essuyer mes larmes.

Merci aussi de nous partager ton histoire, je sais qu’il n’est pas facile de reparler de certaines blessures. Certaines se retrouveront peut-être dans tes paroles, d’autres comprendront peut-être plus facilement des proches.
Je l’espère en tout cas.

© Tous droits réservés-Noralifewriter - 2020

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