Chapitre 7 : La pause imposée

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Toutes les femmes qui ont vécu un parcours PMA savent à quel point c’est long. Notre patience est mise à rude épreuve tout au long de ces semaines, de ces mois, de ces années…

Pour toutes les femmes qui ont vécu leur parcours en 2020, cette attente s’est largement amplifiée.

En mars 2020, le Covid-19 a bousculé tout notre parcours.

Vous vous dites que ce n’est pas grand-chose deux mois de plus, que Jules et moi nous n’avions pas commencés réellement. C’est vrai, c’est aussi ce que nous nous sommes dit : « On est plus à quelques semaines près ».

Je tiens à rendre hommage à ces femmes et hommes qui, à mes yeux, sont les warriors des warriors.

À toutes celles à qui on a dit, en ce mois de mars ; stop ! On arrête tout !

Certaines femmes étaient en plein traitement hormonal, à quelques jours de leur ponction pour la FIV, d’autres devaient se faire inséminer dans les jours qui suivaient. D’autres encore, devaient avoir leur implantation d’embryon le lendemain de l’annonce du confinement.

Est-ce que vous imaginez ?

Après des mois de bataille, de stress et d’impatience, après des semaines de piqûres d’hormones, d’un coup on vous dit : « eh bien non. Ce ne sera pas demain et on ne sait pas quand ça reprendra. »

Sur le forum, entre le 17 mars et le 14 avril, aucune de nous n’avait le cœur à parler. Nos derniers échanges étaient empreints d’incertitudes, de doutes et d’une déception immense.

Yil, qui nous avait rejoints depuis un moment, avait même sorti cette phrase qui me fait encore sourire aujourd’hui : « Je finis par me dire que j’ai plus de change de me transformer en flamant rose que d’être enceinte un jour ».

Au début, je me suis dit que ça irait. J’ai joué à la femme forte que rien n’atteint.

Et mi-avril, alors que j’aurais dû commencer les injections, le moral à couler tel le Titanic : lentement mais profondément.

Les Fivettes ont commencé à échanger brièvement et voyant le moral des troupes aussi noir que le mien, j’ai essayé de les booster.

J’ai expliqué aux filles qu’il fallait absolument qu’on se change les idées. Je leur ai que j’écrivais beaucoup en ce moment, mon livre avançait bien. L’une d’elles, Coquelipop, m’a alors demandé ce que j’écrivais. J’ai expliqué un petit peu mon roman et j’ai évoqué l’idée de raconter notre histoire de Fivettes.

C’est de là qu’est né « Les Fivettes ».

J’ai donc commencé à raconter notre parcours, notre histoire. Une de mes amies m’a demandé si j’étais sûre de vouloir le faire maintenant. Elle savait que je n’allais pas bien, que la pause était de plus en plus dure à vivre. Elle avait peur que je ne sombre encore plus en vous racontant toutes ces choses que j’avais soigneusement rangées dans un coin.

De vous à moi, le plus dur pour le moment ça a été de raconter le chapitre 4. L’autre chose compliquée dans le parcours PMA c’est les grossesses autour de nous.

Depuis le mois d’octobre, trois femmes de mon entourage m’ont annoncé leur grossesse.

C’est merveilleux une grossesse, bien sûr mais malgré tout le bonheur que cela représente et l’amour que j’ai pour ces femmes, chaque nouvelle annonce était douloureuse.

Parler de bébé, de grossesses, d’accouchement… C’est très, très compliqué pour moi.

Et pourtant, de façon totalement antinomique, je me déteste de ressentir ça.

Je me suis forcée plus d’une fois à sourire, alors que mon cœur lui se brisait un peu plus.

Je pensais ce que je disais, quand je leur disais que j’étais heureuse pour elle et que j’avais hâte de voir la petite crevette. Évidemment que je le pensais et que je le pense toujours.

Je reste un être humain, avec un cœur.

Il n’en reste pas moins que de voir les femmes autour de vous vivre cette expérience merveilleuse en un claquement de doigts, alors que vous vous galérez sans être sûre d’y arriver… ça fait mal.

Ce n’est pas réellement de la jalousie, si quelqu’un autour de vous vit cela, rassurez là. Cette réaction est normale. Nous ne sommes pas jalouses… nous sommes juste brisées. Brisée de devoir vivre ce bonheur à travers vous plutôt que par nous-mêmes et briser de ressentir cela.

Évidemment que, malgré mon chagrin de ma propre situation, j’étais heureuse de savoir que j’allais être tata, grande tata et marraine.

Et ce sentiment de bonheur a vraiment éclaté le jour où j’ai enfin vu ma nièce, cette petite crevette brune. Ce jour-là, mon cœur de tata a éclaté de bonheur, sincèrement, sans me forcer. C’était un soulagement de voir que je n’allais pas être une horrible tata et que j’étais déjà gaga de ce petit bout d’ange tombé dans notre famille.

Malgré tout, avant la naissance, c’était compliqué. Le confinement me mettait moi sur pause mais pas les grossesses qui m’entouraient.

C’est le rôle de future marraine qui a été celui qui m’a le plus aidé à ce moment-là. C’est la seule femme enceinte dont la présence ne me mettait pas mal à l’aise.

Vous savez, ce petit malaise d’avoir peur de dire quelque chose qu’il ne faut pas. Ce petit malaise d’avoir peur que l’on vous juge parce que vous gardez vos distances, ou parce que vous n’arrivez tout simplement pas à vous investir dans les grossesses de vos proches.

Si vous avez été face à une personne comme moi, froide, un peu distante et mal à l’aise face à votre ventre tout rond, dites-vous que nous sommes sincèrement désolées.

En PMA on se protège, sinon on coule. Moi en tout cas, je savais que m’investir dans la grossesse de quelqu’un, c’était l’assurance de m’écrouler et de me détruire.

Alors oui, j’ai été cette « connasse » un peu froide aux yeux des gens peut-être mais j’ai tenté de rester debout et je crois que je n’ai pas trop mal réussi.

Je comprends que vous ne compreniez peut-être pas, ou que vous trouviez ma réaction horrible. Je vous dirais simplement que, malheureusement pour moi et heureusement pour vous, vous n’êtes pas dans ma situation.

En me lisant, vous avez un échantillon de tout ce qui s’est passé dans ma vie depuis octobre 2019. Mais ce n’est qu’un échantillon. Vous ne m’avez pas vu pleurer, vous ne m’avez pas vu hurler dans ma voiture certains soirs en rentrant du travail. Vous ne m’avez pas entendu dire que je ne savais pas si j’en aurais la force. Vous ne m’avez pas entendu crier que c’est dégueulasse et pas juste que ça nous arrive !

Et si vous êtes proche de moi et que vous n’avez pas vu tout ça, c’est justement parce que j’ai réussi, la majorité du temps, à garder mon sang-froid, à rester forte et à maintenir ma tête aussi haute que possible. Et croyez-moi, certaines personnes proches ont entendu tout cela et ont supporté bien des doutes, un grand merci à elles.

En réalité, on se protège car ce serait trop dur de le vivre « par procuration », alors que nous ne savons pas si nous aurons la chance de le vivre nous-mêmes.

Est-ce que je regrette ?

Oui et non. Oui parce que je n’ai pas pu partager des moments familiaux importants. Et non parce que je me serais sûrement écroulée si ça avait été le cas.

Chacun vit les choses à sa façon, exactement comme un deuil.

Ma meilleure amie, Pauline, m’a annoncé que j’allais être marraine il y a bien longtemps déjà. Si cette grossesse-là, je l’ai vécu différemment c’est pour 3 raisons :

La première : Pauline est comme ma petite sœur. Je l’ai connue quand elle avait 16 ans et moi 19 ans et nous avons vécu ensemble des choses très fortes.

La seconde : Je suis la marraine de son enfant. Ce rôle est pour moi extrêmement précieux. Ma marraine est tellement importante pour moi, que j’aimerais être ne serait-ce que la moitié de ce qu’elle a été pour moi.

La troisième : Pauline a eu un parcours assez compliqué elle aussi.

Quand Pauline m’a annoncé que j’allais être marraine, je n’avais pas encore commencé mon parcours PMA. Je crois même que j’avais encore mon stérilet alors c’est vous dire.

Malheureusement, cette grossesse n’a pas abouti. Il s’en est suivi pour ma petite sœur de cœur des mois très compliqués. Moi je ne tombais pas enceinte, elle ne le restait pas. Nous nous soutenions dans nos combats respectifs.

Au moment où j’ai pris mon rendez-vous PMA, j’ai invité Pauline à consulter elle aussi.

J’ai eu mon premier rendez-vous, et alors que je prenais de ces nouvelles pour connaître l’issu de ces examens, elle m’annonçait qu’elle était enceinte.

Le bonheur s’est épris de moi et mon amie elle, était gêné. Honnêtement, je lui ai dit qu’il n’y avait pas de raisons. Ça faisait 1 an qu’elle enchaînait les déceptions, et là, ce coup-ci, le petit avocat était bien accroché.

J’étais tellement heureuse pour elle, et elle me redonnait l’espoir d’y arriver moi aussi.

Pauline m’a énormément soutenue au cours des mois suivants. Elle comprenait mon chagrin, mon stress, ma distance aussi parfois. Elle ne m’a jamais jugée, m’a toujours laissé venir à elle sur le sujet de la grossesse et m’a consolée plus d’une fois.

Je crois que c’est sa compréhension et son vécu qui ont, en premier lieu, fait que je n’avais aucun mal à échanger sur sa grossesse. Ça et le fait qu’à mes yeux, même si elle n’a pas fait la PMA, c’était une warrior comme nous.

Avec les Fivettes, on a donc commencé à reprendre un peu nos échanges sur le forum.

Je pensais avoir déjà regardé pas mal de choses sur la PMA mais Audreyloula m’a parlé de l’association BAMP.

Cette association qui s’est battue pour nous, tout au long du confinement pour que nous prenions nos parcours. Un grand merci à elles car elles ont porté notre voix jusqu’à l’ARS (Agence Régionale de Santé) et à l’agence de biomédecine.

Quand j’ai parlé des Fivettes sur le forum, quelques-unes étaient très emballées et ça m’a vraiment motivée. Mon histoire, mon parcours, je vous le raconte en priorité pour faire entendre NOS histoires.

Le mercredi 13 mai 2020, j’ai reçu un appel de mon centre PMA. J’ai un peu bugué devant mon téléphone avant de décrocher.

La secrétaire à l’autre bout du fil avait une voix très enjouée et son sourire s’entendait à travers le combiné.

- Mme Ève ?

- Oui. ai-je répondu impatiente.

- C’est le centre de PMA. Vous allez bien ?

- Oui et vous ?

- Oui très bien. dit-elle tout sourire. Je vous appelle pour vous informer que le centre a rouvert. Nous ne pouvons pas encore commencer les traitements mais nous reprenons les consultations. Êtes-vous disponible le 9 juin pour votre rendez-vous avec l’infirmière et le biologiste ?

- OUI !

Mon oui est sorti du cœur, un immense sourire sur le visage et les yeux un peu brillants.

J’ai noté le rendez-vous les mains tremblantes, sous le regard ému de mon autre meilleure amie ; Ma bichette.

En raccrochant, je l’ai regardé avec un grand sourire et, comme je m’y attendais, une petite larme a roulé sur ma joue.

Ce que je n’avais pas prévu c’était de fondre littéralement en larmes. Bichette m’a prise dans ses bras tandis que mon corps évacuait ces deux mois d’attente, secoué par de nombreux sanglots.

Je ne m’attendais pas à pleurer autant, je ne m’attendais pas à pratiquement m’écrouler dans ses bras.

C’est ça la PMA, on croit maîtriser, on croit être forte. Certes, on s’appelle entre nous « les warriors » mais au fond nous ne sommes que des êtres humains.

Dans les bras de ma Bichette, les larmes coulant à flots sur mon visage, j’ai réalisé à quel point j’avais souffert de cette pause, à quel point j’avais perdu l’espoir de cet appel.

C’était il y a une semaine, la lumière renaissait sur mon parcours, un début d’espoir fragile revenait sur mon chemin.

Pourquoi fragile ? Parce que nous ne sommes pas à l’abri d’une nouvelle pause, d’un nouveau confinement et aussi parce qu’à l’heure actuelle, je ne sais pas encore quand je vais pouvoir réellement commencer.

Nous sommes mardi 19 mai 2020, je suis censé avoir mes règles vendredi et j’espère pouvoir planifier la fameuse hystérosonographie.

J’espère que dans 3 semaines, jour pour jour (et croyez-moi je les compte) on m’annoncera que je peux enfin commencer la stimulation.

Je dois également prévoir un nouveau spermogramme pour Jules, dans l’espoir de faire une seconde paillette.

Vous l’aurez compris… c’est reparti !

On repart dans le stress, l’organisation, l’attente, l’espoir, l’impatience, la peur et toutes ces émotions qui nous submergent en PMA.

Vous l’aurez compris aussi, maintenant je vais écrire au présent, puisque l’histoire a rattrapé notre temporalité actuelle.

Le jeudi 28 mai 2020 à 11h, je suis à mon centre PMA, je suis à nouveau dans cette salle d’attente. Ma belle-mère m’a accompagnée car j’avais peur de ne pas pouvoir reprendre la route seule (petit souvenir de mon hystérographie). Cette fois-ci, il y a deux salles d’attente afin d’éviter les contacts entre patients.

L’ambiance est totalement différente. Je suis seule, dans cette pièce qui m’oppresse soudainement. Je suis fatiguée, je n’ai pas dormi à cause du stress, j’appréhendais tellement cette reprise, presque autant que je l’espérais.

Je lis les informations sur le coronavirus, les consignes, les risques de retard de protocole et d’un coup, j’ai envie de pleurer. De nerfs, de fatigue, de stress je ne sais pas mais j’ai envie de tout envoyer chier et de rentrer pleurer sous ma couette. J’ai l’impression d’étouffer et ce foutu masque (aussi joli soit-il, merci belle-maman) ne m’aide pas.

C’est la première fois que je ressens ça depuis le début du parcours. Là, assise seule dans cette salle d’attente, j’ai l’impression que je n’ai plus la force de me battre, plus la force d’attendre encore et encore, plus la force de souffrir encore physiquement. J’ai déjà eu quelques doutes tout au long du parcours mais jamais à ce point.

J’écris un sms à Pauline en lui expliquant que je craque, que je suis à bout. Ma Pauline, heureusement que tu es là. Elle m’a remonté le moral, m’a secouée comme elle sait le faire et m’a dit :

[Mais si tu en as la force, sinon tu aurais déjà abandonné].

On m’appelle pour l’examen et ces derniers mots résonnent dans ma tête. Je suis le Dr Sonographie et elle m’explique le protocole (je précise qu’il s’agit du protocole standard et non lié au covid). Je dois me déshabiller, sauf le soutien-gorge, et enfiler une blouse, une charlotte, des surchaussures et garder mon masque.

J’appréhende de plus en plus la douleur, comme si mon corps n’en voulait plus. On m’a dit que cela faisait moins mal, mais je connais mon corps, un frottis me donne des contractions pour rappel.

Je m’installe sur la magnifique chaise gynécologie, les 4 fers en l’air comme on dit. Le procédé est assez similaire ; on insère le speculum et un tuyau (cathéter) pour injecter le sérum physiologique. Je demande au médecin la différence entre hystérosalpingographie et hystérosonographie.

Elle m’explique que ce dernier (celui que je fais là) est moins douloureux car on ne met que très peu de produits. Il s’agit juste de voir si le tuyau passe bien, car ce sera le même procédé pour l’implantation, et de voir aussi le volume de l’utérus.

Donc je m’installe hein… ça ne m’avait pas manqué ça. Le passage du tuyau est évidemment douloureux pour moi et par là-dessus on insère la sonde échographique endovaginale et là… aïe.

- Mme on n’a pas encore injecté le produit. Me dit-elle.

- Oui je sais, c’est juste la sonde j’ai l’habitude.

- Ah d’accord !

Ah bah je leur avais dit hein.

En fait après analyse j’ai mal car elle a mis la sonde sur la gauche, à l’endroit de mon point d’endométriose. Elle injecte le produit et bien sûr, mon utérus réagit aussitôt en se contractant. Honnêtement, j’ai mal mais ça va, je m’attendais vraiment à sentir l’horrible douleur que j’avais eue lors de l’hystérographie.

En tout, entre le moment où je me suis installée et le moment où l’examen s’est terminé, il s’est passé 5 minutes. Autant dire une bagatelle. Je ressors, me rhabille, ça me tire dans le bas ventre forcément et je ressors avec mon compte-rendu après avoir répondu trois fois que « non ça va aller je ne vais pas faire un malaise ». Je devais être un peu pâle, je crois, comme d’habitude.

Belle-maman me rejoint et m’aide à regagner la voiture… et voilà.

En rentrant grosse fatigue forcément, les nerfs, le stress, le manque de sommeil tout mélangé mais je ne souffre pas. J’ai mal, ça me tire mais je peux marcher.

Je vous avoue que je louche un peu sur mon clavier à l’instant où j’écris ces lignes car je suis vraiment crevée.

Gros soulagement, examen normal, pas de difficulté particulière pour le jour de l’implantation. Je retrouve un petit espoir je l’avoue.

J’ai hâte au 9 juin, hâte de savoir si oui ou non je vais enfin commencer les injections fin juin. J’ai envie qu’on me dise : « Bon dans 15 jours c’est le premier jour des règles donc c’est partie vous allez commencer les piqûres ».

Après je vous avoue que si ce n’est pas le cas, il va falloir que je me fasse violence. Cette pause imposée a fait bien plus de dégâts que je ne voulais bien l’admettre, elle a bien grignoté ma réserve de patience et de bonne humeur.

Je suis si près du but et encore tellement loin.
Proche si tout roule du premier coup partout et loin si nous devons avoir des embûches.
Et c’est cet entre-deux qui me rend folle, je crois : Je veux et j’exige une date bordel !

Je sais que c’est impossible, qu’on ne va pas m’appeler demain pour me dire « alors on a calculé et vous serez enceinte le 15 juillet ! »
Mais aussi irrationnel que ce soit, en ce moment c’est ce que je ressens, comme une enfant qui fait un caprice, sauf que mon caprice à moi, je me bats depuis déjà 8 mois pour l’avoir.

Nous sommes le 1er juin et je tiens à écrire ces quelques lignes, pour ma nièce. À l’instant où j’écris, je ne vous cache pas que je suis en bas du grand 8 et que le manège peine à remonter la côte. Pourtant quand à 1h ce matin j’ai vu cette petite merveille, j’ai pleuré de joie. Elle est magnifique et j’ai envie de lui faire plein de câlins.

J’ai eu mes parents et, pour la première fois depuis des semaines, j’ai avoué à quel point j’étais épuisée ; physiquement et moralement.

C’est un passage à vide, au cours duquel j’apprends que je ne suis pas une machine et que je vais avoir besoin de baisser un peu la carapace pour laisser les autres m’aider.

J’ai voulu gérer seule, avec ma force que je croyais indéfectible, mais en fait je ne suis pas une machine. C’est étonnant non ? lol

Ce rendez-vous du 9 juin va être déterminant, s’il est positif je vais pouvoir reprendre le dessus. Si on m’annonce qu’il y a encore je ne sais pas quoi à faire avant et que ça prend encore des mois, je sais que ça va être très dur.

Mes parents m’ont été d’un grand soutien ce matin, ils m’ont dit de prendre soin de moi, de me retaper un peu, de recharger les batteries pour avoir la force d’attaquer la suite.

Je vais les écouter (oui il faut écouter ces parents en fait lol) et surtout je vais solliciter les personnes qui m’aident depuis le début. Je vais arrêter de me cacher auprès d’elles et je vais accepter leurs épaules quand j’en aurais besoin. Et c’est comme ça que je vais y arriver, pas toute seule mais avec l’amour de mes proches.

Le 9 juin 2020 à 14h, Jules et moi sommes dans notre centre PMA. Ce coup-ci, nous sommes un peu mitigés, entre joie et espoir de commencer mais aussi peur d’une nouvelle embûche.

Nous entrons dans le bureau de l’infirmière qui est accompagné d’une stagiaire. Elle nous demande comment nous allons et où nous en étions.

- Donc là on va voir ensemble pour les traitements. dit-elle.

- Alors on va commencer ? demandé-je stressée.

- Bah euh… oui, il n’y’avait rien d’autre à faire avant ?

- Non, non j’ai fait l’hystérosonographie et voilà…

- Bah écoutez j’ai rien d’autre dans votre dossier donc oui on se voit pour débuter la stimulation.

- C’est vrai ? demandé-je pleine d’espoir et de surprise.

- Oui. répond-elle avec le sourire.

Mon Dieu ! Enfin !

Oui, enfin on va commencer. Je ne peux pas vous dire quand pour le moment. J’attends à cette heure un appel pour le 11 juin mais une chose est sûre, en septembre au plus tard, on attaque !

L’espoir renaît enfin, le bonheur envahit à nouveau mon petit cœur de fivette et même si cela doit prendre encore 1 ou 2 mois avant de commencer, ça y est ! Ce coup-ci j’ai un visuel, je peux enfin me projeter un peu et ça, ça fait du bien !

Vous commencez à me connaître, je parle peu de la PMA autour de moi. Je suis bien mieux cachée derrière mon clavier à vous raconter tout ça du bout des doigts.

Mes proches sont au courant ; je ne leur communiquerais pas les dates de ponctions, d’implantations, ni les différents essais ou échecs.

Ils seront informés de ma potentielle grossesse uniquement à 3 mois, quand je serai sûre et certaine que ma petite crevette sera bien accrochée au creux de mon utérus.

Mais alors, comment continuer de publier le Fivettes ? Eh oui, mes textes sont visibles de tous, et de mes proches également. Je sais que certains d’entre eux me lisent (et je vous remercie chaudement).

Je ne pourrais donc pas publier en temps réel mon parcours.

Ceci dit, je vais continuer d’écrire et quand la crevette sera bien accrochée (ou quand nous n’aurons plus d’essais possibles), je vous posterai « Les Fivettes ; suite et fin d’un long parcours ».

En attendant, je ne vais pas vous laisser sans rien. J’aimerais vous raconter aussi l’histoire des Fivettes qui ont bercé ma vie au cours des derniers mois. J’aimerais vous expliquer un peu les différents parcours, et certains (voir beaucoup) sont pires que le mien.

Avec cette mini-série, j’espère lever le voile sur la PMA et le « tabou » qui va avec. Je veux rendre un hommage comme il se doit à mes Fivettes. J’espère aussi avoir peut-être déjà répondu à certaines questions.

La prochaine fois que vous entendrez PMA, vous aurez un échantillon d’aperçu de ce que peut vivre la personne en face de vous.

Pardonnez-nous pour notre silence, notre distance et parfois notre colère. Pardonnez-nous de nous éloigner de vous parfois mais nous avons besoin de toute cette énergie, de toute cette force et nous ne pouvons pas nous éparpiller.

J’espère que vous le comprendrez après m’avoir lu.

Moi je vais sagement attendre cet appel, et je vous avoue que malgré la fatigue, le sommeil est une utopie lointaine…

Il se peut que nous débutions dans 1 mois, ou 2 ou 3 je ne sais pas encore. Je croise les doigts et je vous invite à en faire autant.

Dimanche, vous allez lire ce chapitre et j’aurais peut-être eu la réponse que j’attendais. Si c’est uniquement mon histoire qui vous intéresse, il faudra attendre, pas très longtemps, j’espère, pour lire la suite.

Si vous voulez en savoir plus sur la PMA, si vous voulez lire d’autres histoires que la mienne, en gros si vraiment vous voulez connaître les Fivettes qui ont bercé mon parcours et l’ont rendu plus beau, plus solide et moins solitaire ; s’il vous plait, continuez de lire les prochaines aventures.

Laissez-moi vous faire découvrir ces femmes, ces guerrières et leurs parcours.

Et bientôt, je l’espère, vous lirez la fin de notre aventure.

© Tous droits réservés-Noralifewriter - 2020

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