Chapitre 6 : On y était presque

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La PMA c’est un tour de grand 8. Ça monte, ça redescend, ça remonte. Des fois on a la nausée, le vertige et à d’autres moments on hurle de joie pour parfois finir en pleur.

22 février 2020, cette date est gravée dans mon esprit.

Ce matin-là, nous nous sommes rendu au centre pour une seconde « branlette nulle à chier » comme dit Jules. En sortant nous avons rencontré le biologiste, car ce coup-ci il fallait aussi faire de l’autoconservation.

Dr Bio nous a donc expliqué la fameuse congélation ainsi que la FIV ICSI et Jules a signé plusieurs papiers d’accord de congélation de ses petits soldats. Il m’a alors expliqué qu’il nous appellerait dans l’après-midi pour nous donner directement le résultat.

J’étais soulagée et surprise car nous étions samedi. Je crois qu’en PMA, ces hommes et femmes de l’ombre qui sont nos médecins se donnent autant que nous.

Cet après-midi-là, le téléphone a sonné. Le biologiste m’a fait un petit discours, rajoutant du suspens, pour enfin me dire :

- On a une paillette.

Et là, bah j’ai pleuré de joie !

Vous trouvez sûrement ça ridicule, mais en réalité il venait de m’annoncer « ça y est on va commencer ».

Une paillette, ça voulait dire que ça y est je pouvais commencer les injections, ça y est on allait débuter le protocole FIV ; ça y est c’était concret !

Je ne sais pas ce que ça fait d’apprendre qu’on est enceinte, mais ce jour-là, moi, j’étais heureuse qu’un sperme congelé nous attende au labo.

Jules n’a pas réalisé tout de suite ce que je lui annonçais. Son père lui, affichait un grand sourire devant l’incompréhension de son fils qui m’a demandé « comment ça une paillette de quoi ? ».

Il a finalement saisi et m’a fait un grand sourire avant que je ne le prenne dans mes bras.

Ma nièce qui était avec nous ce jour-là était très heureuse pour nous elle aussi.

C’était une merveilleuse nouvelle, mais ce n’était pas fini. Je devais encore avoir la certitude de ne pas avoir besoin d’être opérée pour l’endométriose.

Donc le 27 février 2020, je me suis rendu en la ville de Fontenay, pour rencontrer Dr Endométriose.

Un médecin d’un certain âge mais à la vision futuriste.

Il m’a parlé, m’a écouté, a regardé mes examens et a effectué des contrôles de son côté. Il m’a expliqué que l’endométriose était bien présente mais que pour lui 80% de mes douleurs sont liés à mon utérus rétroversé.

C’est quoi ?

L’utérus en position normal est antéversé, moi il est dans l’autre sens. Rien de grave en soi. Mais avec ma fibro tout est amplifié. En gros le fait que mon utérus soit à l’envers, il appuie sur les autres organes. Au moment de mes règles, il se contracte plus fort que les autres et me provoque toutes ces douleurs.

Une femme lambda ne le sent pas, moi oui. Rien de grave en soi et c’est l’essentiel.

La bonne nouvelle tombe, pas besoin d’opération. Super !

À savoir que si après mes grossesses les douleurs persistent et que je le souhaite, je peux quand même me faire opérer pour le remettre à l’endroit.

Je vous avoue ne pas m’être renseignée pour le moment. La simple idée que puisse retourner mon utérus me soulève le cœur.

Et tant que ce n’est pas vital, bah ça attendra après bébé.

Nous arrivons enfin au 5 mars 2020, date de notre 3e bilan avec le Dr FIV. Nous sommes, cette fois-ci, très enthousiastes dans notre salle d’attente. On sait qu’on va attaquer le concret.

Elle nous reçoit et, pour une fois, tout le monde a le sourire dans ce bureau !

On fait un point rapide de notre situation, de notre belle paillette. Elle nous explique la suite et nous remet de la documentation sur ce qui nous attend.

Jules doit quand même voir l’urologue car avec ses antécédents et la petite varicocèle, ça ne serait pas mal de contrôler.

Nous avons aussi des bilans sanguins à faire juste avant la FIV. Et moi j’ai encore un examen au nom barbare à faire avant : l’hystérosonographie.

Bon, vous vous rappelez de l’hystérographie ? Alors c’est la même mais sous échographie et avec du sérum physiologique.

Donc sous échographie (et non pas sous radio) on va m’injecter dans l’utérus du sérum physiologique (à la place du produit radio-opaque).

Pourquoi ? Aucune idée. Non sérieusement aujourd’hui je n’en sais rien encore, je vous dirais quand je la ferais. Je n’ai pas eu le temps de demander l’intérêt et je m’en fichais complètement, je voulais juste faire ce qu’il y avait à faire et avancer. Ce qui me gonflait c’est que c’était encore un examen à faire à une date précise et que cela me faisait perdre un mois avant d’attaquer le protocole.

Nous avons aussi un rendez-vous avec d’infirmière pour m’expliquer le traitement hormonal et un rendez-vous avec le biologiste pour nous expliquer en détail la FIV.

Ça tombe bien on avait réussi à tout mettre le 17 mars 2020 en même temps que l’urologue. On a même calé le spermogramme le matin.

Jules doit faire un autre spermogramme, dans le but d’avoir une paillette supplémentaire. Les paillettes seront nos jokers car lors de notre FIV nous utiliserons du sperme frais (ouais c’est bizarre dit comme ça, je sais).

Tout est parfait, on va enfin commencer. Nous sommes sur notre nuage, nous sommes bien. Même si rien n’est gagné en PMA… jamais.

Le 17 mars 2020, nous en saurons plus sur ce qui va suivre. C’était 12 jours plus tard. Il ne me restait que 12 jours avant de me sentir enfin dans le protocole.

J’avais juste à appeler le 24 mars pour planifier l’hystérosonographie et nous pourrions commencer le protocole et les injections d’hormones sur mon cycle suivant, soit en avril.

En gros, le 23 avril 2020, j’allais enfin essayer de faire un enfant !

Mais nous sommes en PMA, pas dans le monde de oui-oui…

Quand nous sommes sortis de notre rendez-vous le 5 mars, on s’est dit « c’est trop beau, que va-t-il nous tomber sur la gueule ? » et après on s’est dit que non, que c’était bon. Que cette fois-ci nous devions juste être un peu patient et pleins d’espoirs et que nous allions enfin y arriver.

Ça faisait 5 mois qu’on enchaînait des examens, des rendez-vous, qu’on jonglait entre le stress, la peur, la joie, la peine. 5 mois que nos nerfs étaient mis à rude épreuve et que notre rêve se rapprochait un peu.

Alors oui, il nous restait encore des tas de choses à vivre, des bonnes et des mauvaises, mais au moins là, on allait enfin être acteur de notre parcours.

Du moins, c’est ce que l’on croyait.

En réalité, le 10 mars 2020, le centre PMA nous a rappelés. Ils nous indiquaient qu’avec la crise sanitaire en cours les rendez-vous allaient être reportés, qu’ils nous rappelaient dès que possible.

Le rendez-vous de l’urologue a été décalé pour les mêmes raisons.

7 jours plus tard, le confinement était annoncé… Et nous, les Fivettes, allions vivre une période inédite en PMA.

La période la plus longue que nous ayons toutes connue dans notre parcours : La pause imposée.

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