Chapitre 4 : Les examens

18 minutes de lecture

Les rebondissements font partie intégrante du parcours PMA. Je ne pensais pas apprendre à les gérer si vite.

Mon premier rendez-vous a donc été le 28 novembre, à 15 h 30, en la ville de Nantes, pour l’échographie avec la spécialiste de l’endométriose.

Habituellement très organisée, voire limite maniaque d’après mes proches, j’ai toujours tout préparé et checké au moins 10 fois. La PMA m’a repoussée dans mes limites et m’a fait devenir zinzin par moment.

Me voilà donc arrivée à Nantes, 1 h à l’avance, car par peur des bouchons, j’avais filé juste après le boulot. Je prends le temps de m’en griller une pour la détente (oui je sais, ce n’est pas bien. C’est prévu. Une chose à la fois voulez-vous) et passe en revue mon dossier médical perso, que j’ai bien pris soin d’amener avec moi. Je suis détendue, j’ai du temps, j’ai trouvé et j’ai tout… Oups !

Non je n’ai pas tout. Mon beau dossier bleu de la PMA ! Je le visualise très bien sur le buffet du salon.

Et merde… Pas grave en soit me diriez-vous, j’ai mon dossier perso. Oui, oui effectivement, mais l’ordonnance de l’écho ah ah ! Elle est où ? Elle est dans le dossier… Gagné.

Panique à bord, j’appelle ma belle-mère pour savoir si elle peut entrer chez moi, prendre ladite ordonnance en photo et m’envoyer le tout par sms.

Entre temps j’arrive à avoir le centre PMA qui me dit : « pas de soucis on va la faxer au Dr ». Je rappelle belle-maman qui, coup de chance, venait juste de tourner la clé de sa voiture.

Je manquais sûrement d’adrénaline, j’avais trop bien préparé mon rendez-vous (lol).

Bref, j’entre dans le vieux bâtiment. Emprunte un ascenseur assez étrange (vous savez les vieux ascenseurs avec une porte à fermer avant les portes mécaniques) et me rend à l’étage indiqué.

Je patiente en salle d’attente, un bon moment, comme chez beaucoup de spécialistes. La salle d’attente est aussi âgée que le bâtiment, bien qu’entretenu convenablement.

Par la fenêtre, j’observe le bâtiment d’à côté qui semble être une école. Des dessins sont suspendus sur des câbles traversant la pièce et ça m’apaise un peu.

Je lis quelques vieux magazines, regarde mon portable de temps en temps, quand mon tour arrive enfin.

Dr Écho, une jeune femme très douce et au visage rassurant, me fait donc entrer dans la salle d’examen.

Comme je vous l’ai dit, l’échographie c’est la fameuse sonde que l’on passe sur le ventre des femmes et/ou par voie endovaginale. Là le but c’est de voir s’il y a ou non endométriose.

C’est quoi l’endométriose ?

On en parle de plus en plus. Mais peu de gens savent réellement ce que c’est.

L’endomètre est le tissu qui tapisse l’utérus. Au cours du cycle, l’endomètre s’épaissit en vue d’une potentielle grossesse, et s’il n’y a pas fécondation, il se désagrège et saigne = les règles.

Jusque-là ça va. Normalement, si de l’endomètre est présent ailleurs dans le corps, le système immunitaire est censé le détruire.

Chez 10 % des femmes, le tissu endométrial qui se développe hors de l’utérus n’est pas détruit et se greffe sur les organes provoquant alors des lésions, des adhérences et des kystes ovariens (endométriomes). C’est là que cela devient une « endométriose ».

De mon côté, s’il y en avait c’était a priori léger, voire nul, au vu de mes précédents examens.

Au cours de cet examen, on a bien vu les jolies tâches un peu partout dans mon utérus. Toutes ces couleurs sont liées à la vascularisation. Puis, la sonde endovaginale est passée sur un point extrêmement douloureux, m’occasionnant un haut-le-cœur et une vague de chaleur avec suées.

Et là Dr Écho me dit :

- Je le vois, il est là !

J’ai ressenti un soulagement, celui de ne pas être folle, il y a bien de l’endométriose. Le fameux point douloureux est une masse de 16 x 10 mm (à vos doubles décimètres) ce qui explique pourquoi je souffre autant dans cette zone.

Dans la conclusion de l’examen, je vois :

- CFA en faveur d’un SOPK (ouiii du sanscrit !).

- Endométriose interne et externe.

- Pas de lésion ovarienne.

- Avis spécialisé Dr Endométriose pour recherches de lésion digestive par écho-endoscopie rectale.

Alors en français ça donne quoi ?

CFA = Comptage des Follicules Antraux = monitorage. Oui car j’étais au premier jour du cycle donc elle pouvait déjà avoir une idée.

SOPK = Syndrome des Ovaires Poly-Kystiques. En gros, mes ovaires travaillent trop ce qui créer des kystes (ah tiens ! C’est étonnant).

Endométriose interne et externe, cela signifie qu’il y en a dans l’utérus et à l’extérieur de l’utérus (dans les muscles utérins par exemple en ce qui me concerne).

Pas de lésion ovarienne. Ça, c’était vraiment LA bonne nouvelle. Il n’y a pas d’endométriose sur mes ovaires, donc a priori pas d’opération pour moi avant de débuter la FIV.

Avis spécialisé recommandé. Nous y voilà, mon petit rebondissement. Ça veut dire qu’elle demande à un confrère son avis. Et aussi que je dois réaliser une écho-endoscopie rectale.

C’est quoi ?

Je ne suis pas super sûre que vous ayez envie de le savoir mais on est là pour ça non ? Poser votre cookie ou toute autre forme de nourriture.

On va déchiffrer déjà. À la fin de mon histoire, vous pourrez prendre une spécialisation en latin.

Écho = répétition d’un son répercuté par un obstacle (l’échographe est un appareil basé sur l’émission d’ultrasons à haute fréquence).

Endo = à l’intérieur.

Scopie = regarder (fais référence à la caméra).

On me demande donc de faire un examen par voie rectale, avec une caméra.

C’est sympa la PMA n’est-ce pas ? Voilà, voilà (j’avais dit de poser son cookie).

En ressortant, j’étais quand même soulagée, car pour la première fois depuis 1 mois, j’avais un élément de réponse. Même si ce n’était pas que positif en soi, c’était déjà un premier pas vers l’évaluation de notre situation et vers le traitement approprié.

Et ça faisait un examen à rayer de ma liste aussi, et ça, c’était super, je l’avoue.

Par contre, rajouter un nouvel examen, dans l’idéal avant le 19 décembre, ça c’était vachement moins cool.

Surtout chez un spécialiste, où en général, l’attente est longue.

Dès le lendemain j’ai pris mon courage et j’ai contacté le Dr mentionné sur le compte-rendu, pour faire la fameuse écho-endoscopie.

Premier coup de stress lorsque la secrétaire me dit que le Dr Endométriose ne fait pas les examens.

Pardon ? Plaît-il ?

Je lui dis que je suis envoyée par le Dr Écho de Nantes et là, merveilleux :

- Ah oui ! D’accord, alors attendez. En fait elle vous demande de réaliser l’écho-endo et de venir après en consultation avec Dr Endométriose.

Oh mon dieu ! Mais ça va prendre encore combien de temps tout ça ?

Les larmes me montent aux yeux à l’idée d’en avoir encore pour 1 mois, 2 mois… que sais-je.

Mais heureusement, souvent en PMA les médecins, autant que les secrétaires sont hyper compréhensifs.

En tout cas, personnellement j’ai eu une équipe médicale au top, du début à la fin.

Elle a dû entendre à mon « Ah ! » que la peur m’envahissait peu à peu et à reprit :

- Je vous rassure, on va tout de suite fixer le rendez-vous avec le Dr Endométriose et je vous donne les coordonnées du médecin qui pratique l’examen.

Hallelujah !

En PMA, croyants ou pas, on prie le Dieu de la PMA comme disent mes Fivettes.

J’ai donc un rendez-vous pour le 27 février. C’est long, mais le plus important c’est l’examen et les résultats. Le contrôle avec ce médecin est secondaire.

J’appelle dans la foulée le Dr Echoendo et grâce à une super secrétaire, j’arrive à obtenir un rendez-vous pour le 17 décembre. Soit 2 jours avant la consultation.

C’est serré tout ça mais ça va le faire, de toute façon je n’ai pas le choix.

Le 2 décembre à 16 h, je suis de retour à mon centre pour l’échographie pelvienne de monitorage.

Je ne vous réexplique pas l’examen en totalité, c’est une écho classique qui va permettre de compter mes follicules et donc voir si l’ovulation est normale.

Entre-temps j’avais donc eu mes résultats sanguins, qui étaient tout à fait normaux.

Au cours de l’échographie, je parle avec la Dr (dont j’ai complètement oublié le nom, la honte). Elle est adorable, très douce et rassurante. Elle m’explique donc ce qu’implique un faible nombre de follicules, mais aussi un trop grand nombre.

Le nombre normal de follicules Antraux se situe autour de 8 à 10 par ovaire chez une femme de 25 ans. Un nombre élevé de follicules peut être révélateur d’un syndrome des ovaires poly-kystiques (risque d’hyperstimulation lors d’un traitement). Un nombre faible peut être symptomatique d’une altération de la réserve ovarienne (probabilité de faible réponse à la stimulation).

Résultat chez moi, 10 à droite, 15 à gauche.

Ça se veut rassurant en quelque sorte, il y en a c’est déjà ça. La Dr m’explique que j’entre effectivement dans le cadre d’un SOPK (Syndrome des Ovaires Poly-Kystique pour ceux qui ont oublié) mais que je suis en limite haute.

En gros, il y en a trop mais pas des tonnes en trop. Ceci dit, cela couplé à la longueur de mes cycles, elle m’informe quand même que je souffrirais d’une légère dysovulation (dys = trouble).

En gros j’ai des follicules, donc des ovocytes, mais mon ovulation n’est pas forcément régulière ni d’une qualité excellente (même si elle n’est pas non plus désastreuse).

Premier élément de réponse quand-même pour nous ; mon ovulation n’est pas ouf.

Le 5 décembre, prise de sang pour vérifier qu’il n’y a pas de grossesse avant l’hystérographie. RAS.

Le 6 décembre à 9 h à Nantes a lieu mon rendez-vous pour l’hystérographie.

Alors celui-là, comment vous dire que depuis le début il me fait… hein !

Pour rappel, j’ai galéré à le trouver, à le fixer dans les temps, je suis obligée d’aller à Nantes, à 9 h du matin ! Comment vous dire qu’on s’est retrouvé dans les bouchons et que le stress était maximum.

Déjà la veille, j’avais encore des spotting (légère perte de sang) et une peur bleue qu’on me l’annule (normalement il ne faut plus saigner du tout). J’ai pris le risque et je l’ai maintenu. Oui ce n’était pas forcément intelligent, mais j’étais juste désespérée…

Et j’ai bien fait car je ne saignais plus le 6 au matin.

C’est le seul examen où Jules m’a accompagnée. Il ne travaillait pas et ça m’arrangeait car je n’aurais pas pu conduire honnêtement. J’avais demandé à ma belle-mère au départ de m’emmener mais j’avoue que, dans l’idée, je ne voulais vraiment pas impliquer d’autres personnes.

Les premiers mois de la PMA, je n’en parlais pas, en tout cas pas à grand monde. J’avais mes 3 amies, celles à qui je pouvais tout dire, et le forum.

Je n’arrivais pas, je ne voulais pas et j’ai sûrement été très froide avec beaucoup de monde à cette période. Je remercie mes proches de leur compréhension.

J’étais stressée en permanence, terrifiée et j’essayais de tout mener de front, seule. Avec Jules on en parlait, parfois on craquait chacun notre tour, mais toute cette période où j’avais 36 000 examens, je me suis juste protégée et je voulais aussi le protéger.

Je ne pouvais pas gérer tous ces sentiments, garder la tête hors de l’eau, continuer au travail et faire mon plus beau sourire de « tout va bien » si j’en parlais.

Alors je n’ai pas parlé, ou très très peu à mes proches. Je me suis un peu rapprochée de ma maman, parce qu’elle est comme moi, très détachée en apparence et ça m’allait bien, et surtout elle respectait mon silence.

Bref, revenons à nos bouchons !

Nous sommes donc arrivés à l’entrée de Nantes à 8 h, dans les bouchons. C’était tellement surréaliste, l’heure avançait mais pas nous. J’ai cru à une caméra cachée tellement je rageais.

J’avais décidé de conduire pour que Jules se repose vu qu’il allait déjà faire le retour.

C’était une bonne idée, parce que j’étais tellement à cran que le pauvre aurait sûrement tout pris. Là au moins j’étais maître à bord en quelque sorte.

À 9 h le GPS indiquait encore 20 min pour 5 pauvres km.

Jules a essayé d’appeler plusieurs fois le cabinet qui a finalement décroché.

J’avais peur qu’ils nous annulent le rendez-vous à la dernière minute au vu de notre retard mais non, ils nous ont dit qu’il n’y avait aucun souci.

Ouf soulagement.

Nous sommes arrivés à 9 h 30 ! Après 1 h 30 de bouchons, j’étais vannée.

En écrivant « Les Fivettes », je veux vous faire prendre conscience de la difficulté de ce parcours, vécu aujourd’hui par énormément d’hommes et de femmes. Il y a, dans cette difficulté, plusieurs éléments vous l’aurez compris ; le stress, l’acceptation, l’attente, la peine, la colère… et la douleur. Je vous parle ici de la douleur physique. Certains examens sont douloureux, voire extrêmement douloureux.

Ce que vous allez lire tout au long de ces pages peut être compliqué, détaillé, peut-être trop. J’essaie en tout cas de trouver le juste milieu, alors sachez que dès qu’on va parler d’examen spécifique, il y aura de la douleur et des situations gênantes aussi.

Certains examens restent gravés dans la mémoire. Si vous ne voulez pas le lire, passez le prochain paragraphe, je comprends tout à fait.

L’hystérosalpingographie n’est, à mon sens, pas le plus douloureux de tous. Et pourtant il est costaud. Disons que c’est une belle entrée en matière quoi…

J’étais allongée sur la table de radiologie, jambes écartées forcément (je le rappel on envoie un liquide radio-opaque dans l’utérus via une sonde introduite par le vagin).

Heureusement, le radiologue était gentil et très drôle. L’ampoule de la lampe était en panne et ça nous a bien faire rire quand ils se sont mis à chercher une de rechange tandis que moi j’étais là, allongée, les fesses à l’air. Enfin non j’avais un joli drap en papier bleu quand-même (un peu d’intimité lol).

Son assistante a même proposé d’éclairer avec son téléphone car l’ampoule était introuvable. Elle m’a dit « promis je ne filme pas c’est juste pour la lumière » en riant et ça m’a un peu détendue. Finalement ils ont retrouvé l’ampoule, tout le monde riait, moi la première.

Donc le radiologue injecte le produit et là bah forcément y’a plus sympa quoi. Il me demande de me mettre de profil, je lui réponds que c’est impossible, je ne peux pas bouger.

Il m’encourage, m’aide un peu mais ça fait mal. C’est malgré tout supportable, peut-être la force de l’esprit je ne sais pas, ou le fait que je m’attendais à pire. Ou encore que mes règles m’ont préparée à encaisser la douleur.

On finit l’examen en envoyant une bonne quantité de liquide, d’un coup, pour faire un jet avec de la pression et voir nettement si le liquide passe dans les trompes.

Et vous avoue que celui-là par contre, j’ai versé ma petite larme.

Heureusement juste après ça, c’était fini. Il a retiré tout son bazar, la canule et le tuyau, et moi j’ai mis ma protection hygiénique et je suis retournée en salle d’attente rejoindre Jules, à pas de loup.

D’ailleurs petite blague supplémentaire, ladite protection était dans mon sac. J’ai donc missionné l’assistante d’aller demander à Jules de la lui donner.

Bilan elle est revenue avec le sac entier car il ne savait pas où c’était. Elle et moi avons ri, entre femmes on se comprenait.

Dans la salle d’attente, assise ça allait, à peu près, si je ne me pliais pas trop quoi. J’avais la nausée et une sensation de pesanteur dans le bas-ventre.

Quand je me suis levée pour récupérer mon dossier, la secrétaire m’a demandé si je voulais m’allonger. D’après Jules je n’étais pas très colorée, voire plutôt carrément livide. Moi je me sentais bien si je puis dire, vu la situation.

On était garé à 300 mètres et heureusement pas plus loin. Nous avons dû mettre 10 bonnes minutes à rejoindre la voiture car en sortant j’ai commencé à avoir comme des contractions. Je sentais le liquide bouger dans mon utérus, ce n’était vraiment pas génial.

Cette sensation a duré jusqu’au lendemain matin et j’ai éliminé le reste du produit en 48-72 h à peu près.

La bonne nouvelle c’est que l’examen était totalement normal.

Le 14 décembre à 8 h, nous avions rendez-vous ensemble à notre centre pour le spermogramme.

Ah ! Le spermogramme. Quelle aventure celui-là aussi.

C’est surtout le premier qui est compliqué, je pense. Jules n’était clairement pas emballé à l’idée de se frotter la lampe magique dans un endroit hyper glauque d’après lui. Honnêtement je le comprenais.

C’était le grand débat avec mes Fivettes. Ça nous a valu quelques fous rires et échanges assez surprenants. Heureusement certaines avaient déjà vécu cette situation.

J’ai donc pris mon clavier et j’ai rebondi au post de Debb et Catayena qui parlaient justement des résultats de spermogrammes.

J’ai expliqué que Jules trouvait ça « pas naturel du tout, tout ça » et que je ne savais pas comment l’aider. Fallait-il qu’il aille seul ou que je l’accompagne ?

Au final la première à répondre c’était Damia, qui nous avait rejoints en cours de route. Elle m’a dit qu’avec son mari ils avaient beaucoup dédramatisé la situation et qu’il avait eu des amis dans le même cas, avec qui il a pu parler. Elle m’a aussi expliqué que dans leur centre, films et revues étaient à disposition (le nôtre ne le propose pas pour des raisons d’hygiène). Par contre, toutes ou presque m’ont déconseillé de l’accompagner.

Moi je me sentais impuissante, pour une fois depuis le début de ce parcours, je ne me sentais pas impliquée. Je ne pouvais pas maîtriser et j’avais peur je l’avoue, peur qu’il n’y arrive pas et qu’on perde du temps.

Au final nous en avons ri, depuis l’annonce de l’examen, jusqu’au matin même du rendez-vous. On s’était levé à 6 h 30 et Jules m’a dit « C’est foutu, vu comment je suis endormi ils ne seront pas bien vifs. On va faire bébé feignant ».

Il a finalement réussi, je n’y croyais pas et je crois que lui non plus. En sortant, nous avons ri nerveusement et il m’a avoué que c’était, je cite « la pire branlette de toute sa vie ». Ensuite on a ri au sujet du test de survie, imaginant les petits zozos (c’est le mot souvent employé sur le forum pour spermatozoïdes, c’est vachement plus court) en train de faire le parcours du combattant comme à l’armée.

Le 17 décembre à 15 h à Nantes, j’avais donc mon dernier examen. La fameuse écho-endoscopie.

Là clairement, c’est le pire que j’ai fait à ce jour. Au même titre que l’hystérographie, vous êtes libre de sauter ce passage.

Cet examen m’a laissé des souvenirs que j’ai mis du temps à accepter. Aujourd’hui encore j’ai du mal à en parler mais… on est là pour ça non ? Je vais essayer de vous le raconter avec mon sarcasme et mes blagues habituelles.

Tout d’abord, pour cet examen il faut faire un premier lavement 3 h avant l’examen et un second 2 h avant l’examen.

Alors le lavement… reum reum. C’est un flacon, avec une pipette souple (ils sont gentil hein) que l’on insère dans le rectum (je ne vous fais pas de dessin là, vous êtes grand). Le principe c’est de vider le fameux flacon en position couchée et de tenir 10 à 15 minutes avant de courir aux toilettes.

Le premier lavement perso, j’ai tenu genre 5 minutes et très difficilement. Alors la sensation euh… vous vous rappelez de votre gastro carabinée quand vous aviez l’impression d’avoir de la glace dans les intestins ? Eh bah voilà vous y êtes.

Étant donné que j’avais 1 h de route et que la pharmacienne ne m’avait pas franchement rassurée sur la durée de « l’évacuation du produit », je n’avais mangé qu’une compote.

Et entre nous, le lavement à 11 h 30 puis à 12 h 30 bah ça ne donne pas hyper faim. Je les avais légèrement avancés, parce qu’avec les bouchons à Nantes je préférais partir plus tôt.

La route s’est bien passée je vous rassure. Une fois arrivée sur place, l’attente a été extrêmement longue.

Dans la salle d’attente, on a fini par tous se taper un fou rire suite à une remarque d’un patient, qui a gentiment dit à sa femme « ah tout à l’heure. Enfin si tu arrives encore à marcher ».

Qu’on se le dise, a priori en service gastro on va tous se prendre un… enfin faire plus ou moins la même chose.

Je suis passée à 17 h 30, je crois, ou 18 h je ne sais plus. Enfin avec beaucoup, beaucoup de retard quoi.

L’examen donc, consiste à insérer une caméra par voie rectale afin de contrôler les muqueuses et vérifier l’absence d’endométriose.

La caméra ne me faisait pas peur, d’autant qu’avant on vous met dans l’ambiance avant avec un touché rectal. Si ça, ça passe… lol.

Non, le problème c’est que la caméra est équipée d’un petit tuyau qui envoie de l’air dans les intestins, afin que ceux-ci soient mieux visualisable.

Et ça, c’était horrible. La sensation qu’on vous gonfle l’abdomen à l’hélium. J’imaginais mon intestin tel un ballon, vous savez ceux avec lesquels les clowns font des girafes ?

Mon examen a duré 10 min de plus que la normale, soit 25 min en tout. Les 25 min de solitude les plus intense que je n’ai jamais connue. 25 min pendant lesquelles j’ai pu sentir cette caméra faire des allers-retours.

Le médecin se confondait en excuses, voyant que je luttais, que j’essayais de prendre sur moi et de rester impassible, pour qu’il puisse faire son taf sans culpabiliser. J’ai tellement serré le coussin sur lequel ma tête était appuyée que mes doigts sont devenus blancs et que ma main s’est crispée.

L’infirmier qui était debout au niveau de ma tête a posé sa main sur la mienne et je me suis agrippée à ses doigts comme si ma vie en dépendait.

Seul problème de cet élan d’affection, toute ma force s’est liquéfiée et j’ai commencé à pleurer. Je tentais au maximum de contenir mes sanglots pour ne pas bouger.

Finalement l’infirmier a dit « je crois que la dame n’en peut vraiment plus » et Dr Echoendo a répondu « je sais mais j’ai presque fini ».

J’ai repris mon souffle et j’ai arrêté de pleurer, de peur qu’il ne puisse pas aller au bout et d’avoir fait tout ça pour un examen incomplet.

Quand ça s’est fini, un soulagement m’a envahi. Je me suis assise sur la table et j’ai demandé à l’infirmier si je ne lui avais pas fait mal. Il m’a répondu que non, que lui ce n’était pas grave mais m’a demandé si je voulais un antidouleur et si j’allais bien.

Je ne remercierais jamais assez cet infirmier, honnêtement c’est grâce à lui que je ne garde pas qu’un mauvais souvenir de cet examen.

En ressortant évidemment l’air est toujours dans les intestins mais il faut récupérer le dossier et sortir. On m’a indiqué les toilettes, mais très franchement je voulais juste sortir.

La secrétaire devait être en pause et cette nouvelle attente était affreuse. Je ne pouvais pas m’assoir au risque de passer pour un coussin péteur ambulant mais rester debout n’était pas mieux. J’avoue qu’il n’était pas loin de 19 h et j’avais juste avalé une compote.

Elle est arrivée, j’ai récupéré mes résultats. Dr Echoendo m’avait dit qu’il n’avait rien vu, que tout était normal.

En sortant, j’ai foncé sur le distributeur prendre un bueno et arrivée dans ma voiture… Heureusement que j’étais seule car tout le monde serait mort asphyxié.

J’avoue que sur la route, j’étais contente d’être seule. Je n’avais pas envie de parler. J’étais épuisée, j’avais encore 1 h de route et j’avais des images que je ne pourrais jamais oublier.

Les rares fois où j’ai raconté cet examen, je l’ai fait avec le sourire, j’ai dédramatisé, j’ai même fait de l’humour. Je n’aime pas parler des choses qui me rendent faible.

C’est la première fois que je le raconte tel que ça s’est réellement passé, tel que je l’ai réellement vécu et tel qu’il restera à jamais gravé dans ma mémoire.

Je vous rassure, je vais bien. Des tas de gens font des tas d’examens pas fun et leur vie continue tout à fait normalement. Mais le but des Fivettes, c’est de vous raconter ce que l’on vit réellement, sans filtre, sans bisounours ni édulcorant.

On était le 17 décembre au soir, tous nos examens et nos bilans sanguins étaient faits. Je pouvais enfin souffler… ou plutôt retenir mon souffle jusqu’au 19 décembre.

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