Chapitre 3 : Les rendez-vous

8 minutes de lecture

La première règle en PMA c’est de se bouger, de s’accrocher et de se battre.

Je ne me suis pas reposée sur mes lauriers, à aucun moment. Depuis le 31 octobre 2019, date de notre premier rendez-vous, nous avons eu peu de moments de répit.

Et chacun de ces moments de répit étaient plus une impatience qu’une réelle pause.

J’ai ressenti énormément de peur, de stress, de doutes et de solitude au cours des 8 derniers mois.

On m’a demandé l’autre jour si la PMA était un parcours ou un protocole. J’ai répondu : « Parcours. Car c’est le parcours du combattant. »

Dans mon éternel optimisme et ma dédramatisation, je tiens à vous dire que j’ai aussi ressenti énormément de culpabilité (et c’est toujours le cas). La PMA c’est loin d’être simple, c’est un combat, contre l’infertilité, contre soi-même. C’est aussi repousser ses limites au maximum.

Mais je me sens coupable depuis le début, à chaque moment où j’ai l’impression de ne pas en avoir la force. Coupable car, même si c’est dur, nous ne sommes pas mourants. Nous ne sommes pas en phase terminale d’un cancer. Nous ne venons pas de perdre un proche…

Comme on dit ; il y a toujours pire.

J’ai très souvent, peut-être trop, utilisé cette phrase comme un mantra. Mais c’est ce qui m’a permis, à chaque difficulté, tout au long de ma vie, de me relever et d’avancer !

Si je vous fais cette intro mélancolique et un peu déprimante, c’est parce que je ne veux pas parler de courage dans mon parcours.

Je ne suis pas courageuse. Nous ne sommes pas courageuses. Nous n’avons pas le choix.

La différence ?

Un pompier est courageux. Il décide de son plein gré d’entrer dans une maison en feu pour sauver une famille. Il fait preuve de courage car c’est sa décision d’entrer et de se mettre en danger.

Nous, les Fivettes, nous y sommes déjà, dans la maison en feu. Et nous n’avons pas d’autre choix que de se battre pour en sortir.

Ce n’est pas du courage, parce que croyez-moi, si j’avais le choix… je n’entrerais pas dans ladite maison en feu. Et je serais déjà maman.

Alors si ce n’est pas le courage, quelle est cette force dans laquelle j’ai puisé depuis 8 mois ? La patience, l’endurance, la positivité… Le désir, ou bien l’amour peut-être. Je ne saurais pas trop vous dire.

Toujours est-il que j’ai puisé ça, c’est clair.

Comme je disais, je ne me suis pas reposée sur mes lauriers. En sortant de notre première consultation, j’avais donc tous ces examens à réaliser, à des dates précises.

Chaque minute compte en PMA. Parfois un jour perdu nous faire perdre un mois, à cause de notre fameuse horloge régit par nos cycles de… 30j.

J’étais à J3, et si je voulais gagner un maximum de temps et anticiper les examens supplémentaires que je devrais peut-être réaliser, il fallait que je me bouge. Notre rendez-vous suivant était prévu pour le 19 décembre, car Jules avait son spermogramme le 14 décembre.

Pour rappel nous sommes le jeudi 31 octobre quand nous franchissons les portes du centre avec notre batterie de tests à effectuer.

Vous pensez qu’on est large ? Détrompez-vous. Comme je vous le disais, le temps file. Très vite. Trop vite ! Et parfois si lentement pourtant, c’est fou.

Petit récap des examens à prévoir pour moi :

Écho pelvienne avec la spécialiste (Dr Écho) pas de jours précis dans le cycle.

Écho de monitorage entre J2 et J5.

Hystérographie (= hystérosalpingographie, je vous l’abrège) entre J7 et J11 sans saignements.

Prise de sang entre J3 et J5.

Je suis déjà à J3… Mais comment je vais caler tout ça ? Est-ce qu’il y aura de la place ? Et si je n’ai pas le temps, je repousse d’autant notre rendez-vous.

Concrètement j’ai 2 cycles pour les réaliser, soit mon cycle en cour et celui qui interviendra le 29 novembre.

J’ai tout de suite appelé le laboratoire pour planifier ma prise de sang le samedi, à J5 (tout pile). En croisant les doigts, la boule au ventre espérant que le fait de la faire à la dernière limite ne fausse pas les analyses.

Le samedi j’arrive donc au laboratoire avec ma belle ordonnance remplie de sanscrit (je vous mets le français en dessous) dont je vous passe la sérologie (MST et autres maladies type toxoplasmose, rubéole, etc.) :

- FSH, LH, Œstradiol, Progestérone

Hormones

- AMH ou Hormone Anti-Müllerienne

Elle joue un rôle fondamental au cours de la différenciation sexuelle mâle. À côté de leur rôle fonctionnel dans l’ovaire, les taux plasmatiques d’AMH sont un excellent candidat comme marqueur de la réserve ovarienne.

En français = ce taux permet de savoir si notre réserve ovarienne à 20 ans ou 50 ans

- Prolactine

L'élévation de la prolactine entraîne chez la femme une perturbation d'une des hormones les plus importantes dans la reproduction et la fertilité.

- Testostérone totale

L’hypersécrétion d’androgènes (hormones masculines comme la testostérone) peut empêcher la maturation et la libération d’un ovocyte (ovule).

Je montre la fameuse ordonnance et là, la secrétaire me dit :

- Ah mais il est 10 h.

- Oui… réponds-je.

Je sens venir la tuile. pensé-je en moi-même.

- La prolactine ça ne se fait qu’avant 8h. Il faudra revenir un matin à 7 h 30 car vous devez être allongée pendant 20 min avant le prélèvement.

Oh joie en moi ! Il faut savoir que je n’aime pas les aiguilles (oui c’est « ballot » oui, surtout pour la suite).

Donc, forcément panique à bord. Si je dois respecter le cycle pour celui-là, je fais comment ? Je reporte d’un mois ?

À cet instant une vague de stress me submergea. Je pris une grande inspiration et demanda gentiment comment faire par rapport à mon cycle.

Et là ouf, l’histoire du cycle concerne uniquement l’AMH. Hallelujah !

L’ascenseur émotionnel. Bienvenu en PMA les amis.

Je fais donc ma prise de sang et bloque d’office un rendez-vous le jeudi 14 à 7 h 30, avant d’aller travailler, pour la prolactine.

Et d’un ! Si vous saviez le nombre de rappels qu’il y avait dans mon portable à chaque fois, plus dans l’agenda papier, plus sur le frigo, pour être sûr de ne rater aucun rendez-vous.

C’est le seul examen que j’ai pu faire sur ce cycle, à mon grand désarroi. J’étais déçue, tout d’abord parce qu’il fallait encore attendre pour avoir des réponses et ensuite parce que j’allais devoir enchaîner tous mes rendez-vous sur le cycle suivant (soit 3 examens… enfin 4, nous verrons plus loin).

J’ai prié Ste Patience, comme disait ma mère lorsque j’étais enfant, et j’ai essayé d’anticiper ce que je pouvais.

On invite (moi la première en tant que secrétaire médicale) les femmes à appeler le premier jour des règles pour les hystérographies (grosse erreur en passant. Si c’était à refaire, j’aurais écouté mon instinct et j’aurais appelé en même temps que les autres examens). Idem pour mon écho de monitorage à J3.

J’ai beau avoir un cycle hyper calé sait-on jamais, le stress peut jouer (et effectivement l’improduisible se produisit).

Donc j’ai déjà appelé pour l’échographie avec la spécialiste de l’endométriose à Nantes, à 1h de chez moi.

J’ai réussi à avoir un rendez-vous pour le 28 novembre à 15 h 30 (soit 1 jour avant mes règles). Je n’ai jamais fait la fine bouche pour les rendez-vous, j’appelais, on me donnait la date, je la prenais.

De vous à moi, ça aurait pu être à 3 h du mat’ que j’y serais allée.

Je faisais simplement attention, dans la mesure du possible, à caler mes rendez-vous en fin de semaine pour arranger mes patrons.

Je devais avoir mes règles au départ le 26 novembre. Je n’ai jamais, je dis bien jamais, été décalé de plus de 24 h depuis que mon cycle s’est mis en place quand j’avais 15 ans.

Eh bien il y a un début à tout.

Le problème c’est que j’étais partagée entre attendre mes règles pour appeler pour l’hystérographie et anticiper. Ce sont des rendez-vous où il peut y avoir du délai et il ne me restait que ce cycle.

file:///C:/Users/mypuc/AppData/Local/Temp/msohtmlclip1/01/clip_image002.gifJe rappelle que l’hystérographie se fait entre J7 et J11 et que certains centres de radiologie ne travaillent pas le week-end. Bah oui sinon ce n’est pas drôle (même si c’est normal je les comprends).

Le plus gros problème pour moi c’était les saignements.

Comme vous pouvez le constater (cf. image), ils durent 6 à 7 jours.

Mais j’ai encore de légers saignements pendant 1 à 2 jours.

En gros pour moi c’était J1 + 8 jours, pour être certaine de ne

plus saigner.

Pour la première fois de ma vie, mon cycle si bien calé se jouait

de moi et j’ai eu 3 j de retard.

J’ai appelé le 28, car ça faisait 2 jours que j’étais pliée en

deux même si je n’avais aucun saignement.

J’ai appelé en tout… 5 centres en Vendée et 2 à Nantes. Je crois que c’était la pire après-midi de ma vie ! Enfin l’une des pires en tout cas, n’exagérons pas.

Tout était complet, ou il ne faisait pas, ou alors ça ne correspondait plus à mon cycle.

Cet après-midi-là a été un véritable calvaire. Quand j’ai enfin trouvé une place à Nantes j’ai pris, peu importe l’heure et le lieu, je voulais juste mon rendez-vous.
Je me rappelle avoir appelé ma mère en pleurant, pour lui dire que j’avais enfin trouvé.

Maintenant il fallait s’organiser, car 2 à 3 jours avant, il faut faire une prise de sang pour vérifier que vous n’êtes pas enceinte.

Oui, car on injecte le fameux liquide radio-opaque directement dans l’utérus et que vu comment on galère à enfanter, ce serait vraiment con de déloger un bébé en cours de croissance.

Le 29 mes règles sont arrivées et j’ai pu appeler pour l’échographie de monitorage, prévue donc le 2 décembre.

Si je résume les dates pour nous deux, vous allez voir qu’il faut être organisé.

Moi :

Prise de sang = 2 novembre et 14 novembre + 5 décembre avant l’hystérographie

Échographie pelvienne spécialiste endométriose = 28 novembre (Nantes)

Échographie pelvienne monitorage = 2 décembre (Vendée)

Hystérographie = 6 décembre (Nantes)

Jules :

Prise de sang = 30 novembre

Spermogramme = 14 décembre

Rendez-vous bilan après examen : 19 décembre.

Alors, comment vous dire que, honnêtement, ça met dans le bain.

En réalité entre le 31 octobre et le 19 décembre, je n’ai pas vu ma vie passer. Oui j’ai bien dit ma vie, pas le temps.

J’étais tout le temps en train de penser à ces rendez-vous, à mon cycle, à essayer d’anticiper au maximum pour que tout soit prêt.

Et en PMA on est jamais à l’abri d’un imprévu. Comme je vous le disais, j’avais trois examens à réaliser avant le 19 décembre. Du moins en théorie car, les examens donnent des réponses, et parfois les réponses…. donnent d’autres examens.

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