UNE CIVILISATION PAS SI DIFFERENTE

9 minutes de lecture

Lycae, pays des lycans

Je me réveillais baignée par la lumière du soleil. Aiden était parti hier soir pour protéger sa fille, mais depuis, je n’avais plus eu de nouvelles. Je n’avais pas eu connaissance de loups partis en mission pendant la nuit.

Je repoussais du pied les couvertures puis me levais pour rejoindre le jet brûlant de la douche. La fatigue et mon anémie, causée par l’illusion pour sauver Lou, se détachèrent de mon corps, en même temps que l’eau. Le tout disparaissait par le siphon.

J’enfilais un jean et un simple t-shirt en sortant de la salle de bain. Je descendis ensuite rejoindre la cuisine et ouvris le frigo en quête de sang. Il était malheureusement en rupture de stocks. Je ne pouvais courir le risque de sortir sans être accompagnée d’Aiden qui faisait office de geôlier. Sinon, son père se douterait de quelque chose.

Je me contentais de m’installer sur le canapé du salon et de faire une chose que je n’aurais jamais faite à la maison : allumer la télévision. Je n’aurais jamais pensé que cela puisse être aussi divertissant.

Après plusieurs heures d’attente, la porte fut enfin poussée par son hôte. Je me levais rapidement et chancelais quelques secondes à cause de ma soif.

Aiden était seul et je ne voyais aucune trace de lutte. Je soupirais de soulagement en le voyant serein.

« Tout s’est bien passé, j’espère que tes hommes s’en occuperont bien…

– Ne t'en fais pas, Eli est une très bonne mère et elle adore les enfants. Elle sera entre de très bonnes mains. »

L’odeur virile d’Aiden ranima d’un coup la douleur dans ma gorge. Ma soif se réveilla instantanément et je fus prise de nouveaux vertiges. Aiden accourra pour me soutenir, ce qui était une très mauvaise idée.

Je me passais la langue sur mes lèvres légèrement gercées par l’envie. Son odeur était tout simplement divine, je pourrais le croquer maintenant. Mais je savais que si je m’abandonnais, je ne m’arrêterais sûrement pas avant de commettre une grave erreur.

« Tu as faim… J’aurais dû te laisser du sang…

– Non, c’est bon, je peux aller chasser, mais je ne voulais pas éveiller les soupçons avant ton retour. »

Il me retint avant que j’aie pu filer.

« Non, tu ne pars pas, bois, maintenant ! dit-il en écartant les cheveux de sa nuque. »

Je protestais à nouveau, mais il ne me laissa pas le choix. Mes crocs percèrent ma lèvre inférieure et je me laissais dicter par ma faim. Je plantai mes dents dans sa jugulaire et en aspirai tout le liquide qu’elle m’offrait.

Le désir, que je commençais à très bien connaître, naquit aux creux de mes reins et se diffusa dans tout mon corps. Je brûlais d’un feu nouveau et je laissais Aiden parcourir mes courbes de ses mains douces et tendres.

Elles commencèrent à caresser la grosseur de ma poitrine avant de se glisser sous ma culotte. Mes mains se dirigèrent, quant à elles, d’une volonté propre vers le renflement de son pantalon.

Il me repoussa violemment contre le mur le plus proche, faisant tomber au passage un cadre dont le verre s’étala autour de nous. Il prit possession de ma bouche goûtant son sang au passage. Il coinça mon corps du sien et je sentis son érection poindre contre mon ventre.

Je lâchais un râle de désir et ses mains s’acharnaient contre la braguette de mon jean. Il le laissa glisser contre mes jambes. Aiden tira ensuite sur mon t-shirt et en déchira la couture, je me retrouvais nue devant son regard de braise.

Je plaçais mes mains de chaque côté de son visage et l’attirais à moi pour l’embrasser fougueusement, dès lors, je fis taire ma mauvaise conscience.

Pour être sûre d’être en paix, je m’accrochais à ses hanches de mes cuisses et Aiden me transporta jusqu’à sa chambre où il me laissa tomber sur le lit. Il m’écrasa de son corps et je lui mordis l’épaule par vengeance et en aspirai l’hémoglobine. Il gémit contre mon cou.

Je recommençais l’expérience plusieurs fois sur tout son corps. Puis sans préambule, il m’écarta les cuisses et s’enfonça en moi. Je criais de surprise bientôt remplacé par des gémissements de plaisir.

Je jouais avec mes pieds pour lui retirer son pantalon qui finit par rejoindre le sol avant de tirer sur son haut, il leva les bras et je lui retirais. Il rejoignit le sol également. J’embrassais tout ce que j’avais à portée de lèvres : ses bras, ses épaules, son cou, ses joues, son nez, ses lèvres.

Il commença par des va-et-vient doux et lent puis ils montèrent crescendo jusqu’à m’en faire perdre la tête. Il revint capturer mes lèvres avant de glisser une main entre nos corps moites et de caresser mon point sensible.

J’explosais presque aussitôt. Dans les méandres de mes frissons et de mes sens, je le sentis gonfler et se déverser en moi par à-coup. Il s’effondra ensuite sur moi, m’étouffant au passage. Je l’embrassais sur le sommet du crâne puis il se retira et s’appuya sur ses coudes à mon côté.

À cet instant, un mot me brûlait la langue mais je savais que c’était une mauvaise idée de le dire. Je lus la même chose dans son propre regard. Il se contenta de me prendre dans ses bras et on s’endormit ainsi.

À mon réveil, la place était tiède et vide dans le lit. Je m’étirais comme un chat et me leva. Je ramassais le t-shirt noir d’Aiden et l’enfilai. Puis, je descendis à la cuisine où du bruit se fit entendre. Aiden se dandina en faisant la cuisine. Je m’accoudais au comptoir et le fixais d’un regard sensuel.

Il dut sentir mes yeux sur lui, car il se retourna et me sourit de toutes ses dents. Cette scène était magique, j’avais, d’un coup, faim d’œufs brouillés.

Il continua à me sourire et s’approcha lentement de moi. Il s’accrocha à mes hanches et se baissa pour m’embrasser à pleine bouche, il passa sa langue sur mes crocs et se la tailladait exprès. Des perles de sang glissèrent dans ma gorge et réveillèrent mes sens en alerte.

« C’était magique hier, mais on ne peut pas continuer…

– Pourquoi ? Parce que l’on est ennemi ?

– Exactement, si ton père s’aperçoit de quelque chose, tu es mort et je ne le permettrais pas !

– Tu me protèges…

– Aussi longtemps, qu'il le faudra… »

Il m’embrassa une dernière fois et s’empiffra de son petit-déjeuner.

Dans l’après-midi, il m’emmena dans le village pour me faire découvrir sa culture et son peuple qu’il aimait tellement.

On se baladait dans les avenues supportant des échoppes qui vendaient des fruits, des légumes, des prises de chasse, des bijoux fait main et tout autre objet rare et unique. Je ressentais un certain plaisir de flâner ainsi entre les kiosques à regarder, à toucher et à admirer.

Quand bien même on me lançait des regards haineux et déplacés, rien ne pouvait entacher mon plaisir. Je n’avais guère le temps de le faire à Idrias avec toutes mes responsabilités. On voyait vraiment le quotidien des loups et je peux dire qu’il correspondait en tout point à celui des vampires.

Après le marché, Aiden me fit entrer dans un pub, heureusement que le vin et l’alcool était une chose que je pouvais digérer, bien que je ne pouvais m’alcooliser.

On s’asseyait dans un coin sombre et un serveur vint prendre commande. Il était grand et basané et il essaya de me faire peur avec son regard dur et noir. Bien entendu, cela ne fonctionna aucunement et je lui renvoyais le même regard noir, mais avec des pupilles rouges.

Je pouffais de ma propre blague dans ma tête, Aiden haussa un sourcil curieux et je lui faisais signe de rien. Il commanda une bière et un whisky, le serveur repartit au bar. Je fronçais les sourcils en sentant une odeur bizarre près de moi.

« Qu’est-ce qu’il y a ? me demanda Aiden inquiet.

– Je sens quelque chose de bizarre, pas toi ? »

Il dit le plus naturellement possible :

« C’est mon odeur de loup sur toi que tu ressens, me répondit-il en chuchotant.

– Comment cela, chuchotai-je à mon tour.

– Mon odeur s’est mélangée à la tienne après qu’on ait couché ensemble, souffla-t-il. Cela arrive souvent quand les loups sont sincères dans… »

Je lui mis un doigt sur la bouche pour qu’il ne finisse pas la fin de sa phrase.

« Non, ne le dis pas. Tu sais aussi bien que moi que c’est impossible tant que cette guerre durera. »

Il acquiesça simplement. Nous restâmes silencieux plusieurs minutes avant qu’Aiden enchaîne sur un sujet anodin. Il me demande de lui parler d’Elizabeth et d’Asha, de mes parents et il en fit de même.

Il me raconta que sa mère était une crème de louve, mais que son père la battait et qu’elle était morte sous ses coups alors que la version officielle relatait un accident. Il avait rencontré sa femme quand il était enfant, il allait souvent chez eux pour se réfugier quand son père était violent. Je comprenais mieux le comportement de Cassius.

Quand il a eu l’âge de se débrouiller seul, il avait construit le chalet dans lequel il habitait et avait épousé sa femme puis ils avaient eu Lou. Sa femme était décédée peu de temps après la naissance de sa fille due à une hémorragie post-mortem après l’accouchement. Elle n’eut pas le temps d’en profiter qu’elle était morte trop rapidement. Il me confia alors qu’il s’était occupé du mieux qu’il avait pu de sa fille et qu’il s’était consacré au faible de son clan pour les protéger de la tyrannie de son père.

Une larme s’échappa sur ma joue après sa longue tirade. Il l’essuya du bout des doigts, distrait par ma tristesse. Des dizaines de paires d’yeux nous fixaient. Je me détournais troublée et mal à l’aise. Aiden, sentant mon trouble, gueula aux autres de retourner à leur verre et leur propre conversation.

Contre toute attente, une jeune femme très belle s’approcha avec un mouchoir et une bouteille de vodka.

« Je suis désolée, je vous ai mal jugé.

– J’ai l’habitude, ne vous inquiétez pas pour cela, lui répondis-je en attrapant son mouchoir. »

Je m’essuyais les yeux et tournais ma tête vers elle. Elle avait de magnifiques cheveux dorées ondulés qui descendaient en cascade dans son dos.

« Je n’avais jamais vu un vampire aux cheveux argentés, ils sont trop beaux ! s’exclama-t-elle. Au fait moi, c’est Kiara.

– Enchanté Kiara, je suis Freya pour la faire court.

– En tout cas, je me suis toujours demandé si les vampires tenaient vraiment l’alcool !

– Tu veux parier ? »

Elle secoua la tête affirmativement et je lui montrais mon verre vide. Elle le remplit une première fois ainsi que le sien. Elle continua comme cela jusqu’à que cinq bouteilles passent. Je bus gorgée après gorgée, l’alcool me brulait seulement la gorge. Pas un seul étourdissement en vue.

Ma voisine par contre était complétement pompette, elle s’était dénudée en plein milieu du pari et commençait à chanter. Énormément de loups s’étaient joint au pari, mais ils s’étaient tous éméchés et par terre à regretter leur trop grande confiance en eux-mêmes.

Je me levais alors et montais sur notre table en beuglant qui était la meilleure. On me répondit par des gémissements et des plaintes pour que mes cris arrêtent de leur fendre leur crâne. Je rigolais et me retournais vers Aiden qui applaudissait ma performance.

Un sourire aux lèvres, nous rentrâmes au chalet sous les yeux ahuris des loups-garous bourrés. Bizarrement, les regards avaient changé pour la plupart. Ma démonstration de force les laissa sans voix. Bon tout cela était un peu de la triche, je l’avouais. Mais après tout, ce n’était pas de ma faute si ma constitution ne me permettait pas de me saouler.

Cette nuit-là, alors qu’Aiden s’était couché comme une masse, on tapa à ma fenêtre discrètement. Quand je vis les ombres au-dehors, je compris que je devais dire adieu à Aiden.

Je pris un papier et inscrivis simplement « on se retrouvera sur le champ de bataille… ». Je lui laissais près de son oreiller pour qu’il le voie lendemain matin, puis j’ouvris la fenêtre et m’enfuyais dans la nuit noire et froide, vers mon destin.

Annotations

Vous aimez lire Story Tempted ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0