L’ETERNELLE BUVEUSE DE SANG

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Londres, école privée, cafétéria

L'éternel problème avec des suceurs de sang, c'était les repas ! Comment pouvait-on faire croire aux humains que tu suivais un régime très particulier qui t'empêchait de manger le midi comme les autres ; alors même que ta plastique parfaite rendait cette excuse ridicule !

La fin des cours venait seulement d'être annoncée que déjà les étudiants se déversèrent dans la cafétéria pour entamer le repas le plus important de la journée. Je me levai avec grâce de ma place et rejoignis Dimitri en pleine conversation avec une jeune fille qui semblait sur un petit nuage. Je m'approchai d'eux discrètement et vint me placer près de lui. Je lançai un regard noir à la fille qui décampa à toute vitesse.

« Que voulait-elle ? lui demandai-je.

– Elle m'a proposé de me joindre à eux pour manger. »

Je tâchai de réprimer un sourire, tellement la situation était comique. Elle ne se rendit pas compte de l'ironie de la situation bien sûr, ne sachant pas que ce serait-elle, le plat de résistance. Bien que, les dhampirs pouvaient ingérer autre chose que du sang.

Je me tournai vers Dimitri et fixai mon regard sur le sien.

« J'espère que tu as décliné l'offre ? J’ai une mission bien plus urgente pour toi…

– Bien entendu. Vous êtes prête ? »

Je hochai la tête discrètement et vérifiai que plus un chat n'était dans la classe avant de refermer la porte. Je me dirigeai d'une démarche animale presque prédatrice sur Dimitri. Je m'assis sur l'arête de son semblant de bureau, il s'écarta un peu pour me laisser de la place et me regarda d'une fascination nouvelle. Je me penchai sur lui au moment où il m'ouvrit l'accès à sa gorge. Je laissai mes canines plus pointues qu'un poignard apparaitre et les glissèrent le long de sa jugulaire. Il frémit doucement et ses yeux s'embuèrent de désir et d'un voile d'anticipation. Je mordis d'un coup net et précis au creux de son cou transperçant la finesse de sa peau. Il lâcha un gémissement de surprise et posa sa main sur ma nuque en me donnant ce que je réclamai goulûment. Il me caressa les cheveux d'un geste calme et gracieux pendant que j'avalai quelques gorgées de son nectar le plus précieux et le plus divin qui existait.

Je ne voulais pas l'affaiblir outre mesure au vu de sa mission. Il était bel et bien à mes côtés pour me protéger si nos ennemis nous retrouvaient. Alors, je me détachai à contre cœur de lui. Je me redressai et léchai les dernières gouttes de son sang et me passai la langue sur mes lèvres rougies. Pour les humains, le sang aurait un gout métallique rappelant le cuivre alors que pour nous, le goût du sang changeait selon la personne. Mais restait exquis de bien des manières. Celui de Dimitri avait quelque chose de fruité comme le mélange délicieux d'un cocktail enivrant.

Il posa sa main sur la trace de mes canines qui guérissait déjà. Il se releva doucement et m'entraina à sa suite. Je pensai qu'il avait faim et qu'il m'emmenait rejoindre les filles à la cantine, mais non. Il traversa au pas de course le couloir et nous enferma dans une sorte de local de stockage. La porte ne pouvait se verrouiller que de l'intérieur et rendait la pièce, en désordre, presque intime.

Mon garde du corps me plaqua brusquement contre le mur en me maintenant fermement de son corps musclé. Ses muscles roulaient sous la chemise de l'uniforme vert-pomme et son membre bandé s'appuyait contre ma cuisse.

L'effet de la morsure d'un vampire pouvait être varié, mais le principal phénomène était l'excitation sexuelle de la proie. Dimitri étant le seul « humain » qui m'avait accompagné à Londres dans ma fuite, il s'était chargé de m'apporter ma dose quotidienne de sang frais. Je me contentais de poches de sang provenant d'une banque de sang pour le reste.

Comprenant parfaitement le désir qu'éprouvait Dimitri, j'enroulai mes jambes autour de sa taille et le laissai m'embrasser passionnément, ceci n'étant pas la première fois qu'on se satisfaisait l'un l'autre depuis notre départ. Comme un fou, il chercha ma langue de la sienne, entrouvrant mes lèvres avec force. Nous mêlâmes nos langues qui s'enroulèrent l'une à l'autre. Il me goûta, me suça, me mordilla et à chacune de ses caresses expertes un autre gémissement m'échappait.

Nos souffles se firent plus rauques, plus chauds, plus rapides. D'un clin d'œil ma robe encombrante tomba à terre et sa braguette fut descendue libérant son membre dur et fièrement dressé. Profitant du fait qu'il enfilait un préservatif, je lui caressai les épaules du bout des doigts et le mordillai. Une ligne imaginaire se dessina sur son cou par mes baisers.

Sans préambule, il inséra deux doigts dans mon intimité déjà mouillée par le désir. Surprise, je me retins à son bras et expirai longuement la tête en arrière. Il fit des mouvements circulaires en même temps avec son pouce sur mon clitoris. Il chercha à me faire perdre la tête en entamant une danse experte de ses longs doigts habiles. Sentant que j'étais prête à l'accueillir, il retira ses doigts et il me souleva pour m'emprisonner entre le mur et lui.

Il me pénétra sans douceur, mon sexe l'enserrant douloureusement. Bientôt, il se retira en ne laissant que le gland, avant de s'enfoncer à nouveau jusqu'à la garde. Il imprimait un rythme animal, effréné m'arrachant des petits cris stridents à chaque poussée. Je sentis son souffle contre mon oreille et nos respirations s'accéléraient. Ses coups de rein brusques s'accélèrent encore et soudain mon intimité se resserra et un orgasme me vrilla les entrailles. Il me suivit dans la jouissance deux coups de boutoir plus tard en chuchotant mon nom d'une voix rauque et essoufflée.

Je me laissais aller contre son torse, il me maintint fermement contre lui en me caressant le dos du bout des doigts. Il nous fallait quelques secondes pour nous reprendre avant d'entendre la première sonnerie retentir marquant la fin de la pause de midi. Il se retira et enleva le préservatif qu'il fourra dans une poubelle et m'aida à me rhabiller en relaçant mon corset.

Nous arrivâmes juste à temps alors que le professeur prenait place au bureau près du tableau. Reprenant mon air indifférent, je rejoignis ma place et le cours commença. J'attendais avec impatience la fin d'après-midi pour le cours d'équitation, avec une certaine Lady Bronn.

Londres, école privée, le manège

L'école possédait, entre autres, un manège et une carrière en plus des grandes écuries. Shinda piétina le sol en me voyant arriver en tenue d'équitation.

Je portais une robe bleue d'équitation comportant un tailleur serré sur une chemise blanche avec un foulard noué autour du cou, complété d'une longue jupe recouvrant mes jambes même en monte.

J'approchai du box où Shinda passa sa jolie tête avec sa liste en forme de point d'exclamation à l'envers. Elle renâcla et tapa du sabot, je fis claquer ma langue, et elle stoppa directement sa cacophonie. Dimitri m'aidait à la panser et à la seller avant de rejoindre nos camarades dans le manège. Dimitri était chargé de ma protection, nous avions alors inventé une histoire, avec un grain de suggestion, pour qu'il n'ait pas à assister aux cours de sport obligatoire. Un pouvoir très utile, la suggestion, pour embrouiller les esprits faibles.

Shinda, les rênes passées au-dessus de l'encolure, me suivit au pas tranquille sans que j'aie besoin de la tenir. Nous nous positionnâmes au milieu du manège entre les élèves déjà agglutinés autour de leurs chevaux ou à défaut, ceux de l'établissement. La robe de ma jument resplendissait parmi celles des autres. Ma jument renâclait plusieurs fois autour des chevaux « normaux ». Je la calmai de petites caresses entre les naseaux.

La professeure ne tarda pas à arriver et se présenta à moi rapidement. Elle semblait particulièrement troublée par ma monture, elle avait tendance à fixer ses yeux rouges. Elle m’ordonna de me mettre en selle. Elle souhaitait évaluer mon niveau.

Elle installa différents types d'obstacles de plusieurs hauteurs pendant que les élèves réglaient leurs étriers. Moi, en l'occurrence je n'en avais qu'un seul au vu de ma selle amazone. Dimitri m'agrippa la taille et me souleva pour me déposer sur le dos de Shinda, parfaitement habituée à son nouvel environnement. J'ajustai ma position et commençai à effectuer une détente le temps de l'installation du parcours.

Je remarquai des coups d'œil inquisiteurs. Toutes les personnes autour de moi montaient normalement. L'une d'entre elles se détacha d'ailleurs du troupeau et se dirigea vers moi sur son étalon dont la robe était gris-souris. Elle avait une jolie frimousse avec ses cheveux roux sur une peau presque aussi blanche que la mienne. Elle ne devait pas faire plus d'un mètre soixante-dix. Mais elle semblait bien plus cordiale que ses compatriotes.

Elle s'arrêta à ma hauteur et se tourna vers moi faisant voleter ses cheveux rougeoyants. De près, elle faisait bien plus mature et une lueur taquine dansa dans ses prunelles émeraude.

« Salut, je suis Elizabeth Frye, me dit-elle d'une voix mélodieuse empreinte d'un accent français.

– Bonjour Elizabeth, lui répondis-je, ne souhaitant pas m'attarder dans des bavardages futiles.

– Elle est belle ta jument, elle s'appelle comment ?

– Shinda. »

Elle tendit la main pour caresser son encolure soyeuse. Mais je retins son geste à temps, avant que Shinda ne la morde.

« Je te conseille de ne pas la toucher. Elle ne supporte pas les étrangers.

– Oh ! Pardon, j'aurais dû demander avant.

– Oui, tu aurais dû.

– Je suis désolée si je t'ai froissée, ce n'était pas mon intention. Je voulais juste te dire que si tu avais un problème en cours, tu pouvais venir me voir.

– Je ne vois pas en quoi j'aurais des problèmes et je sais me défendre suffisamment pour les éviter.

– Oui, j'ai vu ta panthère noire. Mais ici, on discute, on ne tue pas ! »

Elle m'arracha presque un sourire pour sa ténacité. Je voulus lui répondre quand la professeure nous interrompit, bloc-notes à la main, pour commencer son évaluation. Elle m’expliqua rapidement le parcours à effectuer, puis, elle envoya d’autres élèves pour me montrer.

Plusieurs firent tomber des barres ou bien se trompèrent dans le nombre de foulées de leur monture. Une blonde sur un cheval alezan appartenant à l'école s'engagea sur le parcours. Après le deuxième obstacle, son cheval rua et se cabra. Elle se retrouva déséquilibrée et perdit son appui sur son pied dominant quand un des étriers se retira. Elle s'accrocha alors à l'encolure de son cheval de toutes ses forces, complétement paniquée. Lady Bronn beugla des ordres pour qu’elle reprenne le contrôle, mais désemparée elle n'écoutait plus rien.

Je décidai d'intervenir, je glissai le long de Shinda pour mettre pied à terre. Je m'avançai à travers les obstacles et me plaçai devant le mâle, bien droite de toute ma hauteur. Il tapa du pied et creusa comme pour me charger et fonça droit sur moi. À un mètre de moi, après un ballet de cris, Shinda surgit pour me protéger et hennit bruyamment en se cabrant.

L'autre cheval se calma aussitôt et j'attrapai au vol, la fille qui avait lâché prise. Le hongre alezan se coucha d'un coup, il semblait avoir un problème. Mais j'étais trop occupée à me relever avec la fille pétrifiée accrochée à mon bras.

Lady Bronn se précipita sur nous et je fis signe à Dimitri d'examiner le hongre. Il hocha la tête et se dirigea vers lui. Ma jument calma le hongre en frottant ses museaux au sien. La professeure s'occupa de la petite blonde avant d'aboyer des ordres aux autres élèves. Je m'accroupis auprès de Dimitri qui m'informa avoir retrouvé des résidus d'herbes urticantes sous le tapis de selle.

Dimitri en informa l'enseignante à son retour, après avoir remise l'élève à l'infirmière du campus. La professeure garda l'information pour elle et reprit sa séance. Je fus la prochaine à passer le parcours. Je m'engageai au galop en contrôlant parfaitement allure et foulées, que la monte amazone rendait plus difficile. Je sautais avec aisance le premier obstacle comme le second. Je pris un tournant serré à gauche et m'engageais sur une suite de trois obstacles avec deux verticaux et un oxer pour finir.

Je parvenais plus rapidement que les autres à la fin du parcours, pas essoufflée, comme ma monture, qui renâclait pour recommencer. Je me rangeai près des gradins auprès de Dimitri qui m'applaudissait tout fier. Il fit signe de regarder mes camarades qui avaient encore le bouche ouverte d'étonnement.

Lady Bronn se rapprocha de nous et sourit.

« Je n'aurais jamais imaginé avoir une élève aussi douée que vous, surtout en amazone. Je vous dis bravo, Mademoiselle Adams, s'exclama-t-elle.

– Merci, Lady Bronn. Je vous en suis reconnaissante. »

La reprise termina sur une note joyeuse. Lady Bronn ne cessa de comparer mon talent et me citer en exemple. Elle me remercia même d'avoir aidé la blondinette et félicita mon sens de la camaraderie. J'étais tentée de sourire à cette évocation. Après tout, je ne faisais aucun cas des humains, à part les remercier silencieusement de m'héberger pendant ce que j'appelais mon exil forcé.

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