THE MOON OF BLOOD

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Londres, ambassade d'Idrias

En ce jour, la lune revêtira sa parure rougeâtre dès la nuit tombée. Avec Dimitri et Ezio, nous étions à fleur de peau. Par soucis de sécurité, l'équipe humaine qui se chargeait habituellement de la surveillance, avait eu droit à des congés. Je ne comptais pas faire d'esclandre pendant la Lune de sang, mes parents avaient d'autres soucis qui les étouffaient.

L'académie devra compter sans nous aujourd'hui, bien que nous n'ayons rien à perdre. Depuis le départ d'Elizabeth de l'ambassade, les cours étaient bien calmes. Elle nous évitait depuis quelque temps. Elle ne serait donc pas attaquée pendant l'éclipse lunaire.

Alors que je faisais une promenade dans le jardin floral avec Loupius qui se pavanait à mon côté, arrivés à la bordure du terrain, on entendit un cri. Mais pas un cri humain, un hurlement animal de l'autre côté du mur du brique qui entourait la demeure. Loupius s'élança alors contre le mur et alors que je lui criai de s'arrêter, il s'immobilisa. Il se retourna, me regarda avec un éclair d'intelligence avant de se retourner et de sauter par-dessus l’enceinte. J'en restai bouche-bée. Le muret n'était haut que de deux mètres avec des prises dans le lierre qui s'y était enroulé mais loin d'être facile pour un chien. J'entendis un deuxième cri suivit de plusieurs hurlements qui s'éloignaient dans le vent.

Une idée me vint tout d'un coup. Les plus puissants lycanthropes pouvaient se transformer en un simple loup étroitement lié à l’animal. Contrairement, à la masse volumineuse de leurs autres congénères. Cela leur permettait de se fondre plus facilement dans la masse. Il ne m’avait jamais été donné d’en apercevoir un. Il était particulièrement rare comme mon don de communication avec les cieux.

Si c'était le cas nous n'étions plus en sécurité à Londres. On nous avait trouvé beaucoup trop vite ! Cela voudrait-il dire que mes parents étaient morts ? Oh Déesse non, cela ne se pouvait ! Pas encore.

Je me précipitai vers l'autel du temple et pria avec ferveur Lilith pour avoir une chance qu'elle m'apparaisse malgré ma panique. Alors que je répétais une litanie longue, l'air autour de moi se chargea d'électricité et les degrés dégringolèrent dangereusement. J'ouvris mes yeux et me frottais les bras pour les réchauffer. Devant moi se tenait la silhouette floue et céleste de ma déesse.

« Oh Lilith ! Dites-moi que je n'ai pas fait une erreur !

– Ma fille, tu devrais chercher au fond de ton cœur. Les réponses que tu cherches y sont.

– Je ne comprends pas, déesse... Éclairez-moi de votre sagesse.

– Ferme les yeux, concentre-toi sur ton cœur, tes émotions, recherche le lien qui t'unit aux tiens. »

Je fermai mes paupières, pris une profonde inspiration avant de me fermer au reste du monde. J'étais comme en pleine méditation, je cherchai tout ce qui pouvait me réconforter : une intuition, une sensation, un espoir. Mais rien, mon trouble et mon anxiété antérieure m'empêchait de me concentrer. Je ne ressentis que la peur.

« Je ne trouve pas ! Déesse aidez-moi, je vous en prie ! »

Quand je rouvris les yeux, Lilith n'était déjà plus là. Désespérée, je me dirigeai en hâte vers le salon où devait sûrement se trouver les garçons. J'entrai et m'arrêtai sur le seuil de la pièce. Ezio et Dimitri se relevèrent soudainement.

« Il nous faut rentrer immédiatement !

– Qu’est-il arrivé, princesse ? s'affola Ezio.

– On est découvert ! »

Ezio ne prit pas la peine de réfléchir. Il nous ordonna de nous préparer en indiquant que dans une heure, nous décollerions.

Chacun de son côté, nous préparions nos affaires. Je fis rapidement un sac d'habits, revêtis ma tenue de combat et m'arma. Le tout prêt, je les rejoignis dans le salon.

A mon retour, Dimitri me questionna. Je lui racontais l’évènement déclencheur de mes soupçons. Il m’indiquait que ces lycans combattaient fort bien et qu’ils auraient déjà dû nous éliminer.

« Je sais Dimitri ! m'énervai-je, haussant la voix. Mais leurs majestés ne répondent plus au téléphone ! »

Je soufflais péniblement avant de m'excuser. Je sentais la nervosité montée.

« Ce n'est rien, Princesse, me rassura-t-il, je suis sûr qu'il y a une explication. »

Il m'entoura de ses bras puissants et me frotta le dos pour me réconforter.

« On va patrouiller avant de partir, on va aller voir si on retrouve la trace de Loupius.

– Très bien, je viens avec vous. »

Au coucher du soleil, on était prêt à patrouiller dans les environs. Jucher sur Shinda qu’Ezio avait cherché à l’école plus tôt dans la journée, je me dirigeais vers l'arrière de la demeure. Mes compagnons d’arme sur mes talons. Nous avions passé une grille en fer forgé rouillé, avant de suivre un sentier dans la forêt bordant la demeure. En avançant sur le sentier, dur sous les sabots de nos montures, des traces de pattes animales se dessinaient clairement. Dimitri mit pied à terre et s'accroupit pour examiner les traces.

« Celle-ci est bien de Loupius, je reconnais l'entaille qu'il a sur un de ses coussinets.

– Suivons les traces avant qu'elle ne s'efface et faisons vite ! »

La piste s'arrêta non loin d'un croisement, l'odeur pesante dans l'air était un mélange de chien mouillé et de boue.

« Je ne reconnais pas l'odeur des autres, mais il me semble bien que ce sont des chiens.

– Je suis sûr de ce que j'ai vu.

– Il se pourrait que la Lune de sang agisse sur leur métabolisme. Nous avons bien remarqué ce phénomène sur nos propres animaux.

– Dimitri à raison, Princesse. Nous devrions essayer de rappeler leurs Majestés.

– Très bien, retournons à l'ambassade. Mais restez sur vos gardes. »

Proche de l'entrée de la demeure, les buissons des alentours frémirent avec force. Je fis un signe de la main, mes hommes s’arrêtèrent instantanément. Les buissons finirent par s'écarter pour laisser place à une Elizabeth tremper et inquiète.

« Qu'est-ce que ?

– J'ai entendu du bruit à l'ambassade alors que je me promenais, j'ai entendu des bruits de sabots alors je suis venue vers vous, m'interrompit-elle.

– Quel genre de bruit ?

– Des vitres brisées.

– Princesse, nous devrions éviter de l'emmener, la lune s'est déjà dévoilée, me prévint Dimitri en Idrien.

– Je sais Dimitri, mais on ne va pas la laisser comme ça. Viens, dis-je à Elizabeth en repassant à l'anglais. »

Je tendis la main vers elle, et la propulsais sur l'avant de ma selle.

De retour, Ezio et Dimitri se chargèrent de faire une ronde de contrôle avant mon entrée, par prudence. Ezio m'informa que des vitres du côté sud – où se situaient mes appartements – avaient été brisées.

« Quelque chose a disparu ? demandai-je.

– Non, les projectiles étaient des cailloux. Sûrement des gosses qui se sont amusés. »

Je hochais la tête avant de me retirer dans mes appartements. J’en fis quand-même le tour par précaution. Tout semblait en place, ainsi que le médaillon royal de ma mère.

On toqua à ma porte pendant que je me détendais dans mon bain. Dimitri fit irruption dans la pièce et il s'immobilisa en me voyant nu.

« Oui, Dimitri ?

– Leurs Majestés viennent de nous répondre. Ils veulent que vous rentriez dès demain à Idrias.

– Ont-ils donné plus d'information ?

– Non, Altesse. Mais leur ton était pressant.

– D'accord... Laisse-moi s'il te plait. »

Dimitri s'exécuta sans discuter et prit soin de refermer la porte derrière lui avec douceur. L'eau chaude n'ayant plus aucun effet calmant sur mes nerfs, je m'enroulai dans une serviette douce et arpentas ma chambre pour apaiser mon flot de pensées négatives.

Perdu dans mes songes, je n'avais pas remarqué que quelqu'un s'était subtilement glissé derrière moi. Dans un élan de panique, je me retournai d'un seul mouvement, agrippai la gorge de l'inconnu et le poussai contre le mur en le maintenant en apesanteur.

Un sanglot et un hoquet de surprise échappaient à Elizabeth. Elle respira difficilement sous ma poigne experte.

« Qu'est-ce que tu fais là, Elizabeth ? m'exclamai-je avec fureur.

– Je... Je... »

Mes doigts appuyèrent avec dextérité sur sa trachée, l'empêchant de moufeter. Je desserrai légèrement pour qu'elle puisse parler et je répétai ma question toujours menaçante.

« J'ai entendus ta conversation avec Dimitri.

– Tu écoutes aux portes maintenant ? C'est très vilain ça, dis-je avec un sourire carnassier.

– Je... Tu es une princesse ? Et tu viens d'Idrias ?

– Tu n'as aucun droit de me poser ces questions ! Pas maintenant !

– Mais je veux savoir, me supplia-t-elle.

– Elizabeth ! Je te conseille de la boucler ! Ce n'est vraiment pas le moment de m'énerver ! Et comme tu me l'as si bien dit : tu parles à une princesse. Et quand c'est le cas on attend d'avoir la parole. »

Je la reposai au sol et lui indiquai la porte.

« Maintenant je te saurais gré de retourner chez toi ! Tu n'as pas ta place ici.

– Freya, je veux apprendre à te connaître... »

Énervée des péripéties de la journée, je l'attrapai et la plaqua contre les hautes portes de ma chambre. Je la sentais frissonné contre ma peau. Elle fixa mes yeux qui avaient pris leur atteinte surnaturelle. Je sentais le parfum de la peur l'entourée.

« Qu'est-ce que tu es ?

– Tu ne devines pas ? Pourtant, tu as dû entendre pleins d'histoires sur nous. Elizabeth, tu te retrouves dans la tanière du « grand méchant loup ».

– Lâche-moi… Tu me fais peur.

– Fallait y penser avant voyons Elizabeth. Je suis ton pire cauchemar... »

Ma colère et mon angoisse amplifiées par les évènements et le cycle particulier de la lune, ma soif de sang, habituellement sous contrôle, se déchaina. Mes crocs pointèrent et percèrent ma lèvre inférieure. J'enfonçai d'un mouvement profond et précis mes crocs dans la chair tendre du cou d'Elizabeth. Elle cria et tenta de se débattre, furieusement. Elle avait du courage de s'opposer à moi. Ma volonté était éparpillée sous un flot de pensée incontrôlable, intensifiée par une soif inexplicable. La serviette glissa de mon corps alors que je changeais de position sur ma prise.

Je cessais toute succion, lorsque son corps s’affaissa sous moi. Je retirai mes canines et me léchai les babines pour essuyer les traces de sang.

Je l’attrapais et l'allongeais sur le divan prêt de la baie vitrée dont j'ouvris une porte pour laisser l'air frais pénétrer les lieux. J'appliquai ensuite un linge propre et humide sur la morsure avant de sortir sur le balcon me calmer.

« Tu sais désormais qui je suis..., murmurai-je avant de passer la fenêtre pour rejoindre la sérénité du balcon. »

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