UNE ARRIVEE INQUIETANTE

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Idrias, pays des vampires

Le temps était pour nous de déguerpir. Après seulement trois mois de cohabition avec les Londoniens, il était devenu pressant de rentrer à Idrias, la capitale des vampires. On n’avait pas une minute à perdre, surtout qu’Elizabeth pouvait dénoncer notre existence à tous. Certes, il y avait beaucoup de chance pour qu’on ne l’a croit pas. Mais on n’allait pas prendre de risques, surtout après la découverte d’un hypothétique loup-garou. Les élites londoniennes pourraient nous en vouloir pour l’attaque d’un des leurs.

De toute manière, la convocation urgente de mes parents avait achevé de nous convaincre de rentrer.

Les voitures chargées, les chevaux montés dans leur van, on partit rapidement rejoindre l’aéroport pour prendre notre jet privé. Les agents de l’aéroport avaient été prévenus de notre arrivée. Ainsi, l’avion était prêt à partir à notre venue. J’attendais sur le tarmac que Dimitri et Ezio avaient fini de s’occuper de tout. En un rien de temps, j’étais assise dans un fauteuil confortable dans le fond de l’appareil, Vanka à mes pieds. Les garçons me laissèrent à mon intimité en s’installant à l’avant, dans une autre cabine. J’entendais cependant leurs murmures incompréhensibles. Je priais pour que nous ne tombions pas dans une embuscade ennemie et pour que mes parents ne soient pas dans une situation délicate.

Elizabeth devait certainement être réveillée à présent. Je l’avais simplement ramené chez elle sans un mot. Sans rien dire, je l’avais déposé sur son lit et je m’étais enfui. Il fallait espérer que ma morsure n’ait pas altéré son état à présent, dû à la Lune de sang.

L’avion s’immobilisa sur la piste d’atterrissage d’Idrias. Du hublot, je parcourus d’un œil certain les environs. Tout semblait normal et à sa place. Mes hommes s’engagèrent sur la piste et s’entretenaient avec des dhampirs, employés de l’aéroport. Une force armée, que je connaissais bien se déploya de part et d’autre de l’appareil en attente.

Je descendis les marches de l’appareil, les soldats hochèrent brièvement de la tête dans ma direction. Je reconnaissais leur uniforme noir en cuir souple, les Ashes. Mes hommes d’élite m’escortèrent jusqu’à mon véhicule où je me glissais avec aisance accompagnée de ma panthère. Le chef des Ashes, Igor m’y attendait.

« Commandant, au rapport !

– Les combats ont cessé il y a peu. Leurs Majestés sont en conseil extraordinaire avec leurs conseillers et dignitaires étrangers.

– Très bi… Attendez, quoi ? Des dignitaires étrangers ? De qui parles-tu au juste ? demandais-je ahurie.

– Eh bien, je ne sais pas moi-même, Altesse. La salle est strictement interdite d’accès. Mes hommes n’ont pu y entrer. Les soldats royaux gardent l’entrée farouchement.

– Ça ne me dit rien qui vaille. Continue de guetter une occasion d'en savoir plus. »

Le reste du chemin se fit dans un silence total, seules nos respirations remplissaient l’habitacle. La voiture s’arrêta au pied des marches de l’imposant château. Une ribambelle de serviteurs attendaient tout du long du tapis rouge qui accueillait les hauts dignitaires.

Je claquais mon talon sur le sol et je m’extrayais du véhicule. Les hommes et les femmes de chaque côté s’inclinèrent. Je lançai un bonjour à la volée et remontais l’allée rapidement, impatiente et inquiète de la suite.

« Altesse, leurs Majestés vous attendent dans la salle du conseil, me dit le serviteur en chef.

– Très bien, dites-leur que je vais me préparer. »

Il s’inclina avant d’indiquer aux hommes et femmes sous ses ordres de partir. Je traversais le château en direction de ma chambre. J’avais hâte de retrouver mon environnement. J’ouvris les portes en bois orné de fils d’or. Ma chambre, ou plutôt mes appartements étaient immensément grands. Des nuances de bleu clair pâle et la pierre grise se côtoyaient, offrant une sensation de sérénité à la pièce. Le parquet, d’un brun vivant, apportait une touche de chaleur à la pièce.

Des canapés en cuir noir douillet occupaient le centre la pièce, autour d’une table basse en verre qui reposait sur un tapis génial aussi doux au toucher qu’un pelage. Le salon était légèrement en contrebas, il fallait descendre trois petites marches pour y accéder. De grandes baies vitrées, qui occupaient tout le mur extérieur, leur faisait face offrant une grande clarté à la chambre – même en hiver. De fins rideaux d’un bleu translucide décoraient les baies vitrées. Elles ouvraient sur un balcon en pierre où l’on pouvait admirer le soleil couchant, les rambardes croulaient sous une glycine qui s’étendait tout le long.

Une double porte, immédiatement à gauche de l’entrée, menait dans un dressing des plus fous où s’entrechoquaient, sur leurs cintres, des vêtements des plus ravissants et finement dessinés.

Une porte en bois massif, située à droite du lit, cachait une salle de bain où se mêlait l’ancien au moderne qui offrait un cadre intime et presque romantique.

La partie chambre à coucher détonnait avec le lit à baldaquin suffisamment grand pour accueillir le château entier et ses lourds rideaux en soie pourpre. La fine étoffe bourgogne du lit, donnait un cachet tout à fait particulier, rappelant la magnificence du palais, et se mariait parfaitement avec le bleu présent partout dans le reste de la pièce. Sur le plafond en chêne blanc du lit, se dessinait une rose de Lilith, le symbole de la déesse, incrusté dans la matière. Le relief du dessin donnait l’impression de pouvoir le toucher.

Une séparation en pierre de taille, séparait le salon de ma bibliothèque privée qui croulait sous les livres. J’avais fait aménager un coin lecture confortable qu’apprécierait beaucoup Elizabeth, si elle était parmi nous. Elle qui était toujours fourrée avec un livre. Et de grandes tables s’étalaient, pour offrir un cadre propice à l’étude.

Après mon entrée, je me dirigeai vers ma penderie d’où je sortis une robe élégante aux couleurs d’Idrias : bleu nuit et jaune impérial. Je pris mon diadème préféré en or blanc serti de petits diamants entourant plusieurs saphirs. Mes cheveux étaient déjà rassemblés en un chignon haut. Je me plaçais devant un miroir pour replacer les quelques mèches rebelles avant de chausser une paire d’escarpins assortie.

J’arrivais devant les portes clauses du conseil. Les gardes me reconnaissant furent surpris, mais me laissèrent tout de même le passage. Je les remerciais d’un signe de tête en passant devant eux. La table ronde du conseil qui accueillait généralement mes parents et leurs conseillers, était cette fois occupée

par mes parents d’un côté et de l’autre par des loups. J’avais reconnu leur odeur bestiale en pénétrant dans la pièce. L’atmosphère était lourde et tendue. Je me dirigeais sans attendre vers mes parents qui se levèrent pour m’accueillir. Je déposais un baiser sur chacune de leurs joues avant de prendre place sur le siège à la gauche de mon père.

« Qu'y a-t-il père pour m’avoir convoqué aussi vite ? lui demandais-je penché vers lui.

– L’acte de paix qu’on s’apprête à signer te concerne…

– Me concerne en quoi ? demandais-je incrédule.

– Ils te le diront bien plus facilement que moi, me répondit-il en me désignant les loups. »

Je n’en reconnaissais aucun. Sauf, le gros costaud en centre qui était l’Alpha, depuis pas mal d’année maintenant. Il devait être entouré de ses fils car ils avaient tous un trait de ressemblance. Le plus jeune avait des yeux verts lumineux et des cheveux d’un roux auburn presque bruns, il respirait la gentillesse et l’amabilité. Il avait un air de ressemblance avec quelqu’un, mais impossible de me rappeler qui à cet instant. S’en doute dû au stress persistant. Contrairement, au plus âgé qu’on pourrait comparer à un bouledogue vu qu’il arborait une grimace perpétuelle, déformant son visage, le cadet n’avait rien d’exceptionnel et ne laissait rien paraitre, il était totalement neutre, impassible. Je me penchais vers eux, en rien déstabilisée et attendais leurs explications. Ce fut l’Alpha qui prit la parole, au bout de ce qui semblait être une éternité.

« J’aimerais que le pacte de paix soit scellé, mais un simple accord ne me suffirait pas, me renseigna-t-il, serein. N’est-ce pas ?

– Cela ne me dit en rien mon implication éventuelle.

– J’aimerais que tu unisses ton destin à celui de mon fils ainé. »

Je faillis m’étouffer avec ma propre salive à cette évocation. J’en tremblais déjà de rage. Néanmoins, je me contentais de plaquer un sourire sur mes lèvres et de leur répondre posément.

« Je suis déjà promise à un vampire de sang pur, je ne vois pas pourquoi je gâcherais mes chances de procréation avec un loup-garou.

– Fait gaffe à tes paroles, jeune fille ! Tu es face au chef.

– Cela ne change rien à mes propos, Majesté. Avec tout le respect que je vous je dois, mon avenir est déjà tout tracé.

– J’ai proposé pour contourner ce problème qu’il soit votre second époux. Il n’y aura pas de risque pour la succession de votre propre lignée.

– Ne risque-t-il pas de se vexer ? Après tout, il est appelé à vous succéder un jour, non ?

– Si vous préférez savoir si votre union est favorable en rapport avec vos aspirations individuelles, j’ai proposé à leurs majestés de l’accueillir quelque temps, histoire de voir si vous vous supportez.

– Père, mère j’ai à vous parler en privée, avant de prendre cette décision. »

Je les entrainais à l’écart pour leur parler. Ils me demandèrent sans plus attendre mon problème. Je pris le plus de pincettes dont j’étais capable pour leur signifier que j’avais peut-être altéré une humaine dans un accès de colère.

« Que s’est-il passé ma fille ? me demanda durement mon père. »

Je leur expliquais donc toute l’histoire pendant la Lune de sang. Mes parents d’abord ébranlés, prirent une mine soucieuse.

« Ma chérie, si on veut la paix : il nous faut ce pacte. Nous avons déjà perdu beaucoup trop de civils pendant ton absence. Sans ce mariage, on ne l’a pas, claironna mère.

– Je sais et je suis prête à me sacrifier pour le bien de mon pays.

– Je sais, ma chérie. Mais si tu as vraiment mordu cette humaine pendant la Lune de sang, elle sait ce que nous sommes. Tu dois la ramener parmi nous. Nous ne pouvons pas nous permettre un conflit avec les humains en plus. »

J’opinais, en accord avec les dires de ma génitrice.

« On va retarder le mariage jusqu’à ton retour.

– Je vais trouver une excuse à leur servir, indiquai-je. »

Je retournais alors sur mon siège et me raclais la gorge pour reprendre contenance. Je leur indiquais mon souhait de contribuer à cette alliance mais que j’avais besoin de temps pour m’y conformer.

« J’accepte les conditions, affirma l’Alpha, plus joyeux que prévu. »

On se releva tous, comme un seul homme et échangea des poignées de mains d’acier pour conclure notre accord. Puis, je pris la direction de la sortie avant tout le monde et fis appelle à ma suivante. Julia arriva à ma hauteur en un rien de temps. Je lui indiquais de préparer mes bagages rapidement et de convoquer mes hommes.

Une semaine plus tard, je retrouvais Ezio, capitaine des Ashes accompagné d’une dizaine d’autres dont Dimitri. Je leur fis un rapide topo sur la situation actuelle du pays et sur notre mission. Ils s’indignèrent rapidement sur mon futur mariage avec un loup-garou, qu’ils n’aimaient guère. Ils se sentirent même obligés de me rapporter des rumeurs sur l’ainé des Alphas. J’aurais aimé rester dans l’ignorance.

Les troupes prêtes, les bagages chargés, nous nous apprêtions à grimper dans les SUV noirs aux vitres teintées, quand l’Alpha et ses fils passèrent devant nous. L’Alpha se contenta de me saluer de la tête, pendant que son fils ainé me lança un sourire carnassier des plus hideux. Un frisson dégringola le long de ma colonne vertébrale. Dimitri se plaça devant moi pour me soustraire à leur regard. J’aperçu tout de même le fin sourire que m’offrit le dernier de la fratrie.

Nous fûmes en route pour retrouver Londres. Le voyage prit plus longtemps que prévu. Ezio nous faisait faire des détours pour éviter tout loup de nous suivre à nouveau et connaitre la destination de notre retraite.

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