L’INTRONISATION

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Idrias, un pays de renouveau

Les couloirs du palais grouillèrent de monde qui faisait des allers-retours entre la salle du Trône et les autres pièces du palais. Pour l’occasion, la salle du Trône s’était parée des nuances de bleu nuit et de jaune impérial, les couleurs d’Idrias et de son drapeau, des tentures ondulaient au gré du vent et aux passages des domestiques.

Le fameux tapis rouge se déployait en une parfaite ligne droite de la chaise à haut dossier, le trône, jusqu’aux lourdes portes en bois massif, ce qui scindait parfaitement la pièce. Les dorures resplendissaient, les lustres brillaient de mille feux et l’orgue chantonnait quelques notes mélodieuses.

Je me promenai parmi mes gens et les lycans qui allaient bientôt en faire partie. L’agitation ambiante était grisante. Je ressentis une profonde mélancolie quand je crus reconnaitre les traits pâles d’Elizabeth dans une louve qui me frôla.

J’avais envoyé quérir Igor, et quelques autres de mes gardes, pour que ma famille revienne saine et sauve. Mais, il n’arriverait pas à temps pour mon couronnement futur. J’angoissai à l’idée qu’Elizabeth me rejette en bloc à la seule mention du prénom d’Aiden.

J’éprouvai le besoin impérieux de vivre avec ces deux êtres qui faisaient de ma vie une douce réalité. Ma fille, Asha, me manquait énormément, je voulais la prendre dans mes bras et la serrer contre mon cœur comme Aiden avec Lou.

Une de mes dames de compagnie me toucha le bras pour me sortir de ma rêverie. Je me tournai vers elle et lui offris un sourire timide.

« Altesse, nous avons terminé la robe du couronnement. Vous aimeriez la voir ?

– Avec grand plaisir, Vicky, allons donc voir ce chef d’œuvre. »

Je la suivis jusqu’à mes appartements où la douce Julia s’affaira à enlever toute la poussière. Une housse noire, qui protégeait parfaitement son contenu, était suspendue à un cintre près de la penderie. Vicky en tira doucement la tirette laissant petit à petit dévoiler la finesse de l’ouvrage qu’était cette magnifique robe en soie.

La nuance profonde du bleu de la robe n’allait pas manquer de rehausser ma chevelure argentée. Je m’empressai de l’essayer sous les regards admiratifs de mes suivantes.

Le bustier était décoré de pierreries mélangeant aigue marine et diamants qui captaient chaque rayon de lumière. J’allais certainement briller comme une boule à facettes pendant mon intronisation. Le corset du bustier se terminait par une montagne de tulles qui n’allait pas manquer d’ondoyer autour de moi à chacun de mes pas. Une traine, filant du dos, rajoutait la touche parfaitement royale et solennelle à la robe et se déployait derrière moi comme une rivière de diamants. La traine et la jupe étaient toutes deux rehaussées par des fragments de joyaux qui rappelaient les le ciel nocturne et étoilé.

Je tapai dans mes mains et sautillai sur place par tant d’émerveillement et d’excitation à cette occasion.

« Elle vous plait, Altesse, s’enquit Julia, admirative.

– Non je ne l’aime pas, je l’adore ! Vous vous êtes surpassées mesdames ! Elle est absolument ravissante.

– Nous avons une seconde surprise pour vous, prenez-le comme un cadeau de mariage, me sourirent mes deux dames de compagnie avec un regard complice. »

Intriguée, je leur fis un signe de la tête. De plus profond de ma penderie, elles extirpèrent une seconde housse moins volumineuse cependant. Je me demandai ce qu’elles pouvaient bien cacher là-dessous.

Après un décompte de trois, elles stoppèrent le suspens. J’en restai estomaquée. Elles n’auraient pu me faire meilleur cadeau. La tenue qu’elles avaient préparée de leurs dix doigts de fées était une merveille de la nature. J’avais hâte de la porter, l’occasion parfaite ne tarderait pas à arriver.

Je sentis des larmes rouler sur mes joues et je tapai dans mes mains toute excitée. Vicky et Julia sourirent devant mon empressement et je les remerciai vivement en les gratifiant d’une accolade chaleureuse.

« Pourquoi ces larmes, ma beauté ? »

Je sursautai à la mention de cette phrase, je reconnus rapidement la voix d’Aiden qui s’était accoudé au chambranle de la porte.

« Vite Julia ! Range la housse ! Il ne doit pas la voir ! m’empressai-je d’ordonner. »

Mes domestiques refermèrent aussitôt la penderie ne laissant aucun centimètre de tissus se dévoiler à Aiden.

« Et pourquoi ne pourrais-je pas voir la robe qui t’a fait pleurer ?

– Parce que c’est contre la tradition ! Voyons Aiden, tu la verras en temps et en heure. Allons-nous promener dans les jardins, il faut que je marche un peu.

– Stressée pour tout à l’heure ? me demanda-t-il, faisant allusion bien entendue à la cérémonie du couronnement.

– Tu n’as pas idée. »

Je glissai mon bras sous le sien et je le guidai dans le dédale des couloirs pour rejoindre les baies vitrées du rez-de-chaussée.

L’odeur agréable des fleurs embauma l’air autour de nous. Le soleil réchauffa ma peau et les oiseaux chantèrent notre douce proximité.

Nous marchâmes à notre rythme, ni trop vite, ni trop lentement. Juste ce qui fallait pour profiter du calme apparent et de la douceur de la nature.

« Tu es prête à assumer notre mission ?

– Oui, je suis née pour cela et je respecterais les paroles de nos déesses. »

Il s’arrêta près d’un banc et m’attira sur ses genoux, il déploya ses longs doigts sur mon ventre. Je frissonnai à ce contact.

« Je n’arrive pas à croire qu’on a créé un petit être unique.

– Et moi, je n’arrive pas à croire que j’ai trouvé quelqu’un sur qui me reposer.

– Je t’aime… »

Ses simples mots soufflés dans un soupir de contentement mais chargés de tant de dits et de non-dits, présentant une telle puissance à eux tous seuls, m’enveloppèrent dans leur cocon cotonneux.

« Aiden, je t’aime… »

Ses lèvres s’étirèrent en un sourire enfantin reflétant toute sa joie. Je capturai ce sourire entre mes lèvres pour ne jamais le laisser s’échapper.

Nous restâmes de longues minutes ainsi, à ne rien dire dans un silence apaisant. Nos regards dérivant sur les fleurs et le ciel environnant. Les nuages côtoyaient les rayons du soleil et chatoyaient la pointe des montagnes.

Aiden brisa le silence qui s’étirait en me posant une question. Elle me laissa au dépourvu tant par son intensité que par son regard brulant.

« Tu veux voir ma part animale ? Après tout, tu n’en as vu qu’une facette. »

Je détendis l’atmosphère par un trait d’humour :

« Je suis sûre que tu as adoré te faire dorloter par mes soins sous ta troisième forme ! »

Il chassa ma réponse par un revers de la main et se leva. Il ôta sa veste et son t-shirt, et en fit de même avec son jean. Je m’écartai de lui pour lui laisser la place suffisante et j’entendis le craquement de ses os quand son corps changea.

Sa peau laissa place à des poils drus et ses yeux à des pupilles animales. Chacun de ses muscles se modifièrent pour laisser place à un puissant loup muni de pattes musclées et de griffes acérées. Sa fourrure épaisse me rappelait la chevelure de feu d’Eli avec ses touches de roux et de blanc.

Je passai la main dans sa masse, certaine que le loup ne me ferait aucun mal, la douceur de ses poils caressa mes doigts. Son museau se colla sur le bas de mon abdomen et renifla la présence du bébé. Il émit un hurlement étouffé de contentement et vint frotter sa joue à mon cou, laissant derrière ce geste son odeur.

Il se coucha ensuite sur l’herbe verte de la pelouse et je m’installai contre lui savourant la proximité et sa chaleur. Je ne m’attendis pas à rencontrer sa part animale de suite, mais la rencontre s’était parfaitement passée.

Je m’endormis contre la douceur de sa robe, bercée par le soulèvement calme de son abdomen.

Une voix forte claironna mon prénom, les lourdes de porte de la salle du Trône s’ouvrirent sur leurs gongs. Je fis mon apparition dans son embrasure. Des acclamations silencieuses s’élevèrent des rangs, les loups et les vampires s’étaient divisés de part et d’autre du tapis rouge.

Je fis mes premiers pas dans la salle et foula de mes escarpins la douceur du tapis. Je m’arrêtai quelques instants profitant de ce moment pour admirer le monde qui m’entoura. Les lycans ne s’étaient pas tout à fait mélangés, seuls les couples mixtes demeuraient ensemble.

Ma mère et mon père se tinrent droit, la mine solennelle, au pied de mon futur trône. Père tint une couronne et un sceptre à la main tandis que ma mère supporta le poids de la cape royale toujours aux couleurs d’Idrias, de son bleu nuit.

Mue par une volonté propre, mes jambes me portèrent devant eux. Ma robe froufroutant agréablement autour de moi, ma traine suivant mes pas. Je m’arrêtai devant les escaliers qui menèrent à leurs Majestés.

Je m’accroupis sur un petit tabouret rembourré prévu à cet effet. Un oracle de Lilith, et de Nyx à présent, s’approcha arme au poing. Il brandit l’épée bénite de Lilith au-dessus de ma tête puis récita le serment d’allégeance à nos déesses en même temps qu’il passait la lame à plat sur chacune de mes épaules.

« Bénit soit ce jour où nos déesses sœurs accordent à l’une des leurs l’accès à la gloire éternelle. Freya Évangeline Lilith Nyx d’Idrias, ton nom restera gravé pour les générations actuelles et les suivantes dans la pierre grise de nos deux nations. Altesse, prêtez-vous allégeance pour les siècles à venir à obéir à vos déesses mères et à servir votre peuple du mieux que vous le pourrez, dans la paix et le bonheur de chacun ?

– Je le jure. »

L’épée changea d’épaule.

« Abreuverez-vous les vôtres de votre sagesse divine et les mènerez-vous vers la gloire éternelle ?

– Je le jure. »

L’épée quitta mes épaules et se planta devant moi. Je portai ma main à son tranchant, m’entaillant la paume. L’oracle récupéra mon sang de prêtresse dans un calice. Il prit quelques instants à se remplir complètement.

Le voile des déesses vinrent honorer mon sang d’un geste de la main avant de disparaitre dans un sourire. L’oracle s’approcha du Roi qui en prit une gorgée avant de la confier à sa femme qui en fit de même. Le calice se dirigea ensuite vers les fils de l’Alpha puis chez la famille de sang-pur. Il passa par la suite parmi les gens.

Je me relevai et grimpai les marches qui menèrent à leurs Majestés. La Reine me drapa dans le manteau de cérémonie et je m’inclinai devant le Roi. Il me posa solennellement la couronne sur ma coiffure et me remis le sceptre dans ma main droite. La Reine me remit la main de justice et je me redressai en même temps que mon père me proclama Reine.

« Je proclame la princesse Freya Évangeline Lilith Nyx... Reine d’Idrias ! s’exclama Aryerk le second. »

La foule applaudit vivement et hurla en mon honneur. Je me retournai vers eux et me tins le plus droite possible que me permettait la lourdeur de la couronne sur ma tête. Mes parents m’embrassèrent sur les deux joues et Aiden m’embrassa à pleine bouche pour me féliciter.

Aiden se campait à mes côtés et nos gens vinrent me saluer un à un. À la fin, je remis les effets de la couronne aux oracles. À présent, un diadème doré serti de pierres précieuses enserra mon crâne, affichant ostensiblement mon statut de Majesté.

Un grand banquet nous attendait pour nous remettre de nos émotions avant que mon mariage avec Aiden soit célébrer en grandes pompes.

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