UNE BATAILLE SANGLANTE ?

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Sur le champ de bataille à la frontière des deux pays

J’étais au cœur de la bataille. J’avais été désarçonnée à un moment donné. J’aurais voulu m’inquiéter de Shinda mais je savais qu’elle survivrait.

Un loup me bondit dessus et je balançai mon épée en avant pour atteindre son ventre. Une entaille lui barrait l’estomac où ses entrailles se déversèrent. Un haut-le-cœur me monta au bord des lèvres.

La bataille ne faisait rage que depuis quelques minutes – qui me paraissaient des heures – et pourtant j’étais déjà écœurée par tout ceci.

Au loin, un homme en armure, qui se battait avec toute sa hargne, combattit Igor.

Igor était en très mauvaise posture, instantanément je bondis par-dessus les hommes et rejoignis mon garde. Il me fallait détourner l’intention au plus vite.

« Cassius, criai-je. »

L’homme se retourna automatiquement, un sourire carnassier aux lèvres. Sans lui laisser le temps d’abaisser le cout final vers Igor, je me jetai en avant, les bras tendus vers lui.

La vitesse de mon corps et l’impact l’envoya valdinguer plus loin. Je me ressaisis rapidement après le choc de l’impact et fus de nouveau sur lui.

Je vis du coin de l’œil qu’Igor se remettait sur pied et fonçait déjà vers un autre loup. Notre quotidien dans cette bataille, c’était de frapper, d’être frappé avant de guérir et de recommencer sans cesse.

Je me mis à califourchon sur Cassius et je frappai de toute ma puissance dans les zones non protégées de sa peau. J’atteignis le menton, la gorge, les bras et les épaules, en continu. Du sang m’éclaboussa le visage et mes mains dégoulinèrent de boue et du même fluide rouge. Mes poings le cognèrent avec toute ma rage, toute ma colère et toute ma tristesse.

Son visage devint vite boursouflée et enfla à tel point que ce visage, qui aurait pu être si beau sans son masque d’horreur, ne ressemblait plus à rien. Mais je ne m’arrêtai pas pour autant, je continuai jusqu’à ce qu’un râle de douleur franchit enfin ses lèvres.

Je m’éloignai alors de lui et me retournai vers les autres, personne n’avait remarqué notre tête à tête, trop occupé à se battre. Je fis alors pareil et me relançai dans la bataille.

Mes muscles me faisaient souffrir, c’était comme si des piques acérés se plantaient dans ma chair continuellement. Un voile troubla ma vision et les premières prémices du jour éclairaient les cadavres qui jonchaient le sol.

Mais je continuai d’avancer sans flancher. Je remarquai le brillant d’une autre armure et m’avançai vers celle-ci. Il fallait que je l’abatte, sinon la guerre ne prendrait jamais fin.

Je me retrouvai bientôt face à lui. Il s’arrêta net et se retourna vers moi. Une odeur diffuse flottait par là mais je la reconnus facilement. Aiden était forcément passé par ici.

N’en pouvant plus de mon heaume où ma tête bouillait, je le retirai et le jetai au loin. L’homme se redressa surpris et en fis de même. Une magnifique tignasse rousse se révéla et je n’avais qu’une envie, y glisser mes doigts pour en toucher la douceur.

Des yeux verts m’agrippèrent et mon cœur se mit à cogner plus vite contre ma cage thoracique. Je me noyai dedans. Le temps s’arrêta un instant.

Les loups comme les vampires s’étaient arrêtés pour regarder le combat de titan qui allait se dérouler devant eux. Je ne savais plus vraiment où j’étais, je savais juste que la personne devant moi était Aiden et que je n’avais aucune envie de le tuer.

Après ce moment d’absence, Aiden s’approcha, la pointe de son épée vers le bas. J’en fis de même, j’étais subjuguée par son visage et je ne pouvais en détourner le regard. Alors, je l’agrippai de toutes mes forces.

A quelques pas de moi, il stoppa sa marche et leva l’épée en position d’attaque. Surprise, je n’eus d’autre choix que de faire de même. Il s’apprêta à lancer sa première attaque. Je l’esquivai d’un mouvement fluide et lui sautai sur les épaules.

Je fis un mouvement de la tête en arrière pour dégager ma chevelure avant de la lancer en direction de son cou. Il n’esquissa même pas un mouvement de recul ou de défense. Mes crocs atteignirent sa jugulaire et j’en absorbai son sang si délicieux, qui m’avait tant manqué.

Un bruit métallique m’indiquait qu’il avait lâché son arme et un puissant bras m’entoura le dos et me tira pour me faire basculer sur son torse. Je passai mes jambes autour de ses hanches et continuai à le gouter. Ce fut divin !

La main d’Aiden dans mes cheveux fit lâcher ma prise. Nos yeux se croisèrent à nouveau et d’un accord tacite et silencieux, ses lèvres pleines s’écrasèrent sur les miennes. J’enroulai ma langue à la sienne et peu importait les spectateurs autour de nous.

Je ne pouvais que savourer cet instant. Il me fit glisser le long de son corps et à bout de souffle, parce que même un vampire avait besoin de respirer, on s’écarta légèrement.

Très vite des petits curieux s’exprimèrent à voix basse :

« Vous avez vu ? Le loup s’est laissé mordre sans broncher, souffla un dhampir.

– Et ils se sont embrassés, confirma quelqu’un d’autre.

– Ils s’aiment ? demanda un vampire.

– Reniflez bien... Leurs odeurs se sont mêlées, on sent le parfum de chacun sur l’autre, constata un lycan.

– L’amour est plus fort que la haine, soupira une femme, la tête plein de romantisme. »

Un silence glacial s’ensuivit.

« Traite à ta patrie, cria un homme. »

Il fut bientôt suivit par plusieurs autres. Bizarrement, les cris ne venaient pas principalement de mon côté.

Plusieurs loups s’approchèrent de nous, je me mis devant mon homme pour le protéger. Ils dégainèrent leurs épées et les cinq personnes qui me faisaient face me fixèrent méchamment en levant leur arme.

La pointe de leurs épées approcha dangereusement de ma gorge. Ils transpiraient la suffisance alors j’en fis de même, je levai ma tête bien haute me montrant la plus hautaine possible.

Tous les pores de ma peau exultaient la colère, ils osaient me menacer sur mon propre territoire.

« Vous comptez faire quelque chose ? Ou vous attendez le déluge ?

– Ce n’est pas vous que nous voulons. Laissez-nous passer, on va régler le compte au traître. »

Je vrillai mon regard assassin à celui qui avait parlé, il parut troublé un instant avant de se reprendre bien vite.

« Je vous conseille de baisser vos armes.

– Laissez-nous passer, Princesse, cracha-t-il en insistant sur mon titre. Je ne le répéterais pas.

– Va falloir me passer sur le corps !

– Pas de problème, me sourit-il d’un air carnassier et pervers. Pourquoi le protéger ?

– J’ai promis à sa fille que je le protègerais, alors je le ferais.

– Comment avez-vous pu, ricana-t-il, elle est morte sur le bûcher. »

Il se tint le ventre complétement hilare. Il me dégouta, mais toujours moins que Cassius.

« Vous en êtes vraiment sûr ? À cent pourcent ? Après tout vous n’êtes pas resté pour vérifier, trop terrifié par la scène ! Vous êtes juste des monstres qui se prennent pour des héros, incapable de sauver une enfant innocente.

– Vous allez me sortir maintenant que vous l’avez protégé ? Alors que chacun est témoin de sa mort. »

Je confirmai en effet l’information d’un ton arrogant au possible.

« Vous ne me croyez pas ? Aaran, fais le numéro de Dimitri sur ton portable et donne-le-moi. »

Aaran ne comprit pas ce qui passait comme chaque vampire présent autour de nous, mais tous avaient la main sur la garde de leur épée, prêts à intervenir aux moindres mouvements. Il s’exécuta tout de même et me remit en main le téléphone.

Je mis l’appel sur haut-parleur et le brandis pour que les cinq lycans l’entendent. Dimitri répondit tout de suite. Je me signalai auprès de lui et lui indiquai de ne me poser aucune question, pour ne pas perdre de temps inutilement.

« Peux-tu passer le combiné à Lou, son père aimerait l’entendre. »

On entendit les pas de Dimitri à travers le téléphone alors qui appelait Lou. Puis, d’une petite voix fluette, Lou prononça un fin « Bonjour papa ».

Les lycans ouvrirent de grands yeux qui sortaient presque de leurs orbites. Et pas seulement les cinq devant moi.

« Lou, c’est Freya. Ton papa est légèrement occupé, comment vas-tu ma belle ? lui demandai-je à sa place.

– Je vais bien, la maison est vraiment trop belle, je n’ai pas fini de la découvrir.

– C’est super, surtout ne dit rien sur ta position, ni la ville ni l’adresse ! D’accord, Lou ?

– Oui bien sûre, j’ai retenu les leçons de Dimitri et d’Ezio.

– Très bien ma puce, comment va Asha ?

– Elle est trop mignonne, elle sourit toujours et Elizabeth est trop gentille avec moi ! s’exclama-t-elle joyeusement. »

Ce fut au tour de mes sujets d’être étonnés.

« Mon papa me manque...

– Je comprends, en parlant de cela comment tu te remets de l’illusion ? »

Lou mit quelques secondes à répondre et les gens m’entourant se raidir un peu plus. Lou se lança dans son explication. Elle me raconta qu’elle avait peur d’approcher le feu de la cheminée de l’ambassade mais que ma femme faisait beaucoup pour la rassurer. Elizabeth allait même la consoler la nuit dans son lit quand elle faisait des cauchemars et elle acceptait que Lou dorme avec elle pendant l’orage.

Je sentis une main chaude sur mon épaule et des larmes s’écouler sur le cuir de mon corset. Je savais qu’Aiden était tout proche de moi et qu’il n’attendait qu’une chose : pouvoir parler à sa fille ne serait-ce qu’une minute.

« Lou ? Ma chérie, papa est là. Ma puce ? appela Aiden. »

Je lui tendis le combiné en faisant reculer les lycans qui me tinrent toujours en joue. Leurs lames s’enfoncèrent sur la peau de mon cou, je sentis un filet de sang s’échapper.

« Baissez vos armes ! Bande d’incapable. Lorsque vous saurez protéger les vôtres vous pourrez revenir me menacer.

– Comment ? bredouilla l’un des loups. »

« Lilith » fut le seul mot que je prononçai. La déesse choisit ce moment-là pour apparaitre à mes côtés.

« L’amour et l’honneur peuvent se trouver là où on s’y attend le moins, prononça Lilith d’une voix prenante et bouleversante. L’amour transcende toutes les frontières et tous les conflits. »

Plus personne n’osa prononcer un mot ou faire un geste. Seul, Aiden parla. Il exprima sa gratitude à ma déesse, pleurant de joie et de soulagement de pouvoir enfin la voir pour le lui dire.

Je m’approchai de mon loup et posai ma main sur sa joue, le visage voilé de tristesse.

« Il est temps de se détacher du passé et de construire un monde meilleur pour nos enfants, peu importe les différends du passé, il est temps que nous construisions notre avenir de nos mains et de toutes pièces. »

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