DES REVELATIONS...

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Lycae, chalet d’Aiden

Je m’étais réfugiée dans ma chambre dans la précipitation, la bouteille en verre encore à la main. Je faisais les cents pas complétement perturbée parce ce qu’il venait de se passer.

Qu’est-ce qu’il m’avait pris de lui sauter à la gorge alors que je savais parfaitement quels étaient les effets d’une morsure. Je ne voulais pas savoir ce qui avait traversé son esprit à ce moment-là, et encore moins dans le mien. Il fallait absolument que je fasse attention à mes gestes, j’étais en territoire inconnu. Je ne pouvais pas fraterniser avec l’ennemi. Et encore, moins avec le fils de l’Alpha.

Quelque chose se glissa dans mon esprit, une pensée impure. Qu’était-ce cette alchimie alors que nos corps s’emboitaient parfaitement, pensais-je. Et ce pincement au cœur quand je me suis écartée de lui, affolée ?

Je me mis une gifle mentale pour avoir pensé à cela maintenant alors que ma vie était en jeu. Je secouai très fort ma tête de droite à gauche faisant voler mes cheveux autour de mon visage. Mes doigts glacés s’étaient refermés sur le verre de la bouteille.

Je posais mes yeux sur le liquide rouge qu’elle contenait et je sentis d’un coup une vague de chaleur montée en moi. Enervée, je jetai loin de moi ce sang délicieux. La bouteille s’écrasa avec force contre le mur, laissant une trainée de sang, sur la peinture blanche.

Des éclats de verre volèrent dans toutes les directions. L’un d’eux se ficha sur ma paupière amovible, créant un sillon sur mon globe oculaire en clignant des yeux. Je versais des larmes de sang à présent.

La porte s’ouvrit en grand au moment où je retirais le morceau de ma paupière. Les coupures se refermèrent aussitôt laissant juste mes doigts et ma joue ensanglantés.

Aiden tourna sa tête en direction de la trainée gluante de son sang emplissant l’espace d’une douce odeur fruitée qui ne pouvait distinguer. Puis, il se retourna vers moi à nouveau et une expression choquée peignit ses traits.

« Tu es blessée ! s’écria-t-il.

– Ce n’est rien ! Tu oublies que les vampires ont une capacité de régénération plus rapide que vous autres lycans. »

Il parut un instant vexé que je lui rappelle ce fait commun. Mais il passa rapidement outre et me demanda ce qui s’était ainsi passé.

« La bouteille m’a échappé des mains, dis-je simplement, le visage crispé. En voulant la rattraper, elle a volé et est venue s’écraser contre le mur, complétai-je vaguement. »

Il émit un bruitage étrange avec sa gorge en me regardant droit dans les yeux. Il ne semblait guère convaincu par ma remarque. Il paraissait même attristé en faisant voyager son regard sur le mobilier de la chambre.

« Je vais nettoyer si tu t’inquiètes pour ton papier peint.

– Je m’inquiète pour toi surtout, tu n’as plus de repas. Je vais te refaire une boute…

– NON ! Pas la peine, je me débrouillerais pour me nourrir ! le coupai-je sans réfléchir.

– Et comment comptes-tu faire cela ?

– Je me débrouillerais, je t’ai dit…

– Laisse-moi t’aider au lieu de t’entêter.

– Et pourquoi m’aiderais-tu ? Qu’est-ce que cela t’apporte à part l’amour de papa ? »

Il ne répondit rien, son visage se ferma d’un coup. Je devais l’avoir méchamment vexé en parlant de l’Alpha qui jurait que par son premier fils Cassius. Il se contenta de sortir de la chambre et de rejoindre le rez-de-chaussée en signifiant qu’il allait préparer mon repas.

Je m’assis sur le lit un peu déconcertée par son changement d’humeur. Je croisais mes jambes et observais le lieu. Le lit était disposé différemment et des dessins d’enfants tapissaient les murs. Mais aucun signe de jouets dans le coin. Je pris un des coussins derrière moi et renifla l’odeur accrochée au tissu. L’odeur était diffuse, cela faisait un moment que cette personne n’était pas venue coucher ici.

Je me serais attendue à retrouver l’odeur de mon hôte, je m’étais de toute évidence trompée de porte dans ma soudaine envie de fuite.

Je me laissais glisser du lit et me remis sur mes jambes pour sortir de la pièce précipitamment. J’entendais le bruit d’Aiden qui s’affairait dans la cuisine. J’en profitais pour chercher un linge humide et une bassine dans la salle de bain avant de revenir sur mes pas.

Je ne savais pas à qui appartenait cette chambre, peut-être sa louve ou son enfant. Mon sens moral m’empêchait d’ignorer que j’avais salis quelque chose qui ne m’appartenait pas. Alors, je pris ma lavette et frottais durement le mur pour effacer toute trace de sang qui commençait à sécher, bien qu'il restait entêtant et alléchant.

Lorsque le mur fut aussi blanc qu’au départ, Aiden n’était toujours pas réapparu. Il m’avait bien laissé de son sang dans le frigo mais un silence à en faire pâlir les morts résonnait dans la maison.

J’en profitais pour essayer de m’enfuir. Mais que ce soit porte ou fenêtre, tout était scellé ou fermé. J’aurais pu défoncer l’une d’entre elles, mais le blindage m’aurait permis seulement de me déboiter une épaule.

Alors je me contentais de m’assoir sur l’un des canapés qui constituaient le salon et d’écouter les bruits environnants. J’entendais les gouttes tombées l’une après l’autre de l’évier de la cuisine, les pas des lycans sur la terre, les respirations calmes et sifflantes, le bruit diffus des battements de leurs cœurs, les crissements des griffes des lycans changés en loup et le claquement de leurs dents sur un os.

Le bruit d’une clé qu’on tourne dans sa serrure et le grincement du bois m’informèrent qu’on rentrait dans le chalet. Une odeur qui ne m’était maintenant plus inconnue ni désagréable suivit le bruit des pas d’Aiden qui s’avançait vers moi.

Il s’installa contre le dossier du canapé perdu dans ses pensées. Il ne tourna pas la tête pour me regarder, il n’avait pas l’air d’avoir conscience de ma présence. Il mit sa main dans la poche de sa veste en cuir et en fouilla le contenu avant d’en sortir la photographie d’une fillette pâlotte avec de grands yeux.

« Qui est-ce ? »

Sous l’effet de la surprise, il sursauta et faillit en tomber. Je pinçais mes lèvres et je lui présentais des excuses pour l’avoir effrayé. Il se perdit encore une fois dans la contemplation de la photographie avant de reporter son regard sur moi.

« C’est personne…

– Elle doit bien avoir une importance particulière pour que vous gardiez une photo d’elle dans votre poche.

– Quelle importance, je ne la reverrai jamais plus…

– Pourquoi cela ? insistai-je.

– Si elle n’est pas morte, elle le sera très bientôt.

– Et vous ne comptez pas la sauver ! m’écriai-je en le voyant si résigné.

– J’ai commis une erreur…

– Et elle doit en payer le prix à votre place ? Qu’elle noble justice à cela ? lui demandai-je en criant. »

Il tiqua à ma remarque et s’énerva d’autant plus. Il m’accusa d’être à l’origine du malheur de cette pauvre louve prénommée Lou. Je ne comprenais pas son accusation jusqu’à qu’il m’explique qu’il avait été envoyé me pister pour me retrouver à Londres. Une ampoule s’alluma dans mon esprit et je reconnaissais dans ces yeux, le regard que me lançait Loupius à l’époque.

« Ce chien ! C’était toi n’est-ce pas ? »

Il répondit par l’affirmative. Je me posais une question bien précise maintenant : pourquoi l’information n’avait pas été remontée à l’Alpha ?

« Je ne pouvais pas. Tu as pris le risque de soigner un chien inconnu qui aurait pu être ton ennemi. Et puis, je t’ai vu aider cette humaine. Je me suis dit que tu ne pouvais pas être le monstre que mon père décrivait alors je suis rentré en racontant que j’avais perdu ta trace.

– Et Nicolae Romani, c’était bien toi aussi ? Je comprends mieux la réaction de Dimitri et l’impression de t’avoir déjà vu pendant la réunion des négociations.

– En effet, je voulais m’assurer que tu n’étais pas mauvaise. Et comme en journée, j’étais seul à l’ambassade, il m’était plus facile de disparaitre et de réapparaitre. »

Je posais ma main sur mon front pour me remettre les idées en place. Le contact de mes doigts froids me permit de recadrer l’ordre des priorités, je repris donc :

« Tu ne pensais pas qu’il allait s’en prendre à ta fille ?

– Pourquoi crois-tu que c’est ma fille ? demanda-t-il gentiment.

– Elle me semble bien trop jeune pour être une sœur. Et, elle a ton expression et la même lueur dans ses yeux. »

Il souriait pendant que je décrivais ce que je voyais en elle qui me rappelait Aiden, bien que je ne le connaisse que depuis quelques jours. Je le suppliais de ne pas la laisser tomber, qu’elle devait compter sur lui. Il fallait qu’il la retrouve à tout prix. Pourtant, il ne semblait pas disposer à bouger.

« Je peux t’aider à chercher ! Il suffit que je vienne avec toi !

– Pour que tu puisses t’enfuir ?

– La vie d’une enfant est beaucoup plus importante que la mienne Aiden. La chambre où j’ai cassé la bouteille en verre était la sienne n’est-ce pas ?

– Oui, mais je ne peux pas…

– Si c’est comme ça, j’y vais ! Avec ou sans toi ! »

Je m’apprêtais à me lever mais il m’agrippa le bras pour m’empêcher de partir.

« C’est inutile, je l’ai cherché partout, que ce soit sous ma forme humaine ou animale. Je n’ai pas pu trouver ne serait-ce qu’un indice… »

Je m’énervais, il devait bien exister une faille. Comment pouvait-on soustraire au regard de tous, une petite fille aussi facilement. La magie aurait été une réponse dans n’importe quel livre, mais tout le monde savait que la magie n’existait pas.

Ceux qui étaient chargé de la surveillance de l’enfant avait su masquer jusqu’à son odeur pour que même son propre père ne puisse la retrouver. Je ne concevais pas comment on pouvait s’en prendre à des êtres si petits, fragiles et innocents. Des images de ma petite Asha défilait devant ma rétine.

Je m’indignais contre Aiden du comportement envers sa propre petite fille. Elle devait être seule et effrayée. Mon cœur de femme et de mère se serrait étrangement.

« Il n’a jamais approuvé mon union avec sa mère. Il n’a accordé aucun regard à Lou à sa naissance.

– Ça ne le dérangerait pas de la tuer alors, réagissez !

– Si je le fais, il avancera son exécution avant que je trouve un moyen de la sauver… »

A ces mots des engrenages se mirent en branle et tout s’éclaira petit à petit, alors qu’une idée germa dans mon esprit. J’en fis part à l’intéressé.

« Pourquoi m’aider vous ? Je reste votre ennemi…

– Je pense qu’un enfant n’a pas à souffrir des actes des adultes alors qu’il est innocent, lui dis-je convaincue par ma pensée.

– Très bien, faites-moi part de votre plan alors… »

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