L’IDRIEN, TOUT UN APPRENTISSAGE

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Idrias, pays des vampires

« Articule bien les voyelles pour te faire comprendre. Il y a des résonances proches qui à l’oreille peuvent être vite confondues et pourrait entrainer une incompréhension, expliquais-je à Eli, en conversant en anglais avec elle.

– D’accord, je vais réessayer. »

Je hochais la tête et l’écoutais répété les sons avec le plus grand sérieux. Je la reprenais quand il le fallait, et elle ne s’en offusquait jamais.

Elizabeth avait émis le souhait d’apprendre notre langue, dû à sa curiosité dévorante. Elle se montrait passionnée et travailleuse dans l’exercice. Cela faisait déjà une semaine qu’on avait commencé, elle maitrisait déjà les usages formels pour prendre part à la conversation. On avançait doucement et travaillait en dehors de mes obligations royales, qui prenaient pour ainsi dire, beaucoup de mon temps. Mon temps libre, je le partageais entre Eli et les entrainements avec les Ashes.

Mes sujets avaient plus ou moins eu vent de l’arrivée d’une humaine parmi eux. Ils ne pouvaient cependant pas confirmer sa présence, elle restait bien en sécurité à l’intérieur du palais royal. Mes hommes avaient pour tâche de tuer les rumeurs dans l’œuf. Il ne fallait pas que les oreilles acérées et pointues des loups captent de telles rumeurs ; du moins pas pour l’instant. Surtout, au futur Alpha qui avait l’air d’apprécier la torture, rien qu’à son air carnassier. La paix pouvait être mise en péril et je savais où était mon devoir. Elizabeth, aux yeux des autres n’était certainement pas la priorité.

« Tu as presque acquis l’alphabet, tes leçons d’italien t'ont bien aidé j’imagine.

– Merci, ça me fait plaisir de le savoir.

– Tu es une très bonne élève, Eli, lui dis-je en l’embrassant sur la tempe.

– Tu as enseigné à d’autres que moi ?

– Oui, quelques fois. J’ai enseigné à nos petits prodigues, l’anglais et le français principalement.

– J’aime bien que tu me racontes des pans de ta vie d’avant, comme cela.

– Ah oui ? »

Elle hocha la tête pour signifier son assentiment. Je me rapprochais d’elle, lui enleva le vieux bouquin poussiéreux de grammaire des mains. Je le balançais à l’autre bout de ma bibliothèque privée. Je passais ma main dans ses boucles folles, avant de me pencher pour goûter ses lèvres douces.

Elle entrouvrit les siennes et j’en profitais pour y glisser ma langue. Nos deux langues tournoyèrent et se gouttèrent. Je descendis ma main dans son cou, dans une caresse sensuelle, jusqu’à l’arrondi de ses seins. Je les pris dans mes mains et en malaxa la pointe qui se durcit à mon contact. Je pris un mamelon entre mes lèvres abandonnant sa bouche, et le suçota gentiment. Elle rejeta la tête en arrière dans un gémissement de plaisir.

De mon autre main, je me faufilais sous les plis de ses jupons pour rejoindre son intimité. Je malaxais et pinçais son clitoris, dans un défilement de petits cris étouffés. J’insérais ensuite deux doigts en elle et les fis tournoyer pour lui procurer encore plus de sensations.

Elle se coucha de tout son long sur la table, prise de tremblements. Je lui déposais une pluie de baisers tout en descendant vers sa région pubienne. Je léchouillais son point sensible et jouais avec, avec mes dents. Je resserrais ma prise sur son plaisir, en la pénétrant d’un troisième doigt.

Je la sentis se contracter sur mes doigts, sous mes caresses habiles. Je redoublais d’effort, jusqu’à ce qu’elle ait crié mon nom, sous l’effet de l’orgasme.

Pantelante, elle retomba sur la table au même moment où son cri s’évanouissait sur ses lèvres. Je me redressais et retirai mes doigts. Je pris un mouchoir et me les essuya rapidement.

« C’était ta première fois, Eli ? lui demandai-je. »

Ses joues prirent une merveilleuse teinte rosée. Je la serrais dans mes bras avant de lui indiquer la salle d’eau la plus proche pour se rincer.

Elle se retourna vers la porte et l’entrebâilla. Elle s’apprêtait à sortir quand elle se retourna, me sauta au cou, m’embrassa, remis ses jupons avant de repartir en direction de la salle de bain.

En ce jour, les doléances des habitants d’Idrias furent moins nombreuses et moins pesantes. Depuis qu’une certaine tranquillité s’était emparée de la région, on dénombrait moins de casses, d’incendies et d’incidents dus aux loups-garous. Toutefois, certaines personnes prenaient un malin plaisir à retarder les festivités dues à notre fête nationale. Cette fête coïncidait avec la rupture du lien des deux déesses jumelles : Lilith et Nyx. On ne fêtait pas le malheur que les deux déesses ont subi mais plutôt la création d’Idrias, qui eut lieu à ce moment-là.

L’équipe en charge des préparatifs se plaignait de retards dans leur travail, survenu après des soi-disant accidents. En réponse à toutes les doléances du même genre, leurs Majestés furent dépêchées une équipe de sécurité prit sur les effectifs de la garde royale.

« Ce n’est pas dangereux pour la protection du château ? me demanda discrètement Eli à l’oreille. »

Je me penchais vers elle et lui répondit :

« Comme je suis rentrée, mes hommes, les Ashes, sont avec moi. Ils s’occupent, suite à mes ordres, de la partie Est du château où se trouve nos appartements, et le champ d’entrainement. »

Je me redressais sur mon trône, moins impressionnant que celui du Roi et de la Reine. Elizabeth se tenait cachée derrière moi, assise sur une chaise voltaire au rembourrage rouge cardinal. Son existence était ainsi maintenue secrète, temporairement. Je cherchais encore un moyen de la présenter en bonne et due forme.

J’écoutais attentivement les organisateurs des festivités de la fête nationale, qui devait comporter en outre l’élection de la Miss Idrias. C’était, généralement, les jeunes femmes dhampirs qui y participaient. Bien que, chaque espèce abhorrait les traits caractéristiques en commun des leurs, toutes les participantes rivalisaient de beauté dans des aspects différents, que ce soit par la taille, la forme du visage ou autres caractéristiques.

En effet, les dhampirs avaient tous des cheveux noirs et des yeux bleus, les vampires des yeux rouges et une tignasse ébène alors que les sang-purs se distinguaient par l’argenté de leur chevelure et le même rouge de leur pupilles que les autres vampires.

La Miss devait se distinguer par autre chose que son joli minois. L’intellect, l’art et la bonté étaient des qualités essentielles.

Alors que je tentais de me souvenir de la dernière Miss sur le podium, une idée germa dans mon esprit. Les juges principaux étaient la famille royale dans son entièreté, les anciennes miss et les femmes naissant dans la famille Belladone. Elizabeth faisait ainsi partie du jury. Mais, elle pourrait, au lieu de cela, participer au concours. Elle avait une peau presque aussi blanche que la mienne et sa chevelure flamboyante et ses pupilles d’un vert luisant pourraient tout à fait séduire le jury.

Je me penchais vers elle, et lui souffla à l’oreille mon idée. Elle ne prit pas longtemps pour repousser mon opinion dans un geste véhément de la tête.

« Eli, on pourrait te présenter officiellement à la population, et tuer toutes rumeurs en les mettant en garde des risques potentiels pour ta sécurité et celle de notre enfant.

– Mais, je ne pourrais jamais gagner ! Je suis loin d’avoir la beauté parfaite de vous autres.

– Eli, m’exaspérais-je, tu as au contraire un atout unique : la différence.

– Mais je ne parle pas la langue nationale, insista Elizabeth.

– Tu as déjà bien avancé, alors tu pourras dire ce que tu sais en Idrien et le reste en anglais. Ils comprendront tous, ne t'en fait pas.

– Tu es sûre que je ne vais pas avoir l’air ridicule ? »

Je la rassurais d’un grand sourire. Je lui demandais une dernière fois si elle acceptait la proposition. Elle acquiesça en silence. Je me tournais vers le présentateur pour poser sa candidature.

« M. Gramil ?

– Oui, votre Altesse ?

– J’aimerais proposer la candidature d’une jeune personne.

– Très bien, qui est-ce, votre Altesse ?

– Je viendrais remplir tout cela et en discuter à votre bureau. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, bien entendu.

– Pas le moins du monde, Altesse. »

Je le remerciais et il continua son discours pour présenter le programme des festivités.

Je marchais dans les couloirs richement décorés, jusqu’à la salle à manger privée de mes parents. Quand j’y entrais, Elizabeth et leurs Majestés étaient déjà attablées, n’attendant plus que moi. Mes parents sirotaient du sang dans des coupes en cristal.

« Bonsoir, père, bonsoir, mère, les interpelai-je. »

Je m’installais à table, aux côtés d’Elizabeth.

« Elizabeth nous racontait votre rencontre à Londres, m’expliqua mon père.

– Que vous a-t-elle raconté de monstrueux à mon sujet ? m’informais-je, souriante.

– Que tu avais été gentille et que tu l’avais protégé de sa famille.

– Sa famille, c’est moi désormais ! Et non pas son immonde beau-père et sa tarée de mère. »

Un silence pesant s’abattit. Je m’apprêtais à le casser quand les serviteurs rentraient avec les plats d’Elizabeth.

Il est vrai qu’avoir une salle où manger alors qu’on ne pouvait pas déguster de plats était absurde, en un sens. Mais comme toute famille, il nous permettait de nous retrouver seuls, tous ensembles. Et cela, pour une famille royale, c'était essentiel. Je pouvais ainsi me retrouver avec mon père et ma mère et non avec le Roi et la Reine.

« Cela doit te paraitre absurde, Elizabeth ? demanda ma mère.

– Quoi donc, Madame ?

– Oh appelle-moi mère, comme ma fille. Après tout vous le deviendrez, répondit mère, rougissante. Je voulais dire, poursuivit-elle, de te retrouver dans une salle à manger.

– Pas du tout, Mad… Mère. Je trouve bien qu’on puisse se réunir en famille. Ce n’était pas le cas chez moi. »

Je lui serrais la main pour la réconforter. Je vis une larme perler au coin de son œil. Je l’essuyais du bout des doigts comme si je pouvais effacer toute sa tristesse. Elle me remercia du regard avant de reprendre son dîner. Une domestique approcha, une carafe et un verre à la main. Le liquide contenu était d’une jolie couleur rougeâtre.

Je remerciais la servante avant de porter le verre à mes lèvres et d’en goutter le liquide timidement. Je reconnaissais immédiatement, le sucré et l’épicé à la fois, du sang de Dimitri. Depuis qu’Elizabeth avait prouvé sa jalousie envers Dimitri sur le terrain d’entrainement, je tenais à ce que Dimitri me nourrisse avec la plus grande discrétion.

Eli fixait mon visage pour voir ma réaction, comme elle le faisait à chaque fois que je buvais du sang. Je pris un air impassible et reposais rapidement mon verre. Elle retourna vite à son assiette alors que j’entamais une discussion avec mes parents.

« On m’a dit que tu étais passé chez Gramil dans l’après-midi, questionna père.

– En effet, j’ai porté la candidature d’Elizabeth et le discours qu’il devra faire à son encontre.

– Ne crains-tu pas pour sa vie ?

– Tout le peuple écoutera le discours de Gramil, ce petit détour amènera l’occasion de la présenter officiellement avec les risques qui s’y attachent.

– En somme, tu veux pouvoir expliquer au peuple de ne pas divulguer son existence et de faire en sorte qu’il la protège de surcroit.

– C’est exact, père, vous n’y voyez pas d’inconvénient ? demandais-je.

– Pas le moins du monde, je n’y aurais pas pensé moi-même. Très bonne initiative ! me félicita-t-il. »

Le repas se poursuivit sur des anecdotes banales et des sujets sur la gestion du royaume.

Je retrouvais, le soir, ma compagne dans nos appartements, après ce qui me parut une éternité.

Il avait fallu qu’on me fasse appeler en urgence, alors même que je m’étais retirée dans le temple de Lilith. J’avais dû extirper un dhampir des griffes d’un lycan errant sous sa forme lupine. Va savoir comment cet individu s’était retrouvé dans une telle position. Tout cela fut particulièrement sanglant, et le dhampir mettrait du temps à se remettre.

Elizabeth était déjà installée sous les couvertures à mon arrivée, avec un livre sur notre langue. Elle ne perdait pas une seconde pour étudier, je soupçonnais que l’école londonienne lui manquait. Elle a à cœur son apprentissage et profite de mes connaissances, mais elle aimerait obtenir un joli carton avec la mention « diplômée » à pouvoir accrocher au mur.

Heureusement pour elle, son désir devrait se dessiner à l’horizon très prochainement. Un mois avait déjà défilé depuis notre arrivée sur mes terres. Il nous restait trois mois avant la venue d’un nouveau petit être, j’en étais sûre, des plus merveilleux.

En entendant, elle devra bientôt se confronter à mes sujets lors de la nomination de la miss Idrias. Ce sera le moment idéal pour prouver son intelligence et son dévouement envers les miens.

Je m’installais contre les coussins à côté d’elle, et alluma ma lampe de chevet. La lumière diffuse renvoyait un cadre sympathique et intime. Eli leva à peine les yeux de son bouquin pour m’offrir un léger sourire.

Je me penchais néanmoins sur elle pour lui déposer un baiser sur la tempe. Son corps réagit immédiatement à mon contact et délaissant son ouvrage, elle m’offrit sa bouche. Je fis parcourir mes mains sur sa peau douce d’albâtre et en profita pour caresser le renflement de ses seins. Le rosé de ses tétons se tendait vers moi m’offrant la vue de son plaisir.

Comme chaque soir, depuis un mois, ce moment était comme un rituel. J’en profitais pour lui procurer le sang nécessaire à éviter tout rejet du fœtus.

Je glissais sur son corps en m’immobilisant au niveau de son visage. Laissant paraitre mes canines aiguisées, je les plantais dans mon poignet où le sang jaillit à flot.

Avec l’habitude, cela devenait plus facile à supporter pour Elizabeth dont le goût cuivré de mon sang lui explosa en bouche. La succion réveilla mes sens, je lui retirais mon bras et lui léchais le contour voluptueux de ses lèvres où de l’hémoglobine s’attardait.

Le goût de mon sang mélangé à celui de Dimitri survola mes papilles en éveil. J’explorais, pour commencer, la bouche d’Eli, dans un geste sensuel avant de reporter mon attention sur son corps tout en forme et en rondeur. Je pris soin de ne pas m’appuyer sur son ventre déjà bien arrondi.

On finit notre étreinte sous les draps, nos corps suant mais nageant dans un plaisir indécis, comme chaque soir depuis sa grossesse.

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