UNE MAGNIFIQUE CEREMONIE

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Idrias, pays des vampires, le labyrinthe végétal

Les premières lueurs inondaient nos corps enlacés. Les brumes du sommeil embrumaient encore le visage d'Elizabeth, ses cheveux retombaient sur son visage ensoleillé. Elle remua contre moi, se tourna en gémissant et se rendormit.

Des cris s'élevèrent autour du labyrinthe appelant nos noms. Je secouai Elizabeth par les épaules, elle ouvrit doucement ses paupières.

« On doit y aller, on nous cherche.

– On peut dire que c'était rapide. Aussitôt l'interdiction de nous déranger levée, aussitôt on nous emmerde. »

Je voulus lui prendre la main, mais elle se déroba :

« Tu m'as dit que j'aurais une nouvelle chance pour nous sortir d'ici.

– En effet, mais si tu te perds encore une fois, tant pis ! »

Elle s'élança devant moi dans le labyrinthe empruntant la bonne sortie. Je la laissais nous guider, empruntant parfois des culs-de-sac. Après être passé devant une sculpture de la déesse ayant une rose dans la main, elle bifurquait à gauche et l'arche feuillue de l'entrée apparue.

« Bravo ! la félicitai-je d'une attitude narquoise.

– C'est quoi mon cadeau ? minauda-t-elle.

– Un cadeau ? Alors que tu nous as perdue une fois.

– Allez s'il te plait, je me suis même pas plainte, me supplia-t-elle. »

Je m'approchai d'elle à pas lents et lui touchai du bout des doigts les bras. Je remontai le long des épaules avant de les redescendre, continuant d'avancer. J'encadrai son visage approchant mes lèvres des siennes. Elle entrouvrit les lèvres d'anticipation, et au dernier moment, je relevai la tête pour l'embrasser sur la tempe.

« Voilà ton cadeau...

– Méchante, me lança-t-elle en me donnant des coups sur l'épaule. »

Je me tordais de rire en évitant ses petits poings. Je continuais à la charrier et elle finit par rire avec moi.

« Altesse, vous voilà ! Milady, salua la gouvernante en chef, en interrompant notre fou rire.

– Qu'y a-t-il, Altéra ?

– On vous attend pour choisir la robe de la cérémonie.

– Vous en êtes où ?

– Nous avons tout préparé ces trois derniers mois. Il ne nous reste plus que vos robes. »

Nos robes étaient les mêmes à quelques détails près. Elizabeth arborait une robe blanche et pure composée de rubis, de diamants et de fourrures dorées alors que la mienne était noire, argentée avec des saphirs en plus des diamants.

Pendant la cérémonie, ma tête supporterait mon diadème préféré composer de branche en tortillon platiné sertie de nombreux diamants et de nombreuses pierres précieuses bleutées. Et je devrais moi-même poser sur la tête d'Elizabeth une couronne semblable en or avec des rubis et des spinelles rouges.

Je serais présente, à la cérémonie, en tant qu'épouse qui anoblira sa compagne de vie. Je mènerais la cérémonie du début à la fin, faisant d'Elizabeth une princesse à part entière d'Idrias devant mes sujets et notre déesse Lilith.

Alors que de nombreuses couturières s'affairaient autour de nous pour les dernières retouches, Elizabeth en profita pour me poser des questions plus approfondies sur la vie de la famille royale. Elle me demande en premier lieu pourquoi elle ne devenait pas reine à mes côtés.

- Je ne peux pas « compromettre » ma lignée en n'ayant pas d'héritier au sang pur. Je ne suis que la continuité de ce que mon sang a créé et perpétué tous ces siècles. On attend – et surtout exige – de moi que je mette au monde cet héritier. Je n'ai malheureusement pas le choix.

- Mais étant des êtres immortels pourquoi donc ce besoin de justement perpétuer la lignée. Il y aurait pu avoir qu'un seul et même monarque.

- Parce que notre fonction est un fardeau, Eli... Mes ancêtres ont été tués par la guerre qui ravage notre cité aujourd'hui encore, car on est certes immortel mais pas invincible.

Elle dit remarquer que mes parents étaient encore en vie en ce jour.

- En tant que famille régnante, ils ont fait en sorte de réduire au néant les conflits ouverts. La guerre s'est cependant intensifiée car l'information est au centre de tout à présent : « savoir c'est le pouvoir ». Chacun recherche une information qui pourrait nuire à l'autre. Mais la fonction d'un roi n'est pas que de gouverner, c'est de surtout servir les intérêts du royaume et du peuple. Une fonction qui peut être très privative.

« Notre bonheur, repris-je, passe après celui de nos sujets. Nous n'avons pas réellement de vie de couple et encore moins de famille. Nos devoirs royaux sont tellement prenants. Je n’ai pas eu de contact avec mes parents, c’était des nourrices qui m’élevaient. Un bébé sera toujours considéré comme trop prenant pour un Roi.

J’expliquais que les devoirs royaux étaient tellement prenants que je n’avais eu aucun contact avec mes parents avant de commencer ma formation de reine. C’étaient des nourrices qui m’élevaient, dans le plus grand secret des lycans pour me protéger. Quand une information révélant ma naissance avait fuitée, je fus envoyée en exil pour ma sécurité. Pour échapper aux mercenaires envoyés pour me tuer. L’Alpha ne voulait qu’une chose, me voir morte pour récupérer Idrias.

« Tu sais, Eli, expliquais-je sereinement, la paix ne profite qu'à ceux qui l'instaurent. L'Alpha cherche très certainement un moyen de pression qu'il pourrait utiliser contre nous pour gagner cette guerre vieille de plusieurs millénaires. Il ne cherche qu'à gagner du temps. Alors nous faisons la même chose, en nous préparant du mieux que nous pouvons.

– Pourquoi ne m’avoir accordé que le titre de Milady ? questionna-t-elle soudainement curieuse alors qu'on plantait des épingles dans le tissu pour ajuster sa robe.

– Si un jour tu ne voulais plus de cette vie, cela te permettrait de quitter notre monde sans embûches.

– Mais je ne veux pas continuer sans toi...

– Alors tu n'auras jamais à utiliser cette option... Et pour répondre à ta seconde question, si nous faisons des héritiers, c'est pour pouvoir un jour n'être plus que des simples sujets à notre tour. »

Idrias, pays des vampires, le jardin

Le soleil était à son zénith, les bancs en bois noir de monde et les fleurs dansaient sous le vent. Près des bancs supportant la noblesse, deux trônes accueillaient le Roi et la Reine. Les jardins étaient assaillis par les dhampirs et les Ashes formaient une allée dans la foule. Les oracles de Lilith portaient des coussins en velours où les attributs royaux s'y tenaient.

Parmi cela, il y avait la couronne royale, le sceptre et la main de justice ainsi que l'orbe de Lilith et l'épée royale. Je devrais également recouvrir Elizabeth d'une cape pourpre en fourrure d'hermine.

Une musique s'engrena par l'orchestre, mes sujets se levèrent et je fis mon apparition au bout de l'allée. Je levai un pan de ma robe et avançai fièrement droit devant moi, jusqu'à l’estrade.

Arrivée, je me retournai vers les personnes et fis une révérence qui leur permit de se relever.

« Nous sommes ici réunit pour célébrer l'entrée d'une nouvelle princesse dans la famille royale, dis-je à haute et intelligible voix les bras levés vers mes sujets. »

Quelques minutes plus tard, une nouvelle intonation de la marche nuptiale s'éleva. La petite dhampir du festival à qui j'avais fait apparaitre la déesse s'avança en jetant des pétales de fleurs au sol. Elle fut suivie de près par Elizabeth dans sa robe blanche aussi resplendissante que jamais, respirant la majesté.

Elle avança d'un pas hésitant et peureux. Elle marcha sur le pan de sa robe en montant les marches pour me rejoindre. Je lui offris mon bras pour la ramener au centre de l'attention et de l'estrade.

Un tabouret au ras du sol était installé et je lui indiquai de s'y agenouiller. Elle déploya avec élégance sa robe autour d'elle et prit place. Elle croisa les mains sur sa poitrine, comme pour une prière et baissa la tête.

J'entamai le début de la cérémonie.

« Elizabeth Frye, es-tu prête à prêter serment ? demandai-je, d'une voix solennelle. »

Elle releva la tête et me regarda droit dans les yeux, une étincelle de fierté les traversa. Un premier oracle s'avança portant le sceptre et la main de justice.

« Elizabeth, jures-tu de diriger tes sujets vers une gloire promise ?

– Je le jure. »

Je plaçai dans sa main gauche le sceptre.

« Elizabeth, jures-tu d'être juste et équitable envers tes sujets dans tes choix et tes aspirations ?

– Je le jure. »

Je mis dans sa main droite, la main de justice.

« Elizabeth, jures-tu de protéger et de servir tes sujets en temps de paix comme en temps de guerre ?

– Je le jure. »

Un oracle arriva avec l'épée royale sertie de mille pierreries qu’il déposa devant elle, à terre, comme une croix.

« Elizabeth, jures-tu d'honorer et de suivre la déesse mère contre monts et marée ?

– Je le jure. »

L'orbe fut mis près de ses genoux en décalé sur la droite par rapport à elle.

« Elizabeth, jures-tu d'apporter la prospérité sur ton royaume ?

– Je le jure. »

Je drapai ses épaules du manteau onéreux. Sa couleur rouge faisait ressortir l'éclat de ses cheveux de feu.

« Elizabeth, jures-tu d'aimer et de chérir tes sujets et ton épouse jusqu'à ce que la mort t'emporte ?

– Je le jure. »

Je plaçai la majestueuse couronne sur sa tête en équilibre sur sa coiffure. Je m'approchai ensuite d'elle et un dernier oracle s'approcha avec des alliances.

« Elizabeth, me jures-tu fidélité dans la joie comme dans le malheur, dans la santé comme dans la maladie jusqu'à ce que la mort nous sépare ?

– Oui, je le jure, murmura-t-elle émue.

– Freya, me jures-tu fidélité, de m'aimer et de me protéger dans la joie comme dans le malheur, dans la santé comme dans la maladie jusqu'à ce que la mort nous sépare ?

– Je le jure. »

Je glissai un anneau en or serti de petits diamants et autres pierres précieuses à son annuaire gauche et elle en fit de même, en glissant un anneau en platine serti d'un seul saphir brillant.

Je me relevai et lui offris ma main en prononçant la dernière phrase du cérémonial.

« Alors lève-toi pour renaitre en ta nouvelle identité. »

Je me retournai vers mes sujets en même temps qu'elle et déclarai d'une voix ferme et sûre :

« Voici votre nouvelle princesse : Elizabeth Lilith Frye d'Idrias, sujet de leurs Majestés Aryerk et Lunafreya d'Idrias. »

Un tonnerre d'applaudissements retentit pendant de longues minutes, ainsi que des sifflements. Puis, les oracles, un à un, vinrent vers nous pour débarrasser la princesse des attributs royaux. Il restait seulement la cape, le diadème – spécialement forgé – et la bague.

Mon père vint alors embrasser sa nouvelle fille. Une larme perla au coin de ses yeux que j'effaçai du bout des doigts. Et comme pour effacer toute tristesse, je déposai un baiser sous chacun de ses yeux.

Il était temps de présenter officiellement la première née de la future reine, Asha Lilith d'Idrias. Comme pour sa mère, Asha faisait partie de la famille royale mais ne pourrait aspirer au trône dû à son sang imparfait. Elizabeth ne possédait que le titre de princesse en ayant pas les devoirs qui y étaient attachés. C'était pour cela d'ailleurs qu'on l'appelait « Milady » et non « Altesse ».

Étant ma fille par le sang, Asha serait reconnue comme une véritable princesse sans accès au trône après ma mort. Cela pourrait être vu de façon cruelle, mais je ne souhaiterais à personne de par le monde de le devenir. Une reine ne s'appartenait pas, elle appartenait avant tout à son peuple et le bonheur du peuple devait passer avant tout.

Bien qu'Asha deviendra une dhampir puissante, je ne souhaitais pas qu'un tel fardeau pèse sur ses épaules. Elle sera libre de choisir sa voie, chose que je n'avais pas pu faire, avec le soutien émotionnel et financier de la famille royale dont elle fera partie à part entière à la fin de ce sacrement.

Je voulais que par cette cérémonie, qui officiât également le mariage, Elizabeth se sente complétement acceptée parmi nous malgré son statut de mortel.

La nourrice arriva avec Asha dans les bras, habillée d'une petite robe en dentelle blanche. Comme pour sa mère, je lui passais un manteau en fourrure d'hermine. Drapée ainsi je la pris dans mes bras et me tournai en direction de mon peuple.

« Mes chères amies, je tenais également à vous présenter officiellement votre nouvelle princesse ! Voici Asha Lilith D'Idrias, fille d'Elizabeth d'Idrias et de moi-même ! »

Des applaudissements grandissants émergèrent de la foule. Elizabeth, qui se tenait à mes côtés, recommençait à pleurer de joie, émue en se sentant aimée.

Mon père encadra mon visage et déposa sur ma tempe un baiser paternel, il le fit également avec Elizabeth et Asha. Puis, ma mère vint et en fit de même.

Ensuite, les membres de notre noblesse se mirent par couple en file indienne pour nous présenter leurs vœux de bonheur. Le défilé de courtisans prit un moment, pendant qu'on préparait les jardins pour une collation.

« Messieurs, mesdames, veuillez passer dans la partie est du jardin où un divertissement et une collation vous seront servis, annonça le majordome royal. »

Soudain des sons de deux mains qui s'entrechoquaient se firent entendre, accompagnés d'une voix que je reconnus trop facilement.

« Magnifique ! Que de prestige ! Mais n'aurait-on pas oublié mon carton d'invitation, moi futur époux de son Altesse ?

– Je crains que vous ne soyez pas le bienvenu ici, monsieur, argumenta le même majordome. »

Je me retournai vivement vers Eli et notre fille. Dimitri s'était matérialisé à ses côtés en un instant. Je le regardai dans les yeux et il comprit rapidement mon ordre silencieux. Je m'avançai rapidement auprès de ma femme et lui pris les mains pour qu'elle me fixe moi et non l'homme qui avait interrompu la fête.

« Eli, écoute-moi attentivement. Je veux que tu suives Dimitri et Ezio et que tu ne poses aucune question. Ils vous protégeront toi et notre fille. Ils vont te permettre de finir tes études et d'élever notre fille en toute sécurité. Vanka vous accompagnera pour éviter toute tentative de vous traquer.

– Pourquoi ? Tu viens avec nous, hein ? Dis-moi que oui !

– Eli, concentres-toi ! lui dis-je en la secouant par les épaules. Il faut que tu vives, Elizabeth. Et cet homme ne leur permettra pas. Alors part et ne te retourne pas, quel que soit ce que tu entends ici.

– Non, Freya, je veux rester avec toi »

Je la ramenai brutalement contre moi et l'embrassai fougueusement et surtout désespérément. J'encadrai son visage de mes deux mains et la fixai du regard lui transmettant mon inquiétude pour sa survie et tout mon amour.

« Souviens-toi, vis Elizabeth ! Dimitri, emmène-la ! »

Je lui lâchai les mains alors que Dimitri l'entraina dans son sillage suivit de près par ma belle panthère noire. Elle me regarda sans vraiment comprendre, des larmes emplissaient ses yeux. La nourrice les suivait de près avec Ezio.

Je me retournai vers l'assaillant qui était à présent en train de monter les marches de l'estrade, l'air nonchalant.

« Où as-tu donc emmené ta femme, ma chère ? Je suis curieux de faire plus ample connaissance avec elle.

– Que veux-tu ?

– Ce qui me revient de droit, aurais-tu oublié notre pacte ? Je comprends mieux pourquoi vous vouliez plusieurs mois de tranquillité. J'espère que votre union aura été favorable.

– Laisse mes gens en dehors de cela !

– Mais comment le pourrais-je ? Tu as promis de m'épouser si je ne m'abuse, alors marions-nous ! cracha le fils héritier du loup Alpha, Cassius.

– Je te suivrais si tu promets sur ton honneur de loup de laisser mon peuple et ma femme tranquille !

– Tu n'es pas en position de négocier...

– Alors partez d'ici avant que je vous tranche la gorge de mes dents, le coupai-je. (Je me mis en position d'attaque, prête à bondir).

– Voyons, pas de violence inutile. Vous allez me suivre tranquillement où la cinquantaine de lycans qui attendent au-delà de ces murs attaqueront, déclarant ainsi la guerre...

– Très bien, je vous suis. Je ne souhaite pas de morts inutiles et encore moins la guerre.

– Très bon choix, ma gazelle ! En avant, me répondit-il en indiquant de sa main la voie. »

Il m'agrippa le bras fermement et me tirait derrière-lui. Leurs Majestés s'apprêtaient à intervenir.

« N'en faites rien, père. Je ferais mon devoir d'Altesse royale et protègerais mon peuple. »

Je me trouvais ainsi avec le grand méchant loup, enfermée dans une voiture, les yeux bandés et les mains menottées direction un peuple et une terre ennemis et inconnus. Je venais malheureusement de donner le moyen de pression que cherchait tant l'Alpha.

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