UNE MENACE PLANE DANS L'AIR

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Londres, école privée

Le husky que j'avais sauvé ne passa pas inaperçu. Le matin suivant, Ezio, qui terminait son tour de ronde par les écuries, était venu me voir de bon matin dans mes appartements. J'étais encore endormie quand il avait frappé à ma porte. Julia s'était chargée d'ouvrir pendant que ma chambrière, Vicky me couvrait d'une robe de chambre.

Mes chambrières étaient uniques. Vicky était filiforme. Elle avait de véritables doigts faits pour créer des toilettes plus somptueuses les unes que les autres. Julia, quant à elle, avait une mine maternelle qui me faisait l’apprécier encore plus. Elle m’était complètement dévouée et ce depuis ma plus tendre enfance. J’allais souvent quémander des câlins à Julia quand mes parents étaient trop occupés à gouverner.

« Princesse, un animal blessé a été retrouvé dans le box de votre jument. Orisha ne m'a pas laissé l'approcher.

– Oui, je sais Ezio. C'est moi qui l'ai soigné.

– Pourquoi n'avoir prévenu personne ? On s'en serait occupé.

– Ce n'est rien Ezio, ce n'est qu'un chien blessé.

– D'accord, que voulez-vous que je fasse de l'animal ?

– Rien pour l'instant, je m'en occuperais quand il sera complétement rétabli.

– Très bien, Princesse. Il est bientôt l'heure de partir. »

Ezio me laissa au bon soin de mes femmes de chambre. Je pris quelque temps pour me préparer, je choisis une robe courte en dentelle rouge avec une parure de rubis pour l'accompagner.

La matinée fut très longue et Elisabeth m'invita à manger avec elle. Je l'accompagnai donc à la cafétéria en présence de Dimitri. Elisabeth souhaitait que je lui parle de mes voyages, elle semblait sincèrement intéressée. Et elle voulait également que je lui donne des cours de français pour impressionner son frère. Je n'étais pas spécialement disposée à le faire, mais, elle me l'avait demandé tellement gentiment et avec une telle sincérité que j'avais été obligée d'accepter.

Bien que mon corps n'ait besoin que de sang pour vivre, je pris un fruit pour faire illusion. Dimitri, en revanche, ne se priva pas et remplit son assiette d'une montagne de nourriture. L'avantage de son statut de mi-humain mi-vampire lui permettait de se nourrir de sang ou d'aliment solide. Cependant, le sang étant plus nourrissant, il devait donc manger deux fois plus de nourriture.

On s'assit à une table en plein milieu du restaurant, la seule encore libre. Elisabeth me pressa pour commencer mes récits. Je lui brossai donc un portrait rêveur et inventif des raisons de mes voyages, en incluant un peu de… magie dans mes voyages. Elle était au comble de la joie, buvant mes paroles avec avidité.

Je n'avais d'ailleurs pas remarqué qu'on était encerclé, et que nombre d'élèves s'étaient assis autour de nous pour écouter mes histoires. J'avais l'impression d'être entourée d'enfants insouciants mais cela me mettait mal à l’aise. Dimitri se rapprocha pour me soutenir moralement. Par sa nature, il ne ressentait pas de gêne physique de cette promiscuité avec eux.

Cependant, ce moment étrange prit fin quand la sonnerie retentit. Je me levai mais je n'avais pas avalé ma dose de sang, et un petit vertige se fit sentir. Je pris donc Dimitri à l'écart, dans une pièce fermée, pour lui voler son nectar précieux. Nous étions donc arrivés en cours avec un peu de retard. Dimitri se trouva cependant avec un besoin sexuel inassouvi par manque de temps, qui m'étreignait également.

Londres, ambassade d'Idrias

La fin des cours fut la bienvenue. Dimitri et moi-même, nous nous étions littéralement sautés dessus dès qu'on avait pu, une envie irrépressible de sexe nous avait pris comme un étau, pendant toute l'après-midi.

Enroulée dans mes draps de soie bleue, ma tête reposait sur l'épaule de Dimitri, dans l'immense lit de mes appartements. Nos respirations furent saccadées après le moment intime qu'on venait de partager. Serrés dans les bras l'un de l'autre, nous conversions à voix basse dans le secret de la pièce.

Nous fûmes vite dérangés par un des vigiles qui frappait à la porte.

Je me levai à contre cœur et m'habillai très rapidement. Orisha attendait sur le tapis pour pouvoir me sauter dessus dès la première occasion, je l'évitai de peu avant de sortir de la pièce. Je suivis le vigile dans les dédales de couloirs et rejoignis le problème.

Quelqu'un attendait prêt du portail électrique quand j'arrivai vêtu d'une robe de chambre dans la pénombre de la fin de journée. Je m'approchai au côté d'Ezio, qui discutait avec d'autres hommes, pour lui demander ce que se passait actuellement.

« Madame, cette jeune fille aimerait vous voir. »

Je me tournai vers la jeune fille en question, Elizabeth et l'examinai. Elle avait les cheveux en bataille et les yeux rougis.

« Que dois-je faire, Madame ?

– Laissez-la entrer, elle semble bouleversée.

– Très bien, Madame. Avez-vous vu Dimitri ?

– Oui, il devrait arriver, lui répondis-je, rougissante.

– D'accord, voulez-vous vous installer dans le grand salon ?

– Non c'est bon, j'irais dans mes appartements. Va voir le chien cependant. »

Il acquiesça avant de disparaitre.

Je fis signe à Elizabeth de me suivre qui s'exécuta docilement. Je l'entrainai à ma suite, jusqu'à mes luxueux appartements. Je lui fis signe de s'asseoir sur un sofa en face du mien, et fis servir du thé et des gâteaux par Vicky.

« Excuse-moi pour la tenue.

– Ce n'est rien, c'est à moi de m'excuser de te déranger aussi tard.

– C'est bon, dis-moi plutôt ce qui se passe ? »

Au même moment, Dimitri fit une sortie théâtrale de ma chambre. Il fallait vraiment qu'il se débouche les oreilles à l'occasion. Habillé d'un simple jean lui arrivant à la taille, dessinant parfaitement ses muscles, il s'arrêta pour nous regarder.

« Ton chef te cherche, j'aimerais que tu fasses des recherches sur le chien.

– Oui bien sûr, Freya. »

Il s'inclina vers moi et déposa un baiser dans mes cheveux avant de se redresser et nous laisser seule. Dimitri et sa fichu jalousie…

Elizabeth se racla la gorge, gênée. Je me tournai vers elle et je rivai mes yeux aux siens, une légère rougeur teinta ses joues. Je lui souris doucement avant de reprendre la conversation.

« Donc, que ce passe-t-il ?

– Je... je ne savais pas que vous étiez ensemble avec Dimitri...

– Ensemble ? C'est un grand mot, je dirais que nous entretenons une relation spéciale, rien de plus. Mais arrête de détourner la conversation et dis-moi avant que je ne change d'avis.

– Je me suis enfuie... chuchota-t-elle.

– Enfuie ? En voilà une surprise. Et pourquoi cela ?

– Je... Mon beau-père a essayé de m'agresser...

– Physiquement ou sexuellement ?

– Les deux, je suis partie dès que j'ai pu...

– Ta mère est-elle au courant ?

– Elle n'a rien fait pour l'arrêter, elle était même consentante...

– COMMENT ? criai-je en me levant brusquement. Comment peut-on être aussi ignoble chez les humains, bordel !

– Calme-toi, il ne m'a rien fait en fin de compte...

– Rien fait ! Rien que d'y penser suffirait à l'emmener en prison dans mon pays !

– Ne l'envoie pas en prison s'il te plait, je serais sans le sous s'ils sont envoyés en prison.

– Je n'ai pas le pouvoir de le juger, par contre il va voir de quel bois je me chauffe. JULIA ! »

Ma chambrière, des draps sous le coude, arriva précipitamment dans le salon. Voyant mon air méchant, elle se fit prudente en demandant de quoi j'avais besoin.

« Fais préparer le reste des montures et prévient Ezio qu'on sort, lui aboyai-je. Qu'il s'habille en conséquence.

– Oui, Madame. »

Je me changeai rapidement dans ma chambre comme une furie, habillée de la tenue spéciale de ma garde personnelle, les Ashes. Elle était composée d'un corset en cuir noir mat sur une jupe longue à l'arrière et retrousser sur le devant laissant entrevoir mes jambes et des bottes englobant mes mollets en cuir. Un collier, une coiffe et des froufrous complétaient la robe.

Mes hommes s'équipaient d'un pantalon en cuir sur un t-shirt en laine noir et un long manteau en cuir, des Dr. Martens noir aussi finirent leur tenue. Nos armes se composaient essentiellement d'un katana à la lame d'argent et d'un fouet finement ciselé à la pointe en forme de tête de panthère tranchante. Les armes humaines n’avaient aucuns effets sur mes compagnons et nos ennemis.

Si le beau-père n’avait pas peur en nous voyant débarquer ainsi, il n’était pas humain.

Dix minutes plus tard, j'étais à cheval avec à mon côté mes deux gardes du corps et une Elizabeth en pleure. Je pressai les flancs de ma monture et accélérai le pas, direction la maison Frye pour remettre des pendules à l'heure. Orisha trottina derrière nous, en joie de pouvoir enfin se promener. Elle fit son effet devant ma camarade, mais elle ne s'en formalisa pas. Elle préféra s'accrocher à mes bras alors qu'elle chevauchait sur le devant de ma selle. Les chevaux avaient été apprêtés spécialement de leur équipement d'apparat : défense en acier sur leur filet pour effrayer, un tapis de fin tissus sans selle pour pouvoir descendre rapidement et des joyaux décorant les harnachements. Plus on effrayait, mieux ce serait.

Londres, maison Frye

Nous fûmes vite arrivés chez les Frye, qui ouvrirent les portes alors que nous nous arrêtions devant leur porche. Je sentis trembler Elizabeth contre moi qui se recroquevilla. Orisha s'approcha menaçante vers les parents, comprenant bien qu'ils étaient un problème. Les parents se figèrent voyant les crocs de la panthère pointées vers eux.

« Je vous conseille de ne pas bouger d'un pouce si vous ne voulez pas vous faire éviscérer.

– Si cet animal nous touche vous irez en prison ! s'insurgea le beau-père en relevant la tête vers moi.

– Je ne jouerais pas à cela si j'étais vous, ayant l'immunité dans la plupart des pays… le viol est punit comment ici ?

– Vous nous accusez sans savoir ! On a fait que l'engueuler pour ces mauvaises notes. On paie assez cher cette école.

– Vu l'état dans lequel je l'ai retrouvée, il semblerait que vous ne dites pas la vérité, lui répondis-je en mettant pied à terre. »

Je m'approchai des parents avec Orisha qui vint se placer derrière eux, ma jupe se déployant autour de moi. Je me penchai dangereusement sur eux et les menaçai de mes yeux brillant de rage.

« Vous ne vous approcherez plus d'elle, en attendant elle sera sous ma juridiction. Si j’ai vent d’autres problèmes du même genre, vous pourrez dire adieu à votre virilité. Compris ?

– Vous croyez nous faire peur avec vos couteaux ?

– Ces « couteaux » comme vous dites, sont aussi tranchants que des rasoirs. Vous ne verriez même pas le soleil se lever lorsque votre petite tête roulera dans la poussière. Alors, je vous conseille de ne pas me chercher. Ma patience à des limites. Voyez-vous, mon immunité me protègerait si je décidais de vous assassiner ici même. Et vous n’auriez pas droit à un bel enterrement. Alors je vous conseille de réfléchir à deux fois. »

Ils se contentèrent de hocher la tête mais ça me suffisait ; je voyais la peur dans leur regard et l'odeur âcre de celle-ci se répandre dans l'air. Je tournai donc les talons et remontai à cheval pour retourner à l'ambassade.

Londres, ambassade d'Idrias

Mes domestiques se chargèrent d'installer Elizabeth dans une chambre réservée aux visiteurs, après être revenue avec certaines de ses affaires. Elle défaisait son sac quand j'entrai dans la pièce meublée sobrement mais élégamment.

« Tu pourras décorer la chambre à ton goût et si tu as besoin d'autres vêtements, j'enverrais mes gens t'en chercher. »

Elle tressaillit légèrement ne m'ayant pas entendu arriver grâce à ma démarche légère et fluide.

« Ça ira, je te remercie énormément de faire ça pour moi.

– Ce n'est rien, je n'accepte simplement pas l'injustice.

– Certes mais merci. Beaucoup n'aurait pas fait tout ça... Tu sais, je pensais d'abord que tu allais le blesser...

– Je ne serais pas allée jusque-là, je me suis déjà trop engagée dans cette histoire. Ça ne manquera pas de faire du grabuge, soupirai-je.

– Et c'est grave ?

– D'une certaine façon oui, mais tu n'as pas à t'inquiéter. Un garde t'accompagnera partout où tu iras par prudence. Je te laisse te reposer. »

Je sortis de la chambre et rejoignis Dimitri dans ma salle de bain pour un moment de détente. Je n'aurais pas fini d'entendre parler de cette histoire demain à l'école, surtout quand on va nous voir arriver ensemble. Ces humains commençaient sérieusement à me fatiguer. L'histoire du chien me préoccupait aussi. Un pressentiment à son égard me disait que je n'en avais pas fini avec lui.

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