CHAPITRE 2

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 Une pluie diluvienne s’était emparée de San Francisco.

 Je détestais ce temps, c’est dans les moments comme celui-ci que j’appréciais la chaleur étouffante des Enfers. D’ailleurs quelques fois je me demandais vraiment ce qu’il me pousse à vouloir m’en évader. L’herbe est toujours plus verte ailleurs comme on dit souvent.

 Accroupi sur un building au-dessus de la ville, je regardai avec lassitude le genre humain friser le ridicule à courir en croyant pouvoir échapper à quelques gouttes d’eau. Un sourire espiègle se forma sur mon visage. Ce soir la ville était agitée, bon cela ne changeait pas vraiment des autres soirs, mais l’animosité planait dans l’air. je pouvais le sentir, pénétrer mon épiderme et parcourir mes veines. Quelque chose de mauvais se préparait.

 Je n’avais eu de cesse de ressasser le passé durant ces dernières semaines. Et je savais mieux que quiconque sur cette terre à quel point il était mauvais de le faire. Mes sentiments restaient bloqués un milliard d’années en arrière, alors que je courrai encore dans les champs de blé de l’Olympe de mon âme pure et innocente. Mon cœur s’épuisait et se tord par la force des choses. Heureusement pour moi aucun démon n’etait là pour sentir ma vulnérabilité. Ce fragment d’humanité restant, que j’avais essayé de détruire, subsistait dans mon cœur.

 J’avais appris à mes dépens que chacun de mes secrets se devait d’être soigneusement gardé et en aucun cas divulgué. Si vous pensiez qu’être reine des enfers était une tâche facile, laissez-moi vous dire que vous vous trompez sur toute la ligne. Enfaîte je suis même certaine qu’il n’est en aucun lieu celui que vous vous imaginiez, tout en priant bien sûr, pour ne jamais y descendre. Il serait dommage de venir visiter cet endroit sans un billet retour n’est-ce pas ? Tout le monde rêve des verts pâturages et de la flore éternelle du jardin d’Eden. J’en rêve quelquefois encore. J’avoue, après tout personne n’est parfait.

 L’orage gronda et la foudre fractura le ciel. Je le regardai avec mépris, le Dieu supérieur n’avait-il pas fini de frimer ? Mais au fond, je savais ce qu’il signifiait. C’était un avertissement. Zeus possèdait trois éclairs le premier pour avertir, le deuxième pour punir et le troisième pour annoncer la fin des temps. Et le pressentiment que celui-ci m’était destiné pesait de plus en plus sur mon être.

 L’intuition féminine que voulez-vous ? Quoi qu’il en soit c’était un nouveau problème qui s’ajoutait à la longue liste de ceux que j’avais déjà. Étrangement, mon instinct me disait que le hasard allait faire de ce problème l’une de mes priorités absolues. Bien que j’aurais voulu mettre cette bataille ancestrale à plus tard.

 Allez comprendre pourquoi, mais une colère dévastatrice s’était éprise de moi et comme une envie de grimper au rideau, une pulsion meurtrière me poussa à sortir de mon point d’ancrage et descendre dans les rues de San Francisco me confondre au commun des mortels. Tel un prédateur j’observais autour de moi en faisant patte de velours, déroulant mes hanches à chacun de mes pas, alors que la pluie battait avec toujours autant de hargne. Pour une fois, le temps et mon humeur étaient sur la même longueur d’onde.

 J’étais la reine des Enfers, le mal incarné. Je volais les âmes, manipulais les gens et la sorcellerie avec une aisance presque gênante. Et c’est tout ce dont j’avais besoin de me souvenir. Mes poings se serrèrent, tandis qu’un homme percuta mon épaule. C’est à peine si j’avais senti l’impact, mais je me retournai, plantant mon regard révolté dans le sien, s’apprêtant à m’abreuver d’injures. Cependant, il ne fit rien, suspendu dans son élan, subjugué par ma beauté et ma prestance.

 Pour moi c’était décidé, ce soir cet homme serait ma proie.

***

 Il n’avait suffi que de quelques mots et un verre pris à la va vite au comptoir d’un bar du coin, pour me retrouver nue et à cheval sur lui. Détentrice de mon seul et unique plaisir, je déroulai mes hanches avec sensualité. Mes doigts agrippaient fermement son torse, ce n’était pas un homme musclé comme je les aimais d’habitude, mais j’avais pour faiblesse de toujours succomber à cette envie irrépressible qui faisait de moi Lilith, déesse des rêves érotiques et de la sexualité. Ce titre m’allait comme un gant me diriez-vous. Je frémis de plaisir alors que je sens ma nymphe tressaillir sous le désir que je lui procurais, je me satisfaisais de cette friction de nos sexes l’un dans l’autre. Ce mélange de bons compromis qui me menait droit aux septièmes cieux, le paradis des humains.

 Malheureusement, il était éphémère et c’est ce qui me rendait tant envieuse de recommençer à chaque fois. Je voulais le toucher du doigt le sentir, comme par le passé. Sentir ses rayons de soleil se poser sur moi, la paix intérieure m’envahir. Cette simple utopie rendit mes mouvements plus abrupts. Je lâchai mon premier gémissement, tandis que mon partenaire d’un soir avait les yeux vitreux. Peut-être n’avait-il jamais ressenti un tel désir auparavent, seule sa respiration saccadée témoignait qu’il était encore en vie et que je ne terminais pas mes petites affaires sur un cadavre. Mes ongles s’enfoncèrent dans la chair, il grimaca de douleur et de plaisir.

 Il finit par sortir de son état léthargique, grâce à un petit tour de magie, et empoigna ma poitrine qu’il embrassa avec une passion dévorante. Bête et discipliné comme je les aimais, il suivait chaque ordre que je lui donnais, il effectuait chaque petit mouvement que je lui dictais et qui me faisait à chaque fois perdre pied. Je laissai ma tête tomber en arrière en lâchant un profond et sincère gémissement de plaisir, le premier depuis plusieurs jours.

 — Ne t’arrête pas, soufflais-je à demi-mot.

 Je cambrai mon corps, les yeux clos. Ses mains se perdirent sur mes hanches, sur lesquelles il appuie afin d’accentuer le contact de nos entre-jambes. Mes jambes se mirent à trembler, j’arrivais au paroxysme de mon plaisir, l’orgasme était là je le vivais et c’est à peine si j’arrivais à encore à penser. Mes gémissement se firent plus forts et plus crispés cherchant le dernier petit quelque chose qui soulignera cette expérience plus que frustrante. Il glissa alors ses doigts entre nos parties intimes et stimula mon berlingot. Je fondais littéralement sous ses mouvements et me laissais emporter dans cet ouragan qui me propulse directement au septième ciel.

 Mes membres se relâchèrent presque instantanément dans un soupir de satisfaction.

 Essoufflés, je regardai celui qui avait contribué à me détendre, je le remerciai d’un bref soupir. Mais son regard presque froid m’indiquait que lui est resté sur sa fin.

 — Eh ! dit-il sur un ton un peu vaseux.

 Je me retournai vers lui, alors que je m’en étais détaché pour ramasser mes habits éparpillés sur le sol de ce qui semblait être sa chambre. Je n’étais clairement pas concentrée sur l’endroit ou je me trouvais depuis que j’avais bu d’une traite ce dernier verre de rhum.

 — Quoi eh ? questionnais-je sur un ton désinvolte.

 — Finis ce que tu étais en train de faire ! grogna-t-il en se redressant.

 — Dieu du ciel, vraiment léthargique tu avais tout pour me plaire, soufflais-je en passant une main dans mes cheveux déçus qu’il ait ouvert la bouche.

 C’était toujours pareil avec les hommes de nos jours. De beaux parleurs, jusqu’au moment ou le naturel revienne au galop.

 — Viens et suce-moi ! cracha-t-il frustré.

 Je haussai un sourcil, pour une surprise ça s’en était une ! Avais-je mal entendu ? Savait-il au moins qui j’étais ? Non la question était bête, nous avions sauter l’étape présentation et la formalité de : « pas de sexe avant le troisième soir ». Je sentis la féministe en moi se révolter d’un tel comportement. Devrais-je essayer de la contenir ? Après tout, malgré son langage digne d’un véritable simple d’esprit, il s’était avéré plutôt performant…

 Du moins, avant qu’il se lève subitement et m’attrape par le bras, pour me mettre à genoux. S’il y a bien quelque chose que je ne permettrais jamais c’était que l’ont me soumette. D’un simple geste je le fis lâcher mon bras et l’attrappai à la gorge. Mes doigts se serrèrent et sans même ressentir l’effort, il manqua de souffle et commença à suffoquer.

 — Tu es donc ce genre d’homme ? Tu sais, c’est dommage j’avais vraiment l’intention de te laisser vivre après cette soirée plus que satisfaisante…

 Je le regardai avec un mince sourire au coin des lèvres, un sourcil relever pour cacher mon amusement. Le voir tenter de se débattre était des plus divertissant, mais comme toutes choses, il y avait une fin.

 — Mais la tu viens de te griller… Je ne comprendrai donc jamais les hommes… chantonnais-je avant de poser l’index de ma main libre sur son front.

 Une teinte dorée fit scintiller mes iris, alors qu’un résidu noir traversa sa peau et ses veines avant de disparaître comme si de rien était. Je le lâcha et recula de quelques pas. Comme envoûté, son regard se voila, il se détourna de ma personne et s’en alla farfouiller dans le fond de l’une de ses commodes ou il en sortit un couteau. Un petit bijou qu’il déploya avec précaution. Je me délectai de l’homme qui commençait à pleurer bruyamment. Je fis une petite moue, me moquant de son sort. La lame approcha sa gorge et d’un coup net il se la trancha. Du sang se répandit rapidement et abondamment, très vite le contrôle qu’il avait de son corps disparut et il s’écroula lourdement au sol.

 — On se retrouve dans les geôles des enfers trésors, soufflai-je en se tournant pour regarder avec un peut plus d’attention ou elle se trouver.

 Qu’il ne se fasse aucun souci, j’allais lui réserver une attention des plus particulière. J’enfilai mes vêtements en observant l’appartement dans tous les recoins, pensive. Un endroit qui avait un fort potentiel. Au cours des millénaires j’avais eu l’occasion de côtoyer quelques architectes qui en plus de me faire part de leur savoir-faire physique, m’avaient expliqué quelques notions d’architecture. Cet appartement était certainement le plus surprenant du quartier, il avait des murs hauts laissant une portée plus importante à la lumière qui entrait par les vitres se sitées au Sud. Le fait qu’au Nord il y en est aussi permettait à l’appartement de rester illuminé jusqu’au coucher du soleil. Je m’y sentais déjà chez moi. Acquérir cet endroit pourrait être un pied à terre dans le monde des humains intéresserait, du moins c’est l’excuse à laquelle je me fiais, pour expliquer pourquoi je m’étais mise à chercher dans les tiroirs l’acte de propriété.

 Il n’était pas rare que des pulsions comme celle-ci me saisissent. Je ne me refusais rien, la vie est trop courte, du moins quand on est humain. C’était une philosophie que j’approuvais. Mais ma patience a ses limites. Le désordre était de tel que je réprimai l’idée d’agir comme une humaine et d’un simple claquement de doigts je fis apparaître le document sur la table de la salle à manger.

 — Pourquoi s’embêter quand ont peux aller à la faciliter ? me demandais-je dans un gloussement.

 Je lis le document et toujours d’un claquement de doigts je changeais les quelques détails me chiffonnant. Je finis par le ranger dans la poche arrière de mon jean en faisant le tour du propriétaire. Il allait de soi que certains changements allaient être effectués notamment au niveau de la décoration beaucoup trop masculine à mon goût. Ce n’était clairement pas raffiné, il en disait long sur la solitude de l’homme gisant dans son propre sang faisait face. Je m’en voulais presque de l’avoir tué, enfin, la culpabilité ne me gagna qu’un court instant.

 Pourquoi m’embêter à prendre un appartement sur terre alors que les Enfers m’appartiennent ? Quelques fois, l'envie de m'isoler, sortir de routine était nécéssaire. Depuis peu, je ressentais le besoin de vivre des choses exaltantes, c’est bien beau de gouverner, mais à force de déléguer les tâches il ne nous reste plus grand-chose et je m’ennuyais du temps ou j’allais sur le terrain à la pêche aux âmes.

 Au déclin de ma visite, je terminai par la chambre à coucher, un endroit que j’allais certainement connaître sous toute ses formes et de toute les manières. Ce qui attira mon attention, en entrant dans celle-ci, ce n’était pas les draps mal bordés ou encore le tas de vêtements très odorant se trouvant dans un coin de la pièce, ni même les horribles couleurs du papier peint. Ce qui attira mon regard à m’en faire presque convulser, c’est la silhouette familière dans l’appartement d’en face en train de se disputer avec un autre plus trapu et avec beaucoup moins de prestance. Mon cœur bondit à la vue de ses épaules musclée, je froncai les sourcils, comme si cela aller m'aider à mieux voir. Il était de dos, mais quelque chose en moi me disait que je ne me trompais pas.

— NOTE D'AUTEUR —

Eh bien le bonjour tous le monde ! Nous nous retrouvons pour un nouveau chapitre avec encore une scène érotique (promis c'est la dernière avant un long moment) :p J'ai beaucouphésiter à la mettre, mais elle montre vraiment qui est Lilith d'une certaine manière. Une nympho paranoïaque en quête d'une paix intérieur qu'elle peine à trouver en se nourrissant de colère ^^ J'espère donc que le coté sexuel ne vous chagrinera pas trop et que vous serez nombreux à me dire ce que vous en pensez. Ceci est un premier jet, sans relecture, juste une briève correction avec antidote.

Merci par avance. Justine.

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