Chapitre 2 : Réunion de famille.

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J’ouvris les yeux, à mon grand regret Julie avait cessé de me caresser.

J’interrogeai ses deux doux lacs bleus, je lus un mélange de surprise et d’inquiétude.

Je regardai le centre de la clairière et demeurai interdit.

Un immense oiseau volait, il tenait dans ses griffes un homme, un chevalier de l’ancien temps. L’homme portait une couronne, et je reconnus, immédiatement, le roi Arthur.

Dames et chevaliers criaient, hurlaient, suppliaient l’oiseau, mais rien ne se.passait.

Ils décidèrent de tuer cinq bœufs pour attirer l’oiseau, mais ce dernier les ignora.

Alors, l’oiseau s’envola, en tenant Arthur dans ses serres.

Tout le monde cria, hurla, déchira ses vêtements. Certes, c’était un spectacle pitoyable, mais il n’était point totalement désagréable pour votre chat préféré, car nues ces dames dévoilaient toute leur beauté.

Le reste échappa à tous et à toutes, sauf à votre serviteur.

Je pris conscience de mon don : voir, au loin, ce que personne ne voit.

L’oiseau entra dans un château et se transforma en chevalier.

L’enchanteur car c’était lui dit à Arthur :

« Mon excellent seigneur, je vous demande de me pardonner la grande peur que je vous ai faite aujourd’hui ».

Arthur pardonna aisément, et la cour dénudée applaudit en le voyant revenir avec l’enchanteur.

Mais Merlin perdit son sourire : il avait pris conscience de notre présence et ne cachait pas son mécontentement.

Prise de panique, Julie leva la main et tout se figea.

La douce blonde se tourna vers moi : « Mon chaton, regarde, j’ai le pouvoir d’arrêter le temps ! »

Mais l’enchanteur se mit à bouger, il fit, instantanément, disparaître la scène et sourit à Julie :

« C’est bien ma fille, tu découvres tes pouvoirs.

— Ma fille, répéta Julie abasourdie.

Je suis ton père !

— Mon père est mort, mort et enterré, bien avant ma naissance, hurla Julie.

— Viviane n’a pas pas menti, répond l’enchanteur. Mais elle n’a pas tout dit.

— Vous, heu, tu es mon père ?

— Aussi vrai que je m’appelle Merlin, Merlin l’enchanteur. Mais aussi Gandalf, Mithrandir et tant d’autres noms d’autrefois !! »

Je restais bouche bée. Oui Julie était orpheline, sa mère Viviane n’avait jamais voulu évoquer ce souvenir, ni devant moi, ni devant Julie.

Je soupçonnais un lourd secret de famille, mais la réalité dépassait mes conjectures les plus folles.

Soupçonneuse, Julie rétorqua :

« Non, ce n’est pas possible, vous mentez. Tout le monde sait que Merlin ne peut plus rien faire, qu’il est prisonnier du cercle magique de Viviane.

— Et pourtant, ma fille, je te dis la vérité. Connais-tu mon pouvoir magique ?

— Voyager dans le temps, hasarda Julie ?

— C’est exact. Le Merlin que tu vois est contemporain de l’épisode de l’oiseau, il est bien antérieur à ta naissance.

— Mais pourquoi ?

— Pourquoi suis-je venu ? Parce que tu es en danger, ici c’est le pays des mangeurs d’âmes. Leur puissance grandit de jour en jour, et sans notre double protection, ta mère et moi, tu aurais été damnée.

— C’est maman qui a vendu le ticket à Phil, comprit soudain la fille de Merlin.

— Nous en avons discuté, il y a si longtemps. Je ne voulais pas que tu viennes ici, alors Viviane m’a enchanté et est venue mettre au monde le fruit de notre amour, loin, très loin dans le futur, hors de mon pouvoir.

— Et pourtant, commença Julie.

— Viviane avait sous-estimé la force de ton familier. »

L’enchanteur se tourna vers moi, j’entendis le son de sa voix dans mon esprit .

Je murmurai :

« Vous pouvez me parler ?

— Je parle à tous les animaux, confirma l’enchanteur.

— J’ai retrouvé, c’est la page 918, le Roman de Jaufré.

— Tu m’as invoqué, expliqua Merlin, et je suis venu. Tu as ce pouvoir.

— Nous sommes donc invincibles, dis-je en bondissant de joie.

— Unis, vous pouvez vaincre le mal.

— Pourquoi dites-vous : « unis », demandai-je inquiet ?

— N’oublie pas, petit chat, que je connais l’avenir. »

Le visage de Merlin s’effaça, il retournait dans son lointain passé.

Un autre visage prit sa place.

C’était une femme jeune, grande, brune avec de longs cheveux qui s’épanouissaient sur une robe d’un rouge étincelant.

Mais, on remarquait surtout ses yeux, de très beaux yeux entre le vert et le violet, des yeux qui vous transperçaient l’âme.

Je me dis que je connaissais, vaguement, ce visage, quand Julie poussa un cri rapidement étouffé : « Maman ! ».

Mince, la future belle-mère : je me dis, ironiquement, que le voyage extraordinaire tournait à la banale réunion de famille. Sauf que :

1) Je m’étais transformé en chat.

2) Le futur beau-père était enfermé dans un cercle magique, depuis 1000 ans.

3) La future belle-mère avait rajeuni de trente ans.

Viviane nous toisait furieuse, elle s’adressa à Julie :

« J’ai tout entendu.

—Oh Maman, Merlin est déjà parti, se lamenta Julie.

— Tout cela est de la faute de ce fichu chat, marmonna Viviane. Il se rappelait trop bien un de ces stupides et insipides romans de chevalerie et a réussi à invoquer un Merlin du passé !

— Pauvre homme, il voulait seulement me parler, murmura Julie.

— Mais moi, je ne voulais pas qu’il te parle, maugréa sa mère. Je l’ai enfermé dans un cercle magique, pour qu’il ne vienne pas nous déranger !

— Et dire que tout le monde pense que tu as fait cela par amour, rétorqua Julie.

— Mais que connais-tu de l’amour pour me juger, petite bécasse, s’indigna Viviane.

Même cette blondasse d’Yseult n’a pas aimé et été aimée comme moi. Veux-tu que je te raconte les nuits d’amour entre ton père et moi ?

— Oh Maman, rougit la douce blonde.

— Que pourras-tu faire avec le petit pénis de ton crétin de chat ? »

Là, la coupe était pleine, je voulus sauter sur cette immonde bonne femme, mais je me heurtai à une invisible barrière et m’évanouis sur le champ.

Je revins à moi, complètement trempé : les larmes de Julie ne cessaient de couler.

La fée Viviane avait disparu et Julie se lamentait : « Non, je ne pourrai jamais faire cela. »

Je voulus la questionner, mais j’en étais bien incapable.

Cher lecteur, tu commences à comprendre l’effet d’un torrent de caresses, sur un matou bien roux …

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