Chapitre trois : une longue nuit.

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La journée avait été exténuante. Julie avançait vite, le visage fermé, avec de soudaines crises de pleurs.

Je ne savais pas où elle allait, et sous l’apparence d’un chat roux, il m’était difficile

de questionner la belle et douce blonde.

La nuit commença à tomber, je n’en menai pas large, plus le ciel s’obscurcissait, plus je sentais s’approcher de nous des forces malfaisantes et hostiles.

Julie, toutefois, semblait savoir où aller. Avant le crépuscule, nous atteignîmes une grotte flanquée au creux d’une colline.

Je m’attendais à un trou à rat sale et humide : il n’en fut rien !

La grotte était aménagée, avec deux lits, un grand pour Julie, un petit pour moi.

Un feu crépitait et sur la table et un bon repas nous attendait.

Je m’interrogeais : qui, pourquoi ?

Julie restait impassible et lointaine.

Le repas était délicieux, je n’avais qu’une seule envie : dormir.

Julie me prit dans ses bras et dit :

« Mon pauvre chaton, tu tombes de sommeil. Tu vas pouvoir dormir, mais je te réveillerai. Nous veillerons à tour de rôle, ne te fie pas à la tranquillité de ce refuge, autour de nous des puissances maléfiques nous guettent. »

Deux, trois caresses suffirent pour m’endormir : la journée avait été épuisante et la chaleur des seins de Julie était le plus doux des somnifères. Julie m’éveilla au milieu de la nuit, je faisais un doux rêve : j’étais redevenu un homme et nous faisions l’amour, doucement, lentement, tendrement et en plein jour.

Ma bien aimée avait rallumé le feu, la nuit était douce, les étoiles brillaient de tous leurs feux.

On dit que les chats voient ce que nous ne voyons pas : je confirme. Derrière chaque étoile, chaque galaxie, il y a d’autres étoiles et galaxies jusqu’à l’infini.

Mais, pour être honnête, un autre spectacle attirait mon attention.

Nue, oui vous avez bien lu, Julie dormait entièrement nue.

Elle me tournait le dos et je voyais ses longs cheveux, maintenant bouclés, onduler jusqu’au creux de ses reins.

Je ne pouvais quitter des yeux ses adorables fesses, rondes pleines et fermes,

Je caressais mentalement ses longues jambes, je m’enivrais de la douce senteur de ses aisselles.

Dois-je vous rappeler, simples humains, qu’un chat sent, avec acuité, des odeurs dont vous ne devinez pas l’existence ?

Petit à petit, je sombrais dans le sommeil. Je me rappelle avoir joué au jeu du « Je me souviens de », pour ne pas m’endormir.

Cette nuit là j’ai ronronné :

«

Je me souviens de ce billet que j’ai acheté, il y a quelques jours, là bas dans le monde des hommes, il y a quelques jours qui me semblent, maintenant, des années.

Je me souviens de la dernière fois où nous avons fait l’amour et où tu as pleuré, Julie, sans que je ne sache pourquoi.

Je me souviens de cette dispute stupide, car j’avais accordé trop de danses à cette rousse qui ne cessait de se coller à moi.

Je me souviens de la visite à ta mère qui m’avait toisé et avait marmonné : « Tu me déçois ma fille, tu aurais pu trouver bien mieux ! ».

Je me souviens de ce jour béni, où tu m’as promis, en riant, un amour éternel, comme dans l’Histoire(laquelle ?, je ne sais).

Je me souviens de la douceur de ton premier baiser, lent, tendre, quand j’ai soudain compris que c’était toi, et uniquement toi que j’avais toujours cherché.

Je me souviens de la petite brunette qui avait, pour la première fois de ma vie, accepté de m’initier aux plaisirs de la chair.

Je me souviens de mes cheveux longs, bien trop longs qui accompagnaient en cadence les solos démoniaques de Lynyrd Skynyrd dans Free bird.

Je me souviens de cette promenade en vélo, quand je m’étais arrêté pour lire quelques poèmes de Rimbaud, seul à l’orée du bois.

Je me souviens du doux sourire de ma mère la première fois qu’elle m’a donné le sein, ce sourire je l’ai retrouvé: c’est le tien Julie. »

Je ne savais plus trop, si je devais pleurer car je m’étais transformé en chat, ou me réjouir de pouvoir ainsi mieux jouir de son charme et de sa beauté.

Le feu s’éteignait lentement, je pris quelques brindilles dans ma gueule pour le rallumer.

Une étincelle jaillit et, sans réfléchir, je fis un bond de côté.

Là aussi, je confirme : les chats détestent le feu.

C’est une peur panique, ancestrale, incontrôlable.

Seule la perspective de réchauffer la douce Julie, me donnait le courage suffisant pour m’acquitter de ma tâche.

Une longue pointe de haine me sortit de ma torpeur,

Mon don venait de s’éveiller, tous mes sens étaient aux aguets : je les sentais, ils s’approchaient.

Je réveillai Julie, elle se leva et mon cœur se serra devant son corps de déesse, Aphrodite l’aurait sans doute jalousé !

Elle me dit « Sais-tu , petit chat, que je faisais un doux rêve ? Tu étais redevenu un homme et nous partagions un fort tendre et agréable instant ; mais pourquoi danses-tu ainsi ? ».

Le danger approchait et je ne savais pas comment avertir ma fiancée.

Julie poussa un cri, des ombres cruelles se glissaient dans la grotte.

Une ombre immense et grimaçante leva la main : tous les objets présents dans la grotte prirent feu et disparurent en fumée.

Je poussai un miaulement étouffé : la belle robe de nuit négligée par ma belle avait disparu et n’était qu’un tas de cendres.

Le chef des Zombies ricana : « Tu as eu raison d’être méfiante, petite princesse et de ne pas mettre cette robe. Mais dévoiler ta nudité n’est guère prudent. Nous,les avaleurs d’âmes, nous aurons le plaisir de te violer, avant de te vider de ton sang ! ».

Je voulus sauter à la gorge de cette ignoble créature, mais je ne fis que traverser ce corps vide !

Julie prit un bâton incandescent et parvint à faire reculer les zombies, qui revinrent vite à l’attaque.

La situation semblait désespérée, quand Julie utilisa sa magie. Elle prononça un sort et tout se figea autour de nous. La flamme du bâton s’arrêta au milieu de sa course.

Sans réfléchir, nous partîmes en courant : le sort ne durait que quelques minutes.

On l’avait échappé belle !

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