Faussaire

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Toute histoire finit un jour, quelque part. Et ce quelque part, c'est dans une grande maison à la lisière de Villeurbanne et de la métropole lyonnaise. Mais commençons par le commencement. Commençons par une jeune fille. Ou plutôt par une prénom.

Artémis. Ses parents étaient fans de mythologie grecque et elle avait hérité de la silhouette lourde et digne de la déesse des accouchements.

On était en décembre, elle avait fini ses études et était à la recherche d'expérience. Les offres de stage se faisaient rare en cette période de fêtes : il était trop tard pour janvier, trop tôt pour juillet. Elle avait envoyé une bonne cinquantaine d'e-mails, sans toutefois trouver une quelconque réponse autre que "malgré la qualité de votre profil, nous en avons choisi un autre, mais nous vous gardons dans notre base de données".

Cependant, une petite entreprise, créée un an ou deux auparavant, lui avait répondu sans robot ni mail automatique. Leur annonce était pourtant exigeante ; Artémis ne s'attendait pas à une réaction de leur part.

Le président directeur général lui proposait un rendez-vous le 23 décembre à 16h au sein de leurs locaux dans le quartier de la capitale ou fourmillent les boîtes dans leur genre. Heureuse nouvelle !

Tiens donc, internet parle beaucoup d'eux... pensait-elle en scrollant son téléphone vieux de 5 ans à l'écran explosé. Le "CEO" a fait la Clermont Business School, visiblement. Il s'est ensuite associé avec un ancien chef-pâtissier bordelais pour proposer une "Box délice", comme ce qu'elle avait lu dans l'annonce en postulant.

Le dîner fut frugal, et elle mis du temps à s'endormir : en partie par faim, mais surtout en pensant à cette future boîte au sein de laquelle elle passera ces six prochains mois, entre des aventuriers de l'écran et des héros de l'alimentation 4.0.

La journée du lendemain, veille de l'entretien, fut fainéante : elle dépensa de l'argent en librairie, en café, en un spinner trouvé sur le marché des Ternes et elle acheta même un livre sur Boccioni qui traînait là alors qu'elle ne connaissait rien au futurisme italien du début du siècle. Son prénom l'avait préservée de beaucoup de choses mais pas de l'ignorance totale de l'art et de tout ce qui s'y rapporte.

En réalité peu importait ; seul son entretien du lendemain pesait dans son esprit préoccupé qui zigzaguait entre les stands de draps blancs.

Le lendemain, elle était épuisée. L'entretien s'était mal passé. Le CEO ne la regardait même pas en s'adressant à elle, la responsable des ressources humaines était cassante, repoussante. Elle lui a posé des questions auxquelles elle ne s'attendait pas : quel intérêt de faire ça alors que vous avez fait ça ? Aucune cohérence. Nous recherchons quelqu'un de motivé, qui n'a pas peur de travailler 12 heures par jour pour un projet.

Sans surprise, elle reçu une semaine plus tard un mail de refus.

5 ans après, Artémis était pâtissière à Villeurbanne. Mariée à un ancien chef-pâtissier Bordelais. Le chef pâtissier s"était engueulé avec ses associés, avait rappelé Artémis à la suite de cela. Il lui proposait un partenariat. Il lui proposait de s'installer à Villeurbanne, ou le marché de la pâtisserie était florissant, alors qu'à Bordeaux il était saturé, et à Paris encore plus. Elle avait accepté. Ils eurent un enfant qu'ils adorèrent et élevèrent dans le calme et le respect.
Leur business fonctionnait, 2 ans après, ils ouvrirent une autre pâtisserie dans Lyon, puis une autre, puis une autre...

Un beau jour, ils reçurent le journal de Villeurbanne. La start-up avait coulé, faute de paiement des clients, elle n'avait pu payer ses fournisseurs et s'est retrouvée endettée. Elle a du déposer le bilan. Artémis regarda son conjoint. Il la regarda. Elle lui dit "nous cherchons des gens qui ont la niaque et travaillent 24h/24". Ils éclatèrent de rire et se rendirent dans l'arrière-boutique pour préparer la journée. Il faisait nuit : il était 5 heures du matin.

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