Chapitre 12 - Flash Back - Hannah et Friedrich

5 minutes de lecture

Paris, 12 décembre 1942.

Voilà bientôt deux ans et demi qu'Hannah est entrée dans la Résistance. Depuis tout ce temps, elle mène ses missions du mieux qu'elle peut. Elle fait preuve d'une très grande prudence et ne se fait jamais remarquer. Elle vient dans ce café que les Allemands fréquentent, systématiquement après la fin d'une journée de travail ou à l'heure du déjeuner. Ainsi elle se fait passer pour une habituée ; d'ailleurs, le propriétaire du café la connaît bien car Hannah vient souvent ici depuis longtemps. Elle n'a pas choisi un lieu au hasard ; si les Allemands posent des questions, aucune réponse ne paraitra suspecte.

La voilà donc assise à sa table habituelle. Elle discute avec le propriétaire de tout et de rien. La porte du café s'ouvre, quatre Allemands entrent : Karl Bömelburg, le chef de la Gestapo à Paris, Friedrich Strauss, son bras droit, ainsi que deux autres SS. Hannah pose son regard sur le jeune Allemand qui la remarque en retour et la salue. Cela fait plusieurs semaines que le militaire et la jeune femme entretiennent de brèves conversations, et le jeune Allemand semble chercher plus. L'interlocuteur d'Hannah se lève et se dirige vers les nouveaux arrivants pour les accueillir. Les quatre hommes s'installent demandant la même chose que d'habitude au propriétaire du café. 

Hannah ouvre son livre et commence sa lecture. Elle laisse tout de même une oreille tendue vers les Allemands, prête à saisir toute information au vol ; elle est là avant tout pour récolter des informations à donner à Pierre. Le temps s'écoule et Friedrich jette de temps en temps un coup d'œil vers Hannah qui est complètement plongée dans sa lecture ; du moins, c'est ce qu'elle laisse croire. L'Allemand finit par se lever et vient vers la jeune femme. Il tire doucement l'une des chaises en bois de la table, puis il s'assoit. Hannah lève la tête de son livre et regarde le militaire, intriguée.

- Est-ce que je peux vous offrir un verre ? demande l'homme avec un léger sourire.

- Demandé si gentiment, qui s'y refuserait ?

Friedrich fait un signe à la serveuse et commande deux boissons.

- Nous n'avons jamais vraiment eu l'occasion de discuter, à part de brèves conversations sans réelle importance, souligne l'Allemand.

- De quoi voulez-vous que l'on discute ?

- De vous. Enfin, si vous le souhaitez, j'aimerais apprendre à vous connaitre.

- Mais nous parlerons aussi de vous j'espère ? Je ne suis pas l'unique sujet de bavardages.

- Oui, si vous le désirez.

- Dîtes-moi, qu'est-ce que vous aimeriez savoir ?

- Et bien, votre nom pour commencer, depuis tout ce temps, je ne le connais toujours pas.

- Hannah, Hannah Marty. Et vous êtes Friedrich si je ne me trompe pas.

- Strauss, Friedrich Strauss.

- Je suis enchantée de faire votre connaissance colonel ?

- Capitaine. Je suis également très heureux de faire votre connaissance.

Le soldat lui tend sa main et Hannah la saisit pour le saluer tout en souriant. La serveuse apporte les deux verres et par-dessus l'épaule de Friedrich, Hannah constate que Bömelburg les observe.

- Dîtes-moi, que faites-vous dans la vie de tous les jours ? demande le jeune Allemand.

- Je travaille dans une librairie, non loin d'ici. 

- Depuis longtemps ?

- Depuis cette année à plein temps seulement ; pendant mes études j'y travaillais seulement à mi-temps.

- Et votre travail vous plaît j'imagine ?

- Oui, beaucoup même. Mais vous dîtes-moi, comment êtes-vous arrivé ici.

- Mon père a été un grand soldat pendant la dernière guerre, c'est lui qui m'a permis d'arriver ici, enfin c'est lui qui l'a voulu.

- Votre poste vous déplait ?

- Je ne dirais pas cela, mais ce n'est pas celui que j'aurais choisi, il est assez difficile à endosser.

Derrière eux, Karl Bömelburg se lève de sa chaise et se dirige vers les deux jeunes gens. Il s'arrête à la hauteur de la table et adresse un regard courtois à Hannah, tout en affichant un bref sourire ; puis il détourne son regard vers Friedrich.

- Il est temps de partir Strauss, lui fait-il savoir en allemand.

Friedrich se tourne vers Hannah et cette dernière acquiesce, lui faisant savoir qu'elle a compris les dires de son supérieur. Friedrich se lève et rabat la chaise sous la table.

- Me ferez-vous le plaisir de dîner avec moi demain soir ?

- Je le ferai, répond la jeune femme avec un doux sourire.

Le groupe d'Allemands quitte le café après avoir réglé la note au propriétaire. La bonne humeur quitte le visage d'Hannah, elle n'a plus besoin de faire semblant. 

Elle attend environ trente minutes avant de quitter le café puis elle se rend au point de rendez-vous que Pierre lui a donné. Elle y arrive rapidement et elle jette un regard à chaque coin de rue, d'une manière discrète, pour s'assurer que nul ne s'intéresse à elle. Elle entre dans le bâtiment et monte au troisième étage. Pierre lui ouvre la porte de l'appartement haussmannien et il l'invite à entrer. Il lui laisse le temps de souffler et lui propose un thé que la jeune femme accepte sans hésiter.

- J'ai quelque chose qui devrait vous intéresser, commence Hannah, sûre d'elle.

- Je vous écoute.

- Friedrich Strauss, le suppléant de Bömelburg semble être très intéressé par moi, il m'a proposé de dîner avec lui demain soir.

- Que lui avez-vous répondu ?

- J'ai accepté.

- Tout ira bien selon vous ? Ne prenez pas de risques inutiles.

- Tout va bien aller. 

- Que comptez-vous faire ?

- Me rapprocher de lui surtout, qu'il ait confiance en moi, même si cela implique d'aller plus loin qu'une simple relation amicale.

- Vous n'êtes pas obligée d’en n'arriver là vous savez.

- Je pense que c'est la meilleure chose à faire. Faites-moi confiance.

Pierre acquiesce mais reste inquiet, Hannah se met en danger en faisant cela. Elle devra faire preuve d'une très grande prudence pour ne pas se faire prendre. Mais elle n'est pas prête à reculer devant le moindre danger, le moindre petit risque.

Comme prévu, elle retrouve Friedrich le lendemain pour dîner. La résistante est déterminée à se mettre le militaire dans la poche. Ils s'installent à une table dans un restaurant luxueux ; compte tenu de sa position, l'Allemand peut très largement se le permettre. 

Pendant toute la soirée, ils apprennent un peu se connaître, mais c'est Friedrich qui en dit le plus de lui. Hannah a bien des choses à garder pour elle et ne peut lui montrer qu'une façade et des mensonges.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Audrey Harlé ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0