Je reconnais monsieur le commissaire le fait qui m'est reproché. Vous parlez de "prise d'otage" je dirai plutôt "libération". Cette jeune fille va épouser le prince. Elle fera la boniche accompagnant son mari futur roi. Elle sera priée de sourire, de porter des jolies robes et de faire rêver des enfants à une vie de princesse attendant leur prince charmant. C'est stupide. Moi je préfère qu'on donne aux enfants le rêve de liberté, d'être rebelle et de gagner grâce à la détermination.

La baguette magique des fées, c'est juste avoir la chance de recevoir un héritage. Et comme si une fille moins belle chantant faux était moins considérable. J'aurai préféré que les fées lui donnent la curiosité. C'est la porte des émerveillements, des enchantements, des découvertes, de l'émancipation.

- Dites moi madame la sorcière c'est déjà vous qui avez empoisonné la princesse avec un fuseau?

- Empoisonné..Plutôt endormi. J'espérais qu'à son réveil elle aura compris et elle aurait fugué pour fuir son destin tracé. Parfois une sotte reste une sotte

-Comment pouvez-vous parler ainsi de la princesse?

- Je suis anti-royaliste monsieur le commissaire. Je suis républicaine. Mais évidemment le château me fait passer pour une sorcière à cause de mon opinion politique qui lui déplaît. Je ne crains pas les Bastille ni les mauvaises rumeurs contre moi. Le mauvais sort que j'ai lancé à votre princesse lors de son baptème était un attentat pour protester contre la royauté je le revendique. Enfin j'avais prévenu. J'ai été gentille. Je lui ai laissé réfléchir durant 16 ans.

-Mais pourquoi un fuseau?

- J'ai hésité entre la casserole ou le fuseau. C'était un message envoyé au peuple. Cessez d'apprendre aux jeunes filles la couture pour en faire des bonnes mères au foyer. J'en ai marre des femmes boniches. Je ne veux pas que des petites filles prennent modèles sur cette princesse. Je veux qu'elles prennent exemples sur des professeurs, artistes, architectes, des sportives, des aviatrices, des cheffes d'Etat.