Prologue : L'étrange nuit d'un fossoyeur

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Tout qu'y commença par une nuit d'été à pastaga, comme tant d'autres. V'là que c'est moué que je creusions les dodos à crever, et que je gardions le champ à mourus, depuis dix ans maintenant. J'avions point le choix, car venant d'une famille de fossoyeurs, me fallions bien, dès ma vingtième année, reprendre la boutique. J'avions fait mon tour comme à chaque fois, quand je m'en retournions à mon boui-boui. Je partions me pioter, et v'là que j’entendions comme d'la musique venir du dehors. Sans doute des couillons d'voisins qui faisiont la fête. Mais attendez ? Que je n'avions point d'voisin moué ! Que je vis dans un champ à pioncer pour macchabées. Alors, c'est dedans que y a des gens ? Impossible, que j'avions tout vérifié pendant ma tournée de fermeture et qu'y avait pu un chat, même crevé. Pis ma grille, c'est y point qu'elle est sous alarme.

Cette mélopée qui vient du dehors, ce serait juste le foutu vent qui se fout de moué ? Point moyen, l'air est sec et chaud, pis y a point un pet de souffle depuis une semaine. Ça seriait donc des spiritueux ? Point forcément, il n'y a point que les crevés flottants qui errent dans les zones à décéder. Pis que c'est bizarre cette histoire. L'ont dit à la télé ! Les revenus transparents, c'ét-y à Halloween ou quand les gougnafiers du bâtiment y construisiont sur un vieux cimetière indien tout pourri ! Alors que déjà, z'étions en pleine foutue France, point moyen qu'on se retrouve dans ce genre de scénario. Surtout que nous, nos champs à pierres à morts c'est d'la qualité, point comme ceux des peaux rouges que voyons dans les films. Ceux-là, y sont point fichus de faire un cimetière qui tienne la route, y sont toujours hantés pour un oui ou un non.

Qu'après réflexion, j'avions pu l'choué : que je m'en va faire un tour dans ma zone à décédés. Que je prendions mon Nécronomicon et la sacro-sainte pelle avec moué, les deux outils que tout bon fossoyeur devriait toujours avoir sur soy, sinon c'est que le type est juste un amateur qui va couler la boutique. Ma lanterne à la taille pour m'y éclairer, v'là que j'me rapprochions de plus en plus des sons qui se précisent : qu'on diriait des chants et de la musique. Des foutus chants et d'la boum-boum ? Qu'est-ce c'est que ces crevés reviendus ? Z'ont de drôles d'idées pour des mourus. Que j'continions à m'avancer, v'la que je voyons enfin les bourricots qui faisiait tout c'tintouin. La surprise est totale et qu'j'en reviendions point de c'que je voué. Mais oui, vous aimeriez bien savoir, hein ?

Que voués-je, que voués-je ? Des mourus qui faisiont la foire !

Crénom, vindiou ! Des crevés flottants qui dansiont la gigue !

Que voués-je, que voués-je ? Des revenus qui jongliont avec des crânes !

Didiou, bondiou ! Des banshees qui chantiont un opéra !

Que voués-je, que voués-je ? Des sacs d'os qui jouiont de la musique avec leurs corps !

Vindiou d'bondiou ! Quelqu'chose qui ne devriait point z'arriver, là c'est sûr, j'avié abusé du pinard !

Face à cette hérésie qui puyait du fion, j'me devions de prendre mes responsabilités. C'est y moué que je soyons le gardien à crevés, merde ! J'ouvions mon Nécronomicon, j'bénissions ma sacro-sainte pelle, et dans un hurlement digne d'un barbare en slip, beurré à l'hydromel, que je m'élancions sur les crevés qui ne le sont plus, et j'massacrions les.... les …. les déjà massacrés mourus? Qu'après des heures à tenter d'y r'prendre le contrôle de mon dortoir à trépassés, je finissions par tomber d'épuisement. Ou peut-être à cause du glouglou rouge... ? C'est fini, me voilions à la merci des reviendus fêtards. Je soyons mourus ? Non, sinon comment je pourrions vous raconter cette histoire ? Je m'y réveillions dans mon pieu, indemne et que je me lèvions pour regarder ma belle zone à décédés. Et v'là que je le voué, un grand soleil et pu un bruit. Où qu'y sont passés les mourus ? Seraient-y point partis en ville quand même ? Et pis, qu'est-ce ça pourriait bien y faire un crevés dans une ville ? Ça a point d'argent pour acheter, et point de vie pour en profiter. Je m'en va faire le tour de la boutique avant l'ouverture du matin, quand v'là que j'avions la berlue tiens donc ! Les pierres à défunts ! Sont toutes intactes et bien fermées !

Les mourus seriont rentrés dans leurs bières ? Ou alors, j'avions donc rêvé tout cela ?

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