Chapitre 1 : les mourus ont disparus.

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Par une matinée ensoleillée de juin, Georges le fossoyeur faisait sa ronde comme à chaque fois. Cependant, il constata ce matin-là que tous les rangeoir à mourus étaient ouverts et vides. Avait-il encore une hallucination ? Georges courut jusqu'à sa cabane, retournant les pièces une par une pour faire l'état de ses stocks. Presque toutes ses bouteilles et ses cubits de glouglou rouge étaient encore pleins, et il n'avait pas la gueule de bois. La nuit de la semaine précédente, il n'avait donc pas rêvé : les crevés s'étaient bien relevés pour faire une fiesta digne du diable. Sauf que la dernière fois, les douze coups de minuit avaient sonnés dans les ténèbres de la nuit, alors que là, c'était en plein jour, et les mourus n'étaient plus dans le cimetière, contrairement à la fois précédente où les macabés marchants avaient hanté, occupé et réveillé les lieux, sans les quitter, comme s'ils étaient conscient que le champ à mourus enterrés était leur domicile. Il ouvrit une bouteille de glouglou rouge, et la but en mangeant son petit-déjeuner.

Georges: Va me falloir des forces pour régler ce problème. Faut que quand j'aurions fini la bouteille, j'aurions pu la berlue, et que je m'en va retrouver mes clients.

Georges vida sa bouteille plus vite qu'il ne comptait jusqu'à trois. Il sortit, refit une tournée du champ à mourus, mais rien avait changé. Il retourna à sa cabane, pensant avoir fait une erreur de dosage, dans son traitement personnalisé pour les troubles de la vision. Il ouvrit donc une seconde bouteille, qu'il s’apprêtait à siffler en une seule fois.

Georges: J'avions mal compris ça, moué. C'tait peut-être une bouteille pour chaque œil ? Allez ma p'tite médecine en une seule fois, pour la bonne santé.

À peine le fossoyeur eut-il fini de parler tout seul, qu'il siffla sa deuxième bouteille de glouglou rouge. La tronche entièrement glouté, il partit refaire de tour du propriétaire, pour s'assurer qu'il rêvait bien, et que ses pensionnaires étaient bien chez eux. Les mourus, même si ça peut pu payer, ça peut pas dormir n'importe où, et il faut bien les loger quelques part, avec un type qui s'occupe de veiller sur leur sommeil. Seulement, toujours pas de mourus. Où pouvaient-ils bien être passés ? La démarche titubante, le fossoyeur quitta son cimetière et en fit le tour du périmètre extérieur. Toujours rien ! Là, il commença à s’énerver, bavant de la salive encore imbibé de glouglou basse qualité, digne des poivrots les plus célèbres, les plus légendaires. Il se mit alors à râler, seul, devant la grille du champ à mourus.

George: Bon diou que c'est point possible ça ! Où qu'y sont passés mes mourus ? Seriont quand même point partis dans la ville ? Qu'est-ce que ça feriait t'y là-bas ? Ils ont même pas de sous à y dépenser. En plus, je m'en suis toujours bien occupé, moué, de mes défunts mourus. Ils m'auriont quand même point fait le coup d'aller crécher dans un autre champ à crevé ces couillons.

George, déconcerté par la situation, passait sa main dans sa barbe où étaient encore prisonnières des miettes de croissant, et remuant sa longue crinière de cheveux, il essayait de se remettre les idées en place. Bien sûr que des Défunts ça pouvaient pas se tirer aussi facilement de leur demeure éternelle. Au pire, ils faisaient des fêtes dans le cimetière. Cela venait peut-être d'un autre problème. Peut-être qu'ils se sentaient seuls car leurs proches venaient rarement les voir, ou tout simplement parce qu'un incident technique avait eut lieux. Si c'était le cas, ses mourus étaient juste partis le temps qu'il répare son champ à crevés. Il inspecta chaque tombe, vérifiant la mousse de rembourrage des bières à mourus, et la profondeur de dodo souterain pour voir si ses clients avaient assez de calme et de confort. Il lui apparut rapidement que tout était en ordre. Alors pourquoi ses mourus n'étaient plus ? Après une troisième bouteilles pour se donner force et courage, George fit une chose qu'il n'avait pas fait depuis longtemps. Il se décida à consulter son nécronomicon: avec la sainte pelle, cela faisait partie de tout outil que tout bon fossoyeur se devait de posséder. C'était la mort elle-même qui remettait ces deux reliques à tout nouveau venus dans la profession.

Après plusieurs heures de lecture, et le tord boyaux réglementaire du matin, George avait fini de consulter tout les passages concernant les mourus qui marchent. Il y'avait la classique et traditionnelle apocalypse des revenus piétionneurs, celle qui justifiait l'usage d'une sacro-sainte pelle. Il y avait aussi le coup de la bonne vieille malédiction, mais pour ça il fallait chopper la sorcière du village pour réparer les dégâts causé.

"Pour prouver que c'est bien la sorcière du village, munissez-vous des outils suivants : la suspectée, une balance, et un canard"

Sauf que d'la sorcière, y'en avait pas dans le coin. En plus, il avait bien regardé, et il ne semblait pas y'avoir de pourritures maudites près des dodo à crevé. L'autre option, était celle d'un fort champ énergétique, mais là encore peu probable. La seule énergie du coin était celle que mettait George à vider une bouteille, et à la pisser. Finalement, il ne trouvait rien pour justifier la disparition de ses mourus, et il s'en inquiétait beaucoup, au point de prendre un second coup de tord boyaux. Les gens, qu'est-ce qu'ils allaient colporter dans le patelin, si on savait que lui, le fossoyeur, le berger à défunts, avait perdu les crevés dont il avait la garde ? Il ne lui restait qu'une solution pour comprendre et pour régler le problème : retrouver ses brebis égarées et leur demander lui-même, pourquoi ils avaient foutu le camp de leur champ à décédés devant le rester. George prit alors des munitions, une tasse, du pâté et du pain, ainsi qu'un cubis de cinq litres de glouglou rouge qui tâche. Il sortit ensuite de sa cabane, prêt à retrouver ses mourus.

Le fossoyeur ne pouvait cependant pas laisser son cimetière sans surveillance. Il décida donc de convoquer du bon vieux revenus transparant, à l'aide de son nécronimicon, au cas où ses mourus reviendraient durant son absence. Il lui fallait du spiritueux de qualité, des qui savaient garder un cimetière, et avaient l'expérience pour remplacer ce bon vieux George durant périple. Malheureusement pour lui, le vieux fossoyeur de trente ans était si alcoolisé, qu'il en bafouilla durant l'incantation. Au lieu des crevés flottants d'élites qu'il convoitait, il se retrouva face à deux vieux débris complètement usés, ratatiné, ayant passés la date péremption depuis longtemps. Même le service après vente, n'aurait pas remboursé les deux invocations ayant passés les 80 ans, dont la garantie et le contrôle technique étaient bien loin derrière eux. Pourtant, les deux entités plus qu'antiques s'étonnèrent elles-mêmes d'être ici :

Ginette: Bébert ? Où qu'on est ?

Bébert: Sait pas la Ginette. Pourquoi qu'on nous a appelé, et c'est qui celui la avec sa barbe de bûcheron et ses cheveux de hippie ?

Ginette: Depuis qu'on a pu de bonne guerre chous la mains, chont de plus en plus nombreux ceux-là.

George resta effaré par le resultat, plus que catastrophique, de son appel aux revenus transparant gentils et pas effrayant. Deux vieux machins immondes, et à la ramasse. Comment pouvait-il leur confier son champ à mourus ? Et surtout, la cabane où il avait son si précieux stock de glouglou rouge ? Devant un tel échec, il ne put que commenter son désespoir :

George: Bordel de merde, qu'est-ce j'avions donc fait à la mort, l'bon Diou des fossoyeurs, pour me retrouver dans une telle couillonade !

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