New York, juste un rêve

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Chapitre 6

Lorsque le taxi me dépose devant la villa de Daryl, ma colère est à son maximum. Moi, d'habitude si prompte à discuter avec les chauffeurs de taxi, je n'ai pas prononcé un seul mot durant le trajet.
J'étais trop occupée à tourner et retourner dans ma tête tous les scénarios possibles de ma confrontation avec Daryl.
Le premier qui me vient en tête c'est d'entendre ses explications ! C'est quoi exactement ce délire ?Comment a-t-il pu me faire un truc pareil ?!
J'expire un bon coup avant de m'avancer d'un pas décidé !
Lorsque je traverse l'allée qui mène sur sa terrasse, je hurle son nom, histoire de bien lui faire comprendre que ma présence est loin d'être amicale.

Miss Mystère :
"DARYL, JE SUIS LÀ !!!"

J'entends un gémissement plaintif un peu plus loin, à l'angle de la piscine, et je vois un corps, à moitié dévêtu, étendu sur le sol. Je m'approche précautionneusement du corps, avec bien moins d'assurance qu'à mon arrivée.

Miss Mystère :
"Daryl...?"

Ma colère est coupée net et laisse la place à l'inquiétude lorsque je comprends que c'est lui. Il est recroquevillé sur lui-même, en chien de fusil, une main crispée sur son flanc. Je l'entends pousser un grognement.
Je me mets à genoux et je me penche vers lui. Je tire doucement sur ses épaules pour le tourner vers moi.

Miss Mystère :
"Daryl... Qu'est-ce que..."
Daryl :
"Miss Mystère..."

La voix de Daryl a perdu de sa superbe... Dans son regard, je lis d'abord la frayeur puis le soulagement de me voir.

Miss Mystère :
"Bordel Daryl !!! Mais c'est quoi ça ?! Qu'est-ce que t'as encore fait ?!"
Daryl :
"Miss Mystère... S'il te plaît... Aide-moi juste à me relever..."

Daryl prend appui sur moi en passant son bras libre sur mes épaules. Je me retrouve nez à nez avec ses pectoraux et un imposant tatouage. Je détaille, pendant à peine quelques secondes, son tatouage. Il est vraiment bien fait et on peut lire une inscription qui souligne une tête de mort.

Daryl :
"Argh !"

Il gémit de douleur en essayant de se lever. Il retombe lourdement sur le sol en protégeant son flanc meurtri. J'ai envie de le pourrir, de lui dire que c'est un imbécile de se mettre toujours dans des situations dangereuses ! Je le regarde de travers en soupirant bruyamment.
Il doit se rendre à l'évidence, il n'est pas en état de marcher ! Je dois appeler les secours !

Miss Mystère :
"Daryl ! T'es pas en état ! Reste là ! Je vais appeler les secours !"
Daryl :
"Non !!"

Je le regarde fixement. Ses yeux, d'habitude si fiers, sont devenus suppliants, apeurés. Il n'a plus rien du Daryl dangereux et impétueux. Le voici ressemblant à un animal blessé.

Daryl :
"Je peux marcher... Je peux... ça va aller !"
Miss Mystère :
"Comment ça, non ?! Tu as assez fait de conneries pour ce soir ! Alors maintenant tu arrêtes et tu me laisses..."
Daryl :
"Si jamais je l'ouvre là-dessus, tu penses qu'ils me feront quoi la prochaine fois...?"
Miss Mystère :
"Daryl... Je n'aime pas ça..."
Daryl :
"Je sais... J'suis désolé... Tu peux m'aider à aller jusqu'à ma chambre ?"

Il prend à nouveau appui sur moi et parvient à se lever, non sans esquisser une grimace. Je dois bien avouer qu'il ne manque pas de volonté.
Un pas après l'autre, et après plusieurs pauses, nous avons péniblement atteint la chambre de Daryl.
À limage de tout ce qui lui appartient, la pièce respire le luxe ; on dirait une suite. A seule, la chambre est plus grande que mon appartement... Une grande baie vitrée est ouverte et donne sur une immense terrasse qui surplombe la piscine en contre-bas.
Daryl me fait signe de l'emmener sur le lit. Je suis bien contente d'arriver au bout, je n'en peux plus...
Il doit faire bien une tête de plus que moi et deux fois ma largeur d'épaules. Je suis entraînée à la boxe pas à l'haltérophilie...
Lorsque nous arrivons au bord du lit, je l'aide à asseoir, mais je perds un peu l'équilibre, ce qui me fait chuter plus vite que prévu.

Daryl :
"Argh ! Pu... Miss Mystère !"
Miss Mystère :
"Pardon ?! Je te préviens, tu me parles encore comme ça et je te laisse planté là ! Compris ?"
Daryl :
"Désolé, désolé... C'est pas après toi... C'est juste... Ils m'ont pas raté..."
Miss Mystère :
"Oh ? Tu peux parler des types qui se sont arrêtés devant nous un peu plus tôt dans la soirée et qui t'ont fait ce geste délicat...?"

J'arque un sourcil, genre "J'ai tout compris". J'essuie la sueur sur mon front et je m'assieds sur le bord du lit, pendant qu'il s'allonge doucement sur le dos et maintient son flanc douloureux.

Daryl :
"Ouais..."

Il baisse les yeux puis regarde au loin par la fenêtre. Il émane de lui quelque chose d'étrange en ce moment même... une sorte de triste solitude, une fragilité.

Miss Mystère :
"Qui sont ces types qui t'ont tabassé ?"

Mon ton est sec, ferme. Il n'appelle pas à tergiverser. Daryl fixe un instant une lumière dans la nuit, puis son regard s'assombrit et se pose à nouveau sur moi.

Daryl :
"Tu ne dois pas savoir."
Miss Mystère :
"Tu sais quoi ? Je m'en fous de tes histoires ! Je m'en fous qu'ils t'aient tabassé ! Mais je veux savoir, pour pouvoir protéger Mathilde de tes conneries !!"

Il semble accuser le coup. Toute trace de sarcasme ou de fierté a déserté son visage.

Daryl :
"Ils appartiennent à un gang. Ils sont plutôt du genre rancunier... Je savais qu'ils viendraient me donner un avertissement plus musclé. Je me suis changé comme je le fais chaque nuit, j'ai pris un verre de scotch... Je savais qu'ils viendraient pas pour boire un verre, mais il ne faut jamais leur montrer de signe de faiblesse."

Miss Mystère :
"Un gang ?"
Daryl :
"Ouais un gang. C'est comme ça que ça marche ici. C'est le genre de types à prendre ce qu'ils veulent, à leurs conditions, sans te demander ton avis. Mais y a des règles..."
Miss Mystère :
"Tu as enfreint leurs règles ?"
Daryl :
"On peut dire ça comme ça..."

Mon regard s'attarde sur son torse et plus précisément son tatouage. Il suit mon regard et jette machinalement un d'oeil au tatouage sur sa peau éclairée par la lumière de la lune.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce que c'est ?"
Daryl :
"C'est le symbole de la Santa Muerte."

Devant ma mine interrogative, Daryl poursuit avec une voix monocorde.

Daryl :
"C'est mon guide, elle me protège."
Miss Mystère :
"C'est... morbide comme tatouage..."
Daryl :
"Ce que tu trouves morbide, moi je le trouve beau. Il n'y'a que face à la mort que tous les hommes sont égaux. Elle est juste."

Je reste sans voix. Je pensais qu'un homme comme lui ne croyait qu'en des choses superficielles... Maintenant que l'inquiétude s'apaise, un autre sentiment, qui s'était laissé endormir, pointe le bout de son nez... la colère...!

Miss Mystère :
"Comment t'as osé me faire ça...?"

Étrangement, là où à peine quelques minutes plus tôt j'aurais sûrement hurlé, ma voix est calme, posée. Mais ferme. Daryl prend appui sur ses coudes pour se redresser et ce mouvement le fait grimacer.

Daryl :
"écoute... Je suis désolé pour... ça... C'était complètement idiot de ma part ..."
Miss Mystère :
"Idiot ?! Si c'était que ça !! C'était surtout irrespectueux et méchant !"

Son visage se déforme, comme si, cette fois, c'était moi qui le blessais.

Daryl :
"J'ai merdé princesse..."

Il lâche un juron et passe une main dans ses cheveux. Il se frotte le menton, visiblement mal à l'aise.

Daryl :
"Au départ, je t'appelais, car j'avais envie de te voir... Et puis, quand j'ai vu que tu me confondais avec ma sœur... qu'elle n'était pas là... Je sais pas, je me suis dit que c'était l'occasion..."
Miss Mystère :
"L'occasion de quoi ? De me sauter ?"

Je vois ses yeux s'obscurcir et le muscle de la mâchoire tressauter. Il souffle bruyamment.

Daryl :
"Je t'aurais pas sautée."
Miss Mystère :
"Oh... Vraiment ? Après m'avoir prise pour une courge toute la soirée, tu comptais me dire la vérité peut-être ?"
Daryl :
"Oui... J'ai réalisé que mon petit jeu allait trop loin... j'ai voulu te le dire mais la bagnole a déboulé et..."
Miss Mystère :
"Ah ah ! Je rêve ! C'est tellement pratique !!"

Je me suis levée brutalement du lit en faisant de grands gestes avec mes bras comme si je chassais l'air.

Daryl :
"Calme-toi...!"
Miss Mystère :
"Je le crois pas... T'es vraiment un grand malade..."

Il lâche un juron et tente de se relever un peu plus mais cela lui arrache un gémissement.

Daryl :
"Je suis désolé Miss Mystère mais..."
Miss Mystère :
"Mais quoi ? QUOI ?!"
Daryl :
"Tu me plais, d'accord ?! Depuis que je t'ai revue au concert, je pense tout le temps à toi ! À ta façon de me défier... ! Et je sais que j'ai aucune chance avec Mathilde dans les parages !"
Miss Mystère :
"Tu... QUOI ?"

Je fronce les sourcils en esquissant un mouvement de recul. C'était vraiment la dernière chose à laquelle j'aurais pu penser...

Daryl :
"Tu as bien entendu."
Miss Mystère :
"Je... C'est... Dans tous les cas, ce n'est pas une raison valable pour faire ce que tu as fait ! Faut être vraiment tordu pour faire un truc pareil, Daryl !!!"
Daryl :
"T'as raison, je suis un idiot. Mathilde est géniale. Fin de la discussion."
Miss Mystère :
"Oh ne joue pas à ça, Daryl..."
Daryl :
"Je ne joue pas...Crois-moi je me déteste de t'avoir fait du mal... Mais je sais pas faire autrement... Moi j'ai appris par les coups et les humiliations... Oh... j'ai bien essayé de m'intégrer... Le petit portoricain chez les ricains... Mais qu'est-ce que tu crois ? Que parce que t'es gentil, que tu demandes la permission, on te donne ... ? Non. On te donne rien. T'es né différent, tu restes différent, marqué comme du bétail. Alors tu dois te faire respecter. Ne jamais montrer tes faiblesses et encaisser sans broncher. Et ne va pas croire que je me fous de ma sœur. Depuis qu'on a quitté nos couches, je veille sur elle."
Miss Mystère :
"Bon sang Daryl !! T'es vraiment fort ! Un instant j'y aurais cru !! Arrête de manipuler les gens comme ça ! La seule chose que tu vas obtenir c'est de te retrouver seul dans ton palace !"

Il semble abandonner le combat. De toute façon, rien de ce qu'il dira ne pourra justifier ce qu'il a fait.

Miss Mystère :
"Je crois qu'il vaut mieux que j'y aille...! J'ai besoin de digérer tout ça..."

Je lui fais signe de regarder vers le téléphone, sur sa table de nuit.

Miss Mystère :
"Y a bien un de tes potes que tu pourras appeler pour s'occuper de toi. En attendant, oublie-moi."
Daryl :
"Merci. Je me débrouillerai très bien tout seul."

Et voilà. Le Daryl hautain et supérieur vient de faire son grand retour...

Miss Mystère :
"Tu veux que je te dise ? Ta sœur n'a peut-être pas une belle bagnole, une belle villa, toutes ces choses que tu possèdes... Mais elle a quelque chose que tu n'auras jamais... L'intelligence du cœur ! Et ne t'avise pas de parler de ton odieux mensonge à Mathilde."

Il ne dit rien et lève les mains en signe de capitulation. Alors que je lui tourne le dos et que je passe la porte, il me lâche, presque dans un murmure.

Daryl :
"Ce que j'ai ressenti ce soir avec toi, c'était vrai. Et je sais que, toi aussi, tu as senti cette attraction."

Je me retourne, le regard embué. Il n'imagine pas à quel point je le déteste.

Miss Mystère :
"Non Daryl... Toute la soirée je pensais être avec Mathilde. C'est avec elle que je me sens bien, pas avec toi."

(...)

Je rentre à l'appartement complètement épuisé, vidée, dégoûtée... J'aimerais tellement pouvoir débrancher mon cerveau et arrêter de penser !
Pourtant la déclaration de Daryl tourne et retourne dans ma tête... "Je sais que, toi aussi, tu as senti cette attraction."
Oui, j'ai senti une attraction ; et le mot est faible. J'ai adoré la façon dont il m'a embrassée et ses propositions indécentes mais... Je pensais être avec Mathilde, pas avec Daryl ! Jamais je n'aurais ressenti ça si j'avais su ! Je le déteste de m'avoir tendu ce piège !
Topaze me sort de ma méditation en bousculant ma main pour que le caresse. Je le regarde un instant puis j'entoure son cou poilu de mes bras tremblants.

Miss Mystère :
"Oh Topaze... Qu'est-ce que j'ai fait...?"

Je me mets à sangloter doucement. Topaze ne bouge pas, comme s'il sentait que j'ai simplement besoin de sa présence réconfortante, innocente. Après quelques instants, je vais à la salle de bain pour me passer un peu d'eau sur le visage. Mes yeux sont gonflés, j'ai une mine affreuse.
Je commence à faire couler un bain chaud. Je vide presque ma bouteille de gel moussant sans m'en rendre compte. Ce soir j'ai envie de me cacher sous la mousse et ne jamais en ressortir. Pendant que l'eau coule, je regarde mes messages, le cœur battant. Sans doute la crainte d'en avoir un de Mathilde me disant qu'elle sait tout, que Daryl lui a tout dit...
Alors que je vais pour reposer mon téléphone, soulagée qu'il n'y ait rien, celui-ci se met à vibrer.
Un message de Daryl : "Merci d'avoir été là. Sache que je suis désolé pour tout. D"
Comment peut-il se comporter ainsi maintenant, alors qu'il a été ce salaud prétentieux qui a joué avec mes sentiments ?
Je tape excédée, un message très clair : "Daryl, oublie-moi un moment. Merci."
Je balance mon portable sur le sofa. J'attache Topaze pour le sortir rapidement avant de prendre mon bain. Je n'ai qu'une envie : me plonger ans l'eau chaude, ferme les yeux et faire comme si cette soirée n'avait jamais existé. Demain, je vais me réveiller. Ce n'était qu'un cauchemar...
J'ai décidé de passer mon dimanche dehors, avec Topaze. Je n'ai pas envie de prendre un bain de foule dans les rues de la ville. Nous sommes à Central Park, mon refuge le week-end, lorsque la grande pomme grouille de monde... Le point positif c'est que ma conjonctivite a disparu. J'aurais préféré qu'elle disparaisse un jour plus tôt...
Je n'arrive pas à courir plus de 8km cette fois. Mon corps n'a pas assez récupéré de mes émotions d'hier soir... Je m'arrête près d'un pain d'eau.
Topaze en profite pour fureter. Alors que je fais quelques pas pour reprendre mon souffle, mon téléphone vibre. Je quitte mes écouteurs et le son de Queen.
Je trouve un banc à quelques mètres et je m'y assieds. Mon souffle est court et ma poitrine me fait un peu mal.
Un message de Mathilde : "Slt ma belle ! Je rentre ce soir à 23h. Envie de voir +++ Bizzzz"
Je vais devoir faire face à mes responsabilités. Le sang bat dans mes tempes et mes mains sont moites. Je ne sais pas quoi lui répondre... Le temps que je réfléchisse, mon téléphone sonne. C'est Mathilde !

Miss Mystère :
"Allô..."
Mathilde :
"Salut princesse ! Tu vas bien ? T'as l'air essoufflée..."
Miss Mystère :
"Oui, je faisais un footing avec Topaze. Et toi ça va ?"
Mathilde :
"T'as eu mon message ?"
Miss Mystère :
"Oui j'ai vu..."
Mathilde :
"Je prends l'avion dans quelques heures. Je serai à New York vers 23 heures... J'ai envie de te voir... Juste te faire un bisou et te serrer dans mes bras."

Je devrais sauter de joie mais, au lieu de ça, mon cœur serre. Dire que j'avais peur qu'elle se laisse séduire par d'autres filles et c'est moi qui ai embrassé quelqu'un d'autre !

Miss Mystère :
"23 heures...?"

Je répète, comme une imbécile, l'information pour me donner le temps de réfléchir et d'évaluer la situation.

Mathilde :
"Ouais ! Enfin, le temps que j'arrive chez toi, plutôt 23h30..."

Je me sens si mal que je n'ai pas le courage de la voir ce soir...

Miss Mystère :
"Je... C'est que je ne me sens pas très bien en fait. Ce soir, je vais sûrement me coucher tôt."
Mathilde :
"Ah..."

Elle semble déçue à l'autre bout du fil. Je mets mon poing contre ma bouche et je ferme les yeux, en me maudissant silencieusement. Franchement... Qu'est-ce qu'elle va penser...?

Mathilde :
"Tu es fâchée ?"

(Oh)

Miss Mystère :
"Mais non, Mathilde ! Si j'étais fâchée, tu le saurais déjà ! Tu connais mon caractère de cochon !"

Je l'entends soupirer au bout du fil. Je sens bien que je suis peu convaincante.

Mathilde :
"Les gars m'appellent, je dois y aller. On se voit demain au bureau alors..."

La voix de Mathilde a perdu tout l'enthousiasme du début de notre échange et mon cœur s'écrabouille par terre comme une patate trop cuite. Bravo Miss Mystère !

Miss Mystère :
"Oui ! À demain !"
Mathilde :
"Je t'embrasse."
Miss Mystère :
"Moi aussi..."

Lorsque je raccroche, je fixe un moment le ciel et j'inspire doucement pour retenir mes sanglots. J'ai absolument besoin de conseils, et je sais bien qui je dois appeler pour ça...
Je cherche le numéro de Lola sur mon mobile en espérant qu'elle soit disponible pour une longue discussion...

Lola :
"Allô...?"
Miss Mystère :
"Salut Lola !"

La voix de Lola semble essoufflée et j'entends des bruits derrière elle. Je jurerais entendre une sorte de grognement masculin.

Miss Mystère :
"Euh... Je te dérange peut-être ?"
Lola :
"Non, non... Dis-moi !"

Je l'entends s'éloigner du combiné un instant pour demander quelque chose à une autre personne. Avec qui donc a-t-elle encore passé la nuit...?

Miss Mystère :
"Lola... ça va pas... Je ne sais pas quoi faire..."
Lola :
"Oh... Attends. Deux secondes..."

J'entends quelques bruits indistincts, un échange, et une porte qui se ferme.

Lola :
"Voilà, je suis à toi, ma poulette ! Qu'est-ce qu'il y a ?"
Miss Mystère :
"Je... Je sais même pas par où commencer..."
Lola :
"Eh bien commence par le commencement."

Sa voix est calme, à l'écoute. Elle est prête à me ramasser à la petite cuillère.

Miss Mystère :
"Hier soir... J'ai confondu Daryl avec Mathilde... Et euh... On a passé une soirée très... très..."
Lola :
"Attends... Attends... Comment c'est possible ça ?"
Miss Mystère :
"Eh bien, j'ai cru au départ que c'était Mathilde qui m'appelait pour me dire qu'elle rentrait plus tôt. Nous nous sommes rejoints au bar habituel. J'étais tellement contente de la voir... On a flirté... On a presque été jusqu'au bout en allant jusqu'à mon appartement... Sauf que c'était pas Mathilde mais Daryl !"

Un silence au bout du fil... Lola essaie sans doute de remettre les infos en ordre pour comprendre ce que lui raconte.

Lola :
"Je comprends rien. Mathilde t'a appelée mais c'est Daryl qui est venu au rendez-vous ?"
Miss Mystère :
"Non, en fait Daryl m'appelée et il s'est fait passer pour Mathilde..."

J'ai le cœur dans la gorge, envie de pleurer, mais je retiens mes sanglots.

Lola :
"Oh bordel ! Ça y est j'ai pigé...!!"
Miss Mystère :
"Et maintenant je me sens minable..."
Lola :
"Mais t'as pas vu que c'était pas Mathilde ? Enfin... Je veux dire..."
Miss Mystère :
"Lola, elle et lui sont jumeaux. Leur voix est identique... Daryl avait le même look que Mathilde, ce soir-là... Et j'avais cette conjonctivite qui m'empêchait de voir les détails..."
Lola :
"Dingue !!! Je me souviens, c'est arrivé à une copine... Bon, elle était plutôt consentante, si tu vois ce que je veux dire... Mais, t'as vraiment rien percuté ?"
Miss Mystère :
"Et bien... Je l'ai trouvé plutôt plus entreprenante que d'habitude... Plus... euh... coquine... Mais j'ai mis ça sur le compte de la passion de nos retrouvailles."
Lola :
"Et qu'est-ce qu'il s'est passé ?"
Miss Mystère :
"On a passé la soirée dans un bar. On a discuté, on s'est embrassé et... Et puis je lui ai proposé de me raccompagner. J'avais vraiment envie de plus, tu vois..."

J'entends Lola jurer à l'autre bout du fil.

Miss Mystère :
"Et quand on est arrivé en bas de chez moi... on a été interrompu."
Lola :
"La vache ! Mais t'as rien remarqué à sa façon de t'embrasser... de te prendre dans ses bras...?"
Miss Mystère :
"Non... Et même pire, j'ai vraiment aimé ça... Les choses étaient tellement intenses entre nous, et elle m'a fait des promesses vraiment indécentes..."
Lola :
"Wow... Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi vous avez pas été jusqu'au bout ?"
Miss Mystère :
"Un type, un gangster, s'est arrêté à notre hauteur et a menacé Math... enfin Daryl. Elle m'a ordonné de rentrer chez moi en prétextant que le type en voulait à son frère et qu'elle allait régler l'affaire..."
Lola :
"O...K..."
Mis Mystère :
"Je sais, c'est une histoire de dingues... Et ça ne s'arrête pas là..."
Lola :
"Qu'est-ce que tu veux dire...?"

Je marque un temps d'arrêt et je prends une grande inspiration, en regardant la seule chose qui me renvoie à ma vie normale, Topaze, qui furète innocemment au bord de l'eau.

Miss Mystère :
"Quand j'ai compris le petit jeu de Daryl... j'ai débarqué chez lui comme une furie..."
Lola :
"Oh purée, j'imagine ! J'espère que tu lui as fait passer un sale quart d'heure !!"
Miss Mystère :
"J'étais vraiment partie pour... mais... je l'ai trouvé étalé par terre, près de sa piscine. Il avait été tabassé..."
Lola :
"Oh !! Par qui ? Le gangster ?!"
Miss Mystère :
"Oui, à priori une histoire de gang... Quoi qu'il en soit, je l'ai aidé à remonter dans sa chambre."
Lola :
"Dans sa chambre...? Sérieux ma belle..."
Miss Mystère :
"T'inquiète, il était complètement inoffensif... De toute façon, il avait pas intérêt tenter quoi que ce soit..."

Elle laisse passer un silence. Je sais très bien ce qu'elle pense.

Lola :
"Bon... Et comment tu te sens par rapport à tout ça ?"
Miss Mystère :
"Je me sens... complètement paumée ! Je veux dire... j'ai vraiment ressenti quelque chose dans les bras de Daryl. Il y avait une tension particulière pendant cette soirée..."
Lola :
"Attends... Tu vas pas craquer pour lui, si ?! Et puis, tu as ressenti des choses parce que tu pensais être dans les bras de ta belle brune !"
Miss Mystère :
"Oui, je sais, mais... je veux dire... Et s'il avait vraiment quelque chose entre Daryl et moi...? Il a avoué qu'il avait des sentiments pour moi..."
Lola :
"Miss Mystère, remets un peu d'ordre dans tes idées, ma belle... Est-ce que tu as pensé à Daryl quand tu étais... enfin quand tu pensais être dans les bras de Mathilde ?"
Miss Mystère :
"Je crois pas... Peut-être bien... J'ai bien senti que quelque chose avait changé... J'aurais dû me douter que c'était Daryl..."
Lola :
"Si c'était vraiment le cas, tu ne serais pas si hésitante ! Tu le sentirais au fond de tes tripes, ma poulette ! Arrête un peu de te torturer pour rien..."
Lola :
"Mathilde rentre quand, du coup ?"
Miss Mystère :
"Justement elle rentre ce soir. Elle m'a appelée parce qu'elle voulait passer me voir, avant de reprendre le boulot, mais je me suis sentie trop mal et j'ai décliné son invitation..."
Lola :
"Ma pauvre... Tu comptes lui parler de tout ça ?"
Miss Mystère :
"Oui, je compte le faire... Mais pour l'instant je me sens pas le courage..."
Lola :
"Je pense que c'est important que tu lui en parles. Son frère n'aurait jamais dû faire un truc pareil, c'est important qu'elle le sache ! Il ne faut pas laisser ce mensonge entre vous deux..."
Miss Mystère :
"Oui, tu as sans doute raison..."
Lola :
"Bon, écoute, pour l'instant repose-toi. Aère-toi l'esprit. Demain tu y verras déjà plus clair. Et surtout DÉ-CUL-PA-BI-LI-SE !!!"
Miss Mystère :
"Mmm Mmm..."
Lola :
"Je ne suis pas sur New York ce week-end, je vais devoir te laisser... Si tu as besoin tu me rappelles, ok ?"
Miss Mystère :
"Ah bon ? T'es où ?"
Lola :
"Chez un... ami."

Je la sens sourire. Je vois d'ici son petit sourire triomphant.

Lola :
"Allez... Je te laisse. Reste cool hein ?"
Miss Mystère :
"Oui... Je vais essayer. Bisous."

Lorsque je raccroche je me sens un peu mieux. Lola m'aide toujours à dédramatiser les pires situations. Heureusement qu'elle est là.

(...)

Ce matin, je me suis prise en main, je me suis levée de bonne heure et je me suis habillée version business woman. Une jupe crayon, un chemisier en soie blanc et un petit chignon. Extérieurement, je suis en pleine possession de mes moyens. Intérieurement, je suis tourmentée comme une adolescente.
Mon cœur bat la chamade depuis le réveil. Savoir que je vais enfin retrouver Mathilde me rend... fébrile. Je suis à la fois heureuse et stressée.
Lorsque j'entre dans l'open-space, je la cherche du regard en serrant mon sac entre mes mains gelées. Je m'encourage silencieusement à garder le contrôle. Ne le voyant pas, je pose mes affaires puis je me rends à la cafétéria. Je sais combien elle affectionne son café du matin.
Elle est là, une tasse à la main, appuyée négligemment contre le mur, le regard perdu sur la ville qui s'anime dernière la grande baie vitrée.
Mon coeur rate un battement. Son attitude hyper sexy n'a rien d'étudié, c'est simplement elle. Je déglutis péniblement. Lorsque son regard croise le mien, je prends une décharge de 200 volts. Bon sang ! Il provoque tellement de trouve en moi...
Je lui souris. De toute façon, je ne peux pas faire autrement, je suis trop heureuse de la voir.
Lorsqu'elle est à ma hauteur, elle passe une main le long de ma taille et avance son visage vers le mien pour me faire la bise. Sa bouche dévie doucement vers mes lèvres sans jamais les toucher... Son odeur, celle que j'aime tant, m'envahit tout entière et je crois j'en ferme les yeux.

Mathilde :
"Bonjour mademoiselle..."

Elle murmure à mon oreille. Est-ce qu'elle est seulement consciente de l'espèce de feu ardent que ce simple geste peut déclencher en moi ? Je me recule d'un pas, mal à l'aise. Je sais ce que je dois lui dire, mais j'ai tellement peur de sa réaction ! Les battements de mon cœur s'accélèrent et je fixe le sol.

Mathilde :
"Qu'est-ce qu'il y a...?"
Miss Mystère :
"Il faut que je te dise quelque chose... Quand tu n'étais pas là..."

Je n'arrive pas à la regarder dans les yeux. Je tripote mes mains comme une petite fille prise en faute pendant que j'inspire pour me donner du courage.

Mathilde :
"Tu es fâchée pour Miami, c'est ça ? C'est pour ça qu'hier t'as pas voulu me voir ?"
Miss Mystère :
"Non, bien sûr que non Mathilde..."
Mathilde :
"Je pouvais pas refuser... Colin est mon ami..."
Miss Mystère :
"Je sais... je te dis que c'est pas ça."

Elle se tait et m'observe. Je regarde nerveusement autour de moi pour m'assurer que personne ne puisse nous entendre. Je ne peux plus faire marche arrière maintenant...

Miss Mystère :
"Quand tu n'étais pas là, samedi soir, ton frère s'est fait passer pour toi..."

Le beau visage de Mathilde se ferme. Maintenant je lis de l'incompréhension dans ses yeux noisette.

Mathilde :
"Quoi...?"

Sa voix est calme, mais elle n'en est pas moins pleine d'inquiétude...

Miss Mystère :
"Il s'est fait passer pour toi toute la soirée... On a été dans un bar et on s'est... embrassés."

Les lèvres de Mathilde s'ouvrent et se referment plusieurs fois pendant que ses sourcils se froncent. Mon cœur se serre.

Miss mystère :
"Mais il ne s'est rien passé de plus ! Je te le jure ! Je me sens minable... Je ne pouvais pas te le cacher. Fallait que je te le dise..."

Elle reste muette. Elle semble profondément choquée. Elle pose son café doucement en fixant la table. Lorsque ses yeux se reposent sur moi, ils sont plus durs.

Mathilde :
"T'es en train de me dire que tu m'as confondu avec mon frère ?"
Miss Mystère :
"Je sais... C'est complètement dingue ! Mais j'avais une conjonctivite et je voyais pas bien... Ajouté à ça que Daryl a joué ton rôle à la perfection !"
Mathilde :
"Tu te fous de ma gueule...? Tu vas me dire qu'à cause d'une pu..."

Elle s'aperçoit qu'elle haussé la voix. Elle hoche la tête et passe ses mains dans ses cheveux.

Mathilde :
"À cause d'une conjonctivite...?"

Mon cœur éclate en morceaux lorsqu'elle me lance un sourire narquois et me regarde comme si j'étais la crétine du siècle...

Miss Mystère :
"C'est pas que ça, Mathilde... Daryl a vraiment..."
Mathilde :
"C'est pas croyable... Me confondre avec mon frère..."

Elle ne me laisse pas finir. Elle semble penser que je me moque d'elle... J'ai l'impression de n'avoir aucune chance de pouvoir m'expliquer. Je suis doublement blessée. D'abord Daryl se joue de moi ensuite Mathilde me le fait payer...! Je leur ai fait quoi, à ces deux-là, pour mériter ça ?

Miss Mystère :
"Oui j'aurais dû voir que c'était pas toi ! Je me sens super mal depuis !!!"

Sur ce, je tourne les talons et m'enfuis. Je cours presque vers l'ascenseur. Je n'ai plus le courage de l'affronter, d'affronter son regard désabusé, d'affronter mon erreur, ses reproches. Avant que les portes de mon refuge ne se referment, elle les bloque et se glisse à l'intérieur. Sa poitrine se tend et se détend lourdement comme si elle peinait à respirer.
Elle appuie brutalement sur le bouton de fermeture. Elle se tient à un mètre de moi, puissante, magnifique. J'ai envie de pleurer devant cette femme exceptionnelle que je suis sur le point de perdre. Elle ne prononce pas un seul mot. On dirait qu'elle réfléchit à ce qu'elle s'apprête à me dire.

Mais Mystère :
"Je m'en veux tellement... ! Depuis que j'ai compris ce que Daryl m'a fait ! Je redoutais ce moment où je devrais tout te dire je voulais pas te mentir !"
Mathilde :
"Vous vous êtes embrassée... Pas plus...?"

Elle a murmuré, les lèvres pincées, le regard dans le vide, comme si elle se parlait à elle-même. Je vois le muscle de sa mâchoire se tendre.

Miss Mystère :
"Oui... Tout ça ne voulait rien dire pour moi... ça n'a aucun sens ! Et on est pas allé plus loin !"

Les portes s'ouvrent derrière Mathilde. Un type en costard cravate, la mine morne, s'apprête à entrer.

Mathilde :
"C'EST OCCUPÉ !"

Le type ouvre des yeux ronds. Elle rappuie sur le bouton de fermeture et lance l'ascenseur au plus haut de son ascension. J'ai mal au cœur de la voir dans cet état.

Mathilde :
"Comment t'as pu me confondre avec lui ?"
Miss Mystère :
"Mathilde... Je... Je te l'ai dit... Je m'en veux tellement ! Je n'arrive pas à me l'expliquer ! Jamais je n'aurais dû te confondre avec lui, parce que... parce que..."

Mon cœur tambourine dans ma poitrine, j'ai l'impression de suffoquer dans ce petit espace. Mathilde se rapproche lentement de moi, je me sens prise au piège.

Mathilde :
"Parce que...?!"
Miss Mystère :
"Parce que j'ai des sentiments pour toi, Mathilde ! Parce que le seul fait que tu sois seule avec moi dans cet ascenseur me fait perdre le contrôle ! Parce que je pense à toi tout le temps ! Depuis des mois j'essaie de te faire comprendre que je veux être plus qu'une collègue pour toi... Mais j'ai trop peur que tu ressentes pas la même chose !"

Voilà ! C'est lâché ! Elle reste muette pendant quelques secondes. Je la regarde fixement : je me sens complètement vulnérable, je viens de jeter mon armure à ses pieds. Son regard s'adoucit, mais je n'arrive pas à discerner ce qui se passe dans sa tête à ce moment précis. J'ai l'impression que l'air me manque, que ma poitrine est comprimée.

Mathilde :
"Je vais te montrer tout de suite comment je peux prendre tes lèvres et tu ne feras plus jamais l'erreur de me confondre avec mon frère."

Au ton de sa voix, à l'annonce de cette promesse, mes jambes flageolent et ma respiration se coupe d'un coup.
Je fixe à tour de rôle les yeux et la bouche de Mathilde. Je chancelle jusqu'à m'appuyer contre la paroi, à la fois excitée et intimidée par les intentions de cette femme qui me fait face. Tout à coup, elle fond sur moi en une simple enjambée.
Elle attrape habilement mes deux poignets qu'elle plaque avec fougue contre la paroi, de chaque côté de ma tête. Lorsqu'elle prend possession de mes lèvres, j'ai l'impression qu'elle me prend tout entière. J'ai le sentiment de lui appartenir, d'être à elle. Comme si elle reprenait son dû. Sa poitrine écrase ma poitrine, sa langue s'insinue autour de la mienne, ses mains me maintiennent fermement.
Heureusement, car toute la tension retenue dans mon corps frêle vient de se vider d'un coup et mes jambes flageolent. Je n'ai aucune envie de lutter, au contraire je savoure ce moment. Son parfum m'enveloppe tandis que sa peau de bad girl se presse contre la mienne. Elle passe une jambe entre mes cuisses pour me posséder davantage. J'étouffe un gémissement de surprise.
Je crois qu'un bouton de mon chemisier a sauté sous la brutalité de son étreinte. Je la laisse prendre de moi ce qu'elle veut, j'me laisse aller à son rythme infernal. Pour une fois, je lâche prise.

Personne ne m'a jamais embrassée avec une telle passion et je n'ai jamais ressenti pareille intensité dans les bras d'une femme. Même pas ce fameux soir avec Daryl... Elle a le don de supprimer tout ce qui entoure, de me plonger dans un tourbillon de sensations où il n'y a qu'elle qui s'empare de moi.
Je veux cette femme. Je la veux au plus profond de moi. Je la veux depuis le premier jour. Tout mon corps vibre pour elle, comme s'il avait été fait pour mes bras. La sensuelle et profonde caresse de sa langue sur la mienne, ses mains qui me dominent, son corps ferme qui écrase le mien. Impitoyablement...
Ne pouvant pas bouger les bras ni les jambes, je décide de me cambrer au maximum pour ne laisser aucun espace en elle et moi. J'en veux plus, je la réclame. Je la sens se tendre contre moi pendant qu'elle resserre son étreinte. Il n'y a que le bruit de nos bouches qui se mêlent l'une à l'autre et de nos souffles saccadés.
L'ascenseur peut s'ouvrir à tout moment, ça n'a pas la moindre importance. Le temps se suspend, je suis dans un autre monde, celle de Mathilde...

(...)

Après le travail, Mathilde est allée directement, je cite, "régler l'affaire" avec Daryl... Je suis inquiète, je ne sais pas ce que ça va donner. Est-ce qu'ils vont se battre ? Leur relation est tellement étrange que je me demande sincèrement comment ils vont régler leurs comptes...
Tout ça... Toute cette situation... Je me sens tellement mal... J'ai l'impression d'être au centre d'une comédie dramatique où l'héroïne se retrouve courtisée par le frère et la sœur.
J'ai décidé de profiter de la fin d'après-midi pour aller courir au parc avec Topaze. Lorsque je repense au baiser torride de Mathilde, des sensations parcourent tout mon corps. C'est la première fois que je la vois si entreprenante. C'était comme si elle reprenait ce qui lui appartient. Comme si la bad girl qu'elle était auparavant n'était pas si loin finalement. C'était... intense. Voilà encore un truc croustillant dont Lola se délectera...
Je ferme les yeux un instant pour repenser à son baiser. Cette façon qu'elle a eue de prendre possession de mes lèvres donne à mon imagination tout le loisir de fantasmer sur une nuit avec elle...
Je secoue vivement la tête et je souffle pour me remettre les idées en place. Sur mon iPod je passe "One Direction" à quelque chose de moins sensuel. Voilà qui m'aidera à me concentrer. Le don de Dr. Dre qui rythme mes foulées me fait repenser à ces voyous qui ont agressé Daryl...
Je ne sais pas ce qui s'est réellement passé, mais j'ai juste peur il implique Mathilde d'une façon ou d'une autre...
Que Daryl se fasse frapper parce qu'il le cherche est une chose, qu'ils s'en prennent à Mathilde en est une autre.
Je repense au tatouage qui ornait l'un de ses pectoraux. Je me demande si ce tatouage... Après tout, elle a aussi un passé sulfureux et elle a vécu la rudesse de la rue. Je ne serais pas étonnée qu'elle en ait un quelque part... Je rougis lorsque je pense à ces parties d'elle que j'ai pas encore eu l'occasion de détailler...
Je n'aime pas beaucoup les tatouages... Je me suis toujours dit que ça vieillit super mal... Je me surprends à avoir des pensées légères pour la première fois depuis cette soirée avec Daryl. J'espère seulement que la confrontation entre ces deux-là ne va pas être trop dramatique...
Après notre balade avec Topaze, j'ai attendu sur le sofa un appel, un message de Mathilde. Je ne supporte pas d'être si dépendante.
Alors que je vais pour me cuisiner quelque chose grignoter, mon téléphone sonne. Je me brûle presque pour en sortir mes croque-monsieur du four et prendre l'appel.

Miss Mystère :
Allô ?"
Mathilde :
"C'est moi."

La voix de Mathilde est indéchiffrable.

Miss Mystère :
"Tu... Tu vas bien ?"

Elle laisse un silence perturbant s'installe au bout du fil. Elle paraît durer une éternité. L'angoisse monte ; j'ai l'impression de la perdre.

Mathilde :
"J'ai vu Daryl."

Elle peine à s'exprimer. Cette histoire doit lui faire beaucoup de mal. Mon coeur se serre.

Mathilde :
"C'est réglé."
Miss Mystère :
"Vous... Vous avez réussi à parler calmement ?"
Mathilde :
"On s'est pas battu, on sait très bien que ça réglera rien. On a réglé ça entre nous, Miss Mystère."

Je sens du sarcasme dans sa voix et je déteste ça, parce que ça ne lui ressemble pas. J'espère seulement que Daryl ne lui a pas raconté n'importe quoi sur moi... Sur ce qui s'est passé à la soirée.

Mathilde :
"Tu as rien d'autre a me dire à propos de cette soirée..."

Nous y sommes. Mon cerveau met le mode warnings. Qu'est-ce que Daryl a bien pu lui dire ?!

Miss Mystère :
"Non Mathilde... Je... vois... pas..."
Mathilde :
"Donc c'est pas toi qui as eu l'excellente idée de débarquer chez lui alors que des gangsters étaient passés plus tôt lui mettre la tête au carré...?"

J'étais tellement obnubilée par cette histoire d'imposture que j'ai complètement omis l'histoire du gang.

Miss Mystère :
"Je voulais t'en..."
Mathilde :
"Tu te rends compte qu'ils auraient pu être encore là, ces types...?"
Miss Mystère :
"Je sais me défendre..."

Elle souffle et jure.

Mathilde :
"S'ils s'en sont pris à Daryl, tu crois qu'ils auraient fait quoi avec toi, une belle fille seule ?! Tes poings t'auraient servi à rien contre leurs armes !!"

Cette fois elle est clairement énervée.

Miss Mystère :
"C'était pas prudent... Je sais !"
Mathilde :
"Tu prends pas le truc au sérieux... Tu t'es pas dit qu'il fallait me parler de ça aussi ?"
Miss Mystère :
"Je voulais te protéger Mathilde ! Je voulais pas que Daryl t'implique là-dedans."
Mathilde :
"Ouais... Et... tu l'as aidé à monter dans sa chambre, au lieu d'appeler les secours...?"
Miss Mystère :
"Je voulais appeler les secours... Mais il n'a pas voulu. Alors je l'ai aidé à remonter dans sa chambre et je suis partie..."

Je l'entends inspirer lourdement.

Miss Mystère :
"J'aurais dû faire quoi, au juste ? Le laisser crever par terre, comme un chien ?!"

Je suis clairement sur la défensive. Je commence à en avoir marre ses remontrances et de devoir ramasser pour Daryl alors que j'ai simplement apporté mon aide !

Mathilde :
"Bien sûr que non ! J'aurais juste aimé que tu me dises toute la vérité !"

Je lâche un soupir. J'ai l'impression de tout faire mal...

Miss Mystère :
"Tu m'en veux parce que je suis allée chez lui alors que j'aurais pu tomber sur des sales types, ou tu m'en veux parce que je l'ai emmené dans sa chambre ?"
Mathilde :
"Miss Mystère..."
Miss Mystère :
"Réponds-moi ! J'essaie de comprendre si tu penses que j'attendais quelque chose dans la chambre avec Daryl ! Juste pour que je comprenne pour quelle fille tu me prends..."
Mathilde :
"Tu veux pas comprendre, c'est pas grave... Écoute... Je dois y aller, là..."
Miss Mystère :
"Je te vois ce soir ?"
Mathilde :
"Euh... Non. Je suis à la salle... J'ai un p'tit gars à entraîner..."
Miss Mystère :
"Ok..."

Un silence s'installe pendant quelques interminables secondes.

Mathilde :
J'dois y aller. A plus."

Lorsqu'elle raccroche, je me sens frustrée. Il est hors de question que Mathilde l'évince de cette façon ! Je vais aller à la salle de sport et nous allons avoir une discussion !
Lorsque j'arrive, je balaye la salle du regard à sa recherche. Je l’aperçois au fond, vers l'accueil. Elle parle avec deux jeunes. Ils ne doivent pas avoir plus de 10 ou 12 ans.

Je sais qu'elle m'a vu mais je la laisse terminer et je commence à m'échauffer en faisant quelques étirements. Pendant que je fais rouler mes épaules, j'en profite pour jeter un coup d'œil aux photos derrière moi. Plusieurs d'entre elles montrent Mathilde, son éternelle sourire aux lèvres, avec les gosses du quartier.
Je commence à mieux comprendre pourquoi elle fait tout ça pour eux. Elle aurait sûrement aimé qu'on fasse pareil pour elle. Mais qui se soucie de ces enfants indésirables...?

Mathilde :
"Je pensais pas te voir là."

Je sursaute. Et je me retourne vers elle dont le regard se pose sur les photos.

Mathilde :
"Des années de travail pour que ces jeunes finissent pas comme mon frère..."

Il y a de la mélancolie dans sa voix.

Miss Mystère :
"Tu peux pas comparer ton parcours avec celui de Daryl. Vous êtes différents..."
Mathilde :
"Oh... Vraiment ?"

Un jeune garçon interrompt le malaise en tapant sur l'épaule de Mathilde. Il lui fait un signe que je ne comprends pas et l'accompagne d'un clin d'œil avant de repartir. Lorsque elle se retourne vers moi je ne sais pas comment continuer cette conversation...

Mathilde :
"Désolé, faut que j'y retourne, je dois finir avec mes amis..."
Miss Mystère :
"D'accord... On pourra s'entraîner après. J'ai toute la nuit."

Elle me regarde un instant. Elle sait qu'elle ne s'en tirera pas en essayant de m'éviter. Elle m'adresse un dernier regard puis s'éloigne vers ses amis. Les minutes passent jusqu'à ce les derniers élèves quittent la salle. Mathilde donne une dernière accolade à un gamin qui semble l'admirer, avant de se diriger vers moi.

Miss Mystère :
"Bon... On se fait un entraînement ?"

Elle semble hésiter un moment. Mais, elle ne compte pas partir d'ici avant que nous ayons réglé nos comptes !

Mathilde :
"Si tu veux..."

Sa nonchalance me blesse. Mais je ne me remonte pas et approuve de la tête tout en préparant mes gants. Non montons sur le ring, chacune de notre côté, pour nous faire face. Je sens que nous allons régler nos comptes ici, comme c'est déjà arrivé par le passé.
Sans prévenir Mathilde envoie un coup de pieds. Je l'évite de justesse mais je perds l'équilibre. Je peste d'avoir été déstabilisée si facilement.

Mathilde :
"Alors ? Je croyais que tu savais te défendre...?"

Je réajuste ma garde et je fronce les sourcils. Je n'aime pas le ton qu'elle prend... Elle est encore en train de me sermonner... Je fonce sur elle et je balance un coup contre son flanc, puis je la pousse contre le filet. Ce simple mouvement me fait un bien fou.

Miss Mystère :
"Je sais me défendre..."

Elle s'avance rapidement puis elle attrape mes mains et les bloque sous ma poitrine tandis qu'elle me retient... Ses bras enserrent les miens et emprisonnent mon buste, de sorte que le haut de mon corps est inoffensif. Je prends appui sur mes pieds pour remonter les genoux à ma poitrine, vivement. Mais elle ne doit pas relâcher son emprise pour autant et, lorsque mes pieds touchent à nouveau le sol, elle me bloque toujours. J'avais oublié la force qu'elle a ...
La dernière fois que nous étions si proches, c'était pour tout autre chose, et je dois dire que mon esprit s'écarte de notre activité première lorsque je sens son souffle sur ma nuque. Automatiquement je me sens tout de suite en confiance et mon corps se détend... Je me laisse aller contre elle. Elle murmure à mon oreille.

Mathilde :
"Et maintenant... T'es dans les bars de qui ? De Daryl ou moi...?"

(Quoi ?!)

Instantanément mon corps se crispe comme si on me plantais un couteau dans le dos. Je tente de me libérer mais elle ne relâche toujours pas emprise. L'angoisse me saisit et les larmes me montent aux yeux.

Miss Mystère :
"LÂCHE-MOI !!"

Je me débats presque comme une furie et, lorsqu'elle finit par me lâcher, je tombe lourdement sur le sol. Mes genoux absorbent le choc. Lorsque je relève les yeux, Mathilde me regarde fixement, comme si elle venait de réaliser la cruauté de ses paroles. J'en ai le souffle coupé.

Mathilde :
"Pardon... Je..."
Miss Mystère :
"T'es vraiment une idiote... Pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi tu me tortures comme ça ? Je dois faire quoi pour ne plus lire cette déception dans ton regard ?"
Mathilde :
"Excuse-moi, ma belle..."

Elle se précipite vers moi. Elle se met sur les genoux pour venir à ma hauteur. La salle est vide, nous n'entendons que le bruit de la lampe vétuste qui crépite au-dessus de nos têtes.

Miss Mystère :
"Je dois faire quoi...?

Je sanglote et répète cette phrase. Elle passe doucement ses bras le long de mes épaules mais j'esquisse un mouvement de recul.

Miss Mystère :
"Si j'ai tout fichu en l'air tu n'as qu'à me le dire !!! Mais ne joue pas avec mes sentiments !!! J'ai pas mérité ça, d'accord ?!"
Mathilde :
"Non je..."

Je passe doucement mes mains sur mes genoux endoloris et je fixe le sol. Je me sens impuissante, esclave de mes sentiments pour cette femme.

Mathilde :
"Je suis trop conne. Pardon..."

Elle ferme les yeux une seconde. Je vois le muscle de sa mâchoire tressauter pendant que ses épaules s'affaissent. De toute évidence elle semble se maudire intérieurement. Elle relève la tête vers moi puis elle prend doucement la mienne entre ses mains et vient tendrement la poser sur sa poitrine. Le contact est si doux que, cette fois, je me laisse faire.

Mathilde :
"Je t'ai imaginée toute la soirée dans ses bras... Et puis... dans sa chambre et... Je sais pas... toute cette proximité que vous avez eu tous les deux, ça m'a mise hors de moi..."
Miss Mystère :
"Je l'ai juste aidé à monter sur son lit..."
Mathilde :
"Je sais... excuse-moi, je me sentais blessé... Je ne veux pas que Daryl te... J'aurais dû te dire ça... Bordel... je suis qu'une idiote..."

Nous restons ainsi plusieurs longues minutes. Elle en train de caresser mes cheveux et moi, collée à elle, à pleurer dans son tee-shirt.

Mathilde :
"J'ai envie qu'on tente quelque toi et moi, mais... Un jour j'ai peur de te blesser et, ce jour-là, tu me détesteras..."

Mon cœur s'enveloppe de douceur et ma tête de cocker dépressif se dégage d'elle pour l'observer. Je suis pendue à ses lèvres, pleine d'espoir.

Miss Mystère :
"Me blesser ? Pourquoi me blesser ?"
Mathilde
"Parce que c'est le risque que tu prends en étant ma petite amie."

Je ne comprends pas bien ce qu'elle veut dire par là... Mais rien que le fait qu'elle emploie le mot "petite amie" enveloppe mon cœur d'une chaleur réconfortante. Je passe une main pour essuyer mes larmes. Mon dieu, je dois être absolument affreuse ! Je m'écarte un peu d'elle.

Miss Mystère :
"Désolée, je dois ressembler à rien..."
Mathilde :
"Dis pas n'importe quoi. T'es toujours magnifique."

Elle relève délicatement mon menton entre ses deux mains et essuie mes larmes avec ses pouces. Puis elle dépose un délicat baiser sur mon front. Ce geste est si tendre que j'en ferme les yeux...

Mathilde :
"Est-ce que ça te dirai que t'emmène manger les meilleurs nachos de Brooklyn ?"

Je lui sourit timidement. Je retrouve cette voix que j'aime tant. Légère, délicieusement innocente et exempte de tout vice. Je me contente d'un léger mouvement de tête tout en poussant un petit soupir. Je la vois soutenir un peu ses côtés.

Mathilde :
"T'y as pas été de main morte sur le premier coup, petite furie..."

J'étouffe un rire nerveux pendant qu'elle m'aide à me relever. Elle me fait un petit bisou.

Mathilde :
"Je te laisse te passer un peu d'eau pendant que je ferme la salle. Le restau est à deux rues d'ici."

Quelques jours sont passés. Nous n'avons pas reparlé de Daryl. Avec Mathilde nous avons décidé d'aller de l'avant et de mettre cette histoire de côté. Depuis je n'ai eu aucun contact avec Daryl. Et c'est très bien comme ça ! Je ne veux plus le voir toute façon... Du moins, pas avant un bon moment. Il a failli tout gâcher entre Mathilde et moi. Pour ça je lui en veux encore beaucoup.
Pour l'heure, je suis en train de jouer avec les boucles de mes cheveux en repensant à notre entrevue avec Mathilde.
Nous sortons ensemble, mais en cachette. Nous ne savons absolument pas comment nos supérieurs pourraient prendre la chose. Alors, dans le doute, nous restons discrètes. Du coup, nous passons le plus clair de nos pauses dans le garage que Mathilde loue à la société, pour sa moto.
Plus ça va et plus j'ai envie d'arrêter de me cacher. Égoïstement, je voudrais crier au monde entier que cette belle femme, terriblement sexy, sort avec moi.

Mathilde :
"Hey !"

Je sursaute et sors violemment de mes pensées lorsqu'elle me pince doucement à la taille. Je glousse comme une gamine à ses chatouilles.

Miss Mystère :
"J'ai du travail, mademoiselle. Allez jouer ailleurs..."
Mathilde :
"C'est vrai que... vous mettez beaucoup de cœur pour que votre collègue soit épanouie. C'est important."

Elle se penche vers moi pour me faire une confidence en chuchotant.

Mathilde :
"D'ailleurs, à ce propos, j'aurais bien besoin d'un bisou ou deux pour me motiver à me remettre sur ce dossier..."

Je pouffe de rire et je lève les yeux au ciel.

Miss Mystère :
"Si tu t'y remets pas tout de suite, tu vas surtout avoir un coup de pieds au cul."

Elle prend sa tête de petite maline.

Mathilde :
"C'est pas mon truc la fessée, m'dame."

Je regarde nerveusement autour de moi, en espérant que personne n'ait entendu, et je lui fais signe de lui mettre la fessée si elle n'arrête pas, ce qui la fait éclate de rire.
Après plusieurs minutes de calme, je vois Mathilde se tortiller sur sa chaise. Elle se décale et je sens qu'elle m'observe. De toute évidence elle veut me dire quelque chose.

Miss Mystère :
"Quoi...? Si t'as une bêtise à dire, dis-la, au lieu de trépigner comme ça !"
Mathilde :
"Je me disais... Est-ce que ça te dirait de... de venir chez moi, ce soir ?"

(OH !!!)

Elle ne peut pas me lâcher ça ainsi ! Maintenant ? Au travail !!!

Miss Mystère :
"Tu veux dire... Juste toi et moi... Chez toi ?"
Miss Mystère :
"Oui, c'est ce que je voulais dire. Mais, si vraiment tu as peur d'être seule avec une mauvaise fille, tu peux amener Topaze."

Lorsque je repense à la boulette de Topaze, cette fameuse soirée où nous nous sommes enlacés avec elle, je lui fais non de la tête. Elle me sourit, comme si elle lisait dans mes pensées.
Je mets toute la volonté du monde à ne pas sauter de joie : je ne veux pas lui montrer que j'attends ce moment depuis... on va dire longtemps.

Miss Mystère :
"Tu veux que j'apporte quelque chose ?"
Mathilde :
"Tu peux apporter quelque chose à boire. Je te ferai la cuisine ! Je compte te faire craquer sur le dessert."

Je m’empourpre pendant qu'elle me dévisage, innocente. Parfois je me demande si elle saisit tout le sens de ses paroles.
Parce que là, tout de suite, je ne pense pas vraiment à une tarte aux pommes...! Je m'éclaircis la voix pour acquiescer.
Ok. Maintenant il va falloir travailler et résister à l'envie de dévaler les étages pour élaborer avec Lola toute ma préparation pour la soirée à venir...
N'y tenant plus, je décide de me rendre en salle de pause pour prendre une boisson, pendant que Mathilde s'est fait accaparer par un collègue pour réaliser une affiche, ou je ne sais quoi.
J'en profite pour envoyer un message à Lola pour qu'elle me rejoigne. Je glousse comme une petite pendant que je tape le sms.

Cassidy :
"Vous vous amusez bien, mademoiselle...?"

(C'est pas vrai ! Voilà que ça devient une habitude !)

Miss Mystère :
"Bonjour mademoiselle Sparke."

Je lui fais mon plus beau sourire puis je continue de taper mon message, l'air de rien. Je l'entends lâcher un petit rire narquois.

Cassidy :
"Je vois que vous êtes bien détendue... On se demande presque si vous êtes au travail..."

Je relève sur elle des yeux méprisants. Je plisse les lèvres, prête à répliquer, mais Colin me coupe dans mon élan.

Colin :
"Allez... On a tous des moments où on s'détend un peu Cassy, pas vrais ?"

Il vient de me rejoindre et lance un regard entendu à Cassidy qui détourne rapidement ses yeux de garce. Je les regarde à tour de rôle, complètement hallucinée. Je n'en reviens pas qu'il puisse lui parler sur ce ton ! Cassidy fait volte-face, une grimace de dégoût sur le visage, avant de quitter la pièce. Alors là !!! Les bras m'en tombent !!

Miss Mystère :
"Merci Colin !"

Il se contente d'un hochement de tête.

Colin :
"J'ai pas aimé qu'elle te parle comme ça."
Miss Mystère :
"Oui, j'ai vu... En tout cas, si je m'avisais de lui parler sur le même ton, je serais déjà au chômage..."
Colin :
"Cassy et moi... On a nos petits secrets..."
Miss Mystère :
"Quel genre de secrets...?"

Colin tapote le bout de mon nez avec son index.

Colin :
"On t'a jamais dit que la curiosité était un vilain défaut ?"

Ce geste venant de lui m'étonne tellement que je reste plantée sur place. Devant ma mine stupéfaite, il poursuit sur un ton égal.

Colin :
"Alors, elle s'est décidée ?"
Miss Mystère :
"Quoi ?"
Colin :
"Mathilde..."
Miss Mystère :
"Je... Euh..."
Colin :
"J'sais que vous sortez ensemble... Si elle s'était pas décidée avec tout le bla-bla qu'elle m'a fait sur toi pendant qu'on était à Miami, j'l'aurais forcé à t'inviter."

(Oh !! Mathilde a parlé de moi à Colin !)

Miss Mystère :
"M'inviter...?"

Il remue la tête de droite à gauche et me fait un clin d'œil avant de me laisser plantée là.

(Mathilde lui a dit pour ce soir...?)

J'ai speedé comme une folle pour terminer mon travail plus tôt ! Quand je suis rentrée à l'appartement, j'ai sorti Topaze.
Maintenant j'ai une heure pour arranger ce que vois dans le miroir. Je me déhanche et croise mes mains sous la poitrine, version Cassidy bitch, en faisant une moue dégoûtée.

Miss Mystère :
"Soit on espère un miracle... Soit on se met au taf, ma fille !!"

Je lance la musique sur mon portable. C'est un élément indispensable à une préparation digne de ce nom. Je mets : Je mets Riri à fond ! Tant pis pour le papi du dessus. "Work" résonne dans tout l'appartement. Topaze s'est couché ; il sait qu'il n'a qu'à attendre que ça passe. Je me trémousse et chante le refrain avec pour micro improvisé ma brosse à cheveux.

(Quoi...? Que celle qui n'a jamais fait ça me jette la première pierre...)

Je me déplace en roulant des hanches, avec des mouvements de tête en mode "je le vaux bien", tout en m'avançant vers mon placard.
Lorsque ma playlist continue sur "Mambo n5" Je saute sur place. Je danse avec un cavalier imaginaire, je chante à tue-tête et je tourne sur place en manque de me cogner.

Miss Mystère :
"A little bit of Mary all night loooooooong, a little bit of Miss Mystère for Mattouuuuneyyyy..."

J'éclate de rire devant la tête désespérée de Topaze qui est sûrement en train de penser que sa patronne a fissuré. Je fais une pirouette et je prends la pose.

Miss Mystère :
"Bon... Voyons voir ce qu'on a là..."

Je regarde d'abord dans mon petit tiroir à dessous. Pas celui de tous les jours... Celui où je range amoureusement ma lingerie de luxe... Un sourire carnassier se dessine sur mes lèvres lorsque du bout des doigts je soulève ma combinaison en soie... Je ricane en étalant délicatement l'étoffe sur le lit. Un instant je me rends compte que cela fait peut-être des années que je n'ai pas eu de rendez-vous avec une femme qui compte...
Un voile de douceur enrobe mon petit cœur. Avec Mathilde j'ai l'impression de rouvrir enfin la porte que j'avais fermée depuis longtemps par protection...
Devant l'étendue de mon dressing, je réfléchis à ce que je vais porter. Je choisis cette robe noire qui dessine parfaitement mes formes féminines. Elle est sexy sans être vulgaire. Au moins elle annoncera à Mathilde l'humeur dans laquelle je me trouve. Je file me maquiller. J'opte pour un maquillage... Plutôt léger... Je vais chez Mathilde pas en discothèque... Et puis je sais qu'elle n'a pas besoin que je sois trop apprêtée pour me trouver jolie.
Une fois prête, je mime un bisou à mon miroir en pensant à ma belle brune. L'excitation me donne un joli teint, un peu rosé sur les pommettes. Et j'ai un sourire incrusté sur les lèvres.
L'heure tourne, je dois y aller ! Je laisse mes cheveux libres et j'attrape mes chaussures. Je pioche dans mes talons dits "raisonnables". Sexy, mais safe. La dernière fois que j'ai mis des échasses, je me suis foulé la cheville... Je rigole à l'idée d'arriver en clopinant chez elle.
Vérifiant une dernière fois ma toilette, je me parfume et j'attrape mon sac, le cœur battant. J'ai l'impression de m'apprêter à passer la nuit la plus belle de mon existence. Je fais un petit bisou sur le crâne poilu de Topaze. Je prends la bouteille de vin rouge que j'avais laissée sur le bar et je sors de l'appartement.
Lorsque le taxi me dépose devant l'adresse indiquée par Mathilde, mon cœur bat la chamade. C'est étrange, mais, jusqu'à présent notre relation était floue... Un jour évidente et le lendemain incertaine, sans vraiment jamais cerner la limite entre les deux. Cette fois elle officialise les choses... Elle invite sa petite amie à dîner chez elle. Et sa petite amie, c'est moi !

(Eh ouais)

Pendant que j'attends qu'elle m'accueille, je trépigne d'un pied sur l'autre en priant intérieurement qu'elle ne fasse pas une de ses volte-face !
Lorsqu'elle ouvre la porte, je me sens tout intimidée. Pourtant c'est bien elle qui se tient devant moi. Toujours aussi craquante...

Mathilde :
"WOW princesse !"

Je m'avance rapidement vers elle pour lui voler un petit bisou. Cela fait quelques secondes qu'elle est devant moi et j'ai déjà envie de l'embrasser...

Miss Mystère :
"Bonsoir..."
Mathilde :
"Bonsoir à toi aussi..."

Elle me fait son sourire craquant, celui pour lequel n'importe quelle fille pourrait tuer pour qu'elle lui soit adressée. Elle me fait signe d'entrer.

Mathilde :
"Au fait j'ai proposé à un pote de venir..."

(Quoi ?!!)

Mathilde :
"Je plaisante ! Entre !"
Miss Mystère :
"T'es vraiment nulle... pffff"

Je lui donne une calotte comme on punit gentiment une gamine, ce qui la fait rire. Je rigole à mon tour. Mon cœur rate un battement lorsque je découvre son appartement. Elle a tout préparé pour que ce soit romantique. La lumière est tamisée et elle a disposé des petites bougies partout.
Je me sens fébrile lorsque je remarque, au fond de la pièce, le lit dont la couverture a été recouverte de pétales de roses...

Miss Mystère :
"Mathilde, c'est trop mignon..."

Mon cœur d'éternelle romantique est complètement conquis ! Des larmes d'émotion menacent... Aucune femme n'a eu pour moi une attention aussi délicate.

Mathilde :
"Si vous voulez bien vous asseoir."

Je vois ses yeux s'égarer un instant sur mes hanches lorsqu'elle me montre les chaises de bar devant moi. Je me déplace lentement, pieusement, en observant la pièce. L'appartement est typique de Brooklyn. Les murs sont faits de briques et le plafond est un peu vétuste. Pourtant elle émane du lieu quelque chose d'à la fois rassurant, simple et chaleureux, à l'image de celle qui l'habite. Je jette un coup d'œil sur celle qui s'affaire derrière le bar.

Miss Mystère :
"Tu habites ici depuis longtemps ?"
Mathilde :
"Depuis quelques années, oui. Pour le peu que j'y suis, ça me suffit. J'ai pas besoin de grand-chose de ce côté-là. Je préfère continuer à pratiquer mes loisirs et à entretenir ma bécane... C’est elle qui me pompe tout mon pognon !"

Elle rigole pendant qu'elle sort deux grands verres d'un petit placard, au-dessus de l'évier. Un simple coup d'œil sur les murs me confirme sa passion pour la moto. Il y a plusieurs affiches sur le sujet. Je note, amusée, la façon peu recherchée de leur disposition.
Je fixe les gants de boxe accrochés à côté d'une des fenêtres.

Mathilde :
"Voilà princesse !"

Elle pose fièrement devant moi deux cocktails aux belles couleurs acidulées, dans lesquels elle a disposé de grandes pailles.

Miss Mystère :
"Mmm ça a l'air bon !"
Mathilde :
"C'est le cocktail de la maison. Des jus de fruits pressés avec une peu de vanille, du sucre de canne et une tranche de citron vert ! Goûte !"

Mathilde me regarde avec des yeux impatients, comme une gamine qui montrerait quelque chose dont elle fier.
Lorsque le nectar chatouille mes papilles, je ne peux retenir un petit gémissement de plaisir.

Miss Mystère :
"Mmm... ! C'est trop bon !"

Elle me fait son plus beau sourire, visiblement satisfait de son petit effet.

Mathilde :
"Et on n'en est qu'à l'apéro..."

Devant sa tête d'idiote je rigole nerveusement et je manque de renverser une peu de jus sur ma robe. Elle se penche vers moi au-dessus du bar pour essuyer un peu de jus sur ma lèvre inférieure. Ce contact si simple me donne la chair de poule. Elle se lèche innocemment le doigt et ce geste achève de me rendre fébrile. Cette façon, qui n'appartient qu'à elle, d'être sexy sans forcément le vouloir est juste absolument irrésistible...
Pendant qu'elle fait la cuisine je la regarde, les yeux débordants d'admiration. J'ai appuyé mes coudes sur le bar et les mains de chaque côté de la mâchoire.
Elle a remonté ses manches, révélant des avant-bras musclés. Pendant qu'elle sifflote un petit air, elle manie le couteau avec dextérité pour trancher les légumes sur la planche en bois.
Je n'aurais jamais pu trouver ce geste aussi sexy... Jusqu'à ce soir. Cette femme peut transformer l'activité la plus banale en quelque chose de carrément indécent, simplement parce qu'elle est au centre de l'action...

Mathilde :
"Pendant que ça mijote, je t'invite à découvrir mon modeste salon !"

Elle désigne, avec un air contrit, le petit canapé calé contre le mur du fond. Elle a disposé des petits amuse-bouches sur la table basse improvisée avec un petit tabouret. Je me lève du bar et marche en direction du sofa pendant qu'elle débouche la bouteille que j'ai apportée.
Je m'installe confortablement sur le sofa. C'est un vieux canapé en tissu qui a vécu. Accueillant et si usé qu'on pourrait se laisser fondre dedans. Mathilde arrive avec deux verres qu'elle pose à côté de nous. Elle s'assied à mes côtés et se penche sur les verres pour les remplir, un léger sourire aux lèvres. Nous restons quelques secondes ainsi, côte à côte. On entend juste le bruit du liquide qui coule lentement dans les verres.

Miss Mystère :
"J'espère que j'ai bien choisi !"

C'est tout ce que je trouve à dire... Elle acquiesce d'un hochement de tête. Bon Dieu ! Je me demande pourquoi je me sens si nerveuse !

Mathilde :
"Tiens."

Elle semble aussi nerveuse que moi. Quand le verre passe de sa main à la mienne, nos doigts se frôlent, nos regards se croisent et mon cœur refait des siennes. Parfois les paroles sont inutiles lorsqu'on lit tant de choses dans de beaux yeux noisette... Je suis certaine qu'elle ressent cette tension, cette attraction qu'il y a entre nous. Elle se racle la gorge et boit une gorgée de vin.

Mathilde :
"Mmm... Très bon choix princesse."

Je fixe ses lèvres humides, hypnotisée. Sans qu'elle ait le temps de reposer son verre, je m'approche doucement d'elle et j'embrasse sa lèvre inférieure. Son contact est délicieux. La chaleur de ses lèvres contraste avec la fraîcheur du liquide. Je ferme les yeux pour me concentrer sur le goût du vin mêlé à son goût à elle.
Il me faut rassembler toute la volonté du monde pour m'éloigner d'elle.

Miss Mystère :
"Très bon effectivement..."

J'accompagne ma déclaration d'un sourire lascif provocant. Elle aspire doucement sa lèvre inférieure, d'une manière si troublante que je suis obligée de prendre une grande inspiration pour garder mon calme.
Je me demande vraiment si je vais être capable de me retenir de me jeter sur elle avant la fin du repas...
À vrai dire, je n'ai pas du tout envie de rester sage... Je me rapproche d'elle lentement et je pose ma main sur sa cuisse, tout en lâchant un petit soupir d'impatience. Elle m'observe un instant et repose son verre calmement. Elle reste penchée dessus un instant, le regard fixe. Puis elle se redresse et pose ses yeux sur moi. Je retiens ma respiration dans cette femme qui me regarde comme si elle avait devant elle la chose la plus appétissante du monde...
Elle m'attrape par la taille et me fait basculer sur elle. Le bas de ma robe remonte outrageusement sur le haut de mes cuisses pendant qu'elle me colle contre elle en posant ses mains contre mon dos. Comme à chaque fois, je perds toute décence et raison en ce qui la concerne. Je me jette avidement sur ses lèvres scandaleusement attirantes pour les prendre à pleine bouche. Je pourrais embrasser cette femme jusqu'à l'asphyxie. Ce serait sans doute la façon idéale de trépasser !
Mes mains se glissent le long de son cou et se promènent sur sa poitrine. Je n'ai qu'une envie, pouvoir les glisser sur sa peau nue...
Soudain le big du four nous surprend. La sonnerie stridente retentit de manière régulière dans tout l'appartement, ce qui a le don de briser le charme et de nous ramener à la réalité.
À regret Mathilde dépose un petit bisou sur le bout de mon nez, avant de me soulever pour me reposer sur le côté du canapé... Je décide de me rendre dans la salle de bain pour me rafraîchir un peu. Il m’a fallu beaucoup de self-control pour déguster son plat délicieux, tout en résistant à l'envie de la dévorer, elle.
J'ai découvert une nouvelle facette de ma belle brune, c'est aussi une très bonne cuisinière. Je glousse intérieurement en pensant à ce que Lola me dira. Je suis calée sur le sofa pendant qu'elle est allée chercher le dessert. Elle nous ramène deux coupes de fraises coupées, avec un peu de menthe fraîche sur le dessus. Décidément, c'est une femme généreuse qui se plie en quatre pour me faire plaisir...

Mathilde :
"Et voilà pour mademoiselle."
Miss Mystère :
"Wow tu me gâtes vraiment ! Ça a l'air trop bon !"

Elle me sourit, visiblement contente de ma réaction. Elle disparaît un instant dans la cuisine, pour en ressortir avec une bombe de chantilly. Elle s'installe à côté de moi pour ouvrir la chantilly.

Miss Mystère :
"Après un repas pareil, tu vas devoir me préparer un entraînement intensif sur mesure !"

Un instant elle me regarde en diagonale, comme si elle avait un autre entraînement en tête que celui de la salle de boxe, et je réalise toute l'ambiguïté de ce que je viens de dire. Je crois que je rougis instantanément.
Je la vois ouvrir la bombe de chantilly et la pencher sur nos coupes pour les recouvrir. J'espère qu'elle va être généreuse.
Je la vois grimacer un instant en pressant le bouton.

Miss Mystère :
"Bah alors...? Un problème de pression ?"

Elle éclate de rire devant sa bombe manifestement défectueuse. Elle commence à secouer vivement la bombe et elle appuie dessus sans ménagement. Tout à coup, la chantilly part d'un trait et la tapisse du visage à la poitrine. Je joins mes mains et je me tords au fond du fauteuil, pliée en deux par un fou rire violent devant sa mine hébétée !

Miss Mystère :
"Ah ah ah !!! T'en as partout !!!"

Je la vois regarder, déconcertée, son tee-shirt tâché. Un peu de chantilly dégouline du bout de son nez. Je n'arrive pas à calmer les spasmes qui me secouent. Je crois bien que j'en pleure, tout en la montrant du doigt. De mon autre main, je me tiens le ventre.

Mathilde :
"Ça te fait rire hein...?"

J'essaie de couper mon fou rire, mais, malgré tous mes efforts pour reprendre mon sérieux, rien n’y fait...

Mathilde :
"Tu sais ce qu'il va se passer si tu te moques encore de moi comme ça...?"

Je place les mains devant moi, en signe de capitulation.

Miss Mystère :
"Non, non, non !!! Tu... !!! T'y penses même pas !!!"
Mathilde :
"Vraiment...?"

Elle approche dangereusement de moi, telle une gentille prédatrice prête à se jeter sur sa proie.

Miss Mystère :
"Je te préviens... Je vais tirer.
Mathilde :
"Elle me fait signe que je peux y aller. Un peu plus ou un peu moins, effectivement, il est déjà bien amoché... Je sens que je vais me faire avoir, ma menace ne sert à rien..."

Avant que je puisse me lever, elle se jette contre moi et frotte sa mâchoire pleine de crème contre mon cou.

Miss Mystère :
"Mathilde !!! Non !!! Ma robe ! Ma robe !"

Je crie de surprise, à moitié morte de rire et à moitié pour me détendre.

Mathilde :
"Ah tu te moquais de moi hein ?! Petite vilaine !"

Toujours contre moi, elle relève un peu sa tête d'idiote pour me fixer, satisfaite d'avoir gagné la bataille. Un spasme me secoue une dernière fois pendant que je fais glisser mes petites mains le long de ses bras.

Miss Mystère :
"T'en as partout..."
Mathilde :
"Toi aussi ..."

Nous gloussons comme deux imbéciles devant l'étendue des dégâts. Notre petit jeu, et la proximité de nos deux corps prennent rapidement une autre tournure. Ses yeux se posent sur mes lèvres. Ils ont pris une teinte différente, plus sombre.

Miss Mystère :
"C'est bête, maintenant je vais devoir te déshabiller... Tu peux pas rester avec toute cette chantilly sur toi...

Je minaude tout en me tortillant sous son corps. Je pose un doigt sur elle et prends un peu de chantilly qui pend de son menton et je le glisse entre mes lèvres avec une lenteur calculée. Je sais très bien à quoi je joue...

Mathilde :
"T'es une petite coquine. Tu sais ça ?"
Miss Mystère :
"Dit-moi que t'as pas pensé à ça en te jetant sur moi..."

J'arque un sourcil et je souris devant sonner innocent.

Mathilde :
"Ah non ! C'est pas mon genre..."

Elle me fait un sourire complètement craquant qui finit de me faire fondre dans ses bras... et dans son canapé. Elle reste un instant à me détailler, comme on se délecte d'un plat avant de le déguster.

Doucement, elle fait glisser ses mains sur le haut des cuisses pour attraper le tissu de ma robe et le remonter lentement jusqu'à mon cou. Un instant elle laisse le bout de tissu sur mon visage et embrasse mon ventre simplement recouvert de la soie de ma combinette. La sensation de lui être presque offerte me fait tourner la tête.
De ses mains, elle fait glisser le tissu le long de mes bras pour le laisser tomber par terre. J'ouvre les yeux à nouveau, avide de la voir. Elle est magnifique. Ses yeux remplis de tendresse se posent partout sur moi. Intérieurement, je me félicite vivement sur mon choix de lingerie...

Mathilde :
"Ma princesse... tu es... un véritable joyau..."
Miss Mystère :
"Embrasse-moi..."

Lorsque ses lèvres s'écrasent sur les miennes, c'est comme une bouffée d'oxygène. Seule la fine soie de ma combinette me sépare de ses vêtements. Je m'arque pour me coller davantage à elle lorsqu'elle dépose plusieurs baisers dans mon cou. J'ai envie de sentir sa peau sous mes doigts. Je veux parcourir chacun de ses muscles, chaque centimètre de son corps.
Je fais glisser mes mains pour la défaire de toutes ces couches de vêtements inutiles qui recouvrent sa poitrine, objet de ma convoitise. Lorsque je la découvre à moitié nue au-dessus de moi, mon cœur rate un battement. Rien n'a changé depuis la fois où je l'ai découvert dans les douches de la salle de bain.
Si ce n'est que, cette fois, notre proximité ne laisse aucun doute sur la suite des événements, et je suis enfin autorisée à toucher ce que je vois... Avec gourmandise, je passe une main le long de sa poitrine et descends lentement sur ses abdos. La douceur de sa peau contraste avec la dureté de ses muscles.
Je la fixe un instant. J'ai presque les larmes aux yeux. Cette soirée ce moment est tellement intense que j'ai presque peur qu'elle m'échappe.

Mathilde :
"Ça va pas, princesse ?"
Miss Mystère :
"Je crois que je ne me suis jamais sentie aussi bien..."

Elle me sourit tendrement, prend ma main et y dépose un doux baiser, avant de m'envelopper amoureusement de ses bras. Je suis à l'endroit le plus doux et réconfortant du monde. Les bras de Mathilde sont comme un cocon qui me protège de tout. Doucement, elle passe les mains sous mon dos.
Elle fait le dos rond et contracte ses bras et ses abdos pour me soulever. Elle me porte autour de sa taille au-dessus du canapé, sans cesser de m'embrasser. Elle se déplace jusqu'au lit sans cesser de m'embrasser. Lorsqu'elle s'assied au bord du matelas, mes jambes se posent sur le tissu et sur les pétales de roses. Mes mains descendent doucement de son cou à ses épaules, pendant que je l'embrasse comme si ma vie en dépendait.
Je prends possession de son odeur, du grain de sa peau, des mouvements de son corps. Je suis enivrée d'elle, comme si mon corps avait été fait pour vibrer sous ses caresses. Il n'y a rien que je désire de plus au monde en cet instant que cette femme.
Délicatement, je pousse de mes deux mains sur sa poitrine pour qu'elle s'allonge sur le lit. Tout dans notre échange est d'une douceur infinie. Nos regards sont tendres, bien conscients de ce que nous apprêtons à faire.

Mathilde :
"Princesse..."

Je lis tant d'émotions dans son regard... Elle n'a pas besoin de mots pour que je la comprenne puisque je ressens la même chose.

Miss Mystère :
"Je sais..."

Elle passe une main dans mon dos pour m'attirer contre elle. Ma peau réagit instantanément et la chair de poule apparaît sur mes bras. C'est le moment le plus magique au monde ! Elle avait raison, on ne devait pas le gâcher et l'attente n'était pas vaine. Mon cœur s'enveloppe de douceur. Je sais qu'avec elle s’est bien au-delà de l'attraction charnelle. Bien au-delà de tout ce que j'ai pu jusqu'ici ressentir pour une femme. A nouveau je pose mes lèvres sur les siennes et j'offre mon corps et mon âme à cette femme pour qui je suis prête à tout...
Je change de position et je lui fais des bisous sur le ventre. Je m'affaire à lui faire des choses plus intimes... Ce qui lui fait pousser de petits cries de bien-être, je dirais même d'extase. Cette position du pont ou ses pieds sont sur mes épaules est telle qu'elle en jouit de plaisir.

Miss Mystère :
"Alors ça ta plus !!!"
Mathilde :
"Wow... !!! Tu t'en sors plutôt pas mal..."
Miss Mystère :
"Ah ouais..."
Mathilde :
"Attends de voir ce que moi je te propose..."

Sur ses paroles elle s'active sur la même position, mais d'une différente manière. Mathilde fait des ronds des choses bizarres au niveau de mon anatomie ce qui me procure d'énormes cris de satisfaction elle continue son étreinte avec des coups de langue, d’abord légers puis, plus intenses, des vas et vient très délicats. Je finis par pousser un énorme cri encore plus fort que le précédent et à mon tour je lâche les chevaux et pousse un râle de désir intense.

(Wahouuuu quel pied !!!)

Miss Mystère :
"Merci pour ce moment de grâce."
Mathilde :
"C'est tout naturel toi aussi tu m'as... enfin tu vois..."
Miss Mystère :
"Oui... C'était donnant donnant..."

On éclate d'un rire franc.

Lorsque je me réveille, je mets quelques secondes à réaliser que je ne suis pas chez moi. Je me retourne et constate que la place à côté de moi est vide. La soirée d'hier me revient rapidement à l'esprit. Avec tous les détails...
C'était vraiment extraordinaire ! Mathilde était tellement douce... Je ne saurais dire à quelle heure nous nous sommes finalement endormis. Puisqu'on a remis le couvert durant la nuit. J'ai trouvé le sommeil enveloppé dans ses bras...

Mathilde :
"La belle est réveillée ?"

Sa voix m'interpelle et je la vois s'approcher du lit, déjà bien éveillé. Elle sent bon le parfum et elle me tend un petit paquet qu'elle secoue devant mon nez.

Mathilde :
"Je suis allée t'acheter des croissants."
Miss Mystère :
"Oh merci !! C'est super gentil..."
Mathilde :
"Je me suis dit que reprendre des forces après la nuit qu'on a passée te ferait du bien..."

Elle me fait un sourire coquin et embrasse le bout de mon nez pendant que je vire au rouge écarlate

Mathilde :
"Par contre, tu le mangeras en route... Parce qu'on va être en retard pour le taf..."

Elle m'a dit ça l'air de rien, tout en reposant ses clefs sur le meuble à côté du lit. Je fais un bond dans le lit et la regarde, les yeux écarquillés.

Miss Mystère :
"En retard ? Mais c'est quelle heure ?!!"
Mathilde :
"On va dire que t'as 5 minutes pour te préparer... Je sais, pour une fille ça relève de l'impossible mais je sais que tu es incroyable..."
Miss Mystère :
"Oh la la... On va se faire engueuler pas Cassy..."

J'ai l'impression de me sentir comme la collégienne qui s'apprête à sécher les cours... Sauf qu'à l'école on ne peut pas se faire virer pour ça, à Carter Corp, si...

Mathilde :
"Cassy ?"
Miss Mystère :
"Ouais. C'est son petit nom."

Mutine, je commence à me lever du lit et je réalise que je suis vraiment peu habillée... voire pas habiller du tout. Les yeux de Mathilde se posent sur moi avec gourmandise... Je lui envoie un coussin pour la sortir de sa torpeur lubrique.

Miss Mystère :
"Dis donc ! On ne reluque pas ainsi une jeune fille innocente sortie du lit !"

Mathilde éclate de rire en réceptionnant sans peine le qu'elle jette rapidement sur le lit. Elle M'attrape par la taille pour me soulever légèrement. Le drap glisse le long de mes hanches et s'écrase par terre, pendant qu'elle me serre contre elle. Je crois que je fonds littéralement contre elle. Je pourrais rester des heures juste comme ça, dans les bras de ma femme.

Mathilde :
"Heureusement pour toi, j'ai un crédit à payer sur ma moto et, par conséquent, un job à conserver. Autrement j'aurais profité de toi toute la matinée, la journée, la nuit, encore et encore..."

Je glousse entre ses lèvres.

Miss Mystère :
"On y va avec ta moto ?"

Pour une raison que j'ignore, je suis franchement excitée par la perspective de grimper derrière elle.

Mathilde :
"Euh... Non.."
Miss Mystère :
"Pourquoi ?!"

Je me recule un peu d'elle en faisant la moue comme une petite fille capricieuse.

Mathilde :
"Eh bien... Cette robe était une excellente idée... Mais en moto, c'est plus compliqué, ma jolie."

C'est une bonne raison... mais je grimace un peu car j'avais vraiment envie de monter sur ma moto. Elle dépose un baiser sur mes lèvres. Je le lui rends avec avidité. Je réalise soudain que je suis sa petite amie que je vais arriver en même temps qu'elle au bureau. Cette simple perspective me ravit.

Miss Mystère :
"Bon... Il faudrait que tu me laisses bouger pour que je puisse m'habiller, belle brune..."
Mathilde :
"Quel dommage...! Je vais proposer à Carter Corporation un changement de style vestimentaire..."

Je me mets sur la pointe des pieds pour lui faire un petit bisou puis je pars en roulant des hanches jusqu'à sa salle de bain. Lorsque nous arrivons près du bureau nous nous regardons d'un oeil entendu et nous nous lâchons la main.
Alors que nous passons les portes vitrées de l'accueil, une voix masculine nous apostrophe.

??? :
"Matt... Miss Mystère... C'est à cette heure que vous arrivez...?"

(Oups...)

Nous nous retournons et découvrons Gabriel juste derrière nous. Je n'arrive pas déchiffrer son expérience. Comme toujours avec Gabriel, il est difficile de savoir ce qu'il pense. Avant que j'ouvre la bouche, Mathilde me devance et lance sur un ton égal à Gabriel.

Mathilde :
"Miss Mystère a eu un souci de transport, je l'ai accompagnée."
Gabriel :
"Mmh... Mmh..."

Gabriel fait mine de se désintéresser de nous en surveillant quelque chose sur son téléphone. C'est à se demander s'il en a quelque chose à faire...

Gabriel :
"Tâchez de ne pas avoir des problèmes de transport chaque matin..."

Gabriel envoie un regard menaçant à Mathilde et me toise, avant de nous passer devant pour serrer la main à un homme quelques pas plus loin.

Miss Mystère :
"Tu crois qu'il a compris ?! Qu'est-ce qu'on va faire ?"

Affolée, j'enchaîne les questions en chuchotant et en tenant discrètement le bras de Mathilde.

Mathilde :
"T'inquiètes pas, y a pas de souci, princesse."

Elle semble agacée et regarde fixement Gabriel en crispant la mâchoire. J'ai toujours l'impression que ces deux-là ne s'apprécient guère... Gabriel disparaît avec l'homme dans l'un des nombreux couloirs et j'expire de soulagement.
Nous passons devant Lola. Celle-ci semble bien occupée avec une dame blonde saline, aux allures de comtesse, et nous fait simplement un signe de la tête. Discrètement je me retourne dans sa direction et je lui fais un clin d'œil accompagné d'un petit pouce vers le haut.
Celle-ci ne manque pas de me faire un grand sourire avant de se ressaisir devant son interlocutrice.
Lorsque nous arrivons à notre bureau, je suis prise d'inquiétude. Que va-t-il se passer si Gabriel a compris ? J'me doute que la firme n'apprécie pas que ses employés fricotent ensemble...

(Est-ce que je vais me faire virer...? Pire, est-ce que Mathilde va se faire virer...?)

D'un côté, y a de nombreuses rumeurs concernant des personnes du top management... Tout le monde le sait mais personne n'a rien vu... J'ai entendu beaucoup de choses sur Gabriel... Cela dit, il faudra être plus prudent à l'avenir... Je regarde Mathilde un instant. La tâche va être difficile mais nous allons devoir parler de ça.

Miss Mystère :
"Je... On se voit ce soir ?"
Mathilde :
"Non, ce soir... Tu as mieux à faire... Il faut que tu prépares tes affaires..."

Elle me lâche ça, l'air de rien fier d'elle visiblement !

Miss Mystère :
"Comme ça ?"

Elle a des petits yeux rieurs et reprend, à voix très basse, en se penchant vers moi.

Mathilde :
"Prépare quelques affaires, le nécessaire pour deux jours. Je passe te prendre chez toi demain matin. !"

(Oh !!!)

Miss Mystère :
"Où est-ce qu'on va ?!"

Je me ravise. À cause de l'excitation, j'ai parlé un peu trop fort.

Mathilde :
"C'est une surprise... Sois prête à 9h, demain matin."

Je me sens excitée comme une puce. J'ai intérêt à terminer mon travail au plus vite pour que je puisse rentrer tôt à l'appartement et préparer mes affaires !

(Deux jours avec elle !!! Oh la la !)

Ma petite conscience friponne exulte de joie ! Je ne vais jamais arriver à me concentrer ! Déjà qu'une nuit c'était juste incroyable, alors tout un week-end avec elle...?! Mon petit coeur ne va pas s'en remettre ! Me voilà déjà en train de planer loin, très loin de mes dossiers ! Je me demande où elle va m'emmener...

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