2082 Assassinat

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"Mourez donc! Vermines impérialistes!" Déclama Kotlinski tout en faisant un geste magistral de la main.
Douze hommes et xénos s'effondrèrent en se contorsionnant dans tous les sens, leurs membres se tordant selon des angles impossibles. Alors que les humains gémissaient encore, l'équipe s'appliqua à achever chaque alien, sans tuer un seul humain. Cela faisait partie de leurs directives.
- "Quels faibles!" S'écria le prince Friedrich. "À croire que ces humains sont d'une race encore inférieure à la votre." Fit il à l'adresse d'Ivan.
- "Je vous conseille de taire vos idées racistes. Nous sommes tous dans la même situation précaire, et vous ne vous êtes pas encore avéré indispensable.
- Ce que j'ai que vous n'avez pas, c'est le courage et la loyauté. Voyez comme vous êtes défaitiste alors que tout se passe bien. Comment vous le reprocher ? C'est le propre de votre race d'être lâche et paranoïaque.
- Je vais me passer de faire des commentaires."
Il ne leur restait qu'un étage avant celui du conseil. Et juste au dessus se trouvait le toit de la tour, ou plutôt la coupole qui servait à amarrer les engins spatiaux. L'opération allait pouvoir atteindre son zénith.
Ils montèrent par les escaliers, lancèrent des grenades dans les couloirs et les sorciers assommèrent sans mal les soldats qui désormais détalaient sitôt qu'ils voyaient leurs silhouettes.
Puis ils arrivèrent devant une porte.

Le Présidium suprême n'avait cessé de débattre énergiquement. Le hiérarque regardait faire sans dire mot. Puis la silhouette fine d'un stagiaire apparut. Il se coula rapidement et à grandes enjambées, de sorte à être aussi discret que possible, et s'adressa au hiérarque d'une voix trop faible pour les micros. Le xéno fit signe qu'il avait compris, et le laissa s'éloigner. Patientant jusqu'à un moment où le débat tombait à plat, le hiérarque suprême prit la parole et déclara:
- "Chers amis, j'ai l'impression que je ferai mieux de laisser aux terriens le droit de se décider. C'est vous qui êtes le Présidium terrien, et j'ai peur, par ma seule présence, d'influencer vos décisions. Si vous le permettez, je vais m'éclipser un temps, et je reprendrais contact avec vous sitôt que vous vous serez mis d'accord sur une décision qui servira de décision pour tous les habitants de la Terre."
Et à ces mots, le hiérarque salua et s'éclipsa. Les membres du Présidium le saluèrent comme il sortait et reprirent leurs ébats en dissimulant leur inquiétude.

La porte s'ouvrit, donnant sur un couloir au bout duquel il y avait une autre porte. Les quatre agents restèrent une seconde indécis, puis Friedrich, fou d'excitation, dégaina son épée et pressa la manette sur le manche, faisant crépiter des arcs électriques le long de la lame.
- "C'est là!" Cria-t-il, au sommet de l'exaltation. "Le Présidium et le hiérarque, ils sont tous à moi!"
Et il se précipita en courant dans le couloir.
C'est alors qu'il entendit un bruit sur ses côtés. Puis une main le saisit par le col et le tira en arrière. C'était Ivan.
Juste au moment où Friedrich avait été extirpé du couloir, les deux murs glissèrent sur leurs appuis et s'entrechoquèrent dans un bruit sourd.
- "Qu'est ce que c'était que ça!" S'écria le prince horrifié, qui avait bien failli être broyé.
- Un piège. Peut être pour nous tuer. Peut être pour nous bloquer le chemin. Sûrement les deux. En tout cas, le Présidium est maintenant hors d'accès. Il y a au moins dix mètres de murs pour nous en séparer.
- C'est terrible!" S'exclama Friedrich! "Et le hiérarque!
- Rassurez vous, il n'est plus là dedans. Je viens d'avoir une vision."
Ivan regarda fixement Friedrich.
- "Et bien quoi ?" Fit le prince. "Quelle vision ?"
Le sorcier Soyuz eut un soupir qui dans sa radio prit des sonorités rauques.
- "Il est déjà sur le toit. Mais il ne faut pas se précipiter.
- C'est vrai. Si vous ne m'aviez pas arrêté je serai mort."
Le prince posa une main sur l'épaule d'Ivan.
- "Malgré tout le mépris que je peux avoir pour votre race, vous m'avez sauvé la vie, j'ai donc une dette d'honneur envers vous. Et j'ai un sens aigu de l'honneur. Vous savez ce que c'est l'honneur hein ?
- Si vous pouviez simplement vous taire, cela m'arrangerai bien.
- C'est comme ça que vous le prenez ? Très bien."
Le prince s'avança de quelques pas et pointa vers la droite avec la pointe de son sabre.
- "Il y a un escalier de secours qui mène au toit par là bas. Je l'ai vu en observant la psyché d'un garde qui s'enfuyait et qui n'avait que ça en tête. On aura assez de tuyau ?"
Le soldat en charge du tuyau hocha la tête affirmativement.

Le hiérarque se traînait pesamment sur la plateforme de décollage. Une navette spéciale venait d'être affrétée spécialement pour lui. Les réacteurs soufflaient puissamment, prêts à emporter l'engin loin d'ici.
- "C'est dommage." Fit il à l'adresse du stagiaire qui l'accompagnait. "Le peuple va prendre ça comme une manière de fuir mes responsabilités.
- Peu importe du moment que vous êtes en sécurité votre grandeur. Le peuple comprendra.
- Je l'espère. Je l'espère. Vous prendrez garde à ce qu'il n'arrive rien de fâcheux au Présidium. Ce conseil est élu démocratiquement, si on doit en changer l'état d'esprit actuel du peuple influencera leurs votes, et l'état d'esprit actuel des terriens n'est pas au mieux de ce qu'il pourrait être.
- Ainsi que vous l'ordonnez votre sublime grandeur. Si tel est votre…"
Il ne finit jamais sa phrase. La voix du stagiaire se mua en un hurlement tandis que son corps s'élevait dans les airs et que sa chair tremblait. Tous les os de son corps se brisèrent en leur centre, lui arrachant des cris de douleur déchirant, puis la masse de chair informe fut rejetée brutalement.
Le hiérarque se tourna pour voir quatre hommes en armures s'approcher.
Friedrich fit crépiter son épée.
- "Occupez vous de la machine. Ceux d'en bas doivent déjà avoir totalement décristallisé le gaz à l'heure qu'il est. Sieur Kotlinski, protégez les avec vos pouvoirs. Je m'occupe du hiérarque."
Ivan aurait pu réagir sur le fait que le terme «sieur» était anathème en Union Soyuz, mais il se contenta d'hocher la tête et de faire comme le prince l'ordonnait.
Au pas de course, ils se dirigèrent vers le rebord de la plateforme. Des gardes leurs tirèrent dessus, alors ils ripostèrent. Ivan usa de la psyché de la lumière, faisant apparaître une sphère lumineuse semblable à un petit soleil qui brûla la rétine de tous les soldats.
Ils atteignirent le rebord. Là, le soldat Soyuz posa sa malle et l'ouvrit. Il en sortit un gros appareil à la forme complexe, pourvu de nombreux câbles et d'épais ventilateurs crasseux d'huile et d'essence. Il plaça la base à un endroit stable, et en décrocha des câbles aux extrémités desquels se trouvaient des ventilateurs.
- "Il va falloir me couvrir pendant que je place ça aux quatre coins de la plateforme." Dit il. "Camarade Kotlinski ?
- Je te suis."
Pendant ce temps, le soldat du Reich effectuait le branchement capital. Décrochant le long tuyau qu'il avait déroulé derrière lui depuis le camion situé en contrebas, il le brancha à la machine le plus soigneusement possible, et après s'être bien assuré de l'étanchéité de la chose, il attendit, mitraillette prête, couvrant la zone pour protéger la machine.
Le gaz, qui avait été contenu sous forme solide dans les camions avait eu le temps de se décompresser, et montait déjà dans le tuyau. Il serait bientôt parvenu jusqu'en haut. Pour peu que le tuyau n'ait pas été endommagé en cours de route, mais le soldat était à peu près sûr d'avoir accompli sa tâche correctement. Un agent du Reich était toujours exemplaire et accomplissait tous les ordres sans discuter.
Il regarda s'éloigner les deux Soyuz dans leurs uniformes bruns.
Oui. Tous les ordres.

La plateforme était immense et férocement gardée, mais grâce à des subterfuges magiques, Ivan parvint à se dissimuler, lui et le soldat, usant une fois encore de la psyché de la lumière pour se rendre invisible aux yeux des gardes. Ainsi ils placèrent les quatre ventilateurs. Mais lorsqu'ils eurent fini, Ivan eut une vision. La même que celle qu'il avait eu peu de temps auparavant. Cette fois ci c'était sûr, elle allait se réaliser.
Il ordonna au soldat de retourner surveiller la machine avec leur collègue, puis il partit lui même retrouver Friedrich.

Le prince chargea le monstre en faisant crépiter son épée d'arcs électriques menaçants. En même temps qu'il se ruait sur elle, il convoquait tous les pouvoirs de son esprit pour frapper la créature. Mais comme il s'y attendait, les pouvoirs psychiques étaient sans le moindre effet sur le xéno. Ces créatures faites de raison et de froide logique étaient nettement moins sensibles aux pouvoirs occultes des sorciers, et ce spécimen plus que tous les autres. Le hiérarque ne se distinguait pas seulement par son couvre chef, mais aussi par sa taille colossale et sa peau épaisse. Quand le prince s'approcha, il brandit ses tentacules crochus, prêt à se battre bec et ongle pour sa propre survie. Friedrich frappa de taille et d'estoc, mais en dépit de la puissance de ses coups et de la violente exaltation dont il faisait preuve, il était impossible pour lui d'atteindre un pont vital de son ennemi. Même s'il infligea d'ignobles souffrances au hiérarque, sa lame mordait des appendices innombrables et épais, tranchant parfois des tentacules en laissant répandre un ichor bleuâtre et visqueux qui s'écoulait trop lentement pour rendre les blessures mortelles. Des membres s'agitaient et venaient violemment frapper son armure, la rayant avec leurs ventouses dentées, et menaçant d'arracher son masque à gaz.
Quelque part, Friedrich se sentait vivre plus que jamais. Ça c'était un combat digne de ce nom. Il se sentait comme un de ces anciens chevaliers de légende dont on lui répétait depuis toujours qu'ils étaient ses ancêtres. Ces guerriers qui s'étaient élevés immédiatement contre les xénos, avaient affronté ces choses par la force de leurs épées, et massacrés jusqu'aux derniers les engeances hybrides que ces abominations avaient voulu créer. Aujourd'hui, Friedrich était l'un d'eux. C'était comme vivre un rêve éveillé, avec sa part de fantasme et sa part d'inconnu. C'était grisant.
Puis un bruit étrange attira son attention, comme un gargouillement hideux qui venait du corps de sa victime. Avant qu'il ne puisse comprendre ce qui lui arrivait, il vit un liquide jaunâtre jaillir du corps du hiérarque et lui sauter dessus. Il n'avait aucune idée de ce que ça pouvait être, mais chaque atome de son corps lui hurlait que c'était un danger. Comme si ses cellules avaient gardé dans leurs gènes une trace de la mémoire de ses ancêtres chevaliers qui eux même avaient été pris en traitre par cette arme vicieuse. Mais il était trop tard pour l'esquiver, pris dans le feu du combat, en train de parer et de trancher les tentacules de tous côtés, il se retrouvait, lui d'ordinaire si preste, incapable de bouger.
Cette fois encore, c'est Ivan qui le sauva juste à temps. Le sorcier Soyuz, prit par un de ses présages, saisit le prince par les épaules juste à temps pour l'extirper de la masse de tentacules. Friedrich se retrouva étalé par terre et tout ce qu'il vit ce fut Ivan Kotlinski, hurlant de douleur tandis que son bras gauche et une partie de son masque étaient visiblement en train de brûler sous l'effet de l'acide en émettant une épaisse fumée verte.
Le hiérarque ne demanda pas son reste. Il détala à toute vitesse, traînant sa masse blessée à la force de ses tentacules sanguinolents. Il regagna sa navette. Le sas se referma. Dommage. Quel dommage. Friedrich avait tant envie de tuer un véritable seigneur xéno.

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