Prologue

Une minute de lecture

Je me souviens que je m’étais installé sur une chaise dans la sacristie pour profiter du silence. Je le faisais régulièrement car cela m’apaisait beaucoup et, après l’hiver que nous venions de vivre, j’y trouvais un grand réconfort.

J’y étais venu dès la fin du repas de midi, trouvant en ce lieu à la fois le silence qui m’était si cher, et la communauté d’âme avec le Christ.

Le soleil qui filtrait à travers le vitrail nimbait la table de travail ; une belle table de chêne, parfaitement cirée et lustrée, que nous utilisions pour remplir les registres, et autour de laquelle prenaient place les membres du général de la paroisse lors de ses réunions, une fois par mois après la grand’messe du dimanche. Des particules de poussières lévitaient dans ce rayon de soleil tout droit venu des cieux, brouillant la netteté des boiseries foncées qui entouraient la pièce.

Je me laissais aller, englobé dans la douce lumière que le soleil diffusait en ce début de printemps. J’avais repoussé ma chaise, allongé les jambes et croisé les mains sous mon nombril, dans une attitude de sérénité. Mes pensées dérivaient nonchalamment et je sentais que je n’étais pas loin de m’endormir dans ce lieu si paisible, où seul le silence tenait lieu de compagnon.

Je me souviens que cette quiétude prit fin brutalement.

On venait d’ouvrir bruyamment la porte de l’église et je sursautais à ce bruit incongru. Sorti brutalement de ma torpeur, je mis quelques instants à réaliser. Puis, j’entendis le pas, énergique et rapide sans respect du lieu me sembla t’il, comme pressé par l’urgence. Instantanément, mon cœur s’emballa, oppressé, pressentant quelque drame. Je me levai avec précipitation et ma chaise tomba en arrière. Mais déjà on entrait…

Je me souviens d’une tête.

Une tête d’homme, seule, sans corps.

Une tête abîmée déjà par le temps. Des morceaux de chair qui restaient accrochés ici et là. Quelques cheveux qui pendaient.

Je sentis mon sang refluer et quitter mon visage à la vue de cette tête déchiquetée tandis qu’un haut-le-cœur me fit porter la main à ma bouche.

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