Chapitre X : Premier jour Partie I

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Quand l'aube commença doucement à poindre, Elwyn se réveilla comme à son habitude. Il se leva tranquillement de son lit, s'étira, puis se rendit aux toilettes. Lorsqu'il ouvrit la porte de sa chambre, il découvrit un petit paquet au sol, accompagné d'un petit mot.

Elwyn, je suis vraiment désolée. J'ai complètement oublié de te remettre une pierre d'entretien vestimentaire avant ton départ. J'ai immédiatement fait appel à la Divinité Ogme pour qu'elle t'en fasse parvenir une. Prends bien soin de toi. Je t'embrasse fort.

Ophélia

"C'est plutôt rare que Mère Ophélia oublie quelque chose... En même temps, c'était grâce à sa magie que l'on réglait ce genre de choses…"

Avec précaution, il ouvrit le paquet et découvrit une pierre grise parfaitement lisse, prenant la forme d'un lingot. L'objet pesait un demi-kilogramme et présentait deux gravures magiques distinctes sur ses faces principales. À côté de la pierre se trouvait une notice, ainsi que les deux formules d'utilisation. La plus grande surface portait une gravure permettant de faire chauffer la pierre, facilitant ainsi le repassage du tissu avec la formule « Chauffe et lisse ». La seconde gravure était destinée à détacher la saleté et les impuretés du tissu lorsqu'on la passait dessus, avec la formule « Purifie et nettoie ».

"Je n'avais vraiment pas pensé à la façon d'entretenir mes vêtements... Merci, Mère Ophélia."

Le jeune garçon déposa alors la pierre sur son bureau et reprit le chemin des commodités. Une fois qu'il eut terminé, il s'habilla sobrement en enfilant une chemise à manches longues et un pantalon beige, puis s'équipa de son épée courte. Il but ensuite un grand verre d'eau qu'il avait préalablement rempli à l'aide d'un cruchon qu’il avait pu récupérer après le banquet, avant de quitter sa chambre et de se rendre au rez-de-chaussée.

Sur le mur de l'entrée, Elwyn remarqua un tableau sur lequel quatre fiches étaient accrochées. Chacune d'entre elles communiquait l'heure et la matière des cours de chaque jour pour les quatre différentes années d'études. Il vit donc que les premières années avaient une heure de « Maîtrise de la Plume », deux heures de « Connaissances Générales », et une heure de « Bienséance et Étiquette » avant midi. L'après-midi, ils avaient deux heures de « Théorie de la Magie » pour les magiciens ou bien deux heures de « Polyvalence manuelle » pour les non-magiciens. Pour finir, une heure de « Mise en Forme » et une heure de « Pratique de la Magie » ou une heure de « Maîtrise du Combat ».

“On a droit à huit heures de cours par jour… Je suppose qu’après cela, on aura le droit d'accéder à la Grande Bibliothèque pour le reste de la journée…"

Une fois son emploi du temps en tête, Elwyn se dirigea vers l’extérieur et décida de quitter l’enceinte de l’académie. En guise d’échauffement, il commença alors à faire le tour du grand mur de pierre en trottinant.

Le paysage entourant l’académie était une grande plaine sur la moitié sud et une forêt naissante sur la partie nord. Le cours d’eau traversant l’île passait à une quinzaine de mètres de la partie ouest de l’enceinte.

“C’est vraiment calme ici…”

Une fois son tour d’échauffement terminé, le jeune garçon rentra et se dirigea vers le terrain d’entraînement, encore complètement désert à cette heure.

Il s’installa au centre de l’arène et sortit son épée courte pour faire quelques moulinets afin d'échauffer ses épaules et ses poignets. Une fois prêt, il se mit en position de combat et commença à répéter des mouvements qu’il avait appris auprès de Volden, simulant un combat contre des adversaires imaginaires. Chaque mouvement était calculé, vif et précis. Se souvenant de chaque mouvement de pieds et de mains, de la position des jambes et du bassin, de la posture du dos, de la hauteur des épaules et de la position de l’épée dans l’espace lors de chaque mouvement. Plus qu’un entraînement physique, c’était un moyen de se souvenir de chaque technique que lui avait enseignée Volden et de pouvoir les enchaîner dans un ensemble harmonieux. Une sorte de puzzle, avec comme objectif de ne pas casser le rythme engagé.

C’est un cours de danse improvisé que tu me fais là ? demanda Loyd, venant tout juste de le rejoindre.

Il était aussi vêtu d’une tenue simple, mais son ensemble était pourpre.

Déjà debout ?

Hé oui, la guerre n’attend pas.

Si tu le dis.

Elwyn s’arrêta alors dans son mouvement d'estoc et fit face à son camarade.

Alors, tu viens faire quoi ?

Je viens aussi m’entraîner.

Pour faire quoi ? Tu appartiens au Domaine de la Guerre, tu n’as pas besoin de t’entraîner comme moi.

C’est là que tu te trompes. Même une Divinité doit continuer à se renforcer si elle veut rester à sa place. C’est marche ou crève, surtout dans mon Domaine. Même si pour toi c’est différent, le principe reste le même.

Il faut chaque jour devenir meilleur, afin de pouvoir venir en aide à de plus en plus de monde… Je vois.

Bien.

Les deux néphilims se partagèrent alors le terrain en deux et commencèrent, à leur manière, leur entraînement. Elwyn reprit là où il en était, tandis que Loyd fit apparaître deux lances courtes dans chacune de ses mains et commença à faire, à la manière d'Elwyn, un combat contre des adversaires imaginaires. Cependant, ce dernier cherchait simplement à se familiariser avec cet ensemble d’armes et à créer ses propres mouvements de combat. Le rythme n'était pas le but recherché, mais plutôt l'efficacité et la praticité de chaque mouvement et enchaînement en combat.

Elwyn jetait de temps en temps un léger coup d’œil à son camarade.

“Il est complètement libre… Chacun de ses mouvements est précis… non. Chaque mouvement qu’il fait est mortel. Il frappe pour tuer. Il se déplace pour tuer. Il se positionne pour tuer. Il respire pour tuer. Il est une arme à part entière de ses lances…"

De son côté, Loyd procédait aussi à quelques analyses.

“Il est académique. Chaque mouvement transpire la répétition et la recherche de perfection. Aucun mouvement n'est inutile. Chaque frappe est nette et précise. Chaque positionnement est parfait... Rien n’est naturel chez lui, c’est un gars comme les autres finalement…"

Après une demi-heure d’enchaînement à leur propre rythme, un unique son de cloche provenant du sommet de la Grande Bibliothèque retentit, prévenant de l’ouverture de la cantine à sept heures.

Regardant autour d’eux, ils remarquèrent alors que quelques étudiants appartenant à des années d’études supérieures les observaient et les jugeaient tranquillement depuis les gradins. Elwyn fit mine de les ignorer et rengaina sa lame, tandis que Loyd transforma ses lances en poussière pour les faire disparaître. Ils quittèrent ensemble l’arène et retournèrent à leur dortoir pour prendre une douche, enfiler leur uniforme, et finalement se rendre au petit-déjeuner.

Le buffet était à nouveau abondamment garni de nombreux choix, des fruits charnus et à coques, des œufs durs ou sous forme d'omelettes moelleuses, divers fromages et viandes fumées à mettre sur du pain frais ou grillé au feu de bois. Pour accompagner le tout, un grand choix de thés parfumés, des jus de fruits fraîchement pressés, du lait de vache ou de chèvre pour une douceur crémeuse, ou tout simplement de l'eau fraîche et pure.

Elwyn se servit un peu de tout en quantité raisonnable, tandis que Loyd préférait un repas plus copieux. Ils s’installèrent de nouveau au fond, dos au mur et faisant face à l’entrée.

Une dizaine de minutes plus tard, ils furent rejoints par Arimélia, qui avait pris un repas aussi varié qu'Elwyn, mais aussi lourd que celui de Loyd.

Tu as passé une bonne nuit ? Demanda Elwyn à la demi-dragonne.

Oui. J’avais quand même un peu peur que l’on finisse trop tard hier soir.

C’est vrai que les choses auraient pu durer un peu plus longtemps quand même, fit remarquer Loyd.

Ça aurait été dommage que les gens ne puissent pas se lever pour le premier jour de classe, répondit Elwyn.

C’est pas faux… Au fait, je ne vois pas la princesse. J’ai vu de loin son salopard de cousin blond, mais pas elle. Elle dort encore ? Demanda Loyd à Arimélia.

Non, je ne pense pas. Au moment de quitter le dortoir, j’ai frappé à sa porte pour la prévenir.

Je vois.

Ce fut alors dans le silence et le calme qu'ils prirent leur petit-déjeuner, et une vingtaine de minutes plus tard, deux sons de cloche retentirent, prévenant de l’approche du premier cours de la journée dans une demi-heure.

Ça fait un bon moment là… Tu es sûre que la princesse est réveillée ? Demanda une nouvelle fois Loyd.

Arimélia sembla alors hésitante, la tête tournée vers l’entrée et espérant une arrivée soudaine de Sylaria, en vain.

Je vais aller vérifier… J’espère qu’elle s’est au moins réveillée, ajouta-t-elle tout bas.

Soudainement, une jeune fille à la longue chevelure lilas arriva en courant à l’entrée de la cantine, elle était essoufflée et totalement décoiffée. Elle rejoignit immédiatement Arimélia, avec le visage du désespoir et ses instruments de coiffure à la main.

Ari… Je ne me suis pas réveillée… Je n’ai pas eu le temps de me coiffer… Je ne ressemble à rien et je n’ai pas encore mangé… Il va bientôt être l’heure d’aller en cours, dit-elle d’un ton plaintif, honteuse et les yeux humides.

Arimélia essaya alors de la rassurer dans ses bras, tandis que les deux garçons contemplaient la scène avec étonnement.

“Elle la prendrait pas pour sa mère là ?“ se dirent-ils.

Va te chercher de quoi manger et viens t’asseoir. On verra pour le reste après, dit Arimélia d’un ton rassurant.

Sylaria s’exécuta et revint avec une assiette assez légère, composée d’une tranche de pain, d’un morceau de fromage et d’une pomme. En même temps, l’heure du petit-déjeuner touchait à sa fin et les stocks avaient été bien vidés.

Pendant que Sylaria mangeait le plus rapidement possible et que ses cheveux étaient brossés, Arimélia brossait les cheveux de cette dernière, histoire de gagner du temps.

Vous formez une sacrée équipe, fit remarquer Elwyn.

Arimélia soupira légèrement d’exaspération vis-à-vis de la scène.

La princesse est une personne qui se lève à son aise et à son rythme, mais cette heure ne correspond pas aux normes correspondant à son titre.

Elle est fainéante quoi, ajouta Loyd.

Je n’ai pas dit ça, lui répondit la demi-dragonne.

À cette remarque, Loyd roula des yeux.

Une fois son repas avalé et ses cheveux brossés, Sylaria semblait enfin ressembler à quelqu’un de civilisé, même s’il manquait quelque chose au niveau de sa coiffure pour correspondre à son rang.

Merci, Ari, tu me sauves la vie, dit-elle soulagée et reconnaissante.

Il n’y a pas de quoi, répondit Arimélia un peu gênée.

Les deux garçons fixèrent alors Sylaria avec un air dubitatif, mais restèrent silencieux.

Qu’est-ce qu’il y a, vous deux ? Demanda-t-elle un peu agacée d’être fixée comme cela.

Rien, répondit Loyd.

C’est juste que j’ai l’impression qu'il te manque quelque chose, répondit Elwyn.

Il me manquerait quoi ? Demanda-t-elle toujours avec ce léger ton agacé.

Je dirais qu'il te manque une coiffure pour donner l’impression d’être une princesse.

Sylaria se tourna alors vers Arimélia, qui la regarda désolée.

Je suis désolée, princesse, mais je n’ai pas appris à faire ce genre de chose et mes cheveux ne sont pas assez longs pour me permettre cela.

Sylaria regarda alors le sol, désespérée.

Si tu veux, je peux essayer de faire quelque chose pour toi, déclara Elwyn.

Les trois regards se tournèrent vers lui, interloqués.

Quoi ? Demanda-t-il.

Rien, c’est juste que tu n'as pas l'air de posséder ce genre de compétence, répondit la princesse sceptique.

Et si c’est le cas, t’as vraiment rien eu à faire de ta vie, ajouta Loyd.

Elwyn haussa alors les épaules.

C’est juste une proposition de ma part, ce n’est pas moi qui me plains de ne pas être coiffé.

Le regard céruléen Sylaria fixa lourdement Elwyn pendant de longues secondes, avec un air fortement hésitant. Le temps pressait, mais le doute continuait de planer chez elle.

Vous devriez accepter, princesse. Ce n’est pas comme si vous aviez d'autre choix en ce moment, et ça vous apprendra à vous lever aussi tard, ajouta Arimélia.

Bhou… d’accord…, répondit la Sylaria plaintive.

Elwyn prit donc place derrière la princesse, qui posa ses épingles à cheveux et rubans sur la table.

Le jeune garçon prit alors la brosse utilisée par Arimélia et sépara les cheveux en deux sections symétriques, qu'il attacha d'un côté avec un ruban pour ne pas être gêné pendant le tressage.

D’un geste doux et délicat, mais avec une certaine rapidité et dextérité, il prit les cheveux près de la nuque de la jeune fille et les sépara en trois mèches, avant de les tresser en passant en dessous de la mèche du milieu. Il fit alors le tour d’un côté de la tête en allant jusqu’en haut du front, avant de bien attacher l’extrémité. Il refit la même chose de l’autre côté, mais en démarrant depuis le haut de la tête jusqu’à la nuque. Pour finir, il fit passer la première tresse sur le haut de la tête, en allant de gauche à droite, et l’attacha avec une épingle. Il fit la même chose avec l’autre, mais en allant de droite à gauche, tout en collant la première tresse et l’attacha à son tour. Une fois les tresses bien fixées, Elwyn se recula et examina son œuvre.

C‘est bon, j’ai terminé.

Arimélia, qui avait contemplé entièrement son ouvrage, resta bouche bée face au résultat plus qu'acceptable et inattendu de la part du jeune garçon.

Alors, je ressemble à quoi ? Demanda Sylaria avec une forte appréhension.

T’as vraiment des compétences inutiles. Quel genre de vie t’as eu pour savoir faire ça ? Demanda Loyd en marmonnant dans son coin.

Alors ? Redemanda Sylaria toujours angoissée.

C’est bon, tu es parfaite comme cela, finit par lui répondre Arimélia.

La princesse poussa alors un soupir de soulagement, avant de se retourner vers Elwyn.

Merci beaucoup… et… désolée d’avoir douté de toi, lui dit-elle, gênée par son propre comportement envers lui.

Il n’y a pas de soucis, princesse, lui répondit simplement le jeune garçon.

Soudainement, la cloche se mit à retentir trois fois, signalant le début des cours à huit heures.

On dirait que j’ai pu faire les choses dans les temps, fit remarquer Elwyn.

Les quatre individus quittèrent ensemble la cantine et rejoignirent rapidement la masse d’étudiants à la cravate et au ruban bleu juste devant la tour nord-ouest, la tour des première année.

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