Chapitre IX L’Académie d’Agnos Partie II

11 minutes de lecture

Durant cette journée, le hall d’entrée de la Grande Bibliothèque voyait en son sein, et de manière quasi permanente, des allers et retours des différents étudiants de l’académie et Elwyn et Loyd ne dérogeaient pas à cette règle.

Les deux camarades néphilims venaient de quitter le bureau de la Divinité et se demandaient où aller pour commencer la visite de l’académie.

Tu veux commencer par quoi ? Demanda Loyd, encore décontenancé par sa nouvelle rencontre.

Je crois qu’il serait plus simple de commencer par faire le tour de la bibliothèque, non ? Tant que l’on y est.

Bah, si tu veux. Moi et les livres, c’est pas tellement ça.

Elwyn fut surpris par cette révélation.

Si tu n’aimes pas tant que ça les livres, alors pourquoi es-tu venu ici ?

Tsh, c’est la Divinité Ogme qui m’a demandé de venir. Il m’a dit qu’il pouvait m’aider à ce que je devienne plus fort, en échange d’un service. Donc j’ai intégré l’académie et il n’y a quasiment personne d’intéressant, mis à part Ezekiel et le dragon, qu’on m’a interdit d’affronter en plus. Et contrairement à toi, je n’ai même pas eu le droit d’être dans la classe spécial.

Le visage d’Elwyn se figea au moment où le mot « dragon » fut prononcé et se saisit alors des épaules de son camarade, pour le regarder bien en face.

Pardon mais, tu as bien dit « dragon » ? Demanda sérieusement le jeune garçon.

Loyd fut surpris par cette réaction d’Elwyn, qui semblait plutôt être quelqu’un de calme et relativement effacé.

Oui, j’ai bien dit ça. Si tu veux le voir, regarde dans les étages supérieurs de la bibliothèque.

Elwyn relâcha immédiatement sa prise et partit rejoindre le premier étage de la bibliothèque d’un pas décidé.

Eh bé, il est déjà parti…

Une fois à l’étage, Elwyn regarda autour de lui et commença à en faire le tour.

“C’est immense ici ! Comment je vais faire pour le trouver ?“

L'étage en question est composé de grandes fenêtres, espacées régulièrement le long du mur, laissant pénétrer la lumière naturelle et offrant une vue sur l’extérieur. Entre ces fenêtres, des étagères en bois massif s'étendent jusqu’au plafond, rempli de livres et de parchemins aux couvertures diverses et variées.

Au centre de la pièce, un grand pilier en bois sert également d’étagère avec des ouvrages disposés sur ses quatre côtés. Le pilier est richement décoré, avec de fines sculptures détaillées.

Faisant face à chacune des fenêtres de la pièce, des tables en bois élégamment conçues, avec des pieds tournés et une finition lisse, et des chaises confortables les entourant, permettant à au moins six personnes de pouvoir s'asseoir confortablement ensemble.

Entre les tables et disposé en arc de cercle, tout en se rapprochant du centre de la pièce à intervalles réguliers, se trouvent des étagères supplémentaires remplies de livres. Ces dernières ont été placées de manière à éviter de cacher la lumière naturelle provenant des fenêtres, permettant à la pièce d'être baignée dans une lumière douce et agréable.

Bien évidemment, faits à l'identique et placée pile à leurs l’opposé, deux escaliers de pierre en colimaçon montaient vers l’étage suivant.

Elwyn alla alors d’étage en étage, en se faisant quand même un minimum discret pour ne pas déranger les autres étudiants, et explora rapidement le premier bloc de la Grande bibliothèque.

Finalement, une fois arrivé en haut de ce bloc, le jeune garçon comprit que la structure du premier étage se répétait à chacun des étages, mais les dispositions des fenêtres changeaient quand même. Il se douta alors que monter plus haut lui donnerait une vision similaire, mais avec un espace se réduisant à mesure que les blocs d’étages rétrécissaient.

Cependant, il y avait une dernière chose qu’il n’avait pas encore vu, c’était la terrasse extérieure du sommet des blocs.

Cet étage avait en intérieur une structure similaire aux autres, mais avec moins de meubles pour pouvoir rentrer les tables et chaises se trouvant sur la terrasse de moins de cinq mètres de large, recouverte par une fine pelouse. Cependant, là où il devrait se trouver des fenêtres, se trouvaient des arches en pierre, permettant l’accès à la terrasse. Et pour marquer la séparation entre l’intérieur et l’extérieur, se trouvait un interstice de la largeur d’un pied et dans lequel se trouvait de l’eau stagnante. Cette séparation se faisait aussi sur la terrasse, pour la divisée en quatre partie égale.

“Je vois, cela sert à collecter l’eau de pluie, qui est ensuite acheminée vers le bord de la terrasse et est finalement évacuée hors des murs par les gouttières placé tout en haut de la bibliothèque et descendant jusqu’ici…“

Le jeune garçon se rapprocha alors du bord de la terrasse et de sa rambarde de pierre d’un mètre de haut. La vue qu’il avait été impressionnante.

Depuis sa position, il pouvait voir les falaises entourant toute l’île, les forêts qui en faisaient aussi le tour et la ville d’Estal et ses champs, ainsi qu’une partie de la mer.

“L’île a l’air si petite d’ici… Est-ce que l’on peut voir le continent depuis plus haut ?“

Elwyn resta quand même émerveillé par cette vision lointaine, qu’il n’avait absolument pas depuis son village.

“Je veux en voir plus… tellement plus… Comment est-ce depuis le ciel ?“

Son regard perdu attira alors l’attention d’une personne qu’il n’avait pas remarquée. En même temps, le jeune garçon n’avait pas fait tout le tour de l’étage, il ne l’avait que supposé après en avoir vu un cinquième.

Cette une très belle vue, commenta une voix féminine.

En effet, ce n’est pas le genre de chose que j’aurais eu en restant chez moi.

Ah bon ? Demanda-t-elle intriguée.

Je viens d’un petit village situé à l’ouest du royaume d’Esthia. Ce n’est pas dans ce genre d’endroit que l’on peut observer ce genre de chose. C’est plutôt assez plat comme lieu.

Je ne peux pas vraiment comprendre ton point de vue, car pour moi ce genre de vue est plutôt habituel. Cependant, cela ne diminue en rien la magie et la surprise que je ressens à chaque fois que je découvre un nouvel endroit. Je trouve toujours cela fascinant de voir comment chaque lieu a sa propre identité et sa propre forme, même si certains endroits peuvent sembler similaires.

D’où pouvez-vous bien venir, pour pouvoir avoir de tel propos ? Demanda le jeune garçon, qui se tourna alors vers son interlocutrice située juste derrière lui.

Au moment où il croisa le regard de la jeune fille, pendant un instant, Elwyn fut comme frappé par la foudre et son sang ne fit qu’un tour. Ce même phénomène se produisit chez la demoiselle au regard vert pomme, dont les pupilles étaient légèrement fendues.

“Que m’arrive-t-il ?“, se demandèrent-ils en même temps.

La jeune fille faisant maintenant face au jeune garçon avait la peau d'un teint mat foncé, de courts cheveux noirs de jais légèrement ondulés et deux cornes noires parfaitement lisses trônant fièrement au-dessus de ses tempes. Ses oreilles, de taille humaine, étaient un peu plus fines et légèrement pointues par rapport à celles d'un humain.

À son dos se trouvait une paire d'ailes dont la taille devait être deux fois plus grande que celle des bras de la demoiselle, une fois déployées. Elles étaient couvertes d'écailles noires et leur membrane était faite d'un cuir sombre qui se terminait par des ergots acérés.

En bas de son dos se trouvait une longue et puissante queue préhensile recouverte d’écailles noires, pouvant lui servir comme d’un autre bras.

Elle portait l'uniforme de l'académie, mais modifié pour qu'elle puisse faire passer ses ailes à travers sa chemise et sa veste. Pour couvrir entièrement ses jambes, elle portait une jupe plissée à carreaux mauve foncé, dont le rebord était doré, et une paire de collants noirs opaques, ainsi que des chaussures simples en cuir à ses pieds. Autour du col de sa chemise se trouvait un ruban bleu et à son bras gauche, un brassard blanc.

“Ce n’est pas un dragon, mais une demi-dragonne !“

Les deux jeunes gens se remirent de cet événement inattendu et des étoiles commencèrent à doucement emplir le regard bleuté d’Elwyn.

Quant à la demi-dragonne, cette dernière semblait surprise par la réaction du jeune garçon et s’attendait plus à ce qu’il parte en courant, ou l’ignore tout simplement, comme ça a été bien trop souvent le cas.

Euh… Je suis désolée de t’avoir dérangé, s’excusa-t-elle, un peu gênée.

Tu ne m’as absolument pas dérangé. Je m’appelle Elwyn, ravi de faire ta connaissance, répondit le jeune garçon en lui tendant doucement la main pour la saluée.

La demi-dragonne hésita à la proposition que lui faisait le jeune garçon.

Tu…Tu n’as pas peur… de moi ? Demanda-t-elle hésitante et troublée.

Cette question surprit le jeune garçon sur l’instant, mais il finit par se rappeler que la race des dragons est souvent représentée comme des êtres créant la mort et la destruction.

Laisse-moi te demander une chose, penses-tu être une bonne ou une mauvaise personne ?

Ce fut au tour de la demi-dragonne de se faire surprendre par une question et y réfléchit pendant plusieurs secondes. Pendant ce temps-là, Elwyn remarqua que la queue de la jeune fille se balançait de gauche à droite à mesure de sa réflexion.

Je pense que… je suis plutôt… une bonne personne, du moins… j’essaie de l’être le plus possible, répondit-elle, toujours aussi hésitante.

Même si le jeune garçon avait encore beaucoup de problème à comprendre le comportement des gens, il pouvait quand même comprendre que cette demi-dragonne n’essayait pas de lui mentir, ou de le tromper.

Dans ce cas, que devrais-je craindre d’une bonne personne ? Les apparences sont parfois trompeuses et donc, il ne faut pas se fier au premier avis que l’on se fait des gens que l’on rencontre.

Cette réflexion du jeune garçon est typique des Entités et surtout ceux du Domaine de la Vie. Ils ne dénigrent pas les différents êtres couvrant ce monde, même s’ils ne sont pas du tout attrayants ou rassurants. Chacun a la forme qu’il a et doit faire avec. Quant aux autres, ils doivent l’accepter comme il est, tout comme ils doivent s’accepter comme ils sont.

À cette remarque d’Elwyn, la demi-dragonne eut l’impression de revoir quelqu’un d’autre de son passé, quelqu’un qui a disparu depuis longtemps maintenant.

Enfin, voilà. Je suis ravi de faire ta connaissance, se répéta le jeune garçon en retendant une nouvelle fois sa main vers la jeune fille.

Cette dernière finit alors par accepter et prit assez délicatement la main d’Elwyn, par peur de la broyer sous sa force, en partie, draconique.

Je m’appelle Arimélia, ravie de faire ta connaissance, Elwyn.

Une fois la poignée de main effectuée, Arimélia relâcha rapidement sa prise.

À ce que je vois, nous sommes tous les deux dans la même section, fit remarquer Elwyn en montrant son brassard blanc.

Ah oui, je croyais être la seule.

Je suis arrivé aujourd’hui, donc ce n’est pas surprenant que tu ne le saches pas. Au fait, j’ai fait la rencontre d’un garçon en bas et je crois qu’il t’a prise pour un dragon.

Arimélia haussa les épaules, un peu désespérée.

Ça ne me surprend pas…

Dans ce cas, il faudrait que lui dise que tu en es juste un demi, histoire qu’il puisse corriger son erreur.

Je sais mais… Euh, une minute. Comment tu sais que je suis un demi-dragon ? Demanda-t-elle, surprise de ne pas devoir corriger quelqu’un concernant ses origines.

Parce que tu n’as pas d’écailles sur ton visage, et je suppose que tu n’en n’as pas non plus sur le reste du corps. Tu as une apparence plus humaine qu’un dragon aurait sous sa forme humanoïde. Je sais aussi qu’avec ta couleur d’écaille noire, tu possèdes un souffle corrosif, capable de faire fondre la pierre.

Les livres sur les dragons, leurs variants et sous-espèces étaient bien gravés dans la mémoire du jeune garçon, ayant de nombreuses fois ouvertes et fermées ces derniers.

La demi-dragonne fut encore plus surprise par rapport aux connaissances de son espèce que le jeune garçon détenait.

“Qui est-il ?“, se demanda-t-elle.

Au fait, puis-je te demander d’où tu viens, si cela n’est pas trop indiscret ?

Je viens du royaume d’Hercor, mais je suis né sur Valmuldrak, répondit-elle tout naturellement.

Donc, tu es bien originaire des îles flottantes Draconique.

En effet. Et toi, tu as dit que tu venais d’Esthia, non ?

C’est bien ça. Je ne suis pas originaire des îles flottante des Corbeaux, si c’est bien cela qui t’intéresse.

Je vois, c’est pour ça que tu n’as jamais vu les choses depuis des hauteurs.

En effet… Un instant, je viens de comprendre une chose, si tu es une demi-dragonne, ça veut donc dire que ton parent de nature draconique viens de la lignée de Bahamut, le Grand-Gardien du ciel et de la terre ! Comme les dragons pouvant prendre une apparence humaine sont tous lié à lui, tu es en partie liée à lui aussi…

À cet instant précis, une jeune fille débarqua à l’étage, depuis l’escalier du bas.

Elle portait l’uniforme de l’académie avec un ruban bleu autour de son col, mais contrairement à Arimélia, elle portait des hautes bottines en cuir. Sa longue chevelure lisse était de couleur lilas, dont une frange carrée se dessinait au-dessus de ses sourcils et deux tresses étaient attachées pour former une couronne sur sa tête. Ses yeux étaient d’un très beau bleu céruléen.

Cette dernière s’approcha alors d’Arimélia.

Ari, je t’ai cherchée partout. J’ai enfin trouvé le livre que je cherchais. Tu viens avec moi ? Demanda-t-elle, avant de se tourner vers Elwyn.

Tu es qui toi ? Tu viens aussi lui chercher des ennuis ? Demanda-t-elle assez hostilement.

Elwyn fut surpris par cette violence verbale, dont il n’avait aucune idée de sa raison d’être envers lui, mais étrangement, il commença doucement à s’en habituer.

“D’abord le professeur Ezekiel, puis Loyd et maintenant une fille que je ne connais pas… Il y en aura combien d’autre encore après ? “

Avant qu’Elwyn ne pût dire quoi que ce soit, Arimélia intervient en sa faveur.

Vous vous trompez princesse Sylaria, c’est moi qui suis venu lui parler en premier.

Je vois. Dans ce cas, je suis désolée de t’avoir parler ainsi, s’excusa-t-elle, comme si elle venait d’avoir commis une très grave erreur diplomatique.

“Une princesse, hein… Intéressant…“

Si tu t’excuses, alors il n’y a pas de mal. Je m’appelle Elwyn, ravi de faire votre connaissance princesse Sylaria.

Ravie aussi de faire ta connaissance, répondit-elle, légèrement confuse.

Voyant que la conversation aller couper court par cette intervention, Elwyn décida de se retirer.

Dans ce cas, je vais pouvoir vous laisser. J’ai encore des choses à voir au sein de l’académie. J’espère donc que les choses se passeront bien entre nous dans le futur.

Et le jeune garçon rejoignit les escaliers, pour descendre au rez-de-chaussée.

Arimélia, quant à elle, jeta un dernier œil sur Elwyn durant sa descente, avant de montrer sa disponibilité auprès de la princesse Sylaria venue la cherchée.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Samuel Bertieaux ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0