Déménagement - Partie 1

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 Pénélope tremblait légèrement d'appréhension. Elle s'apprêtait à faire quelque chose de totalement nouveau pour elle. Elle leva les yeux sur Cassius, qui la regarda en souriant, ce qui eut pour effet de la détendre instantanément. Elle savait qu'elle pouvait avoir confiance en lui. Elle avait connu d'autres garçons avant lui, mais elle n'avait jamais été jusque-là. C'était une étape importante, et bien qu'ils ne soient en couple que depuis quelques semaines, la jeune femme était prête à sauter le pas.

« - Tu es sûre que tu veux le faire, questionna Cassius en fronçant légèrement les sourcils. Si c'est trop tôt, je peux très bien...

- Sûre et certaine, l'interrompit Pénélope. Je suis heureuse de faire ça avec toi. Heureuse, et un peu excitée si tu veux tout savoir. »

 Le jeune homme éclata de rire.

« - J'espère que ce sera à la hauteur de tes attentes.

- Je sais qu'avec toi tout se passera bien. »

 Cassius lui adressa un sourire tendre, lui prit la main et la porta à ses lèvres pour y déposer un rapide baiser. Sans la lâcher, il demanda :

« - Ensemble ? »

 La jeune femme soupira longuement, lui rendit son sourire et acquiesça d'un signe de tête. Ils levèrent leurs mains jointes et frappèrent à la porte. Cassius la regarda d'un œil amusé se dandiner de trac quelques instants, avant que la porte ne s'ouvre sur une femme d'une trentaine d'années à l'épaisse chevelure rousse et bouclée, vêtue d'une salopette tachée de peinture. Ses yeux en amande vert-de-gris légèrement inclinés passèrent de l'un à l'autre en une seconde, puis elle écarta les bras pour les saisir et les enlacer tous les deux en même temps. Le visage de Pénélope fut entièrement enfoui dans les cheveux, avant que la femme ne se recule et leur fasse une bise à chacun. Habituellement génée par la promiscuité avec des inconnus, Pénélope trouva étrangement agréable sa façon de faire, en pressant d'abord furtivement son nez contre la joue avant d'y déposer un baiser. Elle s'écarta d'eux et leur fit signe de la suivre à l'intérieur.

« - Je suis trop contente que vous ayez pu venir ! Ça fait tellement longtemps que Cassius nous parle de toi. Qui aurait pu croire que tous les deux vous finiriez ensemble ?

- Toi naturellement, l'interrompit un homme de très haute stature, aux épaules larges et aux pommettes prononcées qui portait un énorme carton. Je te dois dix euros d'ailleurs.

- Non seulement vous parlez de moi dans mon dos, mais en plus vous faites des paris ? râla Cassius pour la forme.

- Quand tu seras en couple depuis aussi longtemps que nous, tu comprendras que tout est bon pour pimenter un peu le quotidien, » plaisanta la femme.

 Son compagnon posa son carton en secouant la tête et soupira.

« - Puisque je t'ennuies autant, je vais peut-être demander à Cassius d'emménager avec moi à la place. Comme ça, pas besoin d'emballer tes affaires, et tu trouveras plus cet appart trop petit si je m'en vais.

- Bonne idée, répliqua sa compagne, mais j'ai pas envie de vivre toute seule. Pénélope, coloc de meuf, ça te tente ? »

 Elle se tourna vers cette dernière, qui se tenait toujours à côté de la porte et avait observé leur échange les lèvres pincées. La femme rousse porta les mains à ses joues et s'avança vers elle les bras tendus.

« - Ma chérie je suis désolée ! Tu dois nous prendre pour des malotrus. On s'envoie des fions devant toi et on ne s'est même pas présentés correctement. Je suis Marie, et mon giant boyfriend là-bas c'est Björn. Il est suédois, cherche pas.

- Tu peux pas être sérieuse deux minutes ? Écoute pas ses bêtises je m'appelle Alexandre, dit-il en lui serrant la main. Merci d'être venue nous aider à déménager. C'est pas forcément l'idéal pour faire connaissance mais...

- Au contraire, le coupa Pénélope, je préfère ça à m'assoir autour d'une table et vous regarder dans le blanc des yeux. Au moins là, si je suis trop mal à l'aise, j'attrape un carton et j'ai une bonne excuse pour quitter la pièce. »

 Marie éclata de rire. Elle l'attrapa par les épaules et la secoua.

« - Je t'adore déjà ma chérie. Tu es aussi franche et cinglée que moi.

- Tu es sûr d'avoir bien réfléchi Cassius, l'interrogea Alexandre en désignant Marie du pouce avec un sourire entendu.

- Oui. J'ai mis très longtemps à me rendre compte de l'évidence, mais c'est ce que c'est maintenant. Une évidence, répondit le jeune homme en s'approchant de sa petite amie.

- Comme disait Boulet, juste du temps et du calme, ajouta Pénélope avant de l'embrasser tendrement.

- Les jeunes couples, vous êtes vraiment dégoutants, s'amusa Marie. Trouvez-vous une chambre avant qu'on ait démonté les lits ! »

 L'invitée s'excusa en rougissant. La maîtresse des lieux balaya l'air de la main.

« - Ah non, pas de ça ! Si tu passes ton temps à dire pardon, c'est moi qui vais me sentir mal à la fin. Pars du principe que je plaisante et que peu importe ce que je te dis, c'est pas grave ! Je pourrais te promettre que je vais faire un effort pour bien me tenir, pour t'accueillir comme il se doit et ne pas te mettre mal à l'aise, mais ce serait un mensonge. Je ne sais pas me tenir, c'est mon grand drame, en même temps que ma grande fierté. Donc tu vas venir avec moi, on va papoter et je vais te poser un milliard de questions sur ta vie. Et si je te saoule, hésite pas à me dire de la fermer.

- Surtout pas, intervint vivement Alexandre. Ne lui dis jamais ça !

- Jamais, » appuya Cassius d'un air grave.

 Les deux hommes échangèrent un regard sombre en secouant la tête de droite à gauche. Pénélope crut même voir Alexandre tressaillir.

« - Arrêtez, vous allez la terrifier ! Promis je ne mords pas. Enfin, pas souvent. Par contre ils ont raison, j'ai horreur qu'on me dise de me taire. Donc si tu veux pas répondre à une question, contente-toi de quitter la pièce comme tu as dit tout à l'heure.

- Par contre, sans vous commander, essayez de bosser un petit peu en même temps, demanda son compagnon.

- Jawohl mein kommandant, grogna Marie en levant les yeux au ciel. C'est bon ils viennent d'arriver, on est pas aux pièces ! Pénélope tu dois aller ailleurs, toi, après ?

- J'ai toute ma journée pour vous.

- On partira peut-être avant ce soir quand même, dit Cassius en regardant ses deux amis. Pour pas... vous déranger.

- Ça va dépendre de si ma petite Penne Rigate me supporte toute la journée, parce que moi je l'aime déjà. Allez viens ma chérie, on va vider mon placard de fringues. »

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