Chapitre 12

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        Après deux semaines de cours, je pense être habitué au fait de ne plus dormir avec ma jumelle. Même à dix-sept ans, c’est si dur sans être collé à elle. Heureusement, j’ai récupéré mon familier en cachette tôt ce matin. J'ai su me faire discrets, sans me faire voir par mes deux colocataires. À l’Académie, ils pensent réellement que l’on peut se passer de nos animaux d’amour aussi longtemps ? Ah ma Prisme... Ma pauvre chatte, laisser seule aussi longtemps. Quel scandale ! Elle a toujours eu le pouvoir de calmer mes folies ou tout simplement mon âme. Rien de moins, rien de plus. Sans mon félin, je suis souvent perdu. D’où sa présence inopinée dans la chambre. 

   Maintenant je profite du moment de bonheur le plus simple au monde ; se prélasser dans le lit avec elle. Seul quoique dans la matrice présent ? Me faire réveiller avec mon matou qui s’étire sur mon visage, ce n’est pas dans mes objectifs du jour. Loin de là ! C’est sans oublier ses griffes plantées dans mon faciès. Ce n’est vraiment pas la meilleure sensation au monde. De quoi me faire descendre de mon petit nuage de bien-être aussi sec. Traitresse. Vraiment, quoi de mieux que ce genre de réveil ! Se réveiller avec des griffures pleins la figure et des poils auburn pleins la bouche. Je crachouille un coup dans l’espoir vain, de tout retirer de ma cavité buccale. 

<< Prisme, je souhaite ardemment qu’un jour, tu arrêtes de disséminer tes poils partout. Ce n’est pas mon alimentation de prédilection. C’est plus le sang ou des smoothies maison. Pas qu’avoir un chat rare me dérange. Hein ma Devon Rex. Putain !>> 

   Je me dépêtre le plus vite possible de mes milliards de couvertures et draps pour échapper à mon compagnon. Quand d’un coup, j’entends au loin un rire moqueur, mais n’y fais pas attention. C’est devenu une habitude dans cet appartement depuis la rentrée. Je vous jure les cerbères, pire que le caractère tremper des loups-garous. Je découvre chaque jour une nouvelle facette de Blacks. Tantôt un véritable abruti et la seconde d’après un parfait petit chiens qui ont peur de décevoir son meilleur ami. C’est fou comme je me rends bien compte que l’on sait peu de choses sur ceux qui nous entourent. À part ces deux facettes, je ne sais rien de ce mec. Je ne m’inquiète pas autant que Lexia sur ce genre de détail. Avec les cinq années qui vont suivre, j’ai bien le temps pour le connaître, lui et Morrow. On a tous les trois la chance d’être de la même année. Pas comme toutes les autres chambrées du dortoir. 

   Une fois que j’ai réussi à finir sur mes deux jambes sans me briser la nuque, je remarque finalement que Blacks n’est pas le seul de lever. Morrow semble avoir vachement de mal à se sortir de ses songes. Ses cheveux roux en pétard, le t-shirt de son pyjama à moitié remonté et surtout... Le pantalon bien bas. Trop bas. Heureusement que je ne fais pas comme à la rentrée et que je suis le plus sérieusement du monde les indications de Blaylock. Pour une fois que tonton Zombie trouve presque immédiatement les bonnes doses. Ça m’évite bien des problèmes, du genre sauté sur un petit oracle sans aucun tact. Je ne veux absolument pas passer pour un mec en rut. Un peu de classe, je suis un prince ! On se connaît à peine. Nous ne nous parlons que peu, n’ayant presque jamais cours ensemble. 

   Lorsque l’on est ensemble, qu’on peut faire connaissance l’autre toutou enrager nous coupe. Comme si je n’ai pas sa permission de discuter avec son meilleur ami. Un jour, je vais le charcuter, hacher menu ! Tout ce je sais actuellement sur le bel oracle, c’est qu’il est assez extraverti. Toujours là pour veiller au grain vis à vis de Blacks. Me demande bien ce qu’ils font toujours coller ensemble nom de Zeus ! 

Je jure sur la tête de Lexia que je vais réussir ce matin à discuter avec lui ! Je veux comprendre pourquoi son odeur et les autres aspects de sa personne m’attirent autant. C’est bien la première personne dont je n’arrive pas à ressentir ses intentions. D’ordinaire, je parviens toujours à percevoir ce qu’est la personne, ses plans, arrière-pensées... Ça me fait un peu peur de ne pas pouvoir le faire. Pourtant, je sens qu’au fond de moi, je n’ai pas à me méfier de lui. Bien étrange comme situation. Si seulement papa ou maman étaient là pour m’aider dans tout ça ! 

<< Sa majesté Gawaïn-Lowell s’est-elle réveillée du mauvais pied ? Ha haha... Se faire molester par son familier, c’est bien bas. Quand je dis que les petits-bourgeois ne savent pas dresser leurs bêtes... Hum. 

-Blacks... 

-Quoi Morrow ? Ce n’est pas vrai peut-être ce que je dis ? En plus, ce chat ne doit même pas être ici, mais dans la ménagerie. Je suis curieux de savoir pourquoi monsieur le prince, s’est permis d’aller chercher son compagnon. 

-Je me suis permis d’aller récupérer Prisme parce que j’en ai le droit. Je me le suis donné, mais ce n’est qu’un détail. Ne me manque pas de respect Blacks. Je déteste ça. 

-J’en ai marre de vous deux ! Par la grâce de Taman. Vous allez me tuer. >> 

Le pauvre Morrow semble si désespérer qu’il vienne à jurer sur le dieu des oracles. Je me retiens de me lever totalement pour venir le réconforter. Cette simple idée à simplement le temps de germer avant de voir Morrow partir. Tout ça en se décoiffant encore plus les cheveux en direction de la salle de bain. Je pense bien fort dans ma tête à ne pas craquer. À ne pas le suivre. Jayden, pense à ta bonne éducation. 

<< Hé, le suceur de sang ! 

-Désolé mon petit cerbère, l'envie de me disputer plus m’est passer. 

-Ose encore regarder Morrow de cette manière et... 

- Oui oui. M’en fous ! Aller zou à la douche ! Prisme ? Tu viens avec moi ma belle ? >> 

Pour encore mieux emmerder notre ronchon en chef, je pars dans la même direction que l’oracle. Tout en sifflotant sur un rythme entraînant, suivit très rapidement par ma chatte. Ajoutons la touche humoristique bonus : ses miaulements m’accompagnant dans mes sifflotements. Personne n’a mieux qu’elle. Mission impossible.  

※※※

   Une fois arrivés dans la salle de bain, je reste bloquer sur mon second colocataire. Devant le miroir, Morrow qui tente de compter sa chevelure de cuivre. Je suis étonné qu’il ne s’énerve pas face à ce combat inutile. Depuis la rentrée, je me rends bien compte qu’il a toujours la tignasse dans tous les sens. Ça ne le fait que devenir plus mignon. Il est continuellement calme, peut être un super pouvoir des oracles ? Qui sait. Personne ne connaît tout sur les autres espèces. On a préservé quelques réflexes de survie après tout.

Ce mec est toujours calme. Ne s’agace absolument jamais. J’admire sa force de caractère parce que oui pour rester aussi zen il en faux ! À se demander d’où lui vient cette patience. À côté de lui, je passe pour un hyperactif qui ne réfléchit jamais. À vrai dire, ce n’est pas loin de la vérité. Je me rends bien compte que comparer aux autres de mon âge, j’agis comme un gosse. Si une dispute éclate, je vais rarement me calmer ou apaiser la situation... Alors que Morrow, c’est tout le contraire. Il arrive si bien à calmer les tensions alors qu’il ne connaît pas forcément les gens face à lui. Suffis d’un instant, une parole ou encore un regard et tout s’arrête. Leur don de divination en effraie plus d’un. Comme si avoir une prophétie aux fesses est dramatique. Maman a pourtant bien réussi avec une au cul...

Le petit Oracle doit en endurer avec nos face-à-face quotidiens. C’est tout de même assez comique comme situation. Le voir vaincu par sa brosse à cheveux est assez mimi. L’observer se coiffer pendant des minutes entières est assez hypnotisant à vrai dire. La brosse en bois passe doucement dans sa crinière orangée. Les nœuds se défont sous le brossage avec une facilité déroutante. Le crissement de la brosse à cheveux se fait retentir dans la salle d’eau. Pas même une musique dans le fond ne se fait entendre. Il est totalement toqué.

Je me mets à rigoler silencieusement. J’ai bien trop peur de me faire remarquer. Si je peux rester des heures à le regarder sans être gênés, ça ne me dérange pas du tout ! Aller faut que je reste calme, on a dit calmos les hormones !

Étrangement, sur le haut de sa tête, j'aperçois une boule le poil sombre. Toute, toute petite. Qui se roule dans ses mèches... Hein ? Un insignifiant cri retendit au même instant dans la pièce. Je tourne la tête dans tous les côtés et regarde à nouveaux ce truc noir. Ce n’est tout de même pas ce machin qui a fait ce son, si ? Soit j’ai avalé les poils de Prisme dans le même temps une substance inconnue. 

<< Oh putain ! >>

Whoops, je viens de me griller en un quelques secondes. Le visage vissé vers le bas et le sourire bien haut, j’évite son coup d’œil.

<< Jayden, sais-tu qu’admirer le carrelage ne cache pas ton hurlement d’il n’y a pas cinq secondes ? Je peux au moins savoir la cause de ce “oh, putain” de toute beauté ? >>

Le fait qu’il me dévisage avec la joie collée aux coins de la bouche. Mon heure est enfin arrivée ? Je suis si jeune pour mourir à cet âge et pour une raison aussi débile ! Mille et une idées me viennent dans la tête pour justifier tout ça, mais mon cerveau n décide autrement.

<< Comment dire que... Disons que... Ben... Hehe, oops ?

Attends que je pause, Karan et on va voir. >>

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