22/ LA SOLITUDE : MATT

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J’ai regagné mes appartements dès qu’ils ont déserté le salon. Ça a été long, car mon frère a eu la bonne idée de me demander de ramasser les morceaux de verres et de calfeutrer l’ouverture laissée par mon entrée fracassante. Ça m’amuse encore quand je me remémore leurs têtes ! Mais il était hors de question que je répare mes dégâts. Je suis toujours de mauvaise humeur et je n’ai pas envie de faire plaisir. Je ne veux plus être quelqu’un de docile et il est hors de question que j’obéisse aux ordres, fussent-ils donnés par un membre de ma famille ! Ils se sont donc tous attelés à la tâche, pendant que ma sœur et moi les regardions. Je savais que ça les énervait, et même si ça ne m’amusait pas, j’étais satisfait de les contrarier. Après ça, ils se sont souhaités bonne nuit et un bon sommeil réparateur, nous ignorant, ma sœur et moi. Tant mieux, je n’avais pas l’intention de faire preuve d’amabilité ; les narguer me va très bien. Surtout Lana, je ne la quittais pas des yeux et ça la mettait mal à l’aise, d’autant plus qu’elle ne pouvait rien dire devant les autres. De temps en temps, je lui adressais même un clin d’œil auquel elle me répondait par un regard foudroyant, et à la suite de quoi je lui offrais mon sourire charmeur.

Mais maintenant que je me retrouve seul dans ma chambre, je ressens le poids de ma solitude. La taquiner me permet de garder une forme de complicité avec elle. Nos disputes me manquent. Je dois réfléchir au moyen de me débarrasser de ce besoin de la voir, de lui parler, de la toucher. De m’en abreuver. Je dois combler ce vide dans mon cœur. Je suis en manque de la protéger, mais aussi de son parfum, de son goût.

C’est devenu une idée fixe dont je dois à tout prix me séparer.

Je pourrai éliminer son mari car c’est lui qui m’empêche d’obtenir ce que je veux, ce dont j’ai besoin. Pourtant, si je le tue, j’anéantirais toutes mes chances, car elle me haïrait et je préfère mourir que supporter son mépris. C’est peut-être la solution : me jeter dans la gueule des monstres, dehors et y rester. J’ai besoin de prendre l’air, je deviens fou.

Je suis allé chasser, mais mon euphorie m’a quitté quand j’ai lu toute cette peine sur les traits délicats de Lana.

Je suis là, sur mon balcon, à me demander ce que deviennent les enfants de vampires fous tels que moi, quand je perçois un mouvement en bas, dans le jardin. C’est Clément qui va remplir des seaux d’eau. Au fond, je le plains, le pauvre. Il ignore qu’il vit sous le même toit que l’amant de sa femme, et pire encore, il ne pense pas qu’une épée de Damoclès pèse au-dessus de sa tête ! Je pourrai sauter, là, maintenant, lui barrer la route et l’égorger. Ça ne me prendrait qu’une minute et je suis sûr que ça me soulagerait. Ouais, mais la délivrance serait très brève. Et si je lui racontais tout ? Il la quitterait et la libérerait. Non, elle ne me reviendrait pas non plus.

Je vais essayer de me rapprocher de cet homme qui gâche ma vie. C’est sans doute un type sympa puisqu’elle l’a choisi lui. C’est ça, je vais commencer par faire connaissance avec lui ; après, on verra. Mais avant tout, je dois parler à la sorcière. Dès demain matin, aux aurores.

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