chapitre deux - partie une

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| Veritae ; partie une

Ladybug filait dans la nuit. Son yoyo tranchant l’air aussi rapidement que le cœur de Marinette s’était fendu. Elle manquait de tomber, de trébucher, de chuter, mais se relevait encore et encore. Elle gardait la tête haute, concentrée sur sa tâche.

« Ce que je veux ? A la demande du Papillon, les Miraculous du Chat et de la Coccinelle, évidemment, répétait la voix enjouée de Veritae dans le crâne de la super-héroïne. Mais je désire plus que cela. Je veux la vérité. La vérité sur les pouvoirs fantastiques de vos super-héros favoris, la vérité sur leurs vies, la vérité quant à leur identité !

Je veux que vous soyez témoins de la déchéance des héros, à commencer par celle qui est à leur tête !

Ladybug ! C’est à toi que je m’adresse désormais. Je retiens, comme tu peux le voir, tes parents ainsi que certains de tes si précieux amis enfermés dans la boulangerie Dupain-Cheng. Je ne leur tirerai aucune information si tu viens me donner les réponses que je recherche par toi-même. Dans le cas contraire… il se pourrait que je détruise ta vie de la plus pacifique des manières : je dévoilerai le moindre instant de ton existence au monde entier.

Tu as une heure. Tic, tac. »

Elle avait perdu une demi-heure. Elle n’était pas au courant, après tout. D’une seconde à la suivante, sa vie avait de nouveau basculé du rêve au cauchemar.

Une larme roula le long de son masque pour disparaître dans les étoiles de cette nuit pleine d’émotions contradictoires toutes plus fortes les unes que les autres.

Elle se réceptionna du bout des orteils sur une terrasse où Chat l’attendait. Il avait évidemment constaté sa lenteur due à ce qu’elle devait traverser et s’adaptait à son rythme. Il la rattrapa et l’entraîna dans un coin reculé avec délicatesse, comme pour ne pas la briser plus qu’elle ne l’était déjà. De là où ils se tenaient, ils étaient invisibles aux yeux de la vilaine mais conservaient une bonne visibilité.

Chat Noir ne prononçait pas un mot. Ses yeux vifs bougeaient sans cesse à la recherche d’un plan. Leurs épaules se touchaient. Ladybug savait que derrière ce simple geste se cachait la volonté de la soutenir.

Il avait frappé à la fenêtre alors que Luka finissait tout juste de jouer son morceau. Marinette allait ouvrir la bouche pour parler. Ils avaient tourné la tête en chœur pour trouver le héros livide de l’autre côté de la vitre. Il n’y avait pas eu besoin de se concerter pour savoir que l’heure était grave.

Marinette avait embrassé la joue de Luka et s’était élancée à la suite de son camarade. Dans les yeux de son presque fiancé, elle avait lu beaucoup d’amour, d’attente et de déception. Elle lui avait promis d’un sourire une réponse rapide. Un oui, évidemment. Car elle rêvait de ce jour.

Et voilà que le Papillon le brisait.

Ladybug était furieuse, pour ne pas dire enragée. Sur la route, Chat Noir lui avait montré des vidéos et avait résumé ce qu’il savait de la vilaine suite à son premier passage à proximité.

Veritae, comme elle clamait se nommer, avait le pouvoir de soutirer les plus crues vérités à ses victimes. A partir du moment où elle entendait le son de votre voix, elle pouvait poser n’importe quelle question, et sans votre consentement, vous lui dévoilez la réponse attendue. Privé de filtre.

Sur la vidéo, Marinette avait prit le temps de scruter son costume attentivement, à la recherche d’un indice quelconque sur la manière de vaincre cette nouvelle akumatisée. Elle avait scruté chaque partie de sa combinaison semi-transparente sans rien noter de particulier. Quelques zones étaient plus foncées que d’autre, elle portait de longues bottes d’un noir plus sombre que la nuit qui s’étiraient haut sur ses jambes. Deux interminables tresses lui tombaient aux chevilles et un trait noir ornait son visage en soulignant élégamment ses yeux.

Mais le vice résidait dans son sourire : ses lèvres peintes de blanc ressortaient comme deux diamants au fond d’une grotte. Ce rouge à lèvre changeait de couleur à l’instant où elle entendait votre voix. Pour l’instant d’un blanc de neige, il témoignait que personne n’était actuellement sous son emprise. On ne voyait que lui.

D’après Chat Noir, sur qui elle s’était échauffée, ses lèvres étaient devenues vertes à l’entente de sa voix. Il avait fermement refusé de donner les réponses que Veritae avait obtenues à ses questions à Ladybug. Cela avait intrigué sa camarade, mais elle ne le forcerait pas à en parler s’il ne le désirait pas.

« C’est quoi le plan ? finit-il par chuchoter en pivotant vers Ladybug.

– La forcer à nous montrer où se cache l’akuma dans un premier temps. Et surtout, ne pas laisser échapper de son.

– Tu n’utilises pas ton Lucky Charm ? s’intrigua le jeune homme.

– J’ai besoin de savoir où se trouve l’akuma pour qu’il soit pleinement efficace. Ça ira jusque-là ? »

Le teint de Chat Noir avait très légèrement pâlit, mais il acquiesça tout de même. Ladybug était inquiète. Voir son ami si apeuré augmentait sa propre angoisse.

Alors ils s’élancèrent dans le vide, silencieux comme deux flèches. Sans surprise, la vilaine les repéra immédiatement. Ils ne cherchaient pas à être discrets, ils désiraient seulement attirer son attention et la pousser à dévoiler l’objet qui lui donnait ses capacités magiques. S’il le fallait, Ladybug serait prête à discuter avec elle pour laisser le champ libre à Chat Noir.

« Enfin, notre invitée d’honneur arrive à la fête ! Bienvenue Ladybug, n’as-tu pas un mot à adresser à ton public ? »

Quel public ? se demanda Ladybug. Elle virevoltait de plus en plus près de la vilaine, la poussant à reculer. Elle tentait différentes manœuvres simples pour s’approcher, mais Veritae s’arrangeait pour avoir une longueur d’avance et esquivait tous ses coups. L’héroïne retenait le moindre bruit qui risquait de s’échapper de ses lèvres.

Du coin de l’œil, elle scrutait les actions de son partenaire qui s’avançait très silencieusement. Elle nota qu’il lui signalait d’arrêter tout mouvement. Alors Ladybug esquissa un sourire crispé et recula de quelques pas. Puis elle inspira sous le regard horrifié de Chat Noir et prononça :

« Bonsoir, Veritae. J’ai bien eu ton message. Je t’en prie, qu’as-tu à me demander ? »

Immédiatement, la marque du Papillon vint se superposer au visage de l’akumatisée et ses lèvres se teintèrent de rouge. Il devait lui soumettre des questions à poser. De son côté, Ladybug adressa un regard sévère à Chat Noir qui s’était arrêté, surpris du choix de son associée. Il reprit dans l’instant son observation scrupuleuse.

Dans la tête de Ladybug, le stress remuait ses pensées. Elle avait l’impression que tous les moments de sa vie étaient brassés dans son cerveau comme des céréales dans un bol, et que Veritae pourrait prendre une cuillère de ces informations à tout instant.

« Qui sont les personnes qui comptent le plus à tes yeux ? »

Le sang de Marinette se glaça dans ses veines. Le Papillon comptait s’en prendre à ses proches dans le futur, c’était une évidence. Elle réussit cependant à articuler clairement, le regard rivés dans les yeux de la vilaine, tentant d’oublier la présence de Chat Noir et du monde autour. Elle le suppliait presque de trouver rapidement l’objet à détruire.

« Mon fiancé, Luka Couffaine ; mes parents ; mes amis, Juleka Couffaine, Rose Lavillant, Alya Césaire, Nino Lahiffe, Kagami Tsurugi, Adrien Agreste, Chloé Bourgeois ; et mon meilleur ami, Chat Noir. »

Veritae battit des mains d’excitation, enchantée d’avoir pu obtenir un si grand nombre d’informations en une seule question. Elle réfléchissait à toute allure sur la manière de formuler la suivante. Ladybug déglutit. Elle venait de mettre toutes les personnes de la liste en danger, et par chance, ses lèvres n’avaient pas choisies d’en condamner plus. Elle restait tout de même surprise d’avoir parlé de Kagami et d’Adrien alors qu’elle ne les fréquentait plus beaucoup depuis quelques années.

Elle s’accorda un bref regard vers Chat Noir qui, à sa surprise, souriait. Elle soupira, songeant qu’il était certainement ravi d’être compté dans ses proches et encore plus en tant que meilleur ami. Marinette se demanda si son ressenti était réciproque.

« C’est là que le jeu devient intéressant ! pépia Veritae. De toutes ces personnes, je suppose qu’au moins deux sont d’autres héros. Mais ce n’est pas ce qui m’intrigue le plus. Tu ne connais donc pas l’identité de Chat Noir, pour donner son nom ainsi ?

– Non, répondit Ladybug avec fierté.

– Quel dommage, cela nous aurait grandement facilité les choses. »

Le signe du Papillon surgit sur le visage de Veritae. L’héroïne ne pouvait pas savoir ce qu’il lui disait. En attendant, elle constata que Chat Noir se trouvait désormais à deux pas de la vilaine. Il avait l’air concentré. Veritae claqua sa langue. Ladybug prit peur à l’idée qu’elle ait remarqué le héros, mais au contraire, elle s’assit confortablement sur le toit face à la coccinelle, croisant les jambes dans un air de dire que leur petite discussion allait durer un long moment.

« Oui Papillon, j’y viendrais. Mais avant, j’ai encore quelques questions pour elle. Je suis certaine qu’elles te seront utiles. Ladybug, dis-moi… comment choisis-tu tes camarades ?

– A la confiance. Selon leurs capacités dans certains cas de figure, entre autres.

– Ma théorie était donc exacte. Peux-tu me donner deux noms de super-héros parmi ceux que tu as cités plus tôt ? Sous leur forme héroïque, évidemment.

– Chat Noir et Queen Bee, » sourit Ladybug.

Tout le monde savait que Chloé Bourgeois était Queen Bee, et elle pouvait citer Chat Noir sans craindre qu’il ne soit dans la liste, puisqu’elle ne connaissait pas son identité. L’héroïne était très fière de constater que sa raison ne perdait pas de vue son devoir. Veritae fronça les sourcils avant d’éclater de rire.

« C’est ce qu’on appelle avoir de l’audace ! complimenta la vilaine. Dis-moi, Marinette, quel serait le pire scénario catastrophe à tes yeux ? »

En réponse au long sourire qui s’étala sur le visage de l’akumatisée, Ladybug répondit avec un rictus.

« Il est déjà passé. Le fait qu’on connaisse mon identité était le pire scénario catastrophe pour moi. »

Elle lutta pour ne pas en dire plus. Si elle parlait trop, la situation empirerait.

« Je crois que tu n’as pas bien compris ma question, soupira l’opposante. Quel serait le pire scénario catastrophe…

– A partir de maintenant ? rugit presque Ladybug en voyant Chat Noir ausculter du regard le dos de la vilaine. Il leva un pouce. Je te l’ai dis : je vis mon pire scénario maintenant. Ma vie est le pire scénario que j’imaginais d’elle. »

Identité connue, journaliste trop curieuse désormais akumatisée, perdre ses proches, interrompre la demande en mariage de son aimé…

Ladybug sourit amèrement.

« Question suivante ? » demanda-t-elle dans le vent.

Veritae n’eut pas le temps de la poser : Chat Noir passa à l’attaque, tirant ce qui devait être un fil qui dépassait du dos de la vilaine. Celle-ci glissa en arrière dans un glapissement surpris et sourit en voyant le visage de son ennemi. Ses lèvres redevinrent blanches.

« Je t’avais oublié toi, » remarqua-t-elle en lui décochant un coup de pied dans le ventre pour qu’il la lâche.

Ladybug savait au sourire du héros qu’il devait retenir une réponse du genre « C’est normal, les chats noirs se fondent dans la nuit ! » et rien que l’imaginer la détendit un peu. Elle n’était plus sous l’emprise de Veritae et Chat Noir semblait avoir trouvé l’objet.

Elle s’attira sur le toit où le combat prenait de l’ampleur et tenta d’immobiliser la vilaine du mieux que possible, afin que Chat Noir puisse lui subtiliser l’objet qui les mettait en danger. Puisqu’il ne pouvait pas parler, il lui était impossible de lancer son Cataclysme. Il devrait lui prendre l’objet et le détruire sans super-pouvoir. Le héros glissait, s’agrippait aux façades des immeubles alentours afin de se propulser de nouveau sur Veritae, en tentant tant bien que mal de transmettre des informations à Ladybug sans ouvrir la bouche.

Mais rien à faire, Veritae se faufilait à la moindre ouverture que les deux héros lui laissaient entrevoir et les mettait à terre en un rien de temps. En plus de son abominable pouvoir, le Papillon lui avait offert une grande puissance. Son agilité lui faisait penser à la manière dont Ladybug se mouvait, et cela la troublait.

Puis, Veritae coinça Chat Noir contre sa poitrine. Les bras bloqué, le héros tentait de se dégager du mieux qu’il le pouvait, mais elle possédait une force supérieure. Veritae sourit malicieusement et posa le doigt sur la gorge de Chat Noir. Elle n’avait qu’à appuyer pour qu’un son sorte de sa gorge et qu’elle prenne le pouvoir sur lui.

« Alors Ladybug, tu vas laisser ton fidèle associé dans une telle situation de détresse. Ou alors tu es motivée à répondre à quelques questions ? »

A l’attitude de Chat Noir, il était clair qu’il ne voulait pas l’entendre parler de nouveau. Ils savaient tous les deux les risques qu’elle prenait en laissant Veritae avoir l’ascendant sur elle. Mais elle n’avait pas le choix : si la vilaine forçait Chat à révéler son identité, tout le groupe de héros pourrait être mis au grand jour.

« Ne t’en fais pas, je ne te demanderai rien qui concernera l’équipe, exposa la vilaine. Je veux juste savoir quelque chose sur toi et seulement toi. Je relâcherai Chat Noir une fois que la question posée. Marché conclu ? »

Le blond, les yeux écarquillés, laissait clairement comprendre qu’elle devait refuser. Mais une chose de plus ou de moins à son sujet, ça importait peu après tout.

« Pose ta question. »

Veritae lâcha immédiatement Chat Noir. Ignorant le masque du Papillon qui s’était posé sur son visage, elle prononça de ses lèvres rouges :

« Quel est ton plus grand souhait ? »

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