19.2 Révélations de Nathan

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— « Anna. Promets-moi de toujours me faire confiance. Ce que je vais leur dire ne va pas du tout leur plaire. Et…

— Oui, ne t’en fais pas Nathan. Je suis avec toi. Alors vas-y. »

Je ne sais pas ce qu’il attendait. Mais notre conversation silencieuse vient de le faire réagir. Il parle et débite tellement d’informations que je reste pantoise. Figée sur place. La crèche est encore plus terrible que dans mon imagination. Ils ont prévu de créer des soldats. Il n’y a pas que les sections qui sont formées par l’organisation. Les sections sont justes la première couche de l’iceberg. Nous étions dans un institut. Le plus bas des étages de la crèche.

Il en existe plusieurs. Nous n’étions que des cobayes, alors que d’autres sont transformées en armes mortelles. Ils deviennent des dangers pour leurs parents. Ils ne retournent jamais auprès de leurs familles. Non, les enfants envoyés aux centres ne reconnaissent même plus les gens de leur famille. Ils sont formatés à être des tueurs. Leur don aux ordres de l’oppression.

Ils se sont servis de nos ailes pour faire de nouveaux tests. Ils ont découvert que celles-ci cachaient une puissance autre que la nôtre. Qu’elles ont leur conscience, qu’elles réagissent intelligemment. Elles sont une partie de notre âme. Alors ils ont essayé de les transformer pour en récupérer leurs forces. Mais ils ont échoué. Un bon point pour nous.

Les anges du conseil sont choqués d’apprendre la disparition totale de nos ailes. Apparemment, elles sont importantes au sein de la légende. Et puis, elles font partie de notre identité. Nous sommes des enfants d’anges, une nouvelle génération. Les premiers nés d’un couple d’anges. Marielle était une guerrière. Une protectrice des armées. Aider par sa moitié Omaël, ils ont su guider les hommes.

C’est pour cette raison que le créateur les a choisis. Ils souhaitaient leur permettre d’aider au mieux les hommes. Parce que ceux-ci se sont de plus en plus enfermés dans une impasse. Et le seul moyen de les en faire sortir est l’espoir. L’espoir que de nouveaux gardiens puissent tous les sauver de ce monde en perte. En totale décadence.

Omaël frissonne lorsque Nathan évoque le créateur des anges. Cela fait bien longtemps que plus personne n’en parle. Les hommes ne croient plus en lui et les anges… Ils ont perdu la foi. Ils se terrent. Alors qu’il les a envoyés ici pour guider, aider et protéger les hommes. Certains sont passés du mauvais côté mais ceux qui sont encore présent, ceux ayant fondés la Légion continuent le rôle que leur créateur leur a donné.

Ils le continuent sans même continuer à croire en lui. Moi, je crois en sa bienveillance et en sa sagesse. Sinon, je ne serais pas là. Il n’aurait pas souhaité créer une nouvelle génération d’anges, si l’ancienne réussissaient son travail. S’il a créé cette nouvelle ère, c’est seulement pour aider l’ancienne à avancer. Mais le comprend-t-elle ? D’après Nathan, non.

C’est la raison de la création, de l’origine de la crèche. Les ailes des anges gardiens ne brillent plus, ne sont plus immaculées. Ils ont perdu l’espoir et la foi en leur don, leur force. Ils ne sont plus que des ombres. Les gardiens errent sans but à présent. Les dirigeants de ce monde ont trop pris de pouvoirs sur les autres. Ils sont… Ils ont pris le dessus et les enfants dans les instituts sont leur moyen de pression.

Oui. Parce qu’ils savent que personne n’osera s’en prendre à eux, si leur armée est composée d’enfants. Or, Nathan nous explique une chose. Une chose qui me fait très mal réagir. Pour eux, les enfants, ces soldats d’élite, ne sont que des pions. « De la chair à canon », rien de plus. Une vie ne représente donc rien à leurs yeux ? Des gardiens acceptent vraiment cette idée ? Je n’en peux plus d’entendre le discours de Nathan. Il devient de plus en plus précis. Et surtout de plus en plus violent.

Les hommes de la crèche ne sont plus que des monstres à mes yeux. Des monstres qu’il faut détruire à tout prix. S’il le faut, je monterais étage par étage. Je franchirais chaque barrière afin de réduire à néant ces personnes sans scrupules. Ils agissent en étant possédé par la peur. Je…

— « Gabriel… Il faut que je sorte d’ici. J’ai besoin de sentir le vent… Je…

— Nous ne pouvons pas princesse… Le conseil est ouvert. Aucun ange ne peut sortir de cette pièce. Pas tant que Raphaël est présent…

— Non… Je dois sortir, maintenant ! Je… J’étouffe… Je ne peux plus entendre ses mots… Ces hommes, ces femmes qui travaillent pour l’organisation, ne se rendent-ils donc pas du mal qu’ils font ? De toutes les personnes qui en ressortent brisés ? De tout ces enfants qui ont perdu la vie ? Tout cela pourquoi ? Pour des monstres sans cœurs. Des assoiffés de sang, sans morale…

— Anna… Regarde ton frère. Touche-le. Je suis sûre qu’il n’a pas encore tout dit.

— Je… Je ne veux pas savoir… Ils ont torturé trop d’enfants. Ils ont pris mes ailes. Ils les ont prises et ont fait des tests dessus. Comme si c’était leur jouet…

— Anna… Touche ton frère ! »

Pourquoi est-ce qu’il s’énerve ? Je lui lance mon regard, celui de l’incompréhension totale. Pour réponse, j’ai le droit à un hoche de tête et un mouvement en direction de mon frère. Bon, je crois que je n’ai pas vraiment le choix. Je vais devoir écouter Gabriel. Mais sait-il quelque chose que j’ignore pour insister autant ? J’essaie de me glisser discrètement vers Nathan, toujours occupé à prononcer son discours au sujet de la crèche.

Je suis près de son dos à présent. En approche ma main. La poser sur son épaule. Il ne bouge pas. Il s’attendait à cette réaction de ma part. je me lie à lui comme nous avons l’habitude de le faire. Plonge plus profondément dans ses murmures, pénètre ses pensées, entre dans ses souvenirs. Et une chose me heurte de plein fouet.

— Nos ailes !

— Oui, Anna nous savons déjà qu’elles ne sont plus.

— Vous vous trompez ! Elles… Enfin, Nathan… Nous pouvons retrouver nos ailes !

— Impossible.

— Raphaël ! Arrête ! Tu sais autant que chacun de nous, qu’il existe un moyen pour eux de retrouver leurs ailes.

Omaël savait. Il savait ce que Nathan vient de me transmettre. A savoir, nos ailes peuvent être à nouveau présentes. Nous pourrons à nouveau voler. Il ne m'a rien dit... En fait, je me doutais bien qu'il ne me disait pas toute la vérité. Il m'a bien caché son identité... Nathan reste sûr de lui. Il sait qu'il a raison. Raphaël est de plus en plus soucieux, en colère, et une lueur de, comment dire... De peur s'allume dans son regard. Nous pouvons récupérer nos ailes mais à quel prix ? Que devons-nous faire de si terrible pour pouvoir regagner notre âme ?

— Tu sais ce que cela signifie, Nathan.

— Oui.

— Tu sais que Lucifer te demandera quelque chose en échange ?

— Oui.

— Il est difficile de sortir de son royaume. Beaucoup y ont perdu beaucoup plus que leurs ailes.

— Nous serons prêts. Lucifer est le premier à avoir été envoyé ici, il sait comment retrouver… redonner ses ailes à un ange. Alors s’il le faut, j’irais lui parler.

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