18. Une époque en cendres

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« Mission accomplie. » Simple. Mais Lou me saute dessus. Je ne peux la retenir, avec ses ailes sorties, elle fonce sur moi avec une violence colossale. Je suis souffle par la brise créée par ses plumes. Me retrouve les fesses par terre. Le goût est plus violent que la dernière fois. Elle est vraiment énervée. J’essaie de me relever. Je dois réagir et vite. Je rassemble mes forces. Je dois réussir à la battre. Pas le choix. Nathan a raison. L’institut doit partir en cendres. Tout comme ils l’ont fait pour notre maison.

Ils pensent être invincibles. Je vais leur montrer qu’ils sont loin de l’être. Ils ne peuvent pas s’en prendre à des enfants sans en craindre les conséquences. Moi, je vais me battre pour l’espoir de la société. Pour la liberté de chaque enfant. Pour les libérer de leurs chaînes. Pour anéantir cette société de doctrine. Cette dictature étouffante. Mon aura est tellement puissante qu’elle en est visible à l’œil nu. Lou en reste pantoise quelques secondes.

Cela me suffit largement. Je me jette sur elle. Lui arrache un morceau d’aile. Elle hurle. Elle comprend à présent. Elle ressent ce que j’ai ressenti lorsqu’elle m’a coupé les ailes. Elle hurle. Pas de douleur mais plutôt de rage. Elle m’attaque sans réfléchir. Ses coups s’enchaînent sans logique. Alors j’arrive progressivement à prendre le dessus sur elle. Mais je suis déconcentrée par Gabriel.

— « Anna, tu fais quoi ? Nathan est remonté… Où es-tu ?

— Lou ! »

J’arrive seulement à murmurer le prénom de celle avec qui je me bats avant de recevoir un coup dans l’abdomen. Ce coup me plis en deux. J’ai mal ! Elle y va fort. Elle en veut vraiment après Omaël… Mais pourquoi moi ? D’accord, j’ai l’amour de l’ange de l’avenir. Pourtant, cela n’explique pas une rage aussi effervescente. Qu’est-ce qui fait que Lou souhaite tellement ma mort ? Elle veut Nathan. Elle pense peut-être que Nathan l’aimera. Moi, je crains que non. Elle me fouette le dos de ses ailes. Des griffures le barrent. Je sens mon sang ruisseler entre mes omoplates.

— Évite d’avoir la tête dans les nuages quand tu te bats, petite Anna.

— Oui, ça va !

— Très bien.

— Pourquoi me détestes-tu autant ? Pourquoi vouloir me tuer ?

— Pourquoi ? Oh mais, Anna… Tu ne l’as pas compris ? Tu es son portrait craché. Le portrait de ta mère. Tu ressembles comme deux gouttes d’eaux à Marielle. Et je ne supporte plus de voir son visage. Et ses grands yeux bleus. Ses yeux dans lesquels nous pouvons nous perdre. C’est fenêtre vers un avenir sans lui.

— Je ne suis pas, elle. Alors pourquoi ?

— Tu es sa fille. Pour moi, c’est du pareil au même !

Ridicule. C’est totalement ridicule. J’ai un pincement au cœur à savoir ma ressemblance avec ma mère. Mais elle, Lou, veut ma mort juste pour cette raison. Elle entache ces révélations. Elle gâche mes vérités. Je me redresse, essaie sans résultats de déployer mes ailes. Réussi malgré cela à lui asséner un coup avec mon aura. Elle vacille. S’affale au sol. Je dois partir. Peu importe le résultat de ce combat. Je dois sortir du bâtiment. Les autres m’attendent. Nathan m’attend avant d’enclencher les explosifs.

— « Vous êtes tous sortis ?

— Oui ! Dépêche-toi ! Le reste des gardes sont tous dehors et attachés. Qu’est-ce que tu fais ?

— J’essaie de partir mais il y a une furie devant moi.

— Anna !

— Nathan ! »

Nous arrivons à nous disputer dans une situation pareille. Nous sommes encore des enfants finalement. Lou revient à la charge, encore et encore. Elle ne cesse de m’attaquer. De me couper et me fouetter de ses ailes. Elles sont tachées de rouge. Mais pas du même rouge que les ailes d’Omaël. Non, rouge de mon sang. Elle rit à gorge déployée. Elle aime me faire du mal.

Je dois trouver une solution et vite. Mais rien ne vient. C’est le vide dans mon esprit. Elle fonce droit sur moi. Et derrière elle, je distingue un extincteur. Non, je ne vais pas faire cela ? Peut-être… Si, autant m’aider de ce qui est à portée de main. Je l’attrape alors qu’elle me fait basculer vers le sol. Et j’enclenche le système de l’extincteur. Lou est submergée par la mousse sortant de l’objet.

Je profite de ce moment pour m’enfuir. Elle attrape mon mollet mais j’arrive à me dégager d’un mouvement de jambes. Je l’entends grogner. Elle n’est pas très contente. Je la comprends. Cependant, je n’avais pas le choix. Il me faut sortir d’ici. Un point, c’est tout. Je remonte les étages. Aussi vite que je le puisse. J’arrive enfin dans ce couloir. Celui que je connais tant. Celui que j’ai souhaité franchir un nombre incalculable de fois.

Aujourd’hui, va être la seconde fois que je franchis la porte de sortie. Et je me sens légère à cette pensée. Je sens le début de ma liberté. Seulement, le début parce que je sais bien que l’institut est petit. Qu’il en existe d’autres. Que le combat ne fait que commencer. Je cours vers cette porte qui me tend les bras. Mais je suis d’un coup plaqué sur le sol. Lou. Elle s’est débarrassée du produit. Elle est rouge de colère, ses ailes grandes ouvertes pour m’empêcher d’avancer plus loin.

— Anna !

J’entends les cris de mes amis, de mon frère, des enfants, de Gabriel. Il va faire une chose que je ne vais pas apprécier. Il va venir m’aider. Mais Lou est forte. J’ai déjà perdu trop de gens. Lui, je ne compte pas le perdre. Loin de là. Je ne le laisserais pas se battre contre elle. Mais il ne se dirige pas vers elle, il vient vers moi. Me prend dans ses bras et s’envole. Il vole vers la sortie. À peine sommes-nous dehors que je l’entends. Le bruit de la détonation. Nous sommes soufflés vers l’avant. Nathan et les autres nous réception. L’institut est en feu. Cette époque brûle à travers les flammes. Ce sont les cendres d’une époque.

— Tu vas bien ?

— Oui mais Lou ?

— Elle était encore dedans. Je n’ai pas pensé à une meilleure solution. Tu étais en danger. Je n’ai pas vraiment réfléchi.

— Nathan… Tu as tué Lou…

— Oui, je sais. C’était ta vie ou la sienne. J’ai choisi la tienne. Tu es ma sœur. Tu passes avant tout le reste. Je ne peux pas me battre contre le reste du monde sans toi. Hors de questions. Est-ce bien clair petite sœur ?

— Oui. Mais…

Je reste surprise par le choix qu’il a fait. Je ne peux pas croire que nous sommes obligés de faire comme eux. Comme ceux qui nous ont emprisonnés. Comme ceux qui nous ont maltraités. Je ne veux pas libérer un peuple par la violence. « Tu n’en auras pas le choix, princesse. Le monde est cruel. Toi comme la Légion auparavant, tu devras te battre pour tes idées. Pour libérer les êtres que tu chéris. C’est ainsi que le monde fonctionne. » Gabriel. Il est sage. Il est bien plus vieux que nous. Il a vu plus de choses. Il sait comment cela fonctionne.

— Rentrons chez nous.

— Oui. Les enfants ont besoin de repos. D’un vrai réconfort. Les anges de la Légion sauront s’occuper d’eux. Et puis, Ash et Nathan auront sûrement pas mal d’éléments à nous raconter.

— Exactement, la liste de mes révélations est longue. J’ai hâte de rentrer à la maison. De revoir Omaël…

— Allons-y. Je ne veux plus voir ce feu.

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