16. Frère et sœur

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— Tu veux vraiment y aller seule ?

— Oui. Gabriel, c’est mon frère. Il ne m’arrivera rien.

— Mais bien sûr ! Il peut tout aussi bien en profiter pour te kidnapper et te ramener à la crèche. Non, non, vraiment. Je crois que ce rendez-vous est une mauvaise idée.

— Gabriel…

Je souffle un bon coup. Non, désolée Gabriel mais je ne changerais pas d’avis. Tu peux dire tout ce que tu veux, je vais à ce rendez-vous. Un point c’est tout. Cela fait maintenant deux heures que nous sommes rentrés, et cela fait également deux heures que Gabriel me bassine les oreilles. Il ne veut pas me laisser seule. En fait, il ne veut pas me laisser y aller. Mais mon cher petit ange n’aura pas le choix. C’est à moi de prendre cette décision. Et elle est prise depuis le moment où j’ai entendu les mots de Nathan. Donc, pas de changements possibles. Je sais, je sais. Qu’est-ce que je peux être têtue parfois. Je hausse les épaules avec un grand sourire innocent vers ma moitié. Il va falloir qu’il s’habitue à mon caractère de cochon le petit ange.

Revenons à nos moutons, je dois remonter à la surface et retrouver notre arbre. Ce qui n’est pas une mince affaire. Oui, l’arbre en question est celui où nous grimpions pour essayer de nous rapprocher du ciel. Quand nous n’avions pas le droit de voler. Pas mal comme retournement de situation. Nous n’avons plus d’ailes et souhaitons pourtant être au plus près du ciel. Nous souhaitons être près du vent. Le sentir passer dans les feuilles, dans l’espace nous entourant. Ouh là. Je pars un peu loin. Aller, Anna. Va retrouver ton frère.

Ouais aller, Anna ! Va voir Nathan !

Non mais ce n’est pas possible ! Laure, tu t’y mets aussi…

Oui désolée, mais j’aime tellement ce passage. Toi et Nathan. Perchés en haut de votre arbre.

Et après, c’est moi qui gâche toute l’histoire. On aura tout vu.

Adam…

Je reprends arrêtez de vous disputer tous les deux !

C’est parti. Je prends le chemin inverse de toute à l’heure, maintenant que je connais la sortie le chemin me paraît plus simple. Je me presse un peu. Je ne veux pas louper mon frère. Pas maintenant. Nous avons repris contact alors ce n’est pas le moment d’arriver en retard à notre rendez-vous. Je ressors donc par la trappe. Me dirige droit vers mon objectif. Notre arbre. Le voilà, droit dressé devant moi. J’en fais le tour, l’admire. Ce qu’il a poussé depuis le temps. Il est majestueux. Sur son tronc, je retrouve l’échelle clouée par nos parents, euh… Nos anges gardiens. Oui, j’ai encore du mal. Je m’agrippe aux premiers échelons de cette échelle et commence à grimper. Je vais jusqu’au point le plus culminant de notre arbre. J’ai à peine le temps de m’installer sur une des branches que sous moi, les feuilles sont secouées. « Anna ! Aide-moi ! » Non ! Ah ah, il va bien se débrouiller. C’est lui, le grand frère.

— Sans blague Anna. Tu joues vraiment à ça ? Nous n’avons pas vraiment le temps… S’ils se rendent compte de mon départ, ils vont savoir où je me trouve.

— Bon, bon. Je t’aide.

Je lui tends la main et l’aide. Qu’est-ce qu’il est lourd ! Non mais ! C’était bien plus facile avant. Nous étions des enfants. Je ne voyais pas le monde comme aujourd’hui. Je tire Nathan vers moi de toutes mes forces. Et il arrive à se hisser à ma hauteur. Me sourit. S’assoie. Il triture ses doigts plusieurs fois. Je sais qu’il est stressé d’être là. Son sentiment de peur sort par tous ses pores. Mince, Nathan. Parle-moi.

— Tu sais. J’ai cru que je n’y arriverais pas. L’autre jour. Quand j’ai dû te tourner le dos. C’était vraiment horrible. Mais je n’avais pas le choix. Lou…

— Je le savais ! Oups… Désolée… Gabriel ne voulait pas me croire. Il ne voulait pas que je vienne à ce rendez-vous mais j’avais raison. Je le savais.

— Attends. Anna, calme-toi.

— D’accord.

— Tu dois comprendre. Tu es ma sœur et je ferais toujours tout pour te protéger. Quoi que cela doive me coûter. Ton souhait était de faire sortir ces enfants. Alors j’ai passé un pacte avec Lou. Elle avait découvert la présence de Gabriel. Elle savait qu’il venait pour t’aider. La Légion l’a empêché de connaître la vérité trop longtemps. Alors elle savait que Gabriel ne pourrait s’empêcher d’agir pour sauver sa moitié. Elle a saisi cette occasion pour me faire du chantage. Je devais supporter comme toi, le retrait de nos ailes. Et ensuite, lors de notre fuite te tourner le dos. Retourner vers nos oppresseurs tout en te rabaissant. Elle voulait te torturer. Faire durer ta souffrance jusqu’à t’en faire mourir. Je ne pouvais pas l’accepter. Alors oui, j’ai accepté. J’ai donné les informations sur notre plan d’évasion à Lou. Je pensais qu’elle allait en profiter pour renfermer les enfants mais non. Elle est obsédée par toi. Par toi et ce que tu représentes. Elle dit que nous ne devons pas être ensemble. Qu’à deux, nous allons tout détruire. Détruire le monde tel que nous le connaissons.

— Mais Nathan, ce monde-là il est écœurant. Les anges se cachent tous. Les sections les pourchassent et les tuer sans remords. Sans même voir qu’autour d’eux le monde se désagrège, devient triste. Les gens perdent espoir.

— Je sais. Et je voulais te parler de quelque chose. Mais je pense que nous n’en avons pas le temps. Lou me cherche. Ces murmures… Elle est triste tu sais ? Ses ailes… Ce gris.

— J’ai vu.

— Anna, j’ai une idée. Amène tout le monde que tu peux. Ce soir. À la porte centrale. Il est temps de faire sortir les derniers occupants de cet endroit. Il est temps de dire au revoir à Lou.

Au revoir à Lou. Il veut se battre. Vraiment ? C’est lui qui me demande de me battre ? Qu’avez-vous fait de mon frère ? Je le regarde stupéfaite. C’est bien toi qui viens de me dire cela. Tu veux faire sombrer l’institut. Tu veux commencer une guerre entre la Légion et la crèche ? Si, c’est bien là ta décision alors je la respecte. Nathan et Anna, le duo infernal de l’institut. Les enfants ailés. Nous allons libérer chaque enfant de leur emprise. Enfin…

— Tu es avec moi ?

— Oui, toujours Nathan.

— Alors on marche ensemble ma sœur.

— Nous marcherons toujours ensemble après tout nous sommes frère et sœur.

— Oui, nous le sommes et le serons toujours. J’ai totalement confiance en toi Anna. Tu avais raison depuis le début. Il est temps de se battre pour ces enfants. Il est temps de détruire cette époque de notre vie. Il est temps de battre le loup à son propre jeu.

— Tu reprends mes jeux de mots pourris toi ?

— Non ! Comparer Lou au grand méchant loup était bien trouvé c’est tout. D’ailleurs, elle murmure encore. Je dois partir. On se voit ce soir ?

— Oui compte sur moi.

Nathan s’en va. Cette conversation était plus qu’intéressante. Je suis bien décidée. Tout comme mon frère. Je redescends de notre arbre. Il faut que je réunisse mes amis. Nous devons organiser notre "assaut". Nous allons libérer les enfants encore captifs de l'institut. Mon frère me protégeait de Lou. Aujourd'hui, j'ai pris conscience qu'il est toujours du bon côté de la balance. Allons mettre fin au règne du loup.

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