4. Situation compliquée

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Adam, c'est fini ! Nous allons devoir passer la main.

Non ! C'est vraiment injuste là ! Ils n'ont pas le droit de nous faire ça ! Pas maintenant ! Je veux être le narrateur ! En plus, c'est toi, tu as parlé beaucoup plus longtemps que moi…

Arrête ! C'est à eux. Un point, c'est tout. C'est leur histoire après tout. Je pense qu'ils connaissent mieux les détails.

Oui mais...

Le "mais" n'est pas acceptable. Anna ?

Présente ! Nous devons faire un petit retour en arrière ?

Nous nous sommes arrête sur l'événement.

Bien. Donc...

Reprenons en l'an 3420. Oui, le temps passe vite. Et les événements de cette année-là ont totalement chamboulé nos vies. Mon frère et moi. Deux enfants sous la protection de la Légion. Normalement, personne n'aurait du savoir. Personne n'aurait du pouvoir nous trouver. Pourtant, c'est bel et bien ce qu'il s'est passé. Du haut de mes huit ans, je n'en faisais qu'à ma tête. Toujours. Alors avoir Nathan dans ma poche était simple. Qui plus est, quand il s'agissait de sortir nos ailes. Sentir le vent autour de nous. C'est un sentiment tellement agréable. Je savais le risque engendré par nos ailes. Par leur présence dans nos dos. Je n'étais juste pas encore consciente de la répercussion d'un jeu d'enfant sur notre vie. Vous avez dû le comprendre ? Non ? Avec Nathan, nous avons peut-être sous-estimer la puissance de nos ailes, et l'aura qui s'en dégageait. Nous l'avons appris à nos dépends.

Anna, ne fais pas comme Laure ! Raconte-le comme si tu y étais.

Qu'est-ce qu'il est pressé celui-là !

Nathan et moi, nous sommes en plein vol dans les bois, notre espace de jeu préféré, lorsqu'un bruit sourd nous atteint. Ce bruit, nous ne le connaissons pas mais nous sentons son mauvais augure. Alors en un seul regard, nous nous mettons d'accord. Nous fonçons. Surement droit dans les griffes de l'ennemis. Nous ne le savons pas, pas encore... Nos gardiens où sont-ils ? Cette question restera sans réponse. Car malheureusement quand nous arrivons face à notre maison. Notre demeure. Enfin ce qui est censée l'être. Il n'y a rien. Plus rien... Juste un tas de décombres. Je hurle. Maman ? Papa ? Ils étaient là. Dans la maison. Mais la maison a disparue. En moins d'une minute, notre jeu devient un cauchemar. Je tombe au sol et mes ailes s'évaporent aussi vite qu'elles étaient apparues. L'odeur des flammes, des braises encore présentent me rendent malade. La seule chose que j'arrive à comprendre ? Mes parents... Mes parents ne sont plus. La maison non plus. Plus rien, n'a de sens. Pourquoi ? Pourquoi quelqu'un voudrait faire exploser notre maison ? Nous n'avons rien fait. Enfin... Juste désobéis à l'ordre de voler. Mais cela ne justifie en rien ça !

— Anna ! Nathan ! Courez !

— Omaël...

Le seul ange de la Légion encore présent. Pourquoi ? Pourquoi nous protège-t-il autant ? Nous n'avons aucuns liens avec lui. Même s'il est toujours là. Toujours. Depuis le début. Il ne nous a jamais quitté. Nathan pense qu'il est notre ange gardien. Mais je ne crois pas. Il est l'ange de l'avenir. Pourquoi aurait-il envie d'être le gardien de deux pauvres enfants. Nous n'avons rien de spécial. D'ailleurs, alors que je suis perdue dans mes pensées mon frère essaie de me faire bouger. Comment fait-il ? Comment Nathan peut paraître si fort ? J'ai l'impression qu'il sait exactement quoi faire... Mais moi. La seule chose que je veux, ce sont mes parents. Et plume... Elle a disparu comme le reste. Je suis perdue. Comment ne pas l'être ? J'ai huit ans et ma maison... Elle vient d’exploser ? Vraiment ?

— Anna, tu dois fuir. Vous devez vous cachez. Je ne peux pas rester.

— Pourquoi ? Pourquoi courir ? Pourquoi la maison...

Je n'ai pas fini de poser mes questions. Je n'en ai pas le temps. Des véhicules arrivent par dizaines. Des gens nous entourent, ils sont armés. Ce sont les tirs de leurs armes qui m'ont empêché de continuer mon interrogatoire. Du sang coule le long de l'épaule d'Omaël. Non ! Non... Je ne veux pas. Il ne doit pas disparaître comme papa et maman. Pendant un instant, je vois une lueur s'allumer dans les yeux de mon ange des murmures. Et avec un dernier sourire vers moi, il s'envole nous laissant seuls. Le seul ange, le seul à avoir été là sans interruption depuis nos naissances, vient de partir. Ils nous laissent seuls face à ces gens. Ces monstres dont les viseurs sont braqués sur nous. Nous ne sommes que des enfants. Je me sens impuissante. Dans un sentiment de désespoir, je cherche dans le regard de mon frère, je cherche quelque chose. Mais rien. Je ne vois rien. Il est aussi terrorisé que moi. Je sens mes larmes. Mes larmes d'enfants coulent sur mes joues. Je ne peux m'en empêcher.

Nathan s'est rapproché. Il se mets devant moi, comme une barrière de protection. C'est pourtant inutile. Ces gens. Ils sont ici pour nous. Ils veulent nous amener. Papa et maman, nous l'ont dit une fois. Ils nous ont dit : « les enfants vous devaient être prudents. Personne ne doit savoir pour vos ailes. C'est très important. Des personnes méchantes si, elles apprennent la vérité sur vous, voudront vous enfermer. » Nous enfermer ? Mais où ? La réponse à cette question, je l'ai aujourd'hui. Mais je ne comprends pas. Pourquoi maman avait tellement peur ? Pourquoi devrions-nous nous méfier ? La création de la « crèche » est justement faite pour aider les enfants comme nous. Parce que, là, en face de nous, tous ces gens font partie de la sécurité. La section C, la section spécialisée de la « crèche ». Quand je comprends l'identité de ces gens autour de nous. Je souris. Je crois qu'ils viennent pour nous sauver. Alors je prends la main de mon frère et agis comme ils me le demandent. Je réponds aux ordres donnés. Je ne me rends pas compte. C'est un piège ?

— Ne leur souris pas ! Ils sont méchants. Anna... C'est l'institut. L'institut qui enferme les enfants.

— Non ! Ils vont nous aider ! C'est la « crèche ». Ils vont nous apprendre.

— Tu ne comprends pas... La télé ment ! Ils n'aident pas ! S'ils voulaient vraiment nous aider, pourquoi ils ont tiré sur Omaël ?

Oh oh... Je sens bien qu'il a raison. Il est ma voix de la raison. La situation se complique. Les anges. Les ombres de la Légion nous ont laissé. Ont-ils peur d’eux ? Je les pensais plus fort. Ce sont des anges ! Pourquoi ne se sont-ils pas battus ? A quoi sert de passer neuf ans à protéger notre identité si c'est pour fuir ? De quoi ont-ils peur ? Pourquoi la peur gouverne tout le monde ? La Légion aurait-elle des secrets ? Oui, elle en a. Et nous en découvrons un. Face à nous, celle nous ayant appris à faire disparaître nos ailes. Celle nous ayant appris à nous cacher, à cacher nos pouvoirs... Lou ! Je ne comprends pas… Je tombe de très haut à une vitesse folle. Pensant être en sécurité avec la section C, nous n’avons rien vu. Mais j’ai senti. Oui, la force avec laquelle Lou nous a frappé de son pouvoir. Aucuns doutes, ils nous veulent du mal. Mes yeux se ferment sur son sourire narquois. Le réveil va être dur. Enfermés… Tels des cobayes.

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