5. Enfance enfermée

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Le réveil est plus que dur. Et les années qui suivent, j'ai cette impression persistante au creux de mon ventre. Oui, nous sommes en enfer. L'enfer sur terre. L'institut. Il s'avère que Nathan avait raison, dès notre arrivée au centre, des médecins nous ont fait passer des tests. Toute une flopée. Ils sont même essayés de nous séparer mais nous ne les avons pas laissé faire. A deux nous sommes forts. Et je les vu dans leurs yeux. La peur. Ils ont peur de nous et de ce que nous pouvons faire. Seulement, cela ne les a pas empêchés de continuer leurs examens. Encore et encore, jour après jour, et cela pendant des années. D'autres enfants subissaient le même sort. Parfois certains disparaissaient. Comme nos parents. Le soir, notre seul moment de répit de la journée, je me roulais en boule sur un petit lit précaire. Je pleurais. J'essayais, je suppliais Omaël. Je voulais absolument qu'il nous retrouve, qu'il nous aide à sortir. Mais rien. Personne n'est venu. Jamais. Nous avons donc continué notre enfance enfermée, entravés par des chaînes invisibles pesant une tonne. Les premières années, nous sommes restés assez solide, gardant l'espoir de voir la Légion, nos ailes étaient gardées bien au chaud. Invisibles pour ces monstres. C'est pseudos scientifiques. Mais un jour, n'en pouvant plus et pensant pouvoir utiliser mes ailes pour sortir de ce lieu. Je les ai fait apparaître, sans vraiment réfléchir. Je n'en pouvais plus, des injections, des prises de sang et de toutes ces expériences. Je voulais partir, m'évader, retrouver ma maison...

— Nathan ? Je vais partir. Je ne veux plus qu'ils me touchent... Ils nous font du mal... Pourquoi nous faire cela ? Nous ne leur avons rien fait... Je ne veux plus subir tout cela. Je ne veux plus ressentir cette souffrance, je ne veux plus sentir la souffrance des autres enfants...

— Je sais petite sœur. Seulement, nous ne pourrons pas sortir d'ici. Il nous faut des alliés... Il faut, nous adapter et apprendre. Apprendre à connaître les autres enfants. C'est notre seule chance. Tisser des liens.

— Tisser des liens ? Non, je veux voler !

A cette phrase, mes ailes sont apparues, plus vite, trop vite. Nous étions dans la salle d'entraînement. Et tous les regards se sont posés sur moi. Je pensais vraiment pouvoir m'envoler, m'évader de cet endroit. Mais je n'en ai pas eu le temps. La section C, la sécurité du centre et arrivée, en nombre. Ils m'ont attrapé... Nathan pour me défendre à fait la même erreur que moi. Ses ailes. Encore plus impressionnantes que les miennes, étaient là. Devant eux. Enfin... Ce jour-là, ils ont eu ce qu'ils attendaient depuis les transformations génétiques. Ils ont eu les enfants ailés. Tout cela avec l'aide d'un ange. D'un ange emplit de jalousie. Lou ! Elle avait été notre tutrice, elle nous a appris à lire, écrire et penser. Oui, communiquer entre frère et sœur à l’aide des murmures. Des murmures des anges. Un des dons premiers des anges. Mais elle jalousait la facilité de ces enfants à apprendre. Et leur rapidité. Comment ces deux petites choses pouvaient-elles être plus fortes ? Comment pouvaient-ils être supérieurs à elle ? Toutes ces questions se reflétaient dans le regard qu'elle posait sur nous. Elle... Je croyais qu'elle était gentille. Et durant nos années d'enfermement, j'ai appris une chose très importante. Oui. Les gens ne sont ni bons, ni mauvais par nature, ils choisissent leur camp. Ils choisissent de devenir lumière ou ombre. Tout ça pour dire que Lou, a trahis nos parents. Elle a aidé à les tuer. Pourquoi ? Par pour égoïsme. Elle aide la "crèche". Elle veut découvrir nos limites. Elle veut nous détruire. Mais cela ne sera pas possible tant que nous serons ensemble. Nathan et moi, nous sommes un tout. Une unité. Des anges ? Peut-être pas. Mais nous annonçons le début d'une nouvelle ère.

Les scientifiques ont fini par avoir ce qu'ils souhaitaient. Une fois, nos ailes sorties. Plus aucuns doutes n'étaient possibles. Ils en ont profité pour réaliser d'autres tests. Allant jusqu'à nous arracher des plumes. Des plumes qui en tombant changées irrémédiablement de couleur. D'un blanc immaculé, elle passait au noir ébène. Annonce d'un sentiment de mal être. Chaque plume de nos ailes, et une part de nous. Elles sont importantes. Toutes ! Je repense alors à Plume, celle ayant disparue en même temps que mes parents. Je ne sais pourquoi. Elle était rouge. Symbole d'un amour pur. J'y tenais vraiment. Pourtant je ne sais toujours pas qui me l'a donné. Et je ne le saurais certainement jamais.

Non ! Adam, ne fais pas ça !

Mais, ça devient long... Je commence à m'ennuyer. Anna raconte les choses aussi lentement que toi. Vous êtes désespérantes toutes les deux.

Merci Adam. Quel gentil compliment.

Quoi ? Tu ne vas pas me dire que la période qui précède vos dix-huit ans à vraiment un intérêt ?

Euh... Beh... C'est pour annoncer la suite calmement. Enfin, il s'est passé énormément de choses entre nos huit ans et nos vingt ans... Je pensais que ce serait bien d'en parler...

Mais Anna... C'est bien, sauf que nous voulons savoir comment vous...

Chut Adam ! Ne dis pas tout maintenant !

D'accord, je vois ce que vous attendez. Juste un dernier événement. Celui-ci est plus qu'important.

Savez-vous ce que l’on ressent quand on nous coupe les ailes ? Moi, je le sais. Je peux vous le dire. Très vite, nous avons compris. Il fallait nous échapper de cet endroit, de ce lieu obscur. De cet institut de torture. Alors chaque année, nous tentiez, nous avons essayé encore et encore de nous enfuir de ce lieu. Sans succès. Pour réussir, il faudrait avoir un allié. Un allié dans les rangs des C, mais comment ? Comment convaincre une personne de suivre des enfants ? Alors nous tentions autant de fois possibles. Nous avons volé, encore et encore, vers ce toit. Sans réussir. Et plus nous grandissions, plus nous avions de force. Malheureusement pour nous. Lou étant un ange connaissait leur plus grande faiblesse. Leurs ailes... J’ai déjà parlé de la douleur ressentie lorsqu'on nous prenait quelques plumes. Mais le dernier test, la dernière expérience subite fut la pire de toutes. Oui, la pire sensation qui soit. Celle de sentir la lame de la scie à os à la naissance de mes ailes. Et le bruit. Ce frottement incessant. La douleur de sentir une part de soi se détacher. Fini de jouer avec le vent. Mes ailes sont à terre. Elles sont entièrement sombres. Ressentent-elles ma douleur ? En tout cas, elle se reflète dans la couleur prise peu à peu par chacune de mes plumes. Mes plumes ne me permettront plus de voler. De me sentir libre. Parce que le problème est bien là. Et je n'en prends conscience qu'aujourd'hui. La rage en moi commence à faire surface. Personne n'a le droit de toucher à mes ailes ! Je vais leur prouver qu'ils viennent de faire une terrible erreur. Je n'ai plus huit ans, ils m'ont appris à me défendre. Je regarde une dernière fois mes ailes, elles sont au sol. Lou me sourit en prononce la phrase à ne pas me dire à cet instant.

— Joyeux anniversaire Anna !

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