CHAPITRE 11 (3/3)

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Je ressors de chez elle vannée, sans trouver le courage de passer à l’hosto voir Fathia. Sur la route, je culpabilise à mort. Les mots du toubib insistant sur le bienfait des visites me reviennent en mémoire. J’amorce donc un détour, et décide de saluer mon amie, même si je ne dois rester que peu de temps. Il est vingt heures trente-sept lorsque je pousse la porte de sa chambre, après avoir toqué sur l’air de « ta tagada ta tsoin-tsoin ». Je n’ai jamais su d’où venaient ces quelques notes, je me souviens juste que mon grand-père les fredonnait de temps en temps. Quoiqu’il en soit, je m’y prends toujours de la même manière en espérant qu’elle finira par reconnaître que c’est moi dès que je frappe, et puis cela permet d’avoir un rituel supplémentaire. Lorsque je m’approche de son lit, je suis surprise de voir mon amie éveillée, qui arbore un sourire forcé et simiesque. Elle articule avec douleur :

— Alors, c’est vrai…

— Quoi ? Que tu as une sale gueule ? Ouais, c’est vrai, ma pauvre. Je ne te donne pas de miroir, tu risquerais de retomber dans le coma.

Elle tente de rigoler, mais je m’aperçois que cela déclenche également des souffrances dans l'ensemble de son corps.

— Arrête, ne me fais pas marrer, ça fait hyper mal. Tu es toujours aussi con, lâche-t-elle malgré tout, en essayant de se retenir de rire. Le toubib m’a dit qu’une grande blonde athlétique venait me voir quotidiennement. Je me suis doutée que c’était toi.

— Il fallait bien que je raconte mes journées à quelqu’un puisque je n’ai pas de chat.

Je la regarde qui soupire et grimace. C’est le moment le plus débile que j’ai choisi pour fondre en larmes. Ce que je peux être con ! Fathia me tend des bras endoloris et perfusés afin de m’offrir un câlin. Je me calme rapidement, et ne reste que quelques minutes, car j’ai peur de la fatiguer. Je lui promets de passer demain. Je suis tellement heureuse de la voir vivante, de l’entendre parler et rire, que j’en oublie de lui demander si elle en sait davantage sur des séquelles éventuelles. Ma journée a été bien remplie. Et dire que certains font des gosses ! Moi, je n’aurais jamais pu m’en sortir avec, en plus, une marmaille et un mec à gérer.

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