Quel con ! Je m’acharne sur les touches :

« Monsieur,

L’orgueil est la seule chose qu’il me reste, je vous saurais gré de vous abstenir de le piétiner. Vous n’êtes qu’un goujat prétentieux, plein de fric et d’arrogance !

Allez vous faire foutre, espèce de connard de merde !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

Zoé Valbens »

Je fixe de longues secondes mon message et hésite à l’envoyer. C’est peut-être un peu trop. Je prends le temps de boire ma despe red, dans laquelle trône une tranche de citron vert, pour réfléchir. Ce matin je noté quelques rides qui commencent à marquer mon visage, et j’envisage sérieusement le botox et l’acide hyaluronique. Je me suis déjà renseignée, c’est loin d’être donné. Je dois demander un devis, mais je pense que ça me coûtera plus cher que lorsque j’ai fait gonfler mes lèvres pour les rendre plus pulpeuses. Après tout, c’est son fric, pas le mien. Il est totalement inutile d’insister pour lui refiler de l’argent dont il ne veut plus. J’efface tout et remplace par un sobre :

« Monsieur,

J’apprécie votre sollicitude et vous remercie pour ce geste plus que généreux.

Sachez que cela me touche, voir me déstabilise.

Bien à vous (j’adopte son code)

Zoé Valbens »

Quelques secondes plus tard, un autre message me parvient, me sortant de mon éternel combat intérieur :

« Heureux de vous faire plaisir, j’avais peur de me faire insulter.

Je ne vous dis pas “à bientôt”, mais “soyez prudente” et prenez soin de vous.

SB »

« J’avais peur de me faire insulter », si tu savais... Comme à mon habitude, j’ignore comment interpréter ce nouveau message, donc je décide de ne pas y répondre. Lundi, je téléphonerai au dermato pour le devis. Et à la psy. Peut-être.