Fathia a préféré un maquillage très soft, à l’opposé du mien : un peu de mascara et un trait d’eye-liner. J’arrive à lui imposer un rouge à lèvres, qu’elle choisit clair et discret. Elle opte pour la tenue qu’elle a achetée aujourd’hui : un jean et un corset noir un peu caché par un boléro de la même couleur. Je la détaille, et je la trouve très jolie. Elle est toute fine, ses fringues la mettent bien en valeur. Je m’attarde sur ses pieds et mon regard se fige :

— Des baskets jaunes  ?! Non, là, c’est juste impossible… Tu n’as rien d’autre ?

— Ben non, je suis venue avec.

— Ça ne va pas du tout avec ta tenue, Fathia.

— Je suis super bien dedans, et de toute façon, je n’ai que celles-ci.

Je tourne autour d’elle, mon index tapotant mon menton, et je sors ma plus belle imitation de Cristina Cordula :

— Alors là, ma chérie, ça né va pas du tout, hein… ça, c’est un fashion faux-pas, hein. C’est pas fashion du tout, hein, ma chérie. Ahhh ça ne rentre pas dans le coco, hein !

Ma copine éclate d’un grand rire franc.

J’insiste pour lui refiler une de mes paires de pompes, mais sa petite pointure trente-six ne permet aucun prêt. Tant pis… Elle est aux antipodes de mon style. On va quand même se faire draguer, c’est certain. Je lui souhaite de ne pas rentrer seule, et nous partons en chasse. Juste au moment de sortir, j’envoie un WhatsApp à Anaïs pour lui rappeler qu’elle me doit du fric.

Nous arrivons devant le « Favela chic », rue du Faubourg du Temple, nous entrons ensemble et nous nous séparons. Je me mets en quête de la proie parfaite. C’est parti !