Chapitre 12

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La ville dans laquelle je m’étais rendue était grande. Du moins, c’était mon impression. A présent, je la voyais comme un village, tant Londres était immense et peuplée. Napoléon était loin d’être à son aise et je le sentais. Même William était stupéfait. Nous devions nous rendre en centre-ville, là où se trouvait la famille de nos maitres. L’atteindre fut un véritable périple mais nous étions soulagés. L’adresse donnée par Madeline nous avait menés au pied d’un bâtiment à l’aspect très chic. Les murs étaient blancs et de petites figures étaient taillées sur la façade. Un homme de main nous avait mené dans une cours intérieur pavée. La rutilante auto rouge était garée sous un abris de bois et une série de quatre stalles se trouvaient face à nous.

-Madeline !

L’oncle, sa femme et leur fille étaient arrivés. William et sa mère avaient mis pied à terre.

-Bravo les garçon, avait dit mon maitre à l’intention de Napoléon et moi. Vous avez fait de l’excellent travail.

Il nous avait flatté d’une caresse avant de venir vers sa famille.

-Nous sommes navrés pour la ferme, avait dit la femme. C’est un coup dur.

- En effet. Du coups…

Je n’avais pas prêté attention à leur discussion.

-Waouh ! avait soudainement lancé Alan. Il est devenu énorme ton dinosaure !

Tout le monde m’avait regardé. Il était vrai que lors de leur visite, je mesurais tout juste plus d’un mètre. Claudine s’était approchée.

-Il est grand Rex !

- Oui, il a bien grandit. Il est encore plus fort, maintenant !

- Notre auto ne fait pas le poids, c’est une évidence, avait dit l’oncle.

Tandis qu’ils discutaient, William était venu s’occuper de nous, nous désattelant et nous menant en box. Il m’avait dessellé.

-On va rester ici quelques temps, Rex. Dès demain, j’irai chercher du travail.

Je lui avais donné un petit coup de museau.

-Oui, tu as raison. Ce soir, je m’occuperai aussi de tes papiers.

Puis il nous avait laissé. La charrette avait été vidée et rangée à côté des stalles. J’avais tourné la tête pour aviser Napoléon. Il était plus serein à présent. Il y avait tant d’odeurs ici ! Nombre d’entre elles m’étaient inconnues, car propre à la ville. En fin de soirée, nos rations furent apportées. A ma vue, le palefrenier avait hésité. Le comprenant, je m’étais reculé au fond du box pour qu’il puisse déposer mon repas sans crainte. Ce n’était pas dans mon habitude de manger du grain, mais je n’avais rien d’autre. Je n’allais pas rechigner ! La luzerne qui l’accompagnait donnait un excellent gout.

William, Alan et Claudine étaient venus nous voir alors que la nuit était tombée. La petite fille me regardait avec de grands yeux.

-Je pourrai faire un tour comme la dernière fois ?

- Attendons que Rex se soit habitué à la ville, avait lancé mon maitre.

D’après le jeune homme, les documents étaient remplis et il ne restait plus qu’à les envoyer. Cela serait fait demain. Pour l’heure, il fallait se reposer. J’avais donné un coup de langue à William en émettant un grondement sans agressivité.

-Je sais que ce n’est pas facile mais tu n’as pas à t’en faire. On trouvera une solution. A demain Rex.

Et ils étaient reparti. J’avais salué Napoléon d’un petit rugissement et je m’étais couché dans la paille. J’espérais que nous ne resterions pas indéfiniment. La ville n’était pas pour nous.

William avait sauté sur mon dos. J’avais un tout nouvel harnachement bien plus adapté. Même le filet semblait avoir été conçu juste pour moi. Il était temps d'y aller.

-Allez mon vieux, en route.

J’avais quitté la cours intérieur et nous étions parti. William m’avait guidé jusqu’à un grand bâtiment tout aussi beau que la demeure de sa famille. Il était descendu et m’avait attaché.

-Rex, sage.

Il était entré. A côté de moi se trouvait un attelage avec un gros cheval de trait. Il était moins imposant que moi mais était costaud. Il avait une robe beige avec les crins noirs et blancs. Sa crinière était taillée en brosse sur son encolure, comme une voilure. Cela m’amusait. Des hommes bien habillés étaient sortis du bâtiments. Interloqués par mon aspect, ils s’étaient approchés de moi tout en gardant une distance raisonnable. Puis ils étaient partis.

William était ressorti un long moment plus tard. Tout en m’enfourchant, il avait dit que les formalités étaient réglées. J’avais désormais des papiers d’identités.

-Allez, Rex, il nous reste un endroit à voir.

Il m’avait lancé au petit trot à travers les rues. Nous étions passés près d’un autre établissement somptueux au pied duquel il m’avait arrêté.

-Une université. Qu’est-ce que j’aurai aimé y étudier. Alan a bien de la chance d’y aller.

Nous étions repartis. Il m’avait dirigé vers un bâtiment plus simple, non loin duquel il m’avait attaché.

-A tout à l’heure, Rex.

Je l’avais attendu un long moment, quoi qu’il fut plus court que tout à l’heure. William était ressortit enfin ressorti.

-Génial ! J’ai décroché un boulot en tant que serveur dans un café !

D’après lui, il s’agissait de donner aux clients ce qu’ils avaient commandés. Je n’avais pas tout compris mais son enthousiasme faisait plaisir à voir.

-Je commence dès demain à la première. Allez mon vieux, allons nous balader.

Nous étions donc parti à travers la ville. C’était impressionnant. Nous étions arrivés sur une grande jetée de béton.

-Regarde Rex, c’est la mer !

Devant nous s’étendait une immense étendue d’eau bleue d’où émanait une forte odeur de sel. C’était donc cela que Napoléon me décrivait ? Il me tardait de voir ces fameuses plages de sable. Nous avions continué notre promenade encore un moment, jusqu’à ce qu’il faille rentrer.

A peine William était-il descendu de mon dos que j’avais trotté jusqu’au box du vieil âne, impatient de lui raconter tout ce que j’avais vécu. Napoléon était surpris de tout cela, c’était une évidence. La grande ville recelait bien des mystères. J’avais hâte d’aider mon maitre dans son nouveau travail. Celui-ci était venu me ôter mon harnachement.

-Tu es super Rex. Tu auras bientôt dompté la ville !

Je n’étais pas vraiment de son avis. Je n’aimais pas être ici. Mais pour William et sa famille, je devrais m’y faire. J’avais été remis au box. La campagne me manquait !

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