Chapitre 58 | partie 2

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Karoline vit apparaitre le souvenir d'une église aux vitraux brisés. À l'intérieur, les murs étaient couverts de sang et le sol parsemée de corps nus.

"J'ai utilisé mes capacité pour soumettre tous les habitants de ce village à ma volonté… En l'espace d'une seule journée, plus personne n'était en mesure de me résister. Ils me servaient à la fois de cobayes et de toutou pour remplir mes moindre désirs. J'ai gouter à n'importe quel plaisir ou sensation qu'il est possible d'avoir. Chaque jours, je faisais tout pour tenter de ressentir quelque chose, n'importe quoi… J'ai fini par formé une secte, qui m'abreuvait constamment de nouvelle chaires. Je n'avais pas encore compris le véritable message de la lueur à cette époque. Bien que je contrôlait mes pouvoirs à la perfection, mon esprit, lui, s'engouffrait toujours plus dans le néant. Après vingt années, j'ai décidé de tout plaquer en décimant tous mes fidèle et en réduisant ma bourgade natale en poussière."

Une grande salle apparue, remplie de tableaux déchirés, d'esquisses froissées et d'instruments éclatés. Au centre de cette dernière, l'homme restait assis sur un petit tabouret, un pétoire à la main. Impassible, il braqua le canon de l'arme sur sa tempe et enleva la sécurité.

"J'avais décidé de recommencer une nouvelle vie en Allemagne. Là-bas, j'étais un inconnu. J'ai travaillé sans relâche et sans jamais utiliser mes pouvoirs. Je pensais qu'il me manquait de la sobriété, qu'une vie simple aurait pu être une fin en soi. Après avoir bâtie ma demeure, j'ai essayé l'art sous toutes ces formes… Néanmoins, durant ces trois décennies qui semblaient avoir passés en un instant, je n'avais rien construit... Aucune œuvre, aucun rêve, aucun semblait de bonheur durant toute cette période. Je ne parlai à personne, par peur de manipuler les gens sans le vouloir. Je refusais de tricher à nouveau pour être fière de mes accomplissements… Tout cela n'était qu'une chimère. Malgré que j'approchais de mes quatre-vingt ans, je n'avais pas la moindre ride. Le temps lui-même m'avait condamné à l'inachèvement d'une vie sans mort. Alors, j'avais décidé de prendre les devants."

L'homme appuya sur la détente.

Quelques secondes plus tard, il se réveilla, écroulé au sol, la blessure guéris. Il se releva, redressa le tabouret et tira une nouvelle fois. Quoi qu'il essaya, il finissait toujours par resurgir. Karoline compatissait à cette détresse.

"Incapable de quitter ce monde, j'ai décidé de m'exiler afin de mourir de manière symbolique : en arrêtant de penser."

L'homme centenaire marchait au milieu d'une place glacée, perdue face à un horizon blanc. Derrière-lui, ses traces dans la neige s'effaçaient sous ses propres pas au grès des bourrasques de vents. Il s'agenouilla, bercé par le blizzard et se laissa tombeau sol. Au bout de plusieurs heures à rester immobile dans ce froid glacial, il s'évanoui.

"Je pensais que mon errance en ce monde allait toucher à sa fin. Cela me faisait ressentir de l'apaisement, quelque chose de très rare pour moi. Néanmoins…"

Il réouvrit les yeux, allongée sur un lit dans un complexe scientifique entouré par la glace.

À son réveil, une rage meurtrière s'empara de lui. Il voulait se venger des gens qui l'avaient sorti de son sommeil. Avant même de pouvoir se lever, il vis une jeune femme devant lui.

Elle était assise à côté de son chevet, trempant une serviette dans une bassine d'eau chaude. Ce qui frappait chez elle, était l'éclat enflammée de ses cheveux ainsi que la délicatesse de ses mouvements. En contemplant son visage caresser par la buée, l'homme se calma. La femme fini par se retourner vers lui et murmura :

"Vous avez déjà repris vos esprits monsieur ? C'est incroyable, on a bien fait de vous sortir de là à temps. Si vous vous demandez où nous sommes, cet endroit est un laboratoire d'étude destiné aux recherches biologiques de la région. Nous avons déjà appeler une équipe de secours pour vous, ne vous en faites pas. Reposez-vous jusqu'à leur arrivée…"

Erra resta silencieux, envoutée par ses yeux d'azur.

"Charlotte… Dès les premiers instants où je l'ai vus, je n'étais plus le même homme. Avec elle, je ressentais des choses qui m'étaient encore inconnues et qui me passionnait à la folie. Cet amour a suffi à me redonner le gout de vivre… Elle est la seule qui m'a compris et accepté pour ce que j'étais… Six mois plus-tard, elle abandonna son travail et partit s'installer à Los Angeles, avec moi. Elle connaissait mon passé, mais a tout de même décider de me garder, car j'aspirais à devenir un homme nouveau… Il n'existera jamais en ce monde fou de perle aussi unique que Charlotte."

Karoline vis le souvenir d'une petite maison perchée au sommet d'une colline Californienne. La pluie y crépitait avec harmonie sur le toit.

Sans crier gare, le vent se leva, de plus en plus fort. Les voitures garées dans l'allée commençaient à tremblés, tandis que les gouttes se transformaient en grêle. La foudre ne se fit pas attendre longtemps, et résonnait chaque seconde dans toute la région.

À l'intérieur, Erra était sur un divan avec sa femme. Il agrippa cette dernière par les hanches et baissa sa tête pour coller son oreille contre son ventre. Il y entendit résonner l'écho d'une nouvelle vie, prête à découvrir le monde.

- Tu vois, c'est notre enfant… Notre projet à nous. La marque que nous laisserons quand nous partirons… Murmura Charlotte.

Un sourire insouciant au coin des lèvres, Erra répondit :

- Oui… C'est incroyable, je n'avais jamais ressentis ça avant.

- Dits moi, mon amour, on habite pas tout prêt de la ville. Ça serait possible de se rendre à l'hôpital avec un temps pareil si je me mettait à perdre les eaux ?

- Entre la tempête qui s'annonce et les inondations qui ont déjà commencé, il y a peu de chance. On va juste espéré que ça se calme vite.

- … Même en utilisant tes pouvoirs ?

- Oui, encore plus pour être honnête. Mon magnétisme attirerait la foudre. Pourquoi tu demandes tout ça d'ailleurs ? Le docteur a dit que c'était pas encore pour de suite.

- Je ne sais pas si c'est le stress, mais plus le temps passe et plus je sens des contractions… Enfaite, je pense qu'il est en train d'arriver…

- Quoi !? Comment on va faire !? Il faut trouver un moyen de t'emmener à l'hôpital ! S'exclama Erra, paniqué.

Charlotte attrapa la main de son mari et répondit en le regardant dans les yeux :

- Non… Je ne veux pas mettre en danger le bébé. Il faut que j'accouche ici et maintenant. Chéri, si tu es avec moi, ça va bien se passer. On peut le faire, tous les deux.

Après un court moment de panique, Erra repris ses esprit et improvisa l'accouchement. Au bout de longues heures de souffrance, l'enfant vit le jour sur un canapé imbibé de sang. Le père, muni d'une serviette, tenait le nouveau-né dans ses bras.

Charlotte était allongée à côté de lui, le teint pâle. Elle avait perdu beaucoup de sang.

- C'est… C'est une fille ! S'exclama Erra, les larmes aux yeux, en se rapprochant de sa compagne.

- Notre fille… J'aimerais qu'on l'appelle Chloé… Oui, Chloé, c'est un jolie nom. Elle serra heureuse comme ça…

Le corps de la femme se relâcha. Ses pupilles se vidèrent de leur lueur et son souffle s'affaiblis.

- Charlotte ?... Ça va !? Répond-moi !

Erra posa sa main sur l'épaule de sa femme et sentit le froid glaciale de la mort. Sous le choc, il se leva, recula, et regarda l'enfant dans ses bras. La tempête de calma peu après.

"Tu ne sais pas à quelle point j'avais envie de t'étrangler… Tu m'a pris la seule chose qui comptait à mes yeux. Par ta simple venue dans ce monde maudit…"

Karoline n'arrivait pas à croire ce qu'elle voyait et entendait. Néanmoins, pour elle, tout semblait réel.

"Mais, je n'ai pas eu la force de le faire… Car je sentais sa présence en toi, je savais que son sang coulait en tes veines. C'est alors que je me souvenu du cousin de Charlotte. Un certain Jérôme qui venait de se marier il y a quelques mois. Il essayait désespérément d'avoir un enfant. Sans plus de réflexion, je mis le feu à cette maison en t'emmenant avec moi vers l'endroit où il habitait."

Karoline eu la vision d'Erra qui toquait à la porte d'un petit appartement de banlieue, tenant sa fille contre lui. Quelques secondes plus tard, Maria McBlue lui ouvrit, accompagnée de son mari.

- Bonjour, que puis-je faire pour vous ?

L'homme s'avança à l'intérieur et tandis le bébé au bout de ses bras en répondant :

- Tenez, ceci est votre enfant. Vous avez réussis à l'avoir après de nombreuses difficultés. Il est même née ici, sur ce canapé, durant cette tempête.

Impuissant face au pouvoir d'Erra, les deux amants acquiescèrent. Maria pris le bébé dans ses bras et s'exclama :

- Oh… Regarde Jérôme… Il est tellement beau… Notre enfant à nous.

- C'est une fille. On pourrait l'appeler Karoline, t'en pense quoi ? Répondit Jérôme.

Erra partit sans rien ajouter, la gorge serrée.

Quelques minutes plus tard, le veuf arriva sur le toit du bâtiment. Plusieurs dizaine d'étages le séparait du sol. Il se rapprocha du rebord, le regard vide de toute volonté de vivre. Avant de sauter, il observa le soleil se couchant à l'horizon. Tandis que ses cheveux flottaient au grès de la brise, il écarquilla les yeux. Cette lumière au loin, rougeâtre et réconfortante, lui était familière. Son esprit fit traversé par une révélation soudaine.

"Il m'a fallu attendre toutes ce années, jusqu'à cet instant, pour enfin comprendre le message de la lueur… Mes souffrances et mon errance en ce monde n'étaient que des rappels à l'ordre. En cherchant le bonheur, je m'était égarée de la voie tracée pour moi… Dieu, quel que soit le nom qu'on puisse lui donner, m'avait façonné dans un but précis. C'est lui-même, en personne, qui essayait de communiquer avec moi au travers de cette lumière dans mes pensées ! C'est lui qui m'a donner tous ces pouvoirs et ces aptitudes, pour que je détruise. Car c'est là que résidait mon véritable potentiel. Je suis un ange de la mort, qui se doit de faire sombrer le monde et d'apporter le chaos a tous les êtres qui le foulent… La fin des temps, était le message qui m'a été transmis et l'ultime sens de ma vie."

Karoline sentit un malaise sordide qui la prenait aux tripes. Horrifiée, elle ne pouvait que continuer d'écouter la voix de Erra dans sa tête.

"J'ai utilisé mes pouvoirs afin de me créer une nouvelle vie. J'étais devenus Francis Erra... Durant ces années, j'ai réussis à intégrer les services secrets jusqu'à remonter à la tête de ce gouvernement. Pendant mon ascension, j'ai pris le temps de manipuler toutes les personnes d'importances que je croisais. Mes pantins semblaient agir normalement pour le monde, tandis qu'en réalité, ils dédiaient leur envie entière à l'exécution de mon plan… J'y était presque lorsque tu as décidé de mettre des bâtons dans les roues. Les fidèles à mon service étaient à la tête de la plus grande puissance du monde. Nous étions prêts pour le jugement dernier, le vrai, celui causé par l'Homme et sa propre folie… Mais, je ne regrette pas ta naissance pour autant, au contraire. Je t'ai longtemps suivit, dans le but de t'abattre de mes propres mains. J'ai été retenue par une seule chose : tu as les mêmes yeux qu'elle et son regard. Tout mon être me criait de ne pas le faire, de ne pas te supprimer… J'ai enfin compris pourquoi le jour où je t'ai vu sur cette vidéo, massacrant ces gens dans un sous-sol sombre. Aucun instrument de mort ne pourrais s'empêcher de pâlir face à toi, ma fille. Chloé, nous sommes de la même nature, toi aussi tu es un ange. Il est vain de chercher un autre sens. Tu es taillé pour ce rôle. Crois-en mon expérience centenaire, ce mon mérite de tombé. Rejoins moi."

Karoline tentait de refuser et de s'échapper du néant qui l'engloutissait.

"Ton consentement n'a aucune importance. Tu es déjà affaiblie. Tu ne pourras pas résister à ma volonté…"

Les pensées de Karoline se vidèrent. Ses rêves, ses craintes et son amour se perdirent dans la pénombre.

- Tu es à moi maintenant. S'exclama Erra en la fixant.

- Oui, je t'appartient. Nous devons faire sombrer l'humanité au plus vite.

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