Chapitre 59

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 "Bien… Maintenant que cela est fait, nous pouvons retourner à la réalité…"

Le néant atour d'Erra et de Karoline se dissipa en un instant. Ils se retrouvèrent à nouveau dans le champ de bataille de la cour principale du Pentagone. La jeune femme ouvrit les yeux quelques secondes après son père. Elle ne ressemblait plus qu'à un pantin au regard vide. Erra enleva avec délicatesse la barre métallique qui m'empalait avant de lui ordonné :

- Régénère toi et viens avec moi à la Maison Blanche, ou plutôt ce qu'il en reste. Nous avons quelque chose de très important à y faire…

- Oui…

Karoline obéit et ouvrit la marche. Erra la suivit en lévitant, quelques mètres en arrière.

- Chloé, rappel moi notre mission.

- Nous devons faire sombrer le monde… Pour cela, je dois suivre vos instructions… Aller à la Maison Blanche… Coute que coute…

Erra contemplait sa nouvelle arme avec un regard sinistre. Sans prévenir, Karoline s'arrêta, les bras pendus.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu es à bout de force ?... Avance !

- Elle… Elle ne t'a jamais aimé.

- Je t'ai dit de continuer ! Rétorqua Erra en préparant une salve de projectiles.

- Elle ne t'a jamais aimé.

- Tais-toi !!!

Erra étripa Karoline avec plusieurs lames. En la regardant, il eut une sensation étrange. Les cheveux de sa fille avaient poussés. Sa carrure était différente. Lorsqu'elle repris la parole juste après, sa voix était beaucoup plus douce et familière.

- Je ne t'ai jamais aimé.

Elle se retourna et releva la tête. Effaré, Erra reconnu le visage de sa défunte femme.

- Charlotte… Mon amour…

- Je te déteste. Tu m'a manipuler, tu le sais…. Tu as fait de ma vie un enfer. Je ne remercierais jamais assez ma fille pour sa naissance. Car cette mort m'a libéré de toi ! Tu n'es qu'un monstre, une pourriture, un bourreau, un…

- Arrête ! Ça suffit ! Non ! Hurla Erra avant que de déchiqueter la pauvre femme avec tous les objects métalliques de la cour.

Devant l'homme centenaire, il ne restait plus qu'un amas informe de métal et de débris tachetés de sang.

Son souffle était irrégulier et ses veines apparentes. Sans qu'il ne ferme les yeux, tous disparus autour de lui. Le néant était revenu.

- Qu'est-ce qui m'arrive !? Pourquoi je suis ici !?

Erra entendis la voix de Karoline derrière-lui

- Tu viens d'être témoin de tes propres pensées. Ce n'était pas moi parlait, ni ma mère. Il s'agissait de la vérité, celle à laquelle tu t'es soustrait pendant tout ce temps.

- Mais, ça veut dire que….

- Oui, ton intuition est la bonne. Nous n'avons jamais quitté ton esprit. Tout cela n'était qu'une illusion.

Devant Erra, des milliers d'images apparurent. Dessus, on pouvait le voir manipuler Charlotte. Cette dernière n'avait pas un seul semblant de sourire, elle restait vide au fond d'elle. L'homme centenaire tenta de tourner le regard et de s'enfuir, en vain. Son cauchemar n'arrêtait pas de se répéter sous ses yeux.

- Pourquoi !? Pourquoi je n'ai plus le contrôle !? On est dans mon esprit !… S'exclama-t-il en se tenant la tête entre ses doigts crispées.

- Nous sommes de la même nature, l'aurais-tu oublié ? J'ai moi aussi un pouvoir me permettant d'influencer les autres. Au début, je pensais qu'il ne pouvait que terroriser les gens autour de moi… Mais, depuis que tu m'a fait rentrer ici, je me suis rendus compte qu'il était bien plus vaste. Ça m'es venu comme un instinct. Je me suis sentis en position de force. Enfaite, j'ai l'impression que chacune de tes cellules est prête à m'obéir

Des centaines de silhouettes apparurent tout autour d'Erra. Certaines étaient fantomatique, tandis que d'autres possédaient un visage, des habits et une démarche particulière.

"Toutes ces personnes que tu vois, sont celles que j'ai tués. Chacune d'entre elles m'a hanté jusqu'à se gravé dans ma mémoire. Certaines ont commis les pires horreurs, tandis que d'autres étaient mes raisons de vivre… Et tous ces gens sont des espoirs que j'ai réduit à néant… C'est ici que réside la différence entre toi et moi. Tu n'as jamais porté la moindre considération pour les Hommes, malgré que tu en face partie."

Les mort se poussèrent afin de creuser un chemin au bout duquel apparu la lueur rouge. Erra pouvait la voir et ressentir à la fois la souffrance et le réconfort qu'elle lui apportait. Karoline repris au même instant :

"Tu n'es rien de plus qu'un mutant, illuminé, aveuglé par sa quête de sens… Il n'y a aucun dieu, aucun message, aucune fin des temps, seulement des pensées corrompues. Pour t'en assurer, je te propose d'aller voir au cœur même de cette lumière. Va, et trouve la vérité par tes propres moyens."

Erra se calma et avança en direction de la lueur. Pour la première fois, il arrivait à approcher sans qu'elle ne le repousse. Au grès de secondes, sa marche s'accéléra et il se mit à courir de toute ses forces.

Lorsqu'il arriva proche de la singularité, le néant autour de lui devenu de plus en plus rougeâtre. Il pataugeait dans une mare de sang. Au milieu de cette dernière, d'où provenait la source de lumière, trônait une maison à moitié en ruine. En son sommet, un petit garçon au cheveux noir observait l'horizon avec regard triste, c'était lui. Erra se fit happer par une profonde détresse. Il sentait en cet enfant une solitude pesante, déchirante et infinie. Tel était, en réalité, ce qui l'avait hanté pendant toute sa vie : la peur de n'être toujours confronté qu'à lui-même.

Erra ne sus retenir ses larmes. Tout disparus à nouveau autour de lui, pour laisse place au néant. Karoline réapparu et lui dit :

"Tu as compris maintenant, je le sens. Il ne te reste plus qu'à sombrer à ton tour hors de ce monde… J'ordonne à tout ton corps l'apoptose… Chaque parcelle de vie qui te compose déclenchera sa mort, dans un processus accéléré par ton métabolisme… Ce sont ces mêmes pouvoirs qui t'on rendus immortel qui scellerons ta fin."

Erra sentit un incroyable déchirement. L'espace autour de lui s'écroulait et s'effritait de toute part. Pour la première fois, il se sentait mourir.

Karoline se rapprocha de lui et repris avec un ton compatissant :

- Papa, tu peux enfin partir, l'esprit éclaircie. Tu n'as plus besoin de chercher. Car tu connais la réponse… Certaines choses ne peuvent pas avoir de sens, voilà-tout.

Erra souris. Dans sa dernière pensée, il répondit :

- Merci… Merci pour tout ma fille…

Karoline réouvrit les yeux, de retour à la réalité. À côté d'elle, Erra était écroulé au sol, agonisant tandis que son corps tombait en morceau. Ses yeux noirs étaient emplis de bonheur. Il leva la tête pour regarder une dernière fois le ciel de midi. Il aimait cette couleur azur.

La jeune femme, elle, arracha comme elle le pouvait la barre métallique qui lui transperçait le ventre. Elle se leva, fit quelques pas et s'appuya contre une parcelle de mur encore debout. Elle glissa dessus avec lenteur pour s'assoir par terre, laissant un léger sillon de sang sur son passage.

Elle sentait son corps s'affaiblir. Elle ferma les yeux, et mourus, sans regret. Dans ses dernières pensées, elle accepta son sort comme une ultime rédemption.

Karoline se réveilla dans son esprit, au milieu d'un néant immaculé d'un blanc profond. Au loin, une lueur bleutée l'invitait à se laisser transporter. Elle s'en rapprocha et arriva devant une singularité étincelante. À cet instant, elle le savait, il ne lui restait plus qu'une dernière étape avant le repos éternel.

Karoline pris la petite bille de lumière au creux de ses mains. Sa silhouette fantomatique se dissipa en poussières qui se perdirent dans le vide en constellations infinies.

Avant de disparaitre, Karoline entendit la voix de Felix derrière-elle.

"Karoline !"

Le bras de la jeune femme réapparu, dirigée en direction du bruit. En quelques secondes, toute l'enveloppe de Karoline se reforma. Elle se mit à courir, aussi vite qu'elle le pouvait.

- Non ! Non, pas toi ! Pas comme ça ! Tiens bon ! S'exclama Phi au loin.

- Elle n'a plus de pouls ! Mais c'est pas encore trop tard. Toi, prend ça et applique et une pression sur la plaie ! Et toi appel de toute urgence une équipe de secours ! Enchaina Mu.

Une douleur intense lui déchirait la poitrine et s'intensifiait à chacun de ses pas. Mais Karoline continuait à avancer, sans faiblir, pour aller rejoindre ses amis.

"Felix, Phi, Mu, Epsilon et tous les autres… Je ne vous ais pas encore rendus tout le réconfort que vous m'avez apporté. Je ne peux pas vous laisser tomber comme ça, je refuse ! Désolé… Jamais je n'aurais dut penser à quitter ce monde."

Karoline fut éblouie par une intense lumière. Lorsqu'elle revenue à la vie, elle vit son inspecteur adoré, pleurer contre son corps. Dans un mouvement lent et délicat, elle lui pris la main. Surpris, Felix tourna la tête et la regarda dans les yeux. Ses larmes arrêtèrent de couler.

- Karoline… Tu… Comment s'est possible ? On pensait t'avoir perdu !

- Elle est revenu à elle ! S'exclama Mu.

- Karo ! T'en fait pas, une équipe est en route ! Repris Phi, partagée entre la panique et la joie.

- Excusez-moi… Je me sens vraiment bête de vous avoir fait pleurer.

Felix se rapprocha de sa bienaimée et murmura.

- Tais-toi, on va te sortir de là. Tout va bien aller maintenant, ménage toi.

En ce jour, une nouvelle aube s'était levée pour le monde entier. Erra et ses secrets n'étaient plus. Sans le mensonge, l'espoir d'un renouveau arrivait à se profiler pour la première fois.

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