Chapitre 36

10 minutes de lecture

 Le plus grand braquage de l'histoire avait fait le tour du monde. Cette fois-ci, il s'agissait d'un acte de rébellion contre le système tout entier. La popularité du Cauchemar ne faisait pas que monter en flèche, elle se répandait sur tous les continents. L'opinion publique s'était définitivement divisée entre ceux qui idolâtraient McBlue, et ceux qui la considéré comme une tueuse sanguinaire.

Mercredi 1er mai 2047, quelques jours après le retour de Felix du Canada.

Siège du FBI, Los Angeles, premier étage.

Felix arpentait les couloirs de la gigantesque salle d'accueil du bâtiment, pensif.

"Il s'en est passé des choses durant mon absence…"

Le jeune inspecteur avait sa mine habituelle. Il portait son blouson au bout de ses doigts, replié sur son épaule.

"J'ai eu de la chance d'être tombé sur la bonne piste… Et puis, je suis assez fier de mon rapport. Mais c'est dommage qu'on en est pas appris plus que ça sur McBlue, et que Phelps ne juge pas son passé comme intéressant. Il nous met beaucoup la pression ces derniers temps… Il a l'air étrange… C'est probablement parce qu'il suit Erra comme un bon toutou… Ces deux-là ont la tête dans le guidon. Ils ne pense qu'à traquer ALP sans réfléchir ni vouloir en apprendre plus… Enfaite, je n'ai plus l'impression que cela soit une enquête. Ce n'est qu'une guerre à leur yeux…C'est peut-être la méthode de travail du FIB, mais c'est triste…"

Felix soupira et entra dans l'un des ascenseur en verre. De là où il était, il pouvait observer la cité des anges se réveiller au fur et à mesure de son ascension.

"Karoline a pas perdu de temps. Ça doit faire trois semaine que je suis sa piste, et elle a déjà terrorisée toute la ville. En plus de ça, elle s'est attaqué aux corporations de Vegas… Elle a mis un bordel pas possible. Tout le monde ne fait qu'en parler… Parfois, j'ai l'impression qu'elle est prise pour une super-héroïne… Mais, après-tout, je ne me sens pas vraiment attristé par le sort de ces corporations… Au moins, il n'a pas eu de mort, c'est déjà miraculeux. Je me demande ce qu'ALP comptes faire avec cet argent…"

Felix leva les yeux vers l'horizon. Il aperçus les premiers rayons de soleils illuminer les toits de la ville.

"Quoi qu'il en soit, je pense avoir confiance en eux. Karoline ne me semble pas si mal intentionné… En réalité, j'ai de la compassion pour cette femme."

Felix serra son poing, faisant face à l'horizon, le regard emplie de détermination.

"Mais elle a massacré beaucoup de personnes, dont des innocents. Elle devra en répondre devant la justice, quoi qu'il m'en coute !"

La porte coulissante derrière Felix s'ouvrit. Le jeune inspecteur se retourna, sortit de l'ascenseur, et commença sa journée de travail.

Au même moment, à l'hôtel Nazari, Karoline venait de sortir de sa chambre. Fatigué de sa nuit sans repos, elle arpentais les couloirs du quartier général en direction des bains. Il s'agissait de l'une des seule salle du repère qui n'avait pas été totalement réemménager.

Karoline se déshabilla au vestiaire avant de rentré, vêtue d'une simple serviette. À l'intérieur, elle aperçus Mu au travers de la buée ambiante. Cette dernière était recroqueviller sur elle-même, assis au bord d'un petit bassin d'eau chaude.

- Tiens, Karoline. Je ne pensais pas te voir ici à cette heure-là.

- Je n'arrivais pas à fermer l'œil… Phi m'a parlé de cet endroit, donc je suis venue tester histoire de relâcher la pression… Et toi, qu'est-ce que tu fais ici si tôt ? Répondit Karoline d'une voix très calme.

- C'est une habitude que j'ai.

Karoline s'avança dans la pièce et s'assit au bord d'un bassin, faisant face à Mu. Quelque chose fini par piquer son attention chez son amie. Son corps était couvert de vielles traces de brulures et de déchirures refermés. Sa main gauche et son pied droit étaient en acier, reliés à ses membres par des implants de pointe qui semblaient ne faire qu'un avec la chaire.

- Je ne savais que tu avais des prothèses… et autant de cicatrices.

- Me croirais-tu, si je te disait que moi-même je ne sais pas d'où elles viennent ? Répondit Maria d'un ton décontracté.

- De l'amnésie, je suppose ?

- Oui…

- On a du temps devant nous, raconte-moi.

- Un jour, en 2006 je crois, je me suis réveillé dans une salle d'hôpital. J'étais couverte de bandages sur tout le corps et amputé d'une main et d'un pied. Je… je n'avais plus aucun souvenirs de ma vie avant ça. J'étais encore une gamine, et je savais à peine parler. C'était un petit peu comme… une naissance pour moi. C'est perturbant de pouvoir s'en souvenir.

- Ça va te paraitre étrange, mais je te comprend. Quand je ferme les yeux, il m'arrive de plongé dans mon esprit. Comme si j'étais perdue au milieu du néant, seule avec moi-même. J'ai toujours des images qui me viennent quand j'y suis. En réalité, je m'en sert souvent en me battant, pour prévoir ce que je vais faire… et, parfois, à l'intérieur, je ressens des bribes de souvenirs lointains. Il y en a un en particulier qui ressemble à ma naissance… Enfin, c'est l'impression que ça me donne.

- Tu as des capacités hors-normes, cela ne me surprendrais pas si ta mémoire était affecté. Ce souvenir, en quoi consiste-t-il ?

- C'est difficile à décrire. C'est comme si j'étouffait, tout en respirant à plein poumons. Je me souviens d'une énorme douleur au cœur et… j'étais éblouis, comme si je venais de voir la lumière pour la première fois de ma vie… et puis, il y avait cette silhouette qui me tenait dans ses bras. Elle était sombre… Enfaite, plus j'y repense et plus j'ai l'impression d'y voir mon reflet… ça me terrifie parfois.

- Effectivement, c'est assez curieux…

Karoline, intriguée, scruta à nouveau corps de Maria avant de lui demander :

- Maintenant que j'y pense, pourquoi tu ne te les ait pas fait enlever ces cicatrices ? La chirurgie peu faire des miracles de nos jours, et puis, tu dois avoir les moyens pour.

- Je préfère les garder, comme souvenirs personnels. Elles me rappellent ce que j'ai traversé, et surtout que j'ai été quelqu'un d'autre auparavant… avec une famille… Parfois j'ai des flash. Je revois toujours la même chose… le visage de ma mère, et le sourire de mon père. Mais c'est tout ce que j'ai de mon enfance.

- Par moment, j'aurais aimé pouvoir oublier moi aussi… Mes parents à moi, ils me hantent chaque fois que je ferme les yeux. Mais je repense aussi beaucoup de choses qu'on a vécu ensemble.

- Qu'ils soient bon ou mauvais, tu as gardé tes souvenirs au moins. C'est à travers eux que ta famille continue de vivre.

- Oui, tu as probablement raison… Pour revenir à ton histoire, il s'est passé quoi après ton réveil ? Demanda Karoline, curieuse.

Mu poussa un léger soupir. Tout en fixant les minuscules vagues de l'eau, elle repris son récit :

- Personne ne m'a accueilli à ma sortie de coma. J'avais simplement été retrouvée sous les décombres d'un petit village, près du Caire. Personne d'autre n'avais survécu. Le personnel médical n'avait même pas réussis à établir mon identité, ni celle de mes parents. Pour tout dire, je n'ai aucun anniversaire à fêter, même mon âge n'est qu'une estimation.

- Depuis le temps, tu as dus avoir l'occasion de retrouver ton vrai nom ?

- Pas vraiment. Personne ne sais ce qui est arrivé à mon village… pour être honnête, je n'ai pas réellement envie de le savoir.

Maria enleva un petit bracelet qu'elle portait autour de son poignet cybernétique.

- Le souvenir le plus tangible de ma vie d'avant, c'est ça… Dessus, il y a un proverbe arabe, si je traduis, il signifie "Maria. Ce qui est passé a fui, ce que tu espères est absent, mais le présent est à toi".

- Je vois, tu ne veux pas t'embrouiller avec un passé flou…

- Oui, je préfère me concentrer sur l'avenir… Vois-tu, j'ai énormément de plans et de choses que j'aimerais changer en ce monde. Ma vraie vie est celle d'après mon réveil. Le reste n'est qu'une enfance stérile.

- N'empêche, j'aimerais bien savoir comment t'en es arrivé là où tu en es…

- Après mon rétablissement, on m'a envoyé dans un orphelinat. Malheureusement, peu de personnes étaient intéressés par l'adoption d'une manchote, qui ne pouvais pas marcher et qui savait à peine parler. J'ai passé toute mon adolescence là-bas. J'ai appris à me débrouiller seule, sur le tas… À ma majorité, j'ai été contacter par l'armée américaine.

- Qu'est-ce qui a bien pu porter leur attention sur toi ? Demanda Karoline.

- Pour répondre à ta question, il s'avérait que je possédais des prédispositions génétiques très rares et favorables à l'implémentation d'implants. Ils m'ont proposé de me donner une main, un pied et la nationalité américaine. En échange, je devais servir de cobaye pour les premières augmentations cybernétiques au monde. Au vus de ma situation, j'ai acceptée.

- Et… ça s'est passé comment là-bas ?

- Il y a eu des moments de complications médicales. Mais, au bout de quelques années, j'avais tous mes membres. Ma main était plus flexible et puissante qu'une main biologique. Mes nouveaux yeux me permettaient de voir à des kilomètres… Ducoup, j'ai servi dans l'armé durant quelques temps, au sein d'une unité d'élite.

Maria afficha un sourire innocent et nostalgique lorsqu'elle continua :

- C'est là-bas que j'ai rencontré Zêta, enfin, Gregory. À l'époque, il était tellement joviale… et surtout moins replié sur lui-même. Mais nos chemins se sont vite éloignés. Il avait été appelé en Australie pour gérer la guerre civile. Moi, j'avais décidé de quitter la vie militaire qui ne me correspondait pas.

- L'Australie… C'était pour la guerre civile, c'est ça ?

- Oui… Il n'était plus le même à son retour. Quelque chose avait changé au fond de lui… Il ne m'a jamais dit exactement ce qu'il s'y était passé. Il est sûrement encore rongé par la culpabilité…

Karoline serra légèrement ses mains et répondit :

- Je ressens la même chose que lui…Ça fait mal, mais c'est ce qui me donne envie d'avancé. J'espère qu'il en est de même pour lui.

- Je pense que c'est le cas, effectivement. À son retour, il était peut être étrange mais il avait une détermination sans faille. Quand on a rejoint ALP ensemble, je n'avais qu'un hôtel perdu dans le désert. J'en était fière, il se développait très vite. En l'espace d'une décennie, en blanchissant l'argent de l'organisation, j'ai pu construire ce bâtiment.

- Ça ne m'étonne pas de toi… Tu gère tout à la perfection. Je t'envie un peu cette qualité. Moi, je ne me contente que de coups de tête.

- Ironiquement, je t'admire moi aussi sur ce point… Tes impulsions sont rarement irréfléchies, elle sont la preuve de ton courage, de ton abnégation sans faille. Regarde ce que nous avons réalisé avec toi, en l'espace d'un mois. Ce que tu nous a dit après le braquage, sache que c'est réciproque pour tout le monde dans la division. Te compter parmi nous fait chaud au cœur.

Karoline se mis légèrement en boule, souriant timidement, trempant sa main dans l'eau chaude du bain.

- Oui… Je me sens bien avec vous. J'ai l'impression d'avoir trouvé ma voie.

Après un court silence, Maria repris :

- Tu sais, tu n'es que la deuxième personne que je connaisse à avoir vus mes cicatrice. J'espère que tu comprends à quelle point je te fait confiance.

- Je vois, merci… Mais, si ce n'est pas trop indiscret, qui est la première personne à les avoir vus ?

Les yeux cybernétiques de Maria se mirent à fixer le vide. Son regard semblait se perdre dans les souvenir.

- C'était un jour de permission, au bord d'un fleuve, avec un militaire joviale… Mais c'est une longue histoire, qui remonte beaucoup trop.

- Je comprends. On a déjà bien parler, profitions un peu tant que l'eau est chaude.

Les deux femmes se mirent à l'eau. Karoline profitait de ce moment de calme, étreinte par la douce chaleur du bassin.

"Phi avait raison en me conseillant d'aller ici. Ça faisait longtemps que je ne m'était pas sentis aussi détendue… J'y reviendrais peut-être, à l'occasion…"

Le soir même, les commandants se réunirent pour une annonce de Mu. Tous les cinq étaient assis à la table de réunion. Phi et Karoline se tenaient côte à côte. Epsilon paraissait moins fatigué que d'habitude. Sa chemise était enfin correction boutonnée. Zêta, lui aussi, avait laisser tomber sa mine habituelle au profit d'une attitude décontractée. Mu, quant à elle, était plus déterminé que jamais. Elle se leva et pris la parole :

"Parfait, je vois que tout le monde est présent. Nous allons commencer maintenant. Je ne vais pas passer par quatre chemins. Le principale but de notre organisation est de combattre les dérives de la crise actuelle. À Los Angeles, il existe un acteur à l'origine de beaucoup des maux contre lesquels nous luttons : La Compagnie Miller. Vous devez sûrement déjà le savoir. Ils sont les premiers à avoir lancer la collaboration avec les gangs. Ils sont parmi les plus influents et s'aident de leur richesses pour phagocyter petit à petit cette ville… Des pots de vins aux assassinat, en passant par la fraude… En quelques années à peine, ils ont créé un climat de corruption et de corporatisme qui s'est rependu dans le pays entier."

Mu marcha le long de table, continuant son discours avec de plus en plus d'entrain :

"Cela fait bien longtemps que nous souhaitons les combattre de front. Certains de vous attendaient cela depuis des années… Sachez que le moment est venu. Nos réussites du dernier mois m'ont confortés dans l'idée que nous sommes prêts pour ce combat. Il s'agira de faire tomber cette corporation, tout simplement. Nous allons les dépouillés, les sabotés et les trainés devant la justice…. J'aurais besoin de chacun d'entre vous pour mener ce front. Nous collaborerons également avec d'autres divisions au travers du mondes. Il nous faudra énormément de préparation, mais nous avons les clés en mains pour réussir !"

Une flamme pouvait se lire dans les yeux de chacun des commandants.

"Vous semblez tous partants… Nous commençons dès aujourd'hui !"

Alors que les premières brises estivales étaient encore loin de souffler, le combat ne semblait que commencer pour Karoline et ses compagnons.

Let's jam!

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 5 versions.

Vous aimez lire Mr.Bleu ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0