Chapitre 9

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 Karoline s'installa finalement avec la famille Sangneuf dans ce petit village reclus. Pour elle, la perspective d'un nouveau départ au plein air, loin du cauchemar qu'était devenue sa vie, était parfaite. Son travail au sein de cette petite communauté se résumait à aider les habitants dans une multitudes de taches physiques. Elle s'occupait aussi occasionnellement de Simon et des autres enfants du village.

Avec le temps, Karoline fit preuve d'une énergie sans limite. Sa condition physique remarquable ainsi que son sauvetage de Lucie avaient rendu tous les habitants très admiratifs d'elle. Néanmoins, tous les compliments et les remerciements qu'elle recevait la mettait mal à l'aise. En réalité, Karoline se haïssait et repensait souvent à sa sœur, à sa mère, à son père et même parfois à ses anciens collègues et à la vie qu'elle avait laissé derrière elle. Mais, Karoline fuyait ce genre de pensées tout en restant silencieuse quant à son passé.

Au bout d'une année passée là-bas, Karoline semblait totalement intégrée dans cette petite communauté. Elle avait appris à connaître Xavier et sa famille, venus d'Ottawa et ayant décidé de tout plaquer avec leurs amis pour s'éloigner du monde moderne et stressant. Ces gens fascinaient Karoline, car elle s'identifiait à eux et à leur ressenti. Celui de s'être trouvé prisonnier d'un système et d'avoir pu s'en échapper dans un ailleurs idéaliste mais simple.

Cependant, Karoline sentait un profond mal-être au fond d'elle. Par moment, son esprit était hanté d'images de sa famille, et son corps traversé de frissons qui la prenait aux tripes. Cela la faisait angoisser un peu plus jour après jour, comme si son cœur se remplissait lentement de chagrin. Il lui arrivait ainsi parfois de ne pas contrôler ses pouvoirs. Bien que ces incidents ne se limitaient qu'à des outils cassés ou des couvert pliés, Karoline avait terriblement peur. Elle ne voulait surtout pas refaire du mal à quelqu'un un jour. Elle sentait que rien au monde ne pouvait la forcer à réitérer les horreurs qu'elle pus commettre par le passé.

Un jour, au détour d'une escapade dans la forêt, Karoline tomba sur une clairière perdue, reculée au pied de la montagne où se situais le village. Sans qu'elle ne sache pourquoi, elle eut un coup de foudre pour cet endroit. Elle s'y sentait en paix, seule, bercée par le bruit des sapins dansants sous la brise. À chaque aube, avant de travailler, elle se rendait là-bas afin de s'y abandonner à elle-même. C'est durant ces moments de solitude, que Karoline essayait d'apprendre à contrôlé ses pouvoirs. Car elle pensait que maitrisé cette force surnaturelle qui l'habitait, était le meilleur moyen de ne plus être un danger pour personne.

Rapidement, Karoline se rendit compte que ses pouvoirs n'étaient pas actifs tous le temps. En réalité, en dehors de ses crises, ils n'agissaient que lorsqu'elle en ressentait le besoin. Cela lui paraissait troublant. C'était comme si ses capacités étaient une réponse naturelle de son corps, comme un réflexe qui lui était difficile à contrôler. Malgré tout, en dehors de ces moments-là, Karoline semblait être une personne tout à fait normale.

Avec le temps et la réflexion, Karoline finit par conclure que ses pouvoirs agissaient comme un boost sur tout son corps. Ces derniers décuplaient sa force, affinaient tous ses sens et lui permettait de régénérer n'importe quelle blessure en un temps record. Karoline soupçonnait même son système immunitaire d'être lié à tout ça, car elle n'était jamais tombé malade de toute sa vie. Cependant, cela ne s'arrêtait pas là. Karoline avait également remarqué trois autres facultés hors du commun qu'elle semblait possédé.

La première était une force d'intimidation qu'elle exerçait sur n'importe qui, sans le vouloir. Cela arrivait uniquement l'lorsqu'elle se sentait sous tenions ou en colère. Durant ces rares moments, toute personne sur qui elle posait le regard se figeait de peur. Heureusement pour Karoline, les habitants du village n'y furent jamais confronté. En réalité, elle n'avait fait cette conclusion qu'en repensant à ce qui s'était passé au tribunal, ou bien avec les pillards.

Cependant, un jour, alors qu'elle était dans la foret, sur le chemin du village, elle croisa un ours des montagne. C'était une bête gigantesque, devant presque peser une tonne. Ce dernier, en voyant la jeune femme, n'avait pas hésiter une seule seconde avant de lui foncer dessus. Le rugissement qu'il poussa à ce moment-là fit frémir les sapins et tremblé la terre. Néanmoins, Karoline n'avait pas peur et se contenta de rester là où elle était, fixant la bête d'un regard froid. C'est alors que l'ours s'arrêta en plein course, tremblants et terrifiés, avant de s'enfuir dans les bois tout en poussant de légers couinements. Bien qu'il lui était impossible d'avoir le moindre contrôle sur son pouvoir d'intimidation, Karoline était impressionnée par le résultat.

La seconde capacité extraordinaire que Karoline se découvrit était une indifférence totale de son corps à la température extérieur. Les occasions de le constater ne manquaient pas lors des hivers canadiens. Malgré les tempêtes ou le froid glacial, elle n'avait jamais aucun problèmes. Même lorsqu'elle mettait sa main dans le feu, cette dernière en ressortait indemne. Cela était étrange pour Karoline, car elle se souvenait des sensations de froid ou de brûlure, mais ne pouvait plus les expérimenté. Quoi qu'elle tentait, le constat restait le même.

Sa dernière capacité hors du commun était, quant à elle, beaucoup plus mystérieuse. Il s'agissait d'une étrange et soudaine introspection qu'elle subissait lorsqu'elle fermait les yeux en se concentrant. Elle se retrouvait alors plongée au milieu du néant, exactement comme le jour où Miller avait tenté d'abuser d'elle. Il s'agissait d'une sorte de monde imaginaire, un produit de son esprit duquel elle pouvait faire ressortir ce qu'elle voulait. Néanmoins, par moment, certaines choses y émergeaient sans qu'elle ne puisse le contrôler. Il s'agissait la plupart du temps des silhouette de son père, de sa mère et de sa sœur. Parfois même, lors de ses rêves, le néant venait à elle, lui faisait faire de terribles cauchemar. De plus, lors de ses introspection, sa perception du temps était étrange. En faisait des test avec un chronomètre en main, elle se rendit compte que chaque minute passé dans cet état ésotérique ne représentait en réalité qu'une fraction de seconde dans le monde réel. Karoline, après de longues réflexion, finit par conclure que ce monde imaginaire représentait simplement ses pensées, ses souvenirs et ses émotions.

Cette quête de contrôle et de compréhension de ses pouvoirs durera plusieurs mois. Mais Karoline n'en ressortit pas pour autant plus confiante, car sa force semblait augmenter jour après jour.

La vie de Karoline semblait cependant suivre une bonne voie. Elle avait trouvé une nouvelle famille et arrivait à mieux contrôlé son corps. Néanmoins, quelque chose l'obsédait plus que de raison. Il s'agissait de ses crises et de ses cauchemars qui semblaient gagnés en intensité et en fréquence. Karoline le vivait comme de véritables déchirement au cœurs, mais restait le plus discrète que possible. Malgré le support de Xavier, d'Alexandra et de Simon, elle restait hanté par son passé, notamment par la mort de sa sœur et de son père.

Durant les deux premières années après son arrivé au village, cette situation restait dans la limite du supportable pour Karoline. Jusqu'à la nuit du 13 mars 2047, où elle avait enchaîner les cauchemar. Karoline n'arrivait même plus à fermer les yeux, par peur de revoir le visage de sa sœur.

Afin de lutter contre le sommeil, et contre ses pensées noires, elle décida de s'habillé et de sortir. Elle attrapa ensuite une vielle hache dans l'atelier de Xavier et commença à couper du bois à l'aide s'un support. Dans un mouvement presque frénétique, Karoline trancha buche après buche, éclairée par le crépuscule.

Après plusieurs heures, alors que le soleil commençait à se montrer, Karoline se fit interpelé par Xavier. Ce dernier avait visiblement été réveillé par le bruit que faisait la jeune femme.

- Tu sais Karoline, il existe des outils bien plus pratiques que cette vielle hache rouillée pour couper le bois. Tu te fatigues pour rien.

- Je sais, je sais… Je fais ça pour me tenir éveillée, c'est tout. Répondit Karoline en abattant sa hache d'un mouvement sec.

Xavier poussa un soupir.

- Je suppose que c'est encore ce qui s'est passé en Californie qui te hante. Écoute, je ne sais pas ce qui t'es arrivé… quoi qu'il en soit, il faudra bien tourner la page un jour.

- Je… Je ne peux pas.

- Comment ça ?

- C'est juste que… c'est impossible, tout est de ma faute. La culpabilité me ronge et je ne peux rien y faire.

- Qu'est-ce qui est de ta faute ? Dis-moi, j'aimerais le savoir un jour. Je suis à ton écoute, tu sais ?

Karoline n'en pouvait plus, elle ne supportait plus les souvenirs qui tourmentaient son esprit. À ce moment-là, son cœur se mit à s'emballer tandis qu'elle accélérait le rythme avec laquelle elle couper le bois.

- Tout !

- Quoi Karoline !? Réponds moi ! Lui demande à nouveau Xavier, inquiet.

Karoline semblait devenir folle.

- Tout est de ma faute !

- Karoline, calme toi, respir…

- C'est à cause de moi ! Ils sont tous mort ! Je les ait tués !!

Au moment où elle prononça ces mots, Karoline abattit sa hache avec une force exceptionnelle. Le pauvre morceau de bois qu'elle visait, ainsi que son support, furent complètement réduits en morceaux sous l'impact. Une étrange jet de flamme bleuté émergea même du bras de Karoline. Xavier fut sonné par le vacarme produit par cette scène inattendu. Quelques instants plus tard, lorsqu'il reprit ses esprits, il vit Karoline, écroulée au sol et en pleure. Il courut aussitôt à ses côté.

- Karoline, ça va !? Il s'est passé quoi !? Tu vas bien !?

Xavier n'eut en réponse que des sanglots. En voyant que Karoline n'avait aucune blessure, il enleva son manteau et le posa sur les épaules de la jeune femme avant de reprendre :

- Tout va bien aller. Calme toi, c'est fini…

- Je… C'est ma vraie nature que tu viens de voir. Lui répondit Karoline, ayant du mal à aligner des mots avec sa voix tremblante.

- Respire, je suis là maintenant.

Karoline commença à se calmer, après un petit moment de silence, elle dit :

- Xavier, je te dois… la vérité.

- Comment ça la vérité ?

Karoline se releva, enlevant au passage le manteau qu'avait mis Xavier sur ses épaules. Malgré ses larmes continuaient à couler, elle prit un air sérieux et enchaîna :

- Tu voulais savoir, hein ? Ce qu'il s'était réellement passé avant que j'arrive ici… Je vais tout te raconter.

Xavier découvrit alors toute l'histoire narré par Karoline elle-même. Cette dernière lui raconta comment elle avait vu sa vie ruinée par d'étranges pouvoirs qu'elle ne contrôlait pas. Pour Xavier, beaucoup de choses commençait à devenir plus claires. Cela faisait longtemps déjà qu'il avait remarqué que Karoline n'était pas normale. Bien qu'il fut surpris par cette histoire extraordinaire, il accepta d'y croire au vu de la scène à laquelle il venait d'assister. Lorsque Karoline eut finit son récit, Xavier lui dit :

- C'est donc pour ça toutes ces choses étranges que j'ai remarqué depuis ton arrivé. Comme la disparition des pillards… Je suis désolé que tu aies eut a traversé tout ça. Je n'ose même pas imaginer ce que j'aurais fait moi, à ta place, si j'avais perdu Simon et mon Alexandra comme ça…

- Tu ne t'énerves pas ? Je suis un danger pour vous tous ici, non ?... Et puis je t'ai menti. Lui répondit Karoline, désolée.

- Voyons Karoline, tu n'es plus une étrangère depuis bien longtemps dans ce village. Si tu étais réellement aussi dangereuse que tu le prêtant, quelque chose de bien plus terrible qu'un support cassé serait arrivé. Tu as l'air de les contrôler à ta façon ces… pouvoirs. Même si j'ai encore beaucoup de mal à croire que tout ça soit réel…

- Peut-être, mais… Plus j'apprends à les contrôler et plus ils grandissent. Je ne sais pas comment l'expliquer. C'est comme s'il y avait quelque chose de plus sombre encore qui sommeillait au fond de moi…

- Bon dieu… Comment ça peut être possible tout ça…

- Je ne sais vraiment pas. Honnêtement, c'est à en devenir folle… Écoute, j'ai quelque chose d'autre à te dire. Enchaîna Karoline.

- Après tout ça… Ça va être quoi maintenant ?

Xavier poussa un soupir, puis reprit :

- Ça à l'air important pour toi vu ton air. Dit moi tout.

- Je… Je vais partir. Je dois retourner en Californie, à Los Angeles. Je dois le faire au moins pour découvrir ce qu'est devenue ma famille. Je suis désolé de vous laisser comme ça, mais j'ai pris ma décision. J'ai gardé toutes mes économies pour ça.

- Je vois… Tu sais, tu n'auras pas besoin que d'argent si tu veux retourner là-bas. Tu vas avoir besoin d'une nouvelle identité.

- Peut-être, tu as raison. Je me débrouillerais… Je n'aurais qu'à me rendre à la police après avoir retrouvé ma mère…

- Non, Karoline, écoute, moi aussi je n'ai pas été très honnête avec toi. Il s'avère que je n'ai pas été qu'un simple menuiser pendant mes jeunes années... Disons que j'ai une connaissance. Une personne fiable, qui pourra te fournir de nouveaux papier, de nouveaux passeport, une nouvelle identité, un compte à la banque… bref, la totale. Ses services ne sont pas donnés, mais si je suis avec toi, il te fera un prix à coup sûr.

- Oh, merci Xavier. Je ne sais pas trop quoi dire, ça serait parfait.

- Il n'y a pas de problème, pas la peine de me remercier. Je fais tout ça pour toi. Je sais que c'est ce que tu veux alors je t'aiderais. Mais à une seule condition.

- Je t'écoute. Répondit Karoline, curieuse.

- Reviens dans le coin un jour. Sinon le petit ne va pas arrêter de t'attendre… et nous aussi.

- Bien sûr que je reviendrais ! Répondit Karoline avec le sourire.

Dans les jours qui suivirent, Karoline fit ses bagages et partie en direction d'Ottawa en compagnie de Xavier. Là-bas, ils rencontrèrent son ancien-contact qui put donner une nouvelle identité à Karoline. Quelques jours plus tard, cette dernière s'apprêtait déjà à prendre le premier train en direction des Etats-Unis. Elle et Xavier étaient ainsi sur le quai de la gare tandis que le train venait d'arriver. Karoline, avant d'embarquer, pris un ton sincère et s'adressa à son ami :

- Merci pour tout. Je n'oublierais jamais tous ces moments que j'ai passé au village. Sans vous, je ne sais pas ce que je serais devenue.

- Petite, tu es une personne bien. Tache de ne pas trop te monter la tête avec la culpabilité, d'accord ? Maintenant, va revoir ta famille, je suis sûre qu'on t'attend !

- D'accord ! Répondit Karoline tout en enlaçant l'homme en guise d'adieu.

Elle rentra ensuite dans son wagon tandis que Xavier se retourna et repartit. Le train démarra juste après. Karoline se sentait à la fois impatiente et angoissée, contemplant le lever de soleil à travers la fenêtre.

"Je ne sais pas ce que je vais retrouver là-bas… mais je dois le faire !"

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