La fonte des glaciers se dissout dans une Conf’ de Presse Chap. 30  

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Iliéna demande à l'hôtesse où se situe la délégation française et se dirige vers celle-ci.

— Suivez-moi, Mademoiselle.

— Iliéna ! Répond-elle, ne comprenant toujours pas cette appellation. Volontiers je suis arrivée ce matin, et je ne pourrais pas me repérer ici et il faut que je retrouve Julien.

— Whao ! Vous connaissez ce Français, lui demande le journaliste afro-américain qui vient de l'aborder.

— Euh ! Pas vraiment, je viens d'apprendre qu'il est glaciologue, nous sommes arrivés ensemble, mais il n'est pas très bavard.

— Peut-être, mais il vient de lâcher une bombe ! Il va devoir nous expliquer ses prévisions.

— Une bombe ? Interroge Lhiréou/Iliéna interloquée par le terme.

— Laisse tomber, lui indique Lhiréa, ce n'est pas important c'est une expression "Terrienne", je ne suis pas certaine d’en saisir tout le sens.

Lhiréou/Iliéna comprend très vite qu'ils ne sont pas que deux à vouloir rencontrer Julien Saval. Cela l'affole un peu.

— M.Saval, votre présentation, que je connaissais puisque vous me l'aviez adressé, vient de faire sensation. En fait, c'est surtout la prédiction que vous avez donnée. Vous ne m'en aviez pas parlé ! C'est fâcheux lui précise le directeur de Cabinet du Ministre.

— Désolé, M. le directeur, cette conclusion est inscrite dans le document que je vous ai remis puisqu'elle est simplement fondée sur les prévisions du GIEC, validées par toutes les délégations des pays, y compris le nôtre et que vous avez approuvé également de surcroît ! Précise Julien.

— Oui, mais quelle idée de l'annoncer à la tribune ! Maintenant nous avons pléthore de journalistes qui veulent vous interviewer ! J'ai donc annoncé une conférence de presse en fin de journée.

— Bonne idée ! Je ne me voyais pas passer tout mon temps à répondre aux journalistes.

— Vous détaillerez vos recherches aux journalistes, précise le directeur, mais vous vous contenterez d'expliquer que vos prédictions de disparitions des glaciers ne sont pas des certitudes, mais de simples spéculations fondées sur des prévisions de réchauffement climatique qui sont, elles-mêmes, dans une fourchette très large.

— Vous me demandez de parler la langue de bois, cela ne fait pas partie de mes attributions, je suis payé par l'État pour mener des recherches et publier des résultats.

— Je sais ! Toutefois à cause de vos prédictions de disparition de glaciers, le tourisme de montagne est condamné à disparaître, les professionnels et habitants de ces régions vont demander des indemnités à l'Etat, sachant qu'il ne pourra, de toute façon, pas payer.

— C'est sûr, les sports d'hiver vont en prendre un coup, à plus ou moins long terme. Mais je n'y suis pour rien, rétorque Julien.

— Si vous souhaitez que l'état continue à financer les recherches du laboratoire de Grenoble, dont vous dépendez, vous aurez intérêt à suivre mes recommandations.

— Mais c'est du chantage, s'offusque Julien.

— Absolument pas, M.Saval ! Il ne s'agit que d'intérêts croisés, bien compris, à respecter, pour le développement de votre laboratoire et de notre nation.

— Et à quelle heure se déroulera cette conférence de presse ?

— 18 heures, après les présentations des autres délégations.

— Hey, Julien, Julien ! Je suis là ! Vous avez été formidable ! S'exclame Iliéna à l'entrée de la délégation Française en apercevant Julien en conversation avec le Directeur du Cabinet.

— Qui c'est celle-là ? Questionne le directeur. Si c'est une journaliste, elle vient à la conférence de presse comme les autres.

— Je ne sais pas trop, répond Julien. Ce que je sais, c’est qu'elle m'a sauvé d'une mort certaine, après avoir été jeté aux requins par un faux pêcheur.

— C'est quoi cette histoire, encore ! S’irrite, le directeur.

— Pourquoi pensez-vous que j'avais du retard ? Renseignez-vous à l'hôtel. Ils sont assez ennuyés, ce sont eux qui m'avaient proposé la balade.

J'aurai presque préféré les requins se dit cyniquement, le directeur, en son for intérieur, cela aurait été plus simple, le Mexique nous aurait été redevable !

— Bon, ça va ! Faites entrer cette "sirène blonde" indique le directeur à l'intention du garde à l’entrée.

— Avancez, Mademoiselle ! Dit-il à Iliéna. Décidément, elle ne comprend toujours pas pourquoi on continue à l'appeler ainsi.

— Non pas vous ! En s’adressant au journaliste afro-Américain, revenez à 18 heures pour la Conférence de Presse.

— Oh ! Cela n'a pas l'air d'aller bien fort, demande Iliéna au vu de la tête de Julien. Vous avez pourtant fait une prestation remarquable, toute la presse veut vous interviewer. Je dois avoir de la chance pour avoir passé le barrage du gardien à l’entrée.

— J’ai dit que vous n'étiez pas journaliste !

Ce n’est pas complètement faux, lui souffle Lhiréa dans l'interface bionique, j'espère qu'il ne se doute de rien.

— Venez allons prendre un verre au bar VIP, propose Julien, puisque je ne peux sortir avant 18 heures.

— Que se passe-t-il ici, Julien ?

— Tout ça parce que j'ai annoncé la fin prochaine des glaciers !

— Ce n'est pas vrai ? Questionne naïvement Iliéna.

— Malheureusement, il n'y a que peu de doutes.

— Alors pourquoi prendre une mine aussi sombre ? Interroge Iliéna (s'étonnant elle-même d'avoir autant de vocabulaire)

— On me demande d'affirmer le contraire ! Dire que rien n'est jamais sûr, que l'avenir climatique n'est pas écrit. Que voulez vous boire ? Demande Julien en arrivant au bar.

— Un grand verre d’eau, cela me conviendra parfaitement. Répond Iliéna, ne connaissant pas le nom des boissons.

— Et pour moi, ce sera un grand verre de vodka glacée ! Dit-il au barman.

— Je prendrai un remontant de votre pays, j'en ai bien besoin, continue Julien en se tournant vers Iliéna.

— Je ne comprends rien, affirme Iliéna. L'objet de cette conférence, c’est bien de faire le bilan du réchauffement climatique mondial et de prendre des décisions ! C’est ce que m'a expliqué Réa.

— Qui est Réa ? Demande Julien.

Zut ! Je viens de faire une gaffe, se dit mentalement Lhiréou.

— Mon Rédacteur en Chef. S'entend-elle dire, terme soufflé par Lhiréa in extremis.

— Oui, c'est bien ce qui est affiché dans les objectifs de cette Conférence de L'ONU. Confirme Julien

— L'ONU ? Répète Iliéna.

— L'Organisation des Nations Unies, répond Julien machinalement, le regard vague posé sur son verre de vodka qu'il vide cul sec.

— Et alors, pourquoi vous demande-t-on de ne pas respecter les objectifs ? Lhiréou/Iliéna ne comprend plus rien.

— Tirer le bilan et conséquences du réchauffement tout le monde le fait, car c'est tellement évident, explique Julien. Mais prendre des décisions pour limiter le réchauffement de la planète, sans même parler de l'arrêter, cela met en jeu tellement d'intérêts économiques privés que cela devient impossible à faire.

— Excusez-moi ! Mais là je ne comprends plus le raisonnement des hommes. Tout le monde dit ça brûle ! Tout le monde le voit en plus, mais chacun dit n'éteignez pas le feu, chez moi il va faire froid ! Résume Lhiréou avec tout le bon sens des Gardiennes de la Vie. Moi qui pensais les hommes intelligents ! Avec ce que je vois ici et ce que vous me dites Julien, je ne comprends plus rien, confirme Lhiréou/Iliéna. Vous, Julien, avec votre laboratoire, vous êtes un modèle. Vous avez prouvé comment les glaciers progressent aussi vite vers leur disparition.

— Vous venez d'une autre planète, ou quoi ! Remarque Julien. En Ukraine, d'après ce qui ce dit, la corruption est pire qu'ici !

— Ne t'emballe pas trop, Lhiréou, souffle Lhiréa sur l'interface bionique qui les relie, propose-lui de l'aider sinon il va se braquer et tu vas te retrouver toute seule.

— Julien, n'oubliez pas que je suis journaliste, je peux vous aider à préparer la conférence de presse de ce soir, lui suggère Iliéna.

— Vous feriez ça ?

Julien, soudain, relève la tête et braque son regard dans l'océan bleu des yeux d’Iliéna.

Troublée par ce regard qui la remercie déjà de sa présence, Iliéna répond :

— Oui, nous pourrions, ainsi, tous les deux, trouver des formulations qui conviendraient à votre délégation et donner des pistes aux journalistes pour qu'ils parviennent aux mêmes conclusions que les vôtres. Si, bien sûr, ils souhaitent travailler sur le sujet.

— Iliéna vous me sauvez la vie une deuxième fois.

Julien se saisit des mains de la journaliste, pour la remercier. À nouveau elle sent une chaleur torride traverser le corps d'Iliéna et lui monter aux joues.

— Mettons-nous vite au travail. Iliéna retire prestement ses mains de celles de Julien.

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