Pas très propres, les Caraïbes !

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Chapitre 15

LhiréouB et Méa nagent côte à côte dans les eaux turquoise de la mer des Caraïbes. C’est ainsi que les "Hommes" l’ont nommé. Les eaux sont magnifiques. Des milliers de poissons scintillent dans la lumière du soleil jaune de la Terre. Ses rayons transpercent la surface et se perdent loin dans les profondeurs.

— Je ne connais pas cette baie ! Lui confirme "Méa". Elle a l’air calme, je n’entends pas de moteurs de bateau.

— De notre vaisseau, nous avons repéré une ville assez grande au fond de la baie, suggère LhiréouB

— Elle doit être importante ! J’ai croisé des effluves de mauvaises odeurs, au large, en arrivant ici. Les "Hommes" rejettent tous leurs déchets dans la mer sans se préoccuper de ceux qui y vivent !

— Méa, tous les poissons et toi aussi, rejettent des déchets corporels dans l’eau.

— D’accord, mais tout ce que nous rejetons devient nourriture pour des milliers d’autres habitants des eaux, cela entre dans le grand cycle de la vie.

— Je sais ! C’est ainsi sur Leaurélia. Je suis la Gardienne des Cycles de la vie, mes sœurs et moi-même devons veiller au bon fonctionnement de ces cycles si notre peuple veut survivre.

— Et bien ! Tu devrais leur apprendre tout cela aux "Hommes" ! Siffle Méa, sur une note assez sarcastique. Je ne sais pas s’ils savent ce qu’est le grand cycle de la vie !

— Si tu n’as pas peur des odeurs et ordures, je vais te monter ce qui arrive dans la mer, à proximité des villes des Hommes.

— LhiréouB ne devrait pas être trop incommodée, je ne suis qu’une boîte de ferraille, rappelle-toi !

— C’est vrai ! J’ai déjà oublié. LhiréouB c’est Lhiréou de Leaurélia !

LhiréouB et Méa filent bon train vers la côte où se trouve la ville de Cancún. Il ne leur faut qu’une petite heure pour la rejoindre. Déjà, à 10 kilomètres de la ville, elles peuvent apercevoir les premières habitations sur la côte.

— Gros bateau à l’approche ! Siffle Méa, à l’ouïe très sensible.

— Pêcheurs ? Interroge LhiréouB, angoissée de croiser de nouveau des filets gigantesques.

— Non, pas ici ! les pêcheurs n’ont que de petits bateaux. Ils ne s’éloignent pas trop de la côte.

— Oui je l’entends aussi ! Confirme LhiréouB, dotée de capteurs sonores ultra-perfectionnés.

— Allons voir, cela ne te fait pas peur ?

— Non ! Je suis la pour découvrir.

Méa exécute une nage qui la fait bondir hors de l’eau, mais LhiréouB reste prudemment sous la surface.

— Regarde, indique Méa, c’est immense ! Une montagne sur la mer.

LhiréouB risque une tête hors de l’eau et aperçoit un bâtiment encore plus impressionnant que son vaisseau caché au fond de l’océan.

Elle utilise son Interface Bionique pour interroger la base de connaissance sur la Terre. Base qui croit d’heure en heure avec les informations électromagnétiques collectées et décryptées par Réan et ses équipes.

— D’après mes informations, cette montagne, comme tu me l’as décrite, est un immense bateau qui emmène des milliers "d’Hommes". Il se dirige vers la ville Cancún.

— Regarde, LhiréouB, sent surtout ! Ce bateau fuit ! Beurk ! Il y a de l’huile noire partout dans son sillage, il vient de larguer une cargaison d’ordures.

Rapidement Méa et LhiréouB se retrouvent dans un flux huileux où surnagent à la fois des morceaux de viandes, des rejets visiblement organiques peu ragoûtants, des sacs qui ressemblent à des méduses et d’autres détritus.

— Voila LhiréouB ! Cette fois non seulement cela ne vient pas de la côte mais directement du bateau.

— Que va devenir toute cette pourriture ? Questionne LhiréouB, inquiète.

— Tout ce qui sort de ce bateau immense est quasiment immangeable par d’autres poissons ou animaux. Toute cette pourriture se déposera sur les fonds et va asphyxier ceux-ci, ou sera rejetée sur les plages avec la marée et les vagues et ainsi les salir. Ces déchets ne sont vraiment ni jolis, ni comestibles.

Méa connaît bien le sujet.

— Avec mon groupe, j’évite les côtes, cela devient de plus en plus "irrespirable". C’est dommage, quand un fleuve s’y jette, comme ici, c’est là qu’il y a le plus de poissons. Le fleuve apporte des nutriments à toute la faune de l’océan. Au large c’est plus difficile, il faut faire beaucoup plus de trajets pour trouver de la mangeaille.

Alors que LhiréouB et Méa s’approchent du bateau de croisière, un bruit énorme provient de la surface et une masse énorme s’enfonce, devant LhiréouB, vers les profondeurs. Un nuage de sable s’élève. Il occulte en très grande partie la lumière du soleil.

— Que se passe-t-il ? Interroge LhiréouB

— Le bateau vient de s’arrêter, il vient de jeter son ancre, pour s’arrimer.

— Quand ils jettent, comme tu dis, leur ancre, les "Hommes s’inquiètent-ils de ce qu’il y a en dessous de leur bateau ?

— Pas plus que pour leurs rejets nauséabonds, pour eux rien d’important sous leur pied !

— Que vont-ils faire, une fois leur "Montagne Flottante" arrimée ?

— Certains descendent à terre, pour trouver à manger, je suppose. Il y en a même qui visitent des parcs marins, où certains de mes amis Dauphins sont enfermés.

— Pourquoi les gardent-ils dans des parcs ? Pour les manger ? Suggère LhiréouB. Elle commence à comprendre l’appétit insatiable des "Hommes"

— Non, ils jouent avec eux !

— Ils ne sont pas malheureux. On parle avec eux parfois ! Ils ont de la mangeaille, mais, là où ils sont retenus, c’est trop petit. Ils ne font que tourner en rond et certains tombent malades.

— Mais pourquoi vous mettent-ils en cage ? LhiréouB est de plus en plus perplexe.

— Les dauphins des parcs marins, nous ont dit qu’ils ne sont pas les seuls à être en cage.

— Ils ont aperçu des oiseaux, des bêtes à poils, des grosses des petites.

— Tous les êtres vivants ont droit à la liberté. Pourquoi font-ils cela à ton avis ?

— Je ne sais pas, demande-leur ! Moi je ne parle pas leur langue. Siffle Méa !

— Les dauphins retenus prisonniers ont essayé d’apprendre la langue des "hommes", ils ont voulu la leur inculquer ! Ça ne marche pas !

Plus Lhiréou découvre ce monde et plus les questions se bousculent sur le fonctionnement et les motivations des "Hommes" si éloignées des leurs sur Leaurélia.

— Regarde LhiréouB, ils mettent des petits bateaux sur l’Océan pour aller admirer la migration de nos amies les baleines.

— Vite ! Suis moi, nous devons arriver avant eux sur le passage des baleines, sinon nous ne pourrons pas entendre leur chant, leurs bateaux font trop de bruits et cela les perturbe beaucoup.

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