Première histoire: Portrait décomposé (22 Octobre 2021)

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Sam était resté dans ce long couloir qui longeait la cuisine de la maison depuis plusieurs minutes déjà, tandis que sa femme, Stella Fitzgerald, était à l’étage avec leur femme de ménage pour placer les garde-robes avec tous leurs vêtements. Le couple avait emménagé il y avait deux jours, et des tonnes de personne venaient les aider pour tout mettre en ordre dans la demeure. Plusieurs membres de leur famille leur offraient leur plus grande aide, et même l’ancien propriétaire de la maison était présent aujourd’hui, afin de faire visiter un peu la demeure au couple. Justement, Sam se demandait où était partit le propriétaire, Felix Avery, depuis quelques minutes. Un moment plus tôt, l’ancien combattant à la guerre était à la cuisine avec Samuel, cependant, il était repartit sans rien dire, et Sam l’avait perdu de vue. C’est en logeant ce couloir qu’il s’était mis à observer avec grande attention les cadres accrochés au mur recouvert de papier peint très pâle qui donnait amplement de lumière et de vie à cet endroit de la maison. Ils se trouvaient à être tous des portraits de personnes. Monsieur Fitzgerald n’était pas le plus grand connaisseur en peinture, encore là, il supposait que ce pouvait être de l’acrylique qu’on avait utilisé pour les peindre. Ce n’était pas tant les détails des visages qui le fascinait mais les couleurs choisit soigneusement qui s’agençaient parfaitement ensemble. Ce qui l’avait attiré aussi, c’était le fait que la plupart des portraits étaient des femmes, très élégantes et aux magnifiques visages délicats et sans imperfections.

Alors qu’il admirait ces portraits suspendus au mur, monsieur Avery refit son apparition. C’était un homme trapu, aux cheveux gris et qui avait l’air, d’une première impression, avec son visage sévère, d’un homme dur et sans cœur. Pourtant, au fond, lorsque les gens apprenaient à le connaître, il était un homme doux, amical et très honnête. Felix avec combattu durant la première guerre mondiale et s’était gravement blessé à une jambe alors qu’un autre soldat lui avait tiré dessus. Bien entendu, il s’était bien rétablit et il arrivait désormais à marcher sur sa jambe. Pour le reste, ce vieil homme n’avait jamais parlé plus de ce qu’il avait vécu lors de cette guerre sanglante. Sam ne le connaissait pas non plus assez pour lui demander ce genre de chose délicate. Et de toute façon, il s’imaginait déjà ce que ça pouvait faire de revenir de la guerre. Ces gens devaient rester traumatisés jusqu’à la fin de leur jour. La première guerre était terminée depuis environ 12 ans maintenant. Monsieur Avery avait emménagé ici juste après être rentré de la guerre. Il s’était installé avec sa femme, jusqu’à ce qu’ils trouvent une autre maison à Londres.

- Monsieur Fitzgerald, dit-il en s’avançant vers ce dernier, encore fixé sur les peintures.

Felix s’arrêta et posa son regard sur ce que Sam fixait.

- Ces peintures sont d’une beauté rare, n’est-ce pas? affirma le vieil homme en observant le visage émerveillé de monsieur Fitzgerald face à ces portraits.

- Oui, ils le sont, répondit-il.

- Vous savez, ces tableaux sont accrochés à ces murs depuis que je suis arrivée ici avec ma femme. Je ne les aie jamais retirés. On m’avait dit qu’il faisait partit de l’histoire de la maison. C’est pour cela que je les aie gardés.

- Justement, je me disais qu’ils avaient bien de l’âge.

Sam ne pouvait tout de même pas demander à cet homme de ramener ces tableaux avec lui puisque ces objets étaient un souvenir de cette vieille maison datant des années 1800, peut-être même encore plus vieille.

Samuel fit soudain la remarque d’un cadre qui avait été décroché du mur et qu’on avait appuyé contre le bas du mur. Il se déplaça pour se penché et prendre le cadre dans ses mains. Il avait la même grosseur que les autres.

- Et celui-là? Continua Samuel.

Ce tableau était celui d’une femme aux cheveux foncé, bouclés et attachés en espèce de chignon. Elle portait une robe blanche avec de la dentelle. Étrangement, aux yeux de Sam, ce portrait ne paraissait pas avoir été fait avec le même genre de peinture que les autres. Celui-ci était plus rugueux au touché, tandis que les autres était lisse. Monsieur Avery s’approcha pour contempler le tableau que Sam tenait entre ses mains.

- Oh celui-là, s’exclama-t-il. C’est ma femme qui l’a retiré.

- Et pourquoi ça? Le questionna-t-il.

Ce portrait était pour lui très beaux, peut-être même encore plus que les autres.

- Je n’en sais rien. Elle disait que ce tableau lui faisait peur. Elle ne m’a jamais vraiment expliqué le pourquoi.

Felix racontait la situation en riant. Il était vrai que dit comme ça, ça pouvait paraître un peu absurde puisque cette peinture n’avait rien d’effrayant.

Sam reposa le cadre à sa place sans poser plus de questions là-dessus.

Au même moment, du bruit dans le haut de l'escalier pour descendre au hall se fit entendre. C’était Stella et la femme de ménage. Elles avaient sûrement terminé de ranger les garde-robes. Sam et Felix se retrouvèrent dans le hall avec elles.

- Je dois maintenant vous laissez, déclara monsieur Avery.

- Très bien. Je vous remercie beaucoup, dit-il en serrant sa main charnue. Vous pensez revenir?

- Oh je ne crois pas. Voyez-vous, ma femme et moi venons nous aussi à peine d’emménager, alors je dois…

- Oh ça va, je comprends tout à fait.

- Mais ça été un grand plaisir de vous rencontrer.

- Tout le plaisir était pour nous.

Stella alla serrer à son tour la main de monsieur Avery tout en le remerciant de les avoir aidés pour la visite de leur nouvelle maison. Ce fût la dernière fois qu’ils eurent vu Felix Avery.

La femme de ménage avait pris congé peu de temps après que l’ancien soldat ait quitté. Samuel était à la cuisine et s’apprêtait à leur préparer leur tout premier repas dans leur nouvelle maison. Il entendit sa femme dans le couloir à côté dire :

- Chéri, qu’est-ce que c’est? demanda-t-elle.

Il retira sa veste qu’il avait enfilée par-dessus sa chemise, la chaleur des chaudrons l’étouffant puis il se dirigea vers la sortie de la cuisine.

- Qu’est-ce qui est quoi? Répéta-t-il.

Il aperçut sa femme au bout du couloir et tenant ce fameux cadre avec le portrait de la femme aux cheveux foncé. Elle le regarda et tourna le tableau pour qu’il puisse le voir.

- Eh bien… c’est un tableau.

- Oui, je sais, mais pourquoi n’est-il pas accroché au mur comme les autres?

- Monsieur Avery a expliqué que c’est sa femme qui l’a décrochée. Elle prétendait en avoir peur.

Elle sourcilla face à ce fait.

- Vraiment?

- J’ignore pourquoi. Ce tableau est vraiment splendide, pourtant.

- Je me disais la même chose.

Stella reposa le cadre contre le mur.

- On l’accrochera plus tard, dit-elle, un sourire sur ses lèvres.

Stella était une personne qui avait constamment le sourire sur son visage. Un vrai rayon de soleil. Elle ressemblait à un ange avec son visage pâle et ses cheveux blond clair. Elle dégageait cette rassurance que Samuel avait adorée chez elle dès le tout premier regard.

- Tu prépares le repas? Lui dit-t-elle en s’étant arrêté devant l’entrée de la cuisine et regardant son mari.

- Oui, répondit-il en lui souriant.

***

Le lendemain de leur déménagement dans leur maison sur l’arrondissement de Whitehall, à Londres, Samuel était déjà de retour à son travail, laissant sa femme à la maison qui s’occupa de petits trucs personnels et aussi d’accrocher ce cadre dans le couloir longeant la cuisine. Ça ne dérangeait pas du tout Stella de rester et de continuer à placer ce qu’il y avait encore dans les cartons. La femme de ménage était revenue pour donner un coup de main à sa femme, ce qui le rassurait un peu plus. Il n’avait hélas aucun autre choix que d’aller au boulot vu le début de La grande dépression économique et tous ces gens au chômage, il ne pouvait se permettre de rester trop longtemps chez lui.

Le soir venu, il entra chez lui et la femme de ménage s’apprêtait à partir. Il tomba face-à-face avec elle.

- Ah, madame Harris, vous partez? Demanda-t-il, remarquant qu’elle portait son long manteau noir et son petit sac à main.

- Oh, monsieur Fitzgerald. Si… je partais.

Au même instant, Stella apparût près de l’escalier pour monter à l’étage vêtu d’une chemise de nuit blanche qui était légèrement trop grande pour elle. Elle avait perdu beaucoup de poids ces derniers temps vu le stress de La grande dépression, des gens de sa famille ayant été touché violement par le chômage.

- Salut chéri, la salua-t-elle.

Elle s’avança vers lui et l’embrassa sur la joue. Samuel pouvait observer son visage de plus près lorsqu’il vit une espèce de tâche sous l’œil gauche de sa femme.

- Qu’est-ce que tu as là?

Il passa son doigt sur la tâche, croyant que c’était une saleté. Sa femme posa à son tour une main contre son œil après que son mari ait vu que ça ne s’enlevait pas. Il la dévisagea, attendant qu’elle s’explique.

- J’ignore ce que c’est. Je me suis réveillé comme ça ce matin.

- Ah oui? Eh bien… ce doit être un peu de poussière.

- J’ai essayé de me nettoyer, mais ça ne s’enlève pas.

La femme de ménage les coupa dans leur interrogation au sujet de ce petit mystère.

- Je vous remercie infiniment encore madame Fitzgerald.

- Oh, mais c’est à vous que je dois dire merci.

Elle lui sourit nerveusement, regarda Sam, baissa la tête en souriant à lui aussi puis le contourna pour quitter la maison du couple. Samuel la regarda fermer la porte derrière elle. Stella ne reprit pas la conversation à propos de la tâche sur son œil puis elle partit pour aller à la cuisine.

- Je vais préparer le repas ce soir, déclara-t-elle.

Le soir venu, alors qu’ils étaient tous les deux allongés dans leur lit, Stella entièrement concentré dans son livre qu’elle lisait, Sam repensa à tout à l’heure, lorsqu’il avait vu son visage. Elle avait eu bon prendre une douche, cette tache sous son œil n’était pas partit. Il retira ses lunettes de vue, qu’il utilisait pour lire son journal, et reprit sur ce sujet.

- Chérie, dis-moi, qu’est-ce qui s’est passé avec ton œil au juste?

Elle tourna la tête vers lui, ses cheveux longs détachés lui tombant sur l’épaule gauche.

- Je te l’aie dit, je ne sais pas ce que c’est, dit-elle en voulant reprendre vite sa lecture.

- Enfin chérie, ce n’est pas arrivé sans raison. Est-ce que quelqu’un t’a frappé?

Stella tourna la tête brusquement vers lui, comme insulté par ce propos.

- Enfin, qui aurait pu me frapper?! C’est insensé!

Stella ferma sans délicatesse son livre et le déposa sur sa table de nuit.

- C’est bon, ça va, se défendit-il tout de suite. C’est seulement que je ne comprenais pas comment ça pouvait être arrivé.

- Eh bien je peux t’assurer que personne ne m’a frappé. Et puis qui aurait fait ça? J’étais avec la femme de ménage toute la journée.

Elle reprit vite son calme et reprit son livre.

Sam compris que sa femme ne savait pas ce qui s’était passé avec son œil. Pourquoi insister alors? Si elle prétendait ne pas le savoir, c’était sûrement que c’était vrai.

Le lendemain, il se réveilla le premier. Il s’étira et réveilla sa femme en même temps à côté de lui. Il se pencha pour l’embrasser sur le front et passa une main dans son dos.

- Aie! Fit-elle.

Sam la dévisagea et vit qu’elle grimaçait légèrement de douleur.

- Chérie, qu’est-ce qu’il y a? Se demanda-t-il.

- J’en sais rien, dit-elle en se relevant et se tenant l’épaule de douleur.

- Tu as mal?

Il repoussa les cheveux de sa femme d’un côté pour pouvoir examiner l’endroit où elle disait avoir mal. Il repoussa un peu sa chemise de nuit et resta ébahi par ces bleus dans le haut du dos de sa femme. Il retira ses mains, renversé.

- Chérie… qu’est-ce que…

Stella le fixa.

- Quoi? S’inquiéta-t-elle.

- Eh bien… tu as… une tonne de bleus dans ton dos. Chérie, dis-moi ce qui se passe enfin.

Elle se redressa encore plus sur le lit.

- Quoi?! Dans… mon dos? Tu es sûr que c’est bien ça? Dit-elle tout en passant une main dans le haut de son dos.

- Tu ne m’avais pas montré ceux-là.

- Eh bien… parce qu’ils n’étaient pas là hier!

- Dis-moi la vérité, Stella.

- Sam…

Elle retira les couvertures de son lit et se leva.

- Je t’assure que je ne te mens pas!

Elle était tellement frustré que son mari l’accuse de lui mentir que Sam n’eus d’autre choix que de la croire.

- Chérie, je n’essaie pas de te rendre coupable de quoi que ce soit, je veux juste savoir si tu as quelque chose à me dire.

- Je te l’aie dit, lui répondit-elle fermement. Je ne sais pas ce qui est arrivée.

Elle s’apprêta à lui dire autre chose, mais elle décida de se rendre à la salle de bain, qui communiquait avec leur chambre et s’y enferma. Sam resta cloué à son lit quelques secondes. Il réfléchit à la réaction de sa femme et il se leva à son tour du lit et se dirigea vers la porte de la salle de bain. Il frappa deux coups très délicatement.

- Chérie?

Il n’osa pas rentrer sans sa permission.

- Quoi? Finit-elle par lui répondre après quelques secondes de silence.

- Sort de là. On va régler ça. Si tu veux, je peux rester à la maison aujourd’hui pour rester avec toi. Mais… si tu n’as pas envie d’en parler…

Elle ouvrit la porte enfin pendant qu’il lui parlait. Elle paraissait déjà plus relaxée.

- Non, ça va. Tu ne peux pas te permettre de manquer le travail.

Elle l’embrassa sur le front en passa à côté de lui.

Durant leur déjeuner, la tension avait diminué et Stella en avait pratiquement oublié cette conversation. Elle n’avait pas l’air d’une femme qui lui cachait quoi que ce soit de grave. Elle était comme d’habitude, dans son état normal. Sam s’était dit qu’il ne devrait peut-être plus s’en faire, puisqu’elle avait l’air comme dans son quotidien. Il put donc quitter la maison aujourd’hui pour aller travailler, mais gardant cette inquiétude en lui de laisser sa femme seule à la maison.

Le jour suivant, encore lorsqu’ils se levèrent dès l’aube, Stella se réveilla avec quelques égratignures sur

son visage, en particulier dans le bas, sur son nez, le dessus de ses lèvres et son menton. Cette fois, Samuel savait que ce n’était pas normal. Il l’avait bien vu hier soir, juste avant de s’endormir, elle n’avait absolument rien sur son visage. Encore là, est-ce qu’elle s’était levé pendant la nuit… peu importait, il appela immédiatement un médecin pour qu’il vienne examiner sa femme au plus vite.

Le médecin se pointa chez les Fitzgerald, nommé Arthur Wright, il était très réputé à Londres. Il était certes très vieux, sûrement dépassé les 70 ans, mais il paraissait encore très en forme pour quelqu’un de son âge et il avait toute sa tête. Autrement, il n’exercerait plus ce métier. Il laissa entrer le vieux médecin chez lui et sa femme les attendait à la cuisine, assise à table et légèrement perdu dans le néant. Depuis ce matin, elle n’avait pratiquement pas dit un seul mot. Le médecin retira son chapeau juste avant d’entrer dans la cuisine. Sam le suivit derrière. Il alla déposa sa valise par terre et se permis de prendre une place à table, juste à côté de Stella. Cette dernière garda les yeux baissés, n’ayant aucune réaction à sa présence.

- Madame Fitzgerald, commença par dire le médecin.

Elle ne répondit rien. On aurait dit qu’elle ignorait complètement qu’il était présent ici. Samuel était appuyé contre le cadrage de l’entrée de la cuisine, laissant le médecin faire ce qu’il avait à faire.

Tout en ouvrant sa valise, il se présenta à Stella.

- Je suis le docteur Wright. Votre mari m’a contacté plus tôt pour me dire que vous aviez des apparitions étranges de blessures sur votre corps, est-ce exact?

Monsieur Fitzgerald avait réfléchit à ce que le médecin pouvait penser de ça. Il ne connaissait pas l’histoire, et il pouvait vraiment penser que Sam avait battu sa femme et qu’il la réduisait au silence. Du moins, ça avait tout l’air de ça.

Arthur enfila des gants en plastique mince.

- Si vous me le permettez, je vais examiner votre visage pour commencer.

Stella leva enfin les yeux vers le médecin et elle le laissa faire son inspection.

Le médecin pris compte des blessures. Lorsqu’il eut terminé, il paraissait extrêmement perplexe.

- Pour tout vous dire, ce ne sont que des blessures très minimes, dit-il en s’adressant au deux. Pour les égratignures, il s’agirait sans doute d’une chute quelconque. Mais pour ce bleu sur votre œil, il s’agit sûrement d’un… coup donné.

Sam se redressa, s’attendant à ce que le médecin l’accuse d’avoir battu sa femme.

- Écouter, monsieur Fitzgerald…

Celui-ci ne lui donna pas le temps de terminer sa phrase, qu’il monta sur ses grands chevaux.

- Monsieur Wright, je vous assure que ma femme n’a reçu aucun coup sur le visage. Et si j’avais vraiment été celui qui l’avait fait, je ne vous aurais jamais appelé pour que vous veniez inspecter l’état de santé de ma femme.

- Monsieur Fitzgerald, je ne porte aucune accusation envers vous. Je dis simplement ce que moi je vois de mes yeux.

Arthur continua avec la femme de Sam, lui posant des questions qui pourrait expliquer ces blessures.

- Madame Fitzgerald, vous rappelez-vous avoir été… frappé par quelqu’un ou quelque chose ces derniers jours?

Stella jeta un œil à son mari qui parut soudain extrêmement crispé par l’angoisse.

- Absolument pas, répondit-elle avec sûreté.

Le médecin hocha la tête.

- Voyez-vous, c’est ma seule explication.

Il retira ses gants et se leva pour aller les jeter dans la poubelle de la cuisine. Il retourna vers la table et ferma sa valise pour ensuite la déposer sur la table.

- Si vous n’avez rien d’autre à me dire, je n’insisterai pas. Mais sachez que je vais garder contact avec vous, et que si d’autres blessures de ce genre se produisent, vous me contactez.

Il fouilla dans la poche de son veston et en sortie une petite carte qu’il tendit à Stella.

- Voici ma carte avec mon numéro.

Stella examina la carte quelques secondes et leva la tête vers Arthur.

- Contactez-moi dès les premiers signes d’une autre blessure.

Elle hocha la tête sans trop d’assurance.

Quand le docteur quitta le domicile, dès que Sam eut fermé la porte, il regarda sa femme qui les avait accompagnés jusque dans le hall.

- Alors ce docteur croit que c’est moi qui t’ait fait ça, affirmai-t-il, découragé.

- Il n’a jamais rien dit de tel.

- Peut-être pas, mais il le pensait. De le penser ou de le dire à haute voix, les conséquences seront les mêmes.

- Chéri, tu réalises qu’ils n’ont aucune preuve de ça.

Il était d’accord sur ce point.

- C’est vrai. Mais n’empêche qu’ils peuvent m’avoir à l’œil si le médecin à des doutes et qu’il demande à nous surveiller.

- Et nous n’avons rien à cacher, dit-elle en s’approchant de lui.

Il l’embrassa, étant d’accord avec ce qu’elle disait. C’est vrai, qui pouvait dire le contraire? Samuel était innocent dans cette histoire.

Le lendemain de la visite d’Arthur Wright, Sam s’était réveillé et sa femme n’était pas à ses côtés ce matin-là. Il remarqua vite que la porte de la salle de bain était fermée. Il quitta ainsi le lit et alla frapper à la porte. Stella ne répondit pas, alors il se permit d’entrer. En ouvrant la porte, il aperçut sa femme assise près de la baignoire, penché comme si elle était en train de rendre ses tripes. En s’avançant vers elle, elle finit par lever la tête et elle se cachait le nez d’une main.

- Chérie, que se passe-t-il? S’inquiéta-t-il tout de suite de voir sa femme comme ça.

Elle ne lui dit rien et retira sa main. Elle n’avait pas eu besoin de parler. Son mari découvrit avec horreur que sa femme avait le nez complètement fendu, comme si quelqu’un lui avait planté une hache en plein milieu du nez. Non seulement la plaie était hallucinante, mais elle saignait abondamment. Pris de panique, Sam n’eut d’autre choix que d’emmener d’urgence sa femme à l’hôpital.

Là-bas, ils purent la passer rapidement et ils examinèrent sa blessure avec grande attention. Stella avait eu des points de suture, mais Sam n’avait pas pu rester avec elle pendant qu’on lui recousait le nez. Lorsqu’elle sortit, l’infirmière demanda à parler à Monsieur Fitzgerald. Stella resta à l’extérieur de la salle.

La première question fût bien sûr :

- Monsieur Fitzgerald, qu’est-il arrivé à votre femme au juste?

Lui, de son côté, ne savait jamais quoi répondre à cette question.

- Croyez-le ou non madame, je l’ignore complètement.

Un médecin accompagnait l’infirmière qui lui avait posé cette question. Ce fût à son tour de prendre la parole.

- Votre femme nous a dit qu’elle l’ignorait elle aussi. Par contre, si nous restons logiques, cette blessure n’est pas apparue là par hasard, vous êtes d’accord?

- Si, bien sûr.

Sam était devenu terriblement nerveux face à cet interrogatoire. Il savait très bien pourquoi on l’avait convoqué ici.

- Voilà la question que je me pose. Votre femme garde-t-elle le silence parce qu’elle… en ait… en quelque sorte… forcé?

Sam ouvrit grand la bouche, aucun mot n’arrivant à sortir. Il ravala sa salive.

- Vous êtes en train de m’accuser, c’est ça?

- Non, pas du tout, s’empressa de dire le médecin. Seulement vous devez comprendre que c’est notre devoir de s’assurer que nos patients ne sont pas en danger.

- Je sais tout ça! Commença-t-il à s’emporter. Écouter… j’ignore ce qui se passe avec ma femme. Elle se réveille chaque matin et une blessure apparaît. Et sachez que si j’avais volontairement blessé ma femme, je ne me serait pas pointé à l’urgence comme ça.

Ce fût bien évidement une phrase un peu plus convaincante. Le médecin garda le silence un instant, puis reprit :

- C’est bon. Je vous crois. Vous devrez alors vous assurez de vérifier sa blessure régulièrement pour éviter qu’elle s’infecte.

- Oui, je le ferai.

- Et si jamais il y a infection, vous devrez revenir ici.

- C’est bon.

Samuel n’était même pas partit travailler ce jour-là. Il préférait encore mieux rester au chevet de sa femme. Stella était beaucoup plus fatiguée aujourd’hui. Elle n’avait pas dit un seul mot depuis leur retour de l’hôpital.

Le soir venu, Sam demanda à leur femme de ménage de venir veiller sur sa femme pendant qu’il partait faire quelques courses. Il disait ne pas en avoir pour longtemps.

Il se rendit à l’épicerie la plus près, et à l’instant où il s’apprêta à passer à la caisse, il aperçut la femme de ménage entrer dans le marché en courant, cherchant Sam parmi les gens. Quand elle le vit, elle courut dans sa direction.

- Monsieur Fitzgerald, dit-elle, essoufflé. Vous devez… vous devez absolument…

- Calmez-vous enfin. Dite-moi clairement ce qui se passe. Je vous avais pourtant dit de rester avec Stella.

- C’est à propos d’elle, justement.

Son sang ne fit qu’un tour. Qu’était-il arrivé à sa femme?

- Qui a-t-il?

- Je pense que vous devriez venir.

Sans poser plus de question, Sam ne ramena pas l’épicerie avec lui et il retourna chez lui à grande vitesse avec la femme de ménage.

En arrivant chez lui, ils montèrent tous les deux à la chambre, là où Stella était. Il ouvrit la porte sans délicatesse et vit sa femme étendu sur leur lit, dans un état plus qu’affreux. Sa lèvre supérieur était fendu maintenant elle aussi et son visage commençait à être pâle et les os de ses joue commençaient à devenir encore plus évident à l’œil nu. Elle commençait à avoir un aspect squelettique.

Monsieur Fitzgerald ne savait plus quoi faire. Il aurait eu bon appelé le docteur Wright, mais il avait peur de ce qu’il croirait en voyant l’état de sa femme. Que Sam ne la nourrissait plus et qu’il la battait encore et encore. Ce n’était pas ce qu’il voulait. Que pouvait-il faire dans ce-cas? L’amener à l’hôpital reviendrait au même. On l’accuserait sans preuve. Et en même temps, si Stella était gravement malade, il ne pouvait pas la laisser mourir.

Tout en réfléchissant à ceci, Sam était dans ce fameux couloir où toutes les peintures étaient accrochées. Il passa juste à côté de ce tableau avec cette femme, celui qui n’était pas accroché au mur lorsqu’il avait emménagé ici. Il attira son œil puisqu’il y avait quelque chose d’inhabituel… de changer. Le sang de Sam se glaça lorsqu’il constata que le tableau avait un aspect misérable. Et en l’examinant très attentivement, il fût encore plus horrifier de comprendre que la femme sur la peinture avait le même aspect que Stella, autant que cela puisse paraître dingue. Elle avait le nez fendu, un bleu sous son œil, sa lèvre supérieure fendu elle également et son visage prenait tranquillement une forme squelettique, exactement comme Stella. Monsieur Fitzgerald croyait être devenu sincèrement timbré. Il ne pouvait pas demander à sa femme de se lever et de venir constater par elle-même l’état de ce cadre, impossible pour elle de se mettre sur pied. C’est pourquoi il demanda à la femme de ménage de descendre pour venir confirmer ce qu’il voyait, ou si ce n’était que des hallucinations.

En descendant, Sam lui désigna le tableau. Son visage horrifié par ce qu’elle vit lui fit comprendre que la peinture avait véritablement ces changements.

C’est là où Monsieur Fitzgerald voulut des réponses à ce mystère. Ce n’était sûrement pas une coïncidence si sa femme prenait petit à petit la même forme que ce cadre, ou plutôt que le cadre prenne la même forme que sa femme. Il n’eut donc d’autre choix que de passer par la femme de monsieur Avery, l’ancien propriétaire de la maison. Sam se rappelait que Felix lui avait mentionné que sa femme avait décroché ce tableau parce qu’il lui faisait peur. Alors pourquoi ne pas se rendre directement chez lui pour lui demander. Il se pointa chez cet homme dès le lendemain venu. Monsieur Avery lui avait dit où il avait emménagé à Londres, c’est pourquoi Sam retrouva facilement son domicile, un grand manoir luxueux qui avait dû valoir une fortune à ce cher Felix. Il frappa à la porte d’entrée. Une domestique venu lui répondre sans tarder.

- Bonjour, la salua-t-il, un peu perplexe puisqu’elle ne le connaissait pas.

- Bonjour madame. Monsieur Avery est-il à la maison?

- Euh… non, il est partit tôt ce matin. Pourquoi le demander-vous?

- En fait c’est plutôt sa femme que je venais voir. Est-elle ici?

- Oui monsieur.

Sans poser plus de question, la domestique se mis sur le côté de la porte laissant passer monsieur Fitzgerald.

- Je vous remercie infiniment, dit-il en entrant.

Après avoir fermé la porte derrière eux, la femme lui désigna l’escalier.

- Madame Avery se trouve là-haut.

- Merci.

Samuel grimpa l’escalier tandis que la femme de ménage retourna à la cuisine faire ses tâches. Là-haut, il ne sut où aller dans ce long couloir qui s’étendait devant lui, donc, il se rendit à la première pièce qui se trouvait sur sa gauche. En arrivant dans l’entrebâillement, il aperçut la présence de la femme de Felix installé devant sa table de maquillage, observant son reflet dans le miroir en se brossant les cheveux. Elle vit tout de suite la silhouette de monsieur Fitzgerald dans son miroir et se retourna vite vers lui.

- Qui êtes-vous? S’empressa-t-elle de demander.

- Bonjour madame Avery, je m’appelle Samuel Fitzgerald. C’est moi le nouveau propriétaire de la maison où vous habituez avant, vous et votre mari.

- Ah, fit-elle en se retournant vers sa table pour y déposer sa brosse à cheveux.

Elle posa ensuite ses deux mains sur ses cuisses.

Sa femme paraissait un peu plus jeune que Felix, avec des cheveux blonds mi-long et pratiquement aucune ride sur son visage.

- Vous vouliez peut-être voir mon mari?

- Non, c’est inutile. C’est vous que je venais voir, madame.

Elle resta surprise, mais répondit sans délai.

- Ah oui?

Sam fit signe s’il pouvait entrer dans la pièce. Madame Avery accepta tout de suite, ne voulant pas le laisser planté là.

- Écouter, je ne savais pas comment venir vous parlez de ça. C’est plutôt… inhabituel pour moi comme situation.

Elle paraissait curieuse sur le pourquoi il se pointait jusqu’à chez elle, et encore plus, pourquoi demander à la voir seulement elle et non son mari, qu’il avait déjà rencontré.

- Voyez-vous, lorsque nous avons emménagés dans la maison, ma femme et moi, j’ai remarqué un tableau… en fait, vous savez sans doute qu’il y avait un tas de tableaux affichés sur le mur près de l’escalier pour monter à l’étage.

- Certes, répondit-elle, ravalant sa salive.

Elle devait comprendre pourquoi Sam était venu jusqu’ici.

- Votre mari était à la maison lorsque j’ai vu ce portrait d’une femme, un très beau tableau antique, et je me suis seulement demander… pourquoi celui-ci était décroché et pas les autres. Felix m’a expliqué que c’était vous qui l’avait enlevé lorsque vous habitiez là parce que… vous en n’aviez peur, c’est bien ça?

- Oui, mon mari ne s’est pas trompé sur ce point.

Il y avait quelque chose dans son visage qui lui disait que ce tableau était réellement devenu un fardeau pour cette dame.

- C’est peut-être indiscret comme question, mais puis-je vous demandez pourquoi vous en n’aviez peur?

- C’est une histoire plutôt… cinglé, je sais, affirma-t-elle en rigolant, devenu nerveuse. Je ne suis pas certaine de vouloir en parler.

- Madame Avery, vous devez absolument m’expliquer pourquoi il vous effrayait. Je dois avoir des réponses.

- Les gens me trouveraient complètement taré si je leur disais.

- Et je ne suis pas ici pour me moquer ensuite de vous devant les autres. Non, il s’agit plutôt de l’état de santé de ma femme.

Madame Avery compris encore une fois pourquoi elle devait absolument parler, seulement quand il mentionna l’état de santé de sa femme.

- Très bien, finit-elle par accepter. Je vais vous en parlez.

Elle attendit quelques secondes avant de débuter son récit, cherchant les bons mots ou essayant de se souvenir comment tout ça avait commencé.

- Voilà, quand nous sommes emménagés dans cette maison, Felix et moi, j’ai trouvé ce vieux tableau dans cette petite pièce sous l’escalier.

- Une pièce sous l’escalier? Répéta-t-il.

Cet endroit n’existait pas ou nous l’avions aménagé, parce que Sam n’avait aucun souvenir d’avoir pu accéder à cette fameuse pièce sous l’escalier.

- Oui, mon mari a décidé de la faire disparaître peu de temps après la découverte de ce cadre, trouvant que ça ne servait à rien.

Voilà qui expliquait tout. Elle continua :

- Je trouvais cette peinture magnifique, alors j’ai décidé de l’accrocher au mur, celui qui longe l’escalier. La journée suivante, après avoir installé ce cadre, je me suis réveillé avec une espèce de… bosse sous mon œil, comme si quelqu’un m’avait frappé, et c’était douloureux.

En entendant ce premier témoignage sur cette première blessure, Sam eut l’impression d’entendre ce qui arrivait à sa femme. Cette journée après avoir installé le cadre, Stella avait eu une tache sous son œil, comme si quelqu’un lui avait donné un coup de poing.

Sam laissant pourtant la femme continuer.

- Je me suis posé des questions, bien sûr, et mon mari aussi. Il croyait que quelqu’un s’en était pris à moi. Enfin bref, durant cette nuit-là, j’ai eu une sorte de … vision. J’ai aperçu, je le crois bien, une femme, pareille à celle sur le cadre accroché au mur qui se pavanait juste au pied de notre lit, vêtu d’une longue robe blanche. J’ai cru alors être dans un rêve. Voilà que le lendemain, je me suis retrouvé avec une entaille profonde en plein dans mon front, dit-elle en le désignant de son doigt. J’ai pris panique, c’est certain. Mon mari était partit travailler et j’ai voulu l’appeler. Mais c’est en passant dans le couloir que j’ai vu l’état du portrait. Cette femme sur ce tableau était dans le même état que moi. Une bosse sous le même œil et une entaille dans son front.

Monsieur Fitzgerald était bouche bée devant ce témoignage qui lui glaçait le sang. Non seulement l’histoire était effrayante, mais Stella vivait exactement la même chose après que le cadre fût installer sur ce mur.

- J’ai compris, sans vraiment en avoir la preuve, que ce cadre était maudit, du moins, c’est ce que j’en aie déduit. C’est pourquoi je l’aie tout de suite décroché de là et que je l’aie laissé de côté. Et vous savez quoi? La journée suivante, je n’avais plus rien sur mon visage, ni même ce cadre.

Qu’est-ce que Sam pouvait répondre à ça? Avait-il affaire à un phénomène paranormal? Est-ce que ce cadre était… posséder, en quelque sorte? Comment ce genre de chose impossible pouvait-elle exister?

- Mais… attendez… vous croyez vraiment que ce tableau est… posséder ou quelque chose comme ça?

- Je n’en ait aucune idée monsieur Fitzgerald. Mais je sais ce que j’ai vu et ces blessures n’étaient pas le fruit de mon imagination. Je ressentais constamment en moi, durant ces deux jours, comme une sorte de présence dans mon corps et je souffrais. Je ne savais pas comment expliquer cela à mon mari. Je pense même que je ne m’en rendais pas compte.

- Bon sang…

Il fallait qu’il retire le plus rapidement possible ce cadre de sur ce mur chez lui.

- Tout à l’heure vous me parliez de votre femme, lui fit rappeler la dame. Que lui est-il arrivée au juste?

- Autant que cela puisse paraître fou… la même chose que vous.

Elle resta bouche cousue. Si ce truc lui serait arrivée uniquement à elle, peut-être qu’elle aurait pu se poser des questions, du genre, d’être somnambule la nuit et de se mutiler et d’ensuite reproduire ses blessures sur un tableau de la maison. Mais maintenant que Stella souffrait de la même chose inexplicable avec le même tableau, il fallait vraiment s’inquiéter.

- Vous voulez dire que vous avez remis ce cadre sur le mur?

- Oui. Ma femme le trouvait vraiment magnifique et elle a dit qu’elle le remettrait. Et pourquoi votre mari ne nous a-t-il pas mis en garde? Vous auriez pu le vendre tout de même?

- Le vendre et risquer que cette autre personne qui l’a pris souffre de la même absurdité? Il n’en était pas question. Je jugeais préférable de simplement le laisser où il était et de ne plus jamais y toucher.

- Et ce cadre est resté là durant toutes ces années?

- C’est ça. C’est uniquement en le mettant au mur qu’il reprend vie. Du moins, c’est comme ça que je le vois.

Tout ça n’avait aucun sens. Cette femme n’avait pas eu les explications à ce phénomène paranormal, mais elle en avait déjà dit beaucoup. Restait à savoir pourquoi cela arrivait-il?

Sam avait remercié cette femme d’avoir pu lui donner ces informations. Maintenant, dès qu’il serait de retour chez lui, il irait retirer ce cadre de sur ce mur et ensuite faire des recherches sur cette histoire.

Stella ne se rétablissait pas. Samuel passait son temps au chevet de sa femme, cherchant un moyen de la faire soigner sans qu’on l’accuse d’être responsable de son état. Entre-temps, il avait fait des recherches, en parlant à ses collègues ou en se rendant à la bibliothèque, pour chercher des informations à propos de ce vieux cadre qui était désormais décroché du mur chez lui. Pourtant, ce ne fût pas comme madame Avery avait dit. De son côté, lorsqu’elle avait retiré le cadre, ses blessures avaient disparu le lendemain. Sa femme elle, empirait de jour en jour. Déjà, aujourd’hui, ses joues étaient ressortit de sa peau, son visage et tout le reste de son corps étant devenu un vrai squelette. Elle avait même perdu une partie supérieure de sa lèvre qui s’était complètement arraché. Elle commençait à devenir un vrai cadavre. De plus, elle avait perdu la parole. Elle n’arrivait plus à dire un seul mot.

Le soir venu, quelqu’un venu frapper à la porte de la maison des Fitzgerald. Sam alla ouvrir à la femme de monsieur Avery, Lilly Avery.

- Bonsoir monsieur dit-elle, vêtu d’un long manteau à cause du vent froid ce soir.

- Madame Avery? Resta Sam figé de la voir ici.

- Pardonner-moi de venir ici à une pareille heure, mais… je me demandais si… je pouvais… enfin, si je pouvais voir votre femme?

- Oh, bien sûr. Entrez donc.

Samuel la laissa entrer et ferma la porte derrière eux. Elle explora du regard l’état de son ancienne maison.

- Elle se trouve à l’étage, l’informa-t-il.

Elle hocha la tête et suivit Sam dans l’escalier pour monter là-haut.

Quand Lilly constata l’état de Stella, allongé dans le lit, la peau sur les os, le visage marqué par de terribles blessures qui la rendait méconnaissable et son corps martyrisé comme par des coups de couteau, elle faillit presque s’évanouir. De plus, il y avait cette odeur de décomposition flottant dans l’air qui lui donna une nausée dérangeante.

- Mon dieu seigneur…

- J’ai retiré le cadre comme vous l’aviez fait, mais… son état n’a fait qu’empirer.

Celle-ci ravala sa salive et tenta de reprendre ses esprits. Il n’en avait pas tout de suite prit compte, mais Lilly avait apporté quelque chose dans ses mains. Elle lui tendit une feuille de papier. Sam la prit et l’examina. C’était un vieux papier jaunit écrite à la main et ayant comme titre au haut de la page : La légende du portrait décomposé.

- J’ai pensé que vous comprendriez mieux grâce à ceci, lui expliquai-t-elle brièvement.

- Mais… qu’est-ce que c’est?

- Mon mari a trouvé ceci dans un bouquin à la bibliothèque. Je l’ignorais, mais il avait fait des recherches des années auparavant afin de comprendre ce qui m’était arrivée. J’avais complètement oublié de vous le remettre.

Sam commença la lecture :

La légende du portrait décomposé

Rose Caius, fille d’un roi, avait aimé un jour. Certes, ce garçon étant beaucoup plus vieux qu’elle, ses parents, en particulier son père, ne fût en aucun cas d’accord avec cette relation entre sa fille et ce garçon. Sa fille lui ayant tenu tête lorsqu’il lui demanda de ne plus jamais le revoir, a décidé de partir et s’est égaré en chemin dans une forêt. Là-bas, elle y rencontra son amant. Pourtant, le roi avait lancé des gens à leur trousse, et lorsqu’ils les trouvèrent ensemble, ils les tuèrent sous les ordres du roi.

Personne ne sait comment ni pourquoi, mais la jeune Rose fût emprisonné dès sa mort dans un portrait. Était-ce le roi qui avait fait un pacte avec le diable en punissant sa fille même dans la mort?

Rose Caius ayant connu la pire injustice décida de se venger à travers ce cadre. Elle tua son père et sa mère en les faisant mourir à petit feu alors que leur corps prenait la forme d’un cadavre en décomposition.

Chaque fois que ce portrait fût accrocher sur le mur d’une maison, la personne s’étant chargé de l’accroché fût condamné à mourir dans d’atroce souffrance, leur corps se réduisant en poussière.

Monsieur Fitzgerald avait de la difficulté à croire ce qu’il lisait, en particulier parce que ce récit n’était signé par personne et n’avait pas plus de détail qu’il n’en fallait. Et si madame Avery avait tout inventé? Si bien que ça n’expliquait pas pourquoi sa femme était dans un tel état.

- Mais… comment ça peut être possible?

- Je n’en ait aucune idée monsieur, mais… cette légende dit bien vrai. Regarder votre femme!

- J’ai retiré le cadre, alors… pourquoi est-ce qu’elle ne revient pas à son état normal!?

- J’ai l’impression que son corps était trop avancé dans sa décomposition alors… peu importe ce que vous ferez, j’ai bien peur que votre femme ne soit condamné à mourir.

Sam n’avait pas envie d’entendre ça.

- Non, c’est faux.

Il froissa le papier et le jeta dans la poubelle de la chambre, madame Avery restant scandalisé par son geste.

- Je refuse de croire ce tas de bêtises!

- Pourquoi refusez-vous d’y croire enfin?

- Parce que… c’est impossible, point finale! Ce n’est pas un foutu cadre possédé par un fantôme qui a pu rendre ainsi ma fiancé! Ce genre de chose n’existe même pas en plus!

- Vous devez pourtant vous rendre à l’évidence avec ce que vous venez de lire.

Il faillit dire des bêtises à cette dame, mais il s’abstenu.

- Partez d’ici, lui dit-il à la place. Tout de suite!

Lilly s’apprêta à dire autre chose, mais elle obéit et quitta la chambre.

- Ne me blâmez pas si votre femme finit par mourir! Lui cria-t-elle de l’escalier. Je vous aurais au moins prévenu!

Sam eu une soudaine migraine. Il ne voulait pas croire à ce tas de sottises sur un cadre posséder, mais devait-il vraiment se mettre à l’évidence que cette légende était réelle? Il ne savait pas du tout quoi en penser.

Croyant que sa femme finirait par retrouver son état normal d’ici quelques jours, le lendemain après la visite de Lilly, Samuel contacta la femme de ménage pour qu’elle vienne veiller sur Stella pendant qu’il partait au travail, ayant été appelé d’urgence. Cette dernière accepta de se pointer chez lui et de prendre soin de sa femme durant son absence.

Il ne resta qu’une heure au travail et dit qu’il devait partir pour retrouver sa femme chez lui qui était malade.

En revenant à la maison, Sam appela le nom de la femme de ménage. Personne ne répondit. Il monta donc à l’étage et pénétra dans leur chambre. Aucune présence de la femme de ménage. Seulement le corps de sa femme qui avait été réduit en poussière, ses os reposant sur leur lit, ses cheveux blonds encore attaché à son crâne, n’étant plus qu’une dépouille qui avait été laissé ainsi comme s’il y avait des années que son corps n’avait jamais été retrouvé. Stella n’existait plus. Elle était morte.

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