Je profite entièrement du petit déjeuner avec croissants, brioches, tartines, café, jus de fruits et bien plus encore. Je n'ai quasiment rien mangé depuis hier matin. Le visiteur nous salue, prend une chaise et s'installe à notre table. Il poursuit : « Trois hommes vous attendent à la sortie de l'hôtel, dit-il d'un air amusé. Sans compter les cinq autres près des voitures et les deux inspecteurs. »

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D'un petit sourire moqueur, il nous invite à le retrouver dans sa chambre à la fin du repas, dans une heure environ. Santini et moi, seuls. Le parrain rumine sa colère et serre les poings. Il accepte néanmoins l'invitation du visiteur, qui se lève et quitte la table. Avant de disparaître, il plonge généreusement son regard dans le décolleté d'une cliente qu'il aborde et charme un instant. Ils partent ensemble.

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L'heure passe. Je suis le vieux jusqu'à la chambre de l'autre. Je laisse échapper un rire involontaire en pensant à la fille qu'il a abordée. C'est pour ça qu'il lui fallait une heure ? Ce qui me vaut une bonne baffe paternelle. Dans la chambre, se trouvent l'homme bronzé de tout à l'heure et un homme brun, les mains dans les poches de son pardessus. Le premier ouvre une armoire, débarrasse quelques vêtements et sort une mallette grise.

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Il la remet à Santini et exhorte des recommandations : « Rentre à Palerme et n'ouvre la mallette qu'une fois arrivé. Dedans se trouvent des documents qui devraient t'aider à retrouver celui que tu cherches. En échange, le Consigliere se chargera personnellement de lui. » Le Consigliere ! Je touche à mon but. Mais pour le moment, je dois encore m'occuper de Santini. Ce dernier répond doucement comme un père à son fils : « Merci, Garry. »

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Le parrain prend lentement la direction de la porte, je lui emboîte aussitôt le pas. Cependant, Garry m'attrape par le bras et me retient : « J'ai besoin de toi, dit-il. J'ai besoin d'un contact fiable, Giorgio. Celui-ci fera l'affaire. » Je prends alors le premier fauteuil à portée de main et m'installe, surpris par cette demande. J'écoute avec attention les instructions qui ne viennent pas. Je ne veux pas avoir d'ennuis.

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Pendant que les deux hommes discutent à l'écart, sur la terrasse qui donne sur la mer, j'observe curieusement l'associé. Il porte une chemise blanche avec une cravate bleue légèrement dénouée qui lui donnent l'air d'un employé de bureau. Ses habits n'ont l'air ni vieux, ni neufs. Je peux facilement l'imaginer se fondre dans n'importe quel environnement pour assister d'autres mafiosi dans leurs sales besognes.

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La discussion s'éternise. L'associé a, entre-temps, sorti un livre d'une de ses poches. Le journal sur la table basse devant moi devient tentant. la Repubblica titre : Il Consigliere colpisce ancora (Le Consigliere frappe à nouveau). Rien que le titre a de quoi m'énerver. Dans ce cas, autant regarder la page économique ou sportive. Je vois en revanche que l'associé a une bien meilleure lecture que moi avec son Germinale.

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J'ai eu le temps de lire tout le journal lorsque Santini prend congé de nous, raccompagné par les hommes de main. Garry m'examine du regard, d'abord assez durement, puis me lance un sourire plus amical. Son acolyte prend la parole pour la première fois depuis que je l'ai rencontré : « Et maintenant ? demande-t-il. Qu'est-ce qu'on fait, Garry ? » Ce dernier nous répond simplement de profiter de notre séjour à l'hôtel.

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Le reste de la journée se passe sans encombre, rien de particulier n'est arrivé aujourd'hui, et c'est déjà le soir. Le bar, très accueillant, me permet de réfléchir tranquillement à la journée d'hier. Un verre de gin à la main, je me laisse agréablement distraire par une belle jeune femme dans le salon de l'accueil. L'idée me paraît plus qu'intéressante. J'ai bien envie de passer la soirée avec elle. Mais d'abord, le travail.